Prudence est le maître mot quand on parle de vaccins contre le VIH après plus de 30 années d’échecs et de déceptions. À ce jour, le seul essai concluant a été mené en en Thaïlande en 2009. L’essai RV144, montrait des résultats positifs avec un effet de protection autour de 34 %, un taux jugé très insuffisant.
Le 9 décembre dernier, les tous premiers résultats d’un essai clinique de vaccination contre le VIH, fondé sur la technologie de l’ARN messager, ont été publiés dans la revue scientifique Nature. Cet essai est mené conjointement entre le laboratoire Moderna, qui commercialise l’un des principaux vaccins contre la Covid-19, et l’Institut national des allergies et maladies infectieuses (NIAD) américain. Le vaccin s’est révélé sûr lorsqu’il a été administré à des macaques, et le risque d’infection par exposition a été diminué de 79 % déclarent les chercheurs-ses. Il réclame toutefois des améliorations, avant de pouvoir être testé sur les humains. « Malgré quasiment quatre décennies d’efforts de la communauté scientifique mondiale, un vaccin efficace pour prévenir le VIH reste un objectif insaisissable », a déclaré dans un communiqué, l’immunologue Anthony Fauci, co-auteur de l’étude et, par ailleurs, conseiller de la Maison-Blanche sur la crise sanitaire. « Ce vaccin expérimental à ARN messager combine plusieurs caractéristiques qui pourraient surmonter les défaillances d’autres vaccins expérimentaux contre le VIH, et représente ainsi une approche prometteuse », a ajouté Anthony Fauci.
Le vaccin a d’abord été testé sur des souris, puis sur des macaques rhésus. Ceux-ci ont reçu de multiples doses de rappel sur une période d’un an. Malgré de hautes doses d’ARN messager, le produit a été bien toléré, provoquant des effets indésirables modérés, comme la perte temporaire d’appétit. À la 58e semaine, tous les macaques avaient développé des niveaux d’anticorps détectables. À partir de la 60e semaine, les animaux ont été exposés chaque semaine au virus, via la muqueuse rectale. Puisque les primates ne sont pas vulnérables au VIH-1, qui infecte les humains, les chercheurs ont utilisé un virus différent, mais similaire, le VIH simien (SHIV). Après treize semaines, seuls deux des sept macaques immunisés n’étaient pas infectés. Mais alors que d’autres macaques non vaccinés ont développé la maladie après environ trois semaines, ceux immunisés ont en moyenne mis huit semaines. « Ce niveau de réduction de risque pourrait avoir un impact significatif sur la transmission virale », souligne l’étude. Le vaccin fonctionne en délivrant des instructions génétiques à l’organisme, provoquant la création de deux protéines caractéristiques du virus. Celles-ci sont ensuite assemblées pour former des particules pseudovirales (VLP en anglais), imitant une infection, afin de susciter une réponse du système immunitaire. Les scientifiques notent toutefois que les niveaux d’anticorps provoqués étaient relativement bas, et qu’un vaccin réclamant de multiples injections serait difficile à mettre en œuvre chez l’humain. Ils-elles souhaitent ainsi améliorer la qualité et la quantité de VLP générés, avant de tester le vaccin sur des humains. Prudence donc. Et patience.
Depuis mars 2020, l’épidémie de COVID-19 s’est implantée dans le paysage sanitaire français. L’arrivée du nouveau coronavirus a réactivé d’anciennes peurs chez certains, et notamment les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). C’est le constat que tire un article synthétisant la nature des appels et des questionnements qui ont été exprimés par ces dernières lors des 91.203 appels reçus par Sida Info Service entre mars 2020 et mai 2021, dont 5.496 appels portaient sur le COVID-19.
Ainsi, près d’un appel sur deux était d’ordre psychologique : ils étaient surtout liés à la crainte d’une plus grande vulnérabilité face au nouveau virus ou à l’inquiétude sur la poursuite des traitements et des soins du VIH.
Ces appels ont été l’occasion de montrer que certains ont eu une rupture de leur suivi habituel ou n’ont pu réaliser les examens qui étaient planifiés. Certains mêmes ont eu des arrêts de traitement ; cela a notamment été le cas de français bloqués à l’étranger ou d’étrangers bloqués en France. Pour certains, la rupture du parcours de soins s’est prolongée, certains étant encore trop angoissés pour revenir dans le système de soins. Enfin, les personnes nouvellement contaminées ont pu être angoissées en l’absence de consultation ou de prise en charge rapide.
Sur le plan thérapeutique, plusieurs inquiétudes ont été exprimées : celles relatives à l’interaction entre l’infection COVID-19 et les traitements antirétroviraux, celles relatives au risque de rupture d’approvisionnement au vu de l’utilisation des antirétroviraux envisagée dans la lutte contre le nouveau coronavirus et celles relatives aux interactions possibles entre le vaccin et le traitement. Sans oublier une certaine colère contre une médecine à deux vitesses qui a permis de développer un vaccin anti-COVID-19 en quelques mois, tandis qu’aucun n’est encore disponible dans la lutte contre le VIH. Aussi les auteurs disent-ils avoir constaté pour certain un « repli sur soi, une peur de l’exclusion et de sérophobie ».
À partir de ce mercredi 29 décembre, les étrangers qui arrivent en Russie pour y passer plus de 90 jours devront se faire dépister pour la tuberculose, la syphilis, le Covid-19, le VIH, les stupéfiants.
À partir de ce mercredi 29 décembre, les étrangers qui arrivent en Russie pour y passer plus de 90 jours doivent se faire dépister pour la tuberculose, la syphilis, le Covid-19, le Sida et les stupéfiants. De nouvelles normes très contraignantes qui ont pour but officiel de renforcer la sécurité sanitaire de la population russe.
Avec le correspondant à Moscou, Jean-Didier Revoin
À l’heure où la planète vit dans la peur du Covid-19, ces nouvelles règles inquiètent le monde des affaires. « Bouclier sanitaire » : c’est ainsi que les autorités russes appellent la batterie de tests médicaux approfondis auxquels devront se plier les centaines de milliers de travailleurs étrangers actifs dans le pays.
Une perspective peu réjouissante pour Grégory, installé en Russie depuis dix ans: « Ma vie est ici. Tous les entrepreneurs comme moi qui sont installés en Russie vont bien devoir le faire. On n’a pas le choix. Je ne vais pas rentrer, fermer ma boutique et rentrer chez moi. »
En plus des analyses urinaires et sanguines, Grégory fournira donc aux autorités ses empreintes digitales, ainsi qu’une photo biométrique. Des contraintes qui inquiètent le milieu des affaires.
« Il est tout à fait clair que ça signifiera des coûts supplémentaires pour ces travailleurs étrangers », estime Tadzio Schilling, directeur de l’AEB, l’Association of European Businesses à Moscou.
Jusqu’à présent, ces tests étaient pratiqués une fois, lors de la demande de permis de travail ou de séjour et non tous les trois mois, comme l’exige un décret publié en novembre.
« On a développé des relations très constructives avec différents organes gouvernementaux russes, rappelle Tadzio Schilling. Et en l’occurrence, nous avons déjà reçu des signaux d’une sorte de compréhension des inquiétudes et qu’il y a une volonté de trouver une solution. »
En effet, le ministère de la Santé a précisé que ces tests ne seraient pas trimestriels, sans donner plus de détails. De son côté, l’AEB comprend le souci sanitaire des autorités, mais espère atteindre un compromis avant la fin de l’année.
Christophe Broqua est socio-anthropologue, chargé de recherche au CNRS et membre de l’Institut des mondes africains (Imaf). Dès 1994, il a consacré son travail aux recherches sur les mobilisations collectives liées au VIH/sida et à l’homosexualité en France et en Afrique. C’est aussi l’un des commissaires de l’exposition « VIH/sida, L’épidémie n’est pas finie ! » au Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée). Pour Seronet, Christophe Broqua revient sur cette exposition unique en France. Entretien.
Comment est née cette exposition et quel a été votre rôle en tant que co-commissaire ?
Christophe Broqua : Je fais partie des trois personnes qui ont semé les premières graines à partir de 1994. J’étais documentaliste au Crips Île-de-France et, en même temps, inscrit en thèse en anthropologie. J’ai rencontré Françoise Loux [anthropologue, directrice de recherches au CNRS, ndlr] et Stéphane Abriol, que j’ai rejoint au sein du laboratoire du CNRS associé au Musée national des Arts et Traditions Populaires (ATP), l’ancêtre du Mucem, qui se trouvait alors au Bois de Boulogne, à Paris. Dès le départ, nous nous sommes interrogés sur le rôle possible d’un musée « de société » dans la lutte contre le sida. Cette réflexion a muri au fil des années, puis de 2002 à 2006 une collecte d’objets a été réalisée par Françoise et Stéphane, qui a permis de réunir plus de 12 000 pièces liées à la lutte contre le sida. Le travail sur l’exposition au Mucem a vraiment commencé en 2016 et dès le départ j’ai fait partie des membres du « comité de pilotage » qui sont devenus les commissaires. Mes recherches d’anthropologue avec, entre autres, une thèse sur Act Up-Paris (1), m’ont donné une certaine connaissance des enjeux liés à la lutte contre le sida, aussi bien en France et aux États-Unis qu’en Afrique.
Le processus de travail sur cette exposition a duré plusieurs années et mobilisé des dizaines d’acteurs-rices notamment associatifs-ves. Quels ont été les challenges d’un tel chantier ?
Sandrine Musso, qui est décédée en août 2021, a eu un rôle crucial dans la construction de cette exposition et la coordination entre le Mucem, les différents-es commissaires et le « comité de suivi ». Inviter des personnes concernées à venir travailler à la construction d’une exposition n’est pas une pratique habituelle dans un musée. Sandrine avait une réelle connaissance de la lutte contre le sida à Marseille et ailleurs et aussi une relation, sincère et excellente, avec les associations. On avait un désir d’accueil le plus large possible et l’exigence de ne pas se retrouver dans un « entre soi ». Nous avons organisé des réunions du comité de suivi ainsi que six journées d’étude. L’idée était de constituer un collectif libre, vivant et participatif et je crois que, dans l’ensemble, nous y sommes arrivés même si la tâche n’a pas toujours été simple. Certaines personnes sont parties, d’autres avaient du mal à trouver leur place. Il a fallu les rassurer et les motiver à rester et participer.
L’exposition et le catalogue qui l’accompagne donnent une très grande visibilité à l’histoire et aux objets d’Act Up-Paris au détriment d’autres associations historiques comme Vaincre le Sida (VLS), AIDES, Arcat ou Actions Traitements. Pourquoi ce choix ?
Ce n’est pas forcément un choix prémédité. D’abord, Act Up a fait plusieurs dons énormes de ses archives au Musée national des arts et traditions populaires puis au Mucem tandis qu’une bonne partie des archives de AIDES, par exemple, se trouvent aux Archives nationales. Ensuite, il faut savoir que beaucoup d’anciens militants d’Act Up ont participé au comité de suivi dont Tom Craig qui a fait don de l’intégralité de ses archives photos au Mucem. Et puis, l’identité visuelle d’Act Up est immédiatement reconnaissable, ce qui n’est pas forcément le cas des autres associations dont la présence est donc moins directement perceptible dans l’exposition. Dans le rond central, dans la partie sur la communication en direction des gays, presque toutes les affiches et flyers sont de AIDES, par exemple, mais il faut s’approcher pour voir le logo alors que les affiches d’Act Up sautent aux yeux de par leur identité graphique. Par ailleurs, il y avait aussi un consensus sur le fait que les visuels les plus puissants dans les années 90 étaient ceux d’Act Up. Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’effet du film 120 Battements Par Minute (2) qui a créé un désir fort lié à l’histoire et au mythe d’Act Up-Paris. Mais nous avons en même temps cherché à faire apparaître dans l’exposition le plus d’associations possible.
En 2017, dans un billet de blog sur Mediapart, vous écriviez : « Les hommages rendus à 120 BPM, et par la même occasion à Act Up, apparaissent dès lors comme une forme de rachat collectif, lié chez certains au sentiment, peut-être un peu coupable, d’être passé à côté de l’histoire ».
Au moment de la sortie du film, d’anciens militants se sont, en effet, interrogés sur cette reconnaissance après coup alors que l’association s’est faite malmenée pendant des années. Aimer Act Up aujourd’hui, ça n’a pas le même sens que l’avoir soutenue pendant les années 90. Le Act Up d’aujourd’hui est devenu un mythe qui a perdu un peu de son côté menaçant. En réalité, compte tenu du nombre d’archives à notre disposition et du fait que l’association a abordé toutes les questions liées au VIH/sida, la place d’Act Up dans cette expo aurait pu être encore plus importante, mais nous avons été vigilants à réduire sa place au fur et à mesure pour ne pas effacer les autres associations. Il y a eu des choix déchirants à faire, mais c’est le propre du travail de commissaire d’une exposition. Nous avons aussi fait attention à la place des minorités dans cette exposition afin que les communautés les plus exposées soient toutes représentées. Il fallait, à la fois, reconnaitre l’engagement massif de la communauté gay sans invisibiliser d’autres minorités qui avaient moins de ressources, moins de légitimité sociale ou politique et moins d’accès à la parole publique.
Quels sont les trois objets qui vous ont le plus marqué dans cette exposition et pourquoi ?
Il y en a beaucoup plus mais je peux en présenter trois. Le premier est une photo datant de 1996, prise par Christian Poveda, de Sophie, une militante d’Act Up-Paris, qui tient dans sa main un badge sur lequel est écrit « Personne ne sait que je suis séropositive ». C’est une femme que j’ai connue et beaucoup appréciée. Cette photo est emblématique du combat pour la visibilité des personnes vivant avec le VIH et l’enjeu du dévoilement de la séropositivité dans l’espace public. Mon second, ce sont les huit flyers de AIDES sur la réduction des risques sexuels destinés aux gays qui n’utilisaient pas de préservatif. Ils ont été réalisés par AIDES Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2001. Bruno Spire les a présentées lors de l’une des journées d’étude préalables à l’expo. À l’époque, Act Up-Paris et Didier Lestrade étaient en pleine guerre contre le bareback [rapports sexuels sans préservatif, ndlr] et ils ont beaucoup critiqué ces flyers qui ont fini par être retirés. Mon avis est qu’Act Up a paralysé un tournant possible de la prévention du VIH chez les gays pendant des années en voulant bloquer cette approche sur la réduction des risques sexuels. Mon troisième choix est une photo de Gideon Mendel prise en juillet 2000 lors de la 13e Conférence internationale sur le sida à Durban, en Afrique du sud. On y voit des activistes sud-africains noirs de la Treatment Action Campaign qui manifestent pour l’accès aux traitements VIH dans les pays du Sud. Cette photo, pour moi, représente une sorte de passage de flambeau entre les activistes du Nord et ceux du Sud.
Que va devenir le fonds exceptionnel sur le VIH/sida de plus de 12 000 pièces géré par le Mucem ? Un lieu de mémoire permanent est-il envisagé ?
Quand on entre un objet dans la collection du Mucem, il appartient au musée. Ces objets pourront être mobilisés dans d’autres expositions du Mucem ou prêtés à d’autres musées, mais ils ne pourront pas faire partie d’un lieu de mémoire permanent. Le fait de les garder au Mucem garantit leur pérennité car il y a des règles de conservation très strictes ainsi en quelque sorte que leur entrée dans la mémoire nationale, mais cela ne permet pas une mémoire vive malheureusement. Les personnes ou structures qui font dons d’objets à un musée en sont dépossédées. En revanche, pour ce qui concerne précisément la collection sur le VIH/sida, une « collection bis » a été constituée avec des objets qui existaient en double et qui peuvent être sortis et utilisés ailleurs.
Quels sont vos projets ? Où en est votre travail sur la lutte contre le VIH/sida en Afrique de l’Ouest ?
De 1994 à 2003, j’ai travaillé sur ma thèse qui traite principalement d’Act Up et de façon parallèle, j’ai enquêté sur la question des mobilisations dans la lutte contre le sida. Lors d’un voyage au Mali, à Bamako, en 2002, une amie m’a fait découvrir le milieu de la nuit gay local et underground et j’ai décidé par la suite de travailler sur la question de l’homosexualité et du VIH en Afrique. Mon projet, à terme, est de compiler ces vingt années d’enquête sur les formes sociales et politiques de l’homosexualité au Mali, en Côte d’Ivoire et au Sénégal et d’en faire un livre. Parmi mes dernières publications, je tiens à citer un ouvrage collectif que j’ai dirigé intitulé Se mobiliser contre le sida en Afrique : sous la santé globale, les luttes associatives (L’Harmattan, 2018). Par ailleurs, en 2021, j’ai dirigé avec Monia Lachheb et Sandrine Musso un dossier spécial « Face au VIH/sida » de la revue L’Année du Maghreb (n° 25, lien).
Propos recueillis par Fred Lebreton
(1) : Agir pour ne pas mourir ! Act Up, les homosexuels et le sida, Presses de Sciences Po, 2005. (2) : 120 Battements par minute est un film coécrit et réalisé par Robin Campillo, sorti en 2017. Le film revient sur une période cruciale de la lutte contre le VIH/sida au début des années 90 avant l’arrivée des trithérapies, en suivant un groupe d’activistes d’Act Up-Paris.
L’année 1996 marque un tournant crucial dans la lutte contre le sida et la prise en charge thérapeutique des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) avec l’arrivée des premières trithérapies présentées en janvier lors de la Conférence de Washington. Ces traitements très efficaces associent trois molécules antirétrovirales : deux de type nucléoside et une troisième de type antiprotéase. Aux États-Unis, le nombre de décès liés au sida chute de 42 % entre en 1997 puis encore 20 % supplémentaires l’année qui suit. Dans la ville de New York seulement, les décès liés au sida baissent de 63 % entre 1996 et 1998. En France, face à un accès limité à ces traitements, le Conseil national du sida (CNS) propose en février 1996 d’organiser un « tirage au sort » pour sélectionner les personnes pouvant en bénéficier. Cette idée, vivement critiquée par le monde associatif, est rejetée par le Premier ministre Alain Juppé. Toujours en février, face à la lenteur de la mise à disposition des trithérapies, les militants-es d’Act Up-Paris occupent l’usine de la firme américaine Abbott à Evreux. En mars, des militants-es d’Actions Traitements organisent un voyage à New York pour récupérer les trithérapies non accessibles en France.
Leur autorisation de mise sur le marché (AMM) n’arrivera chez nous qu’en septembre 1996. En novembre de la même année, Andrey Sullivan, auteur conservateur, gay et ouvertement séropositif, écrit un essai, publié dans le New York Times, intitulé When Plagues End (quand les fléaux s’achèvent) qui provoque la colère des activistes de la lutte contre le sida. Dans cet essai, l’auteur dépeint l’arrivée des trithérapies comme un miracle salvateur et choisit d’ignorer certains aspects problématiques : les prix exorbitants fixés par les laboratoires qui les rendent inaccessibles pour les pays du Sud ; le fait que certaines PVVIH n’ont pas pu bénéficier de ces nouvelles molécules car leur virus avait développé de nombreuses résistances ; des effets indésirables multiples et très lourds.
Pour marquer les 25 ans de l’arrivée des trithérapies, le média américain consacré au VIH The Body a publié fin décembre une série de témoignages de PVVIH qui ont connu l’arrivée de ces traitements. Ils-elles racontent le choc de l’arrivée des trithérapies dans leur vie avec toute la complexité, les questionnements et paradoxes que cela a généré. Apprendre à revivre, à se projeter de nouveau quand une mort proche était annoncée ou à gérer des effets indésirables parfois insupportables. « 1996, c’était l’année où j’ai vendu mon assurance vie. L’année où j’étais censé mourir et l’année où trop de personnes ont déclaré que c’était la fin du sida » se souvient Bob Doyle, diagnostiqué séropositif en 1986 et qui vit aujourd’hui une retraite paisible à Cuenca, en Équateur.
Quatre lieux communautaires ont reçu des fonds de l’Etat pour intensifier la lutte contre le VIH et permettre de réduire la propagation du virus.
Non loin du Palais Longchamps à Marseille, se niche un local qui accueille celles et ceux qui souhaitent obtenir des réponses sur leur santé sexuelle. Un centre de santé sexuelle communautaire (CSSC), géré par l’association Aides qui se nomme Le Spot.
“Nous avons voulu ouvrir Le Spot pour que les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), les personnes trans mais aussi les travailleuses du sexe (TDS) puissent trouver un espace de confidentialité et de non-jugement”, décrit Jean-Philippe, militant à Aides au Spot et à l’unité mobile. L’idée ? Renforcer l’accès à la prévention, au dépistage du VIH et des autres IST, mais aussi accompagner celles et ceux qui le souhaitent dans leurs parcours de soins.
Ici des médecins, des soignant·es, des militants mais aussi des personnes concernées se relaient pour offrir la meilleure prise en charge possible, sans jugement et avec bienveillance. “Nous nous occupons aussi de toutes les questions annexes, continue Jean-Philippe. Par exemple, nous pouvons aussi accompagner les démarches administratives.”
Quatre centres sélectionnés
Cette structure est l’une des quatre retenues par l’Etat pour une expérimentation. Afin de réduire l’incidence de la pandémie du VIH – sida, le ministère des Solidarités et de la Santé et la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) ont lancé en 2020 une expérimentation sur deux ans. Quatre centres de santé sexuelle communautaire ont donc été choisis en France. Le Checkpoint à Paris, géré par le Groupe SOS; le Centre santé sexualité, Le Griffon, à Lyon, géré par Virages santé; le Spot Longchamp à Marseille et le dernier à Montpellier, tous deux gérés par l’association Aides.
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Une étude britanno-colombienne a mesuré l’effet des traitements par antiviraux à action directe (AAD) sur la mortalité
On a constaté un lien significatif entre la guérison de l’hépatite C par AAD et une réduction du risque de mortalité toutes causes confondues
Plus précisément, la baisse de la mortalité liée aux drogues illustre les bienfaits de l’intégration des services
Les antiviraux à action directe (AAD) sont des médicaments très efficaces et sûrs qui guérissent l’hépatite C. L’émergence des AAD a fait évoluer le traitement de l’hépatite C. Grâce à ces agents, les résultats cliniques se sont améliorés pour les personnes vivant avec l’infection, et l’élimination de l’hépatite C comme menace pour la santé publique est devenue une vraie possibilité. Même si les études cliniques ont révélé l’efficacité des AAD quant à la réduction des risques de décès et de cancer du foie, on en sait moins sur l’impact que l’arrivée des AAD a eu sur la santé de la population générale.
Détails de l’étude
Une équipe de recherche du Centre de contrôle des maladies de la Colombie-Britannique (BCCDC) a examiné l’incidence des AAD sur les causes de mortalité chez des personnes atteintes d’hépatite C chronique. Cette étude est la première à avoir évalué l’impact des AAD sur des causes de décès précises (p. ex. causes hépatiques et causes liées aux drogues) auprès d’une cohorte représentative de la population. À cet égard, il importe de souligner que les études antérieures n’avaient pas exploré l’incidence des AAD sur la mortalité liée à l’usage de drogues, laquelle, selon l’équipe de recherche, revêt une pertinence critique pour les personnes atteintes d’hépatite C vivant au Canada et dans d’autres pays où la crise des surdoses et de l’intoxication des drogues ne cesse de s’aggraver.
Cette étude tire ses données d’une cohorte représentative de la population appelée British Columbia Hepatitis Testers Cohort (BC-HTC). Cette dernière est une grande base de données dont le contenu provient de diverses sources : rapports cliniques, études de cas, résultats de tests et données administratives. La base de données inclut les résultats de plus de 95 % des tests de dépistage de l’hépatite C effectués au laboratoire de santé publique de la province, ainsi que les données se rapportant à tous les traitements de l’hépatite C et à tous les décès attribuables à celle-ci documentés dans des systèmes centralisés. La BC-HTC abrite des données recueillies depuis 1990 auprès d’environ 1,7 million de personnes.
L’équipe de recherche a comparé les données de 10 855 personnes traitées par AAD à celles de 10 855 personnes non traitées appariées aux personnes traitées sur plusieurs plans, dont la date de diagnostic de l’hépatite C, le sexe, l’âge et la présence de cirrhose et d’autres affections médicales. De toutes les personnes traitées, 10 426 (environ 96 %) ont guéri, et 425 n’ont pas guéri.
L’équipe a comparé les taux de mortalité de trois groupes :
personnes traitées par AAD et guéries (obtention d’une réponse virologique soutenue ou RVS)
personnes traitées par AAD mais non guéries (absence de RVS)
personnes non traitées
Résultats
En ce qui concerne les personnes guéries de l’hépatite C grâce aux AAD, l’étude a révélé une baisse importante du risque de mortalité toutes causes confondues, ainsi que du risque de mortalité liée à des causes hépatiques et à des causes liées à l’usage de drogues.
Une comparaison des personnes guéries par AAD et des personnes n’ayant pas reçu de traitement a révélé ce qui suit :
réduction de 81 % du risque de mortalité toutes causes confondues
réduction de 78 % du risque de mortalité liée à des causes hépatiques
réduction de 74 % du risque de mortalité liée à l’usage de drogues
L’équipe de recherche a également exploré des facteurs associés à une augmentation du risque de mortalité liée à des causes précises :
Mortalité liée à des causes hépatiques : Les facteurs associés à un risque accru de mortalité liée à des causes hépatiques incluaient la cirrhose et un âge plus avancé (40 ans ou plus).
Mortalité liée à l’usage de drogues : L’usage de drogues par injection s’est révélé le facteur le plus important en ce qui avait trait à la mortalité liée aux drogues. Les autres facteurs incluaient un âge plus jeune, la consommation problématique d’alcool et la présence d’une co-infection par le VIH et/ou l’hépatite B.
Implications pour l’avenir
Les résultats de cette étude sont encourageants. Ils révèlent que le fait d’avoir accès aux traitements par AAD et de guérir de l’hépatite C peut réduire significativement le risque de mortalité global et le risque de mortalité liée à des causes précises. Ces résultats ont une pertinence particulière pour deux groupes prioritaires au Canada chez lesquels la prévalence et l’incidence de l’infection à l’hépatite C sont particulièrement élevées.
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RÉFÉRENCES :
Janjua NZ, Wong S, Abdia Y, et al. Impact of direct-acting antivirals for HCV on mortality in a large population-based cohort study. Journal of Hepatology. 2021 Nov;75(5):1049-1057.
Samji H, Yu A, Wong S, et al. Drug-related deaths in a population-level cohort of people living with and without hepatitis C virus in British Columbia, Canada. International Journal of Drug Policy. 2020 Oct 19;86:102989.
Bartlett SR, Wong S, Yu A, et al. The impact of current opioid agonist therapy on hepatitis C virus treatment initiation among people who use drugs from in the DAA era: A population-based study. Clinical Infectious Diseases. 2021; sous presse.
La transmission périnatale du VIH a baissé de façon majeure dans les pays développés avec un taux actuellement de l’ordre de 1 %. Cette réduction est due aux mesures de prévention, dépistage pendant la grossesse, traitement antirétroviral puis prophylactique pour le nouveau-né à base de zidovudine (AZT). Cependant, la transmission reste possible du fait d’un diagnostic tardif ou d’un contrôle viral médiocre caractéristiques des situations à haut risque. Les recommandations préconisent dans ces cas l’administration aux nouveau-nés de 2 ou 3 médicaments antirétroviraux pour diminuer davantage le risque de transmission qui est de l’ordre de 10 % avec l’AZT seul. Un essai randomisé a montré qu’il y avait en effet une diminution supplémentaire du risque en comparaison de l’utilisation de l’AZT uniquement. Le problème est celui de la toxicité hématologique d’un tel traitement.
Une étude prospective espagnole a réuni les cas des femmes enceintes VIH + observées jusqu’à l’accouchement et de leurs enfants, suivis dans 9 hôpitaux à partir de 2000. En décembre 2019, la cohorte comptait 1 498 paires mères-enfants. Les enfants nés à Madrid ont été classés en 2 groupes : A ceux qui avaient reçu au moins 2 médicaments antirétroviraux dans les 24 h suivant la naissance et B ceux traités par l’AZT seul. Les informations sur le traitement antirétroviral maternel pendant la grossesse, la charge virale plasmatique et le taux de CD4 pendant le dernier trimestre et à l’accouchement ont été obtenues. Une charge virale inférieure à 50 copies/mL a été considérée comme indétectable. Les femmes ont été jugées avoir eu une bonne adhésion à la surveillance si elles avaient eu 3 consultations anténatales ou plus. Les enfants ont été suivis au moins jusqu’à un an et l’évolution évaluée sur 3 périodes, de la naissance à J 13, de J 14 à J 49 et de J 50 à J 120. Ils ont été considérés comme non infectés en cas de PCR-RNA négative à 2 reprises dont l’une à partir de 3 mois. Les enfants avec 2 PCR positives ou la persistance d’anticorps au-delà de 18-24 mois ont été classés comme infectés.
Pas plus d’anémies que sous AZT seul
Le diagnostic d’infection maternelle a été posé au cours de la grossesse dans 72 cas (36,4 %), intra-partum ou post-partum dans 31 cas (15,7 %). Au total, 227 nouveau-nés (prématurés 33,3 %, jumeaux 7 cas) ont reçu un traitement combiné, triple dans 149 cas (65,6 %), (AZT, névirapine, lamivudine 146/149 cas) principalement en traitement court (≤ 14 jours). Dans cette cohorte A, le taux de transmission a été de 3,5 % (intervalle de confiance à 95 % IC 1,13-5,92 %). Après prise en compte du taux d’hémoglobine en fonction du terme et de l’âge post-natal, les nourrissons du groupe A ont développé une anémie en proportion comparable à ceux du groupe B (26,1 % vs 19,4 %, P = 0,14), résolutive spontanément dans la plupart des cas ; la prise d’AZT par la mère a été associée à davantage de cas d’anémies. La neutropénie était plus fréquente de J 50 à J 120 en comparaison des périodes précédentes (21,4 % vs 10,9 %, P<0,01), sans différence entre A et B. L’ALAT était augmentée les 15 premiers jours dans la cohorte A : 34 % des cas vs 5 % dans la B : 5 % (P < 0,01) puis ultérieurement dans 5 % des cas dans les 2 cohortes.
En conclusion, le traitement anti-VIH triple des nouveau-nés de mères à haut risque de transmission périnatale parait efficace avec un minimum d’effets secondaires.
Le directeur général de l’AP-HP signe un protocole local de coopération permettant des « consultations infirmières » de suivi des personnes séronégatives à haut risque d’acquisition du VIH et sous traitement de Pré ExPosition (PrEP) au virus. L’objectif ? Elargir l’accès à la PrEP afin de répondre à la demande et réduire le nombre de nouvelles contaminations par le VIH. Une manière, aussi, de fidéliser les professionnels en valorisant leurs compétences et en leur offrant des perspectives.
A chaque étape de l’écriture de ce protocole, l’équipe a évalué tous les risques du processus et établi des barrières de sécurité.
La PrEP, qui consiste en l’utilisation préventive d’antirétroviraux par des personnes séronégatives très exposées au VIH, a démontré son efficacité pour réduire le risque de contamination par le VIH. Le directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch a signé, le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le Sida, au sein du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis, un protocole local de coopération (rédigé par les équipes des services des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Avicenne et de l’hôpital Saint-Louis), qui permet désormais le suivi des personnes séronégatives à haut risque d’acquisition du VIH et sous traitement de Pré ExPosition (PrEP) au VIH par les infirmiers.
Pour élaborer un tel protocole, il faut s’assurer qu’il réponde à une question de santé publique, ce qui était le cas puisqu’on avait une file importante de patients ‘PrEPeur’ (c’est-à-dire ‘sous PrEP’, dans le jargon), confie Amélie Galidie, Cadre Supérieure de Santé et coordinatrice de l’élaboration du protocole de coopération. « L’idée était de mieux répondre à une demande d’accès à la PrEP, en constante augmentation, dans un contexte d’incidence toujours élevée des contaminations au VIH.
Qualité et sécurité des soins en fil rouge
La qualité et la sécurité des soins étaient vraiment notre fil rouge, souligne Amélie Galidie. Ainsi, à chaque étape, nous avons évalué tous les risques du processus et établi des barrières de sécurité, explique-t-elle, énumérant notamment la nécessité pour l’infirmier d’avoir exercé 2 ans minimum dans un service de prévention ou de maladies infectieuses, une formation théorique de 42h, ainsi qu’une formation pratique (à raison de 30 consultations : 10 en observation avec le médecin, 10 en binôme médecin/infirmier et 10 en supervision). L’équipe a par ailleurs élaboré plusieurs outils pour guider l’infirmier lors de sa consultation : grille de suivi des questions à poser avec les alertes à faire au médecin délégant, des outils pour aider l’infirmier à analyser des résultats de bilan biologique, ou encore une aide à la prescription de traitements en cas d’IST, ainsi que, pour le maintien des compétences, un nombre minimal de consultations annuelles effectuées par le délégué ainsi que des évaluations des pratiques professionnelles trimestrielles.
Il s’agit d’un protocole d’envergure par l’importance du nombre d’actes dérogatoires d’une part, mais aussi parce qu’on l’a conçu afin qu’il puisse être utilisé dans toutes les structures autorisées à délivrer ou renouveler la PrEP – Amélie Galidie.
Protocole d’envergure avec un grand nombre d’actes dérogatoires
Concrètement, le protocole prévoit que la consultation initiale de délivrance de la PrEP, la consultation à un mois ainsi que les consultations de suivi annuel restent réalisées par le médecin délégant. Les infirmiers et les infirmières, après une formation spécifique théorique et pratique effectuent les consultations trimestrielles de suivi.
Il s’agit d’un protocole d’envergure, assure Amélie Galidie : par l’importance du nombre d’actes dérogatoires d’une part, mais aussi parce qu’on l’a conçu afin qu’il puisse être utilisé dans toutes les structures autorisées à délivrer ou renouveler la PrEP (établissements de santé, Centre Gratuit d’Information de Dépistage et de Diagnostic (CeGGID), ou encore équipes de soins primaires.
Parmi les actes dérogatoires, les infirmiers prescrivent de la PrEP au vu des examens biologiques et de l’interrogatoire du prépeur, précise Bénédicte Loze, Infirmière de recherche clinique au sein des consultations des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis qui a mené ce projet avec son homologue infirmière de l’hôpital Avicenne Delphine Leclerc. On va également pouvoir prescrire des antibiotiques contre les Infections Sexuellement Transmissibles, ce qui représente pour les infirmiers une véritable montée en compétences, se réjouit-elle. (En effet la primo prescription d’antibiotique est un acte rare). Par ailleurs, les infirmiers assureront la mise en avant de leur rôle de prévention pour le VIH mais aussi par exemple, pour l’hépatite C ou encore dans le dépistage d’éventuelles addictions (et l’orientation des patients vers d’autres professionnels de santé). Les infirmiers se chargeront également de la prescription de vaccins (hépatite A, B) dans le cadre de la mise à jour du calendrier vaccinal des patients, confie Bénédicte Loze, qui voit dans ces consultations infirmières une manière d’élargir le champ de compétences des infirmiers, non seulement à l’hôpital, mais partout où l’on prescrit de la PrEP.
Vers une autorisation nationale d’application ?
Ce protocole de coopération sera déployé dans au moins 11 structures de soins de l’AP-HP autorisées à délivrer ou à renouveler la PrEP, au 2e trimestre 2022, précise Bénédicte Loze, qui, déjà, se projette dans ses nouvelles missions. On a déjà fait ce qu’on appelle un guide de consultation, explique-t-elle, c’est-à-dire tout un déroulé de la consultation pour qu’elle soit menée à bien.
Après sa mise en place locale, l’objectif visé est d’obtenir une autorisation nationale d’application pour permettre à tous les établissements de santé de France, aux CeGGID (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic) et aux équipes de soins primaires de le mettre en place.
Je fais partie de celles qui ont connu le VIH au tout début (puisque j’ai été diplômée en 1989), et c’est formidable, aujourd’hui, de pouvoir améliorer la qualité de vie des patients sero négatif à haut risque de contamination- Bénédicte Loze, infirmière.
Attractivité et évolution de carrière pour les infirmiers
Les protocoles de coopération entre professionnels de santé ouvrent à des personnels paramédicaux certaines activités jusqu’alors exercées uniquement par des médecins. Ils offrent ainsi aux personnels paramédicaux des possibilités en termes d’attractivité et d’évolution de carrière ainsi que des compétences accrues et permettent aux médecins de se centrer là où leur plus-value est la plus grande : libérer du temps médical pour les prises en charge complexe.
Je fais partie de celles qui ont connu le VIH au tout début (puisque j’ai été diplômée en 1989), confie Bénédicte Loze, et c’est formidable, aujourd’hui, de pouvoir améliorer la qualité de vie des patients sero négatifs à haut risque de contamination. L’infirmière se dit vraiment heureuse, après plus de 3 ans de travail (le Covid et un changement de la réglementation en vigueur en 2019 ont quelque peu retardé le projet), que la mise en place de ce protocole ambitieux aboutisse enfin. C’est une manière de valoriser notre travail et nos compétences. C’est très important pour moi.
Quelques chiffres
Entre 5 000 à 6 000 nouvelles infections par le VIH sont diagnostiquées chaque année en France, avec près de 50% des cas en Ile-de-France.
La prévention de l’infection VIH repose sur des moyens combinés : le préservatif, le dépistage, le traitement post- exposition (TPE), le traitement précoce des personnes infectées par le VIH et la Prophylaxie Pré-ExPosition (PrEP).
A ce jour, en France, seulement 26 000 personnes en bénéficient.
FC : Pour les personnes séropositives, l’année 2022 commence avec une innovation thérapeutique importante : le traitement par injection bimestrielle. En France on estime que 180 000 personnes sont « contaminées » dont 25 000 qui ignorent leur séropositivité. Depuis le 21 décembre, pour les personnes qui vivent avec le VIH, un nouveau traitement est disponible et remboursé à 100% par la sécurité sociale. Il s’agit d’une bithérapie injectable, tous les deux mois, avec deux antirétroviraux que l’on connaît bien : une piqûre de Cabotégravir dans une fesse, et dans l’autre, une de Rilpivirine. Des études cliniques ont montré que pour contrôler la charge virale des patients cela fonctionnait aussi bien que la prise quotidienne de comprimés. Cette innovation est une avancée majeure pour la qualité de vie des patients, mais aussi une carte de plus dans la lutte contre le VIH.
Hugues Fischer est représentant d’association au groupe TRT-5 CHV et l’ancien président d’Act Up-Paris.
HF : Ce qui se passe, c’est très simple, c’est que depuis 35 ans qu’on a commencé à utiliser les premiers antirétroviraux, ce qui s’est passé c’est essentiellement que les gens ont fini par se trouver avec un traitement qui s’est progressivement allégé, mais qui était en général quotidien et par voie orale. Et donc l’industrie pharmaceutique s’est dit « et si on pouvait faire mieux, c’est-à-dire alléger la charge d’un traitement à très long terme en essayant d’avoir des formes qui persistent beaucoup plus longtemps, c’est-à-dire pour lesquelles on a moins de prises ? ». Et donc le premier vient d’être utilisable de manière standard en France. La chose c’est qu’on est au tout début de l’histoire et, en fait, c’est le premier produit à mis sur le marché. Il va y avoir d’autres choses. Pour arriver à faire des longues durées d’action, l’industrie cherche toute sorte de pistes dont une qui est des implants à diffusion lente. Là il s’agit de changer l’implant une fois par an. Nous, dans les associations et au groupe TRT-5, on a surtout plaidé pour que ce genre de produit soit vraiment utilisable et vraiment mis à disposition, parce que ça facilite la vie des gens, notamment des gens qui ont éventuellement des difficultés pour garder leurs médicaments, des difficultés d’accès au soin, des gens dans des situations précaires, etc. parce que là ils ont juste à faire une injection et ils sont tranquilles pendant un moment. Ils n’ont pas besoin de conserver des médicaments avec eux. Disons que ça simplifie la vie des gens, même si, par ailleurs, les injections il faut les faire. Évidemment, plutôt que de prendre des comprimés tous les jours, c’est pas mal.
FC : Il est toujours important de rappeler que quelqu’un traité avec des antirétroviraux cesse d’être infectieux.
HF : C’est surtout ça qui est important. Et là, pour le coup, disons que ça simplifie la vie des gens notamment parce qu’on assure une constance des traitements à coup sûr. Et donc immanquablement, on assure un résultat thérapeutique et une suppression de la charge virale à coup sûr.
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