Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Il ne reste plus que la publication des décrets ministériels et l’accès universel aux nouveaux traitements (AAD) anti-VHC entrera en vigueur. Désormais, chaque personne vivant avec le VHC, quel que soit son stade de fibrose, pourra être traitée par les antiviraux à action directe. Toutes les instances consultées par la ministre de la Santé ont donné leur feu vert. Dernière en date : la Haute autorité de santé (HAS), le 12 décembre. Explications.

Réalisé sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales et du Conseil national du sida et des hépatites virales, avec le concours de l’Afef, la société française d’hépatologie, le rapport Dhumeaux 2016 (1), sorti le 17 octobre 2016, recommande de traiter toutes les personnes vivant avec le VHC avec les nouveaux médicaments : les antiviraux à action directe (AAD ou AVD), soit l’accès universel. Une stratégie dont la ministre de la Santé Marisol défend le principe depuis 2015 et qu’elle a souhaité encadrer avec la publication de ce rapport d’experts  et d’un avis de la Haute autorité de santé (HAS). Cet avis est publié le 12 décembre dernier. Récemment (2), le professeur Daniel Dhumeaux, coordinateur du rapport d’experts, expliquait : « La décision de l’accès universel au traitement des personnes infectées marque l’histoire de l’endémie de l’infection par le VHC en France », indiquant ainsi qu’une page se tournait dans le VHC. Souhaité de longue date par les associations et les experts, puis promis par le gouvernement, l’accès universel n’attendait plus que l’avis de l’HAS (c’est donc fait désormais). Il ne reste plus qu’une étape : la prochaine publication de décrets ministériels pour l’entrée en vigueur de cet accès universel.

La position de la HAS

Fin novembre, la commission de la transparence (CT) de la Haute autorité de santé publie des avis concernant les sept antiviraux à action directe (AAD ou AVD) actuellement prescrits : Zepatier (elbasvir + grazoprévir), Epclusa (Sofosbuvir + velpatasvir), Daklinza (daclatasvir), Harvoni (sofosbuvir + lédipasvir), Olysio (siméprévir), Viekirax (ombitasvir + paritaprévir + ritonavir) et Exviera (dasabuvir). Dans ses avis, la Commission de la transparence « estime que le traitement peut désormais être proposé à l’ensemble des patients infectés par le VHC, y compris les personnes asymptomatiques ayant un stade de fibrose F0 à F1 qui ne sont pas à risque de transmission du VHC, non inclus dans les précédentes recommandations ». Autrement dit, la HAS préconise également l’accès universel, ce qui n’était pas le cas précédemment. Elle avait même imposé, en 2014, des critères drastiques d’accès aux traitements en contradiction avec les demandes associatives et les recommandations d’experts du premier rapport Dhumeaux qui souhaitaient un accès plus large aux nouveaux traitements.

En 2014, la HAS demandait que soient traités « en priorité les malades aux stades les plus graves, au stade de fibrose hépatique F3 et F4 [voire F2 dite « sévère », ndlr], ainsi que les malades symptomatiques ou ayant des comorbidités ». Ce qui avait débouché sur une sélection des patients et un rationnement de l’accès aux AAD. En juin 2016, elle avait assoupli ses critères et recommandé d’élargir le traitement aux personnes au stade de fibrose F2, à celles susceptibles de transmettre le virus ainsi que lorsque les personnes étaient symptomatiques avec un stade de fibrose F0 ou F1.

Les avis de la CT se trouvent aujourd’hui prolongés par la publication d’une décision (3) et d’une recommandation du collège de la HAS (4) le 12 décembre. Dans un communiqué, la HAS explique qu’elle est « favorable à l’élargissement du traitement de l’hépatite C » et propose d’en « encadrer les conditions ». « Alors que la majorité des patients ayant une infection chronique par le virus de l’hépatite C sévère ou modérée peut aujourd’hui accéder aux traitements par antiviraux d’action directe (AAD), le Collège de la HAS recommande que cette possibilité soit à présent offerte aux patients ayant un stade de fibrose F0 ou F1 qui ne présentent pas de symptômes », explique la Haute autorité.

Les conditions de prises en charge des « nouveaux » malades

Pour la HAS, une prise en charge « doit répondre à plusieurs conditions, dont le choix du patient ». Traiter les personnes les moins atteintes (celles ayant un stade de fibrose F0 ou F1 et asymptomatiques) vise à ralentir l’évolution de la fibrose hépatique, à prévenir ses complications (cirrhose et cancer du foie), à éviter les manifestations extra-hépatiques et à limiter la transmission du virus. Et le collège de la HAS d’expliquer : « traiter à un stade où les effets de la maladie ne se font pas ou peu sentir apporte des gains en termes de qualité de vie mais expose, comme pour les autres malades, à des effets indésirables et des risques de résistances ». Aussi la HAS estime-t-elle que la décision de traiter doit respecter plusieurs conditions. Premièrement, il faut « s’assurer de la bonne information du patient et instaurer un traitement seulement si la décision est partagée ». Autrement dit, si la personne est d’accord pour prendre un traitement. On doit donc lui donner « une information détaillée sur le caractère lentement évolutif de la maladie à ce stade, les traitements disponibles et leurs conséquences ainsi que sur les nouveaux médicaments à venir avec des durées de traitement potentiellement plus courtes. Ceci doit lui permettre d’être associée de manière éclairée à la décision d’instauration du traitement qui la concerne ». Deuxièmement, il faut « mettre en place un suivi clinique des patients aux stades de fibrose F0 ou F1 asymptomatiques traités ». La HAS recommande « la mise en place d’un suivi clinique (…) Ces données permettront de mesurer en conditions réelles d’utilisation l’efficacité et la tolérance de ces traitements et leur impact sur la réduction de la morbidité, de décrire leurs modalités d’utilisation, de mesurer les risques à long terme et d’évaluer les capacités de retraitement en cas de résistance ».

L’évaluation économique faite par la HAS

La HAS n’oublie pas que « l’élargissement du remboursement des traitements aux patients aux stades précoces de la maladie génèrera un surcoût, qu’il conviendra de maîtriser par une baisse des prix pour s’assurer d’une efficience au moins équivalente au traitement des patients aux stades les plus avancés ». Autrement dit, la HAS recommande à l’Etat d’ »encadrer le prix des traitements pour garantir une efficience identique et mieux connaître les gains en qualité de vie ».

Du côté des associations, la vigilance est aussi de mise. Pour AIDES qui, avec d’autres, a beaucoup défendu l’accès universel, cette avancée est importante, mais incomplète. En effet, l’accès universel ne doit pas escamoter le fait qu’il faut agir aussi sur le prix des médicaments anti-VHC qui, quoi qu’en disent le gouvernement et les labos, restent beaucoup trop élevés. Aujourd’hui, l’Etat s’engage vers un accès élargi, indispensable sur les plans de la santé individuelle et collective. Mais il le fait sans articuler cette avancée avec un encadrement optimal des tarifs et sa conséquence : la baisse réelle des prix, sans une réflexion de fond pour contrer le dévoiement du système des brevets, d’où la vigilance actuelle d’un certain nombre d’associations.

Au sein de la HAS, outre la commission de la transparence (CT), la commission d’évaluation économique et de santé publique (CEESP) a également été consultée par le collège. Comme l’explique Damien Coulomb dans le « Quotidien du Médecin » (12 décembre), il est très difficile, selon le CEESP, d’évaluer l’efficience économique attendue d’un traitement de patients ayant un stade de fibrose faible, compte tenu de l’hétérogénéité des études. « La CEESP n’était pas en mesure de calculer un prix susceptible de garantir une bonne efficience d’un traitement élargi, pointant du doigt la méconnaissance du prix réel des traitements et du nombre de patients concernés », indique le quotidien médical. « Selon les données analysées, le gain attendu du traitement précoce est essentiellement constitué d’un gain en qualité de vie », indique la HAS. « Il sera donc nécessaire de disposer de données en vie réelle, y compris de qualité de vie, pour l’ensemble des patients afin de réévaluer l’efficience de ces traitements », note-t-elle. Comme l’indique le « Quotidien du Médecin », la CEESP a « considéré que l’élargissement des traitements à l’ensemble des patients infectés, générera un surcoût, pour un gain de qualité de vie sans bénéfice sur la survie ».

Curieusement, la HAS ne rappelle pas que toutes les personnes qui seront soignées et guéries de leur infection ne connaîtront pas de difficultés plus tard (cirrhoses, cancers du foie, transplantations, manifestations extra-hépatiques), réduiront grandement les risques de transmission… Le gain espéré d’une telle stratégie ne se limite évidemment pas à la seule qualité de vie, même si le critère est primordial. De plus, la facilité d’accès à un traitement hautement efficace contre le VHC peut sans doute avoir un rôle incitatif au dépistage. A quoi cela sert-il de se dépister si en cas de diagnostic positif, on ne peut pas accéder à un traitement qui permet pourtant la guérison de l’infection ? Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le communiqué (12 décembre) de la HAS demande que soit mise en œuvre une nouvelle stratégie de dépistage du VHC. « En effet, la stratégie actuelle fondée sur le dépistage de l’infection au sein des populations à risque est insuffisante ». Il « persiste une épidémie cachée de l’infection par le VHC. On estime ainsi que la moitié des personnes infectées par le VHC ignorent leur statut », rappelle la HAS qui « proposera à terme des recommandations sur la stratégie de dépistage de l’hépatite C incluant les moyens de repérer les malades, les traitements et leurs modalités ainsi que les pistes pour réduire les réinfections ».

Sources : Seronet

Les personnes infectées par le VIH ont de plus en plus de mal à s’insérer sur le marché du travail, malgré l’amélioration des traitements et de leur prise en charge. C’est ce que montre une étude française, interpellant sur la pertinence du dispositif de maintien dans l’emploi pour ces personnes.

Les personnes infectées par le VIH ont plus de mal à trouver un emploi que les autres. Et ce phénomène tend à s’amplifier depuis plusieurs années, malgré l’amélioration des traitements. C’est ce que montre une étude financée par l’ANRS, dans le cadre de laquelle les auteurs ont comparé le taux de chômage de ces personnes à celui de la population générale entre 2003 et 2011.

Au cours de précédents travaux, les chercheurs avaient constaté que le taux de chômage des personnes infectées par le VIH avait augmenté sur cette période, passant de 12,6% en 2003 à 15,8% en 2011. C’est ce qui était ressorti des enquêtes ANRS VESPA1 et VESPA2 réalisées auprès de patients suivis à l’hôpital, afin d’évaluer les facteurs sociaux et professionnels associés à cette infection. Néanmoins, alors qu’une bonne partie de la population française a souffert des conséquences de la crise économique de 2008, il n’était pas illogique d’assister à une hausse du chômage chez les personnes séropositives. Pour savoir si cette augmentation était effectivement liée à la crise, les chercheurs ont comparé ces taux de chômage à ceux de la population générale, en utilisant les données de l’Insee.

Un taux de chômage qui progresse plus vite que celui de la population générale

Ils ont ainsi constaté que le taux de chômage des séropositifs avait augmenté plus vite que celui de la population générale au cours des dernières années : la différence entre les deux groupes était de 7% en 2003, elle est passée à 10% en 2011. Pourtant, dans le même temps, la prise en charge des malades s’est améliorée : 95,5% d’entre eux montraient une charge virale contrôlée en 2011, contre 77,7% en 2003. « En somme, les progrès médicaux ne se sont pas traduits par une amélioration de la situation d’emploi pour ces personnes« , clarifie Margot Annequin*, responsable de ces travaux.

Plusieurs pistes sont évoquées pour expliquer ce phénomène, et notamment le fait que la maladie est mieux soignée. « Les malades sont en meilleure santé, de sorte qu’ils bénéficient plus difficilement du dispositif de maintien dans l’emploi qui octroie un taux de handicap. Pourtant, comme toute personne atteinte de pathologie chronique, ils ont parfois besoin de faire une pause dans leur activité professionnelle pour leurs soins. Le retour à l’emploi est alors difficile dans un marché très compétitif, et avec la peur que l’infection se sache« , explique Margot Annequin.

Autre facteur évoqué, le profil de la population des personnes vivant avec le VIH qui a évolué, portant à plus de 31% le taux de personnes d’origine sub-saharienne, contre 21% en 2003. Ces personnes peuvent être confrontées à davantage de discrimination à l’embauche, en raison de leur origine étrangère ou de la couleur de leur peau. « Les facteurs sociaux et de santé sont imbriqués quand il s’agit du VIH. Néanmoins, après ajustement des résultats selon le sexe, la nationalité, le niveau d’études, l’âge ou encore la situation familiale, un écart persiste entre la situation la population générale et celle des personnes vivants avec le virus, vis-à-vis du chômage. Ces observations posent donc bien la question de l’adaptation du dispositif de maintien dans l’emploi pour ces dernières« , conclut Margot Annequin.

Note

* Unité 1136 Inserm/UPMC, Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, Paris M

Source : INSERM

L’antirétroviral NORVIR est désormais disponible sous forme de poudre pour suspension buvable à 100 mg de ritonavir en sachet. Cette nouvelle présentation est destinée à remplacer NORVIR 80 mg/mL solution buvable en flacon.

A ce jour, ces 2 présentations coexistent sur le marché. Cette situation devrait perdurer jusqu’en avril 2017, date estimée de l’écoulement des stocks de NORVIR 80 mg/mL solution buvable.

La présentation galénique en poudre pour suspension buvable de NORVIR 100 mg se distinguenotamment de NORVIR 80 mg/mL solution buvable par :

-la nécessité d’une étape de reconstitution, alors que la solution buvable était prête à l’emploi,
-sa composition : il ne comporte plus de solvants (alcool et propylène glycol),
-sa durée de conservation plus longue : 30 mois au lieu de 6 mois.

De prescription initiale hospitalière annuelle, NORVIR 100 mg poudre pour suspension buvable est remboursable à 100 % par l’Assurance maladie et agréé aux collectivités.
Son prix de vente (hors honoraires de dispensation) s’élève à 27,51 euros (30 sachets + 1 godet pour mélange + 2 seringues doseuses de 10 ml pour administration orale).

Le ritonavir est indiqué, en association avec d’autres antirétroviraux, pour le traitement des patients infectés par le antirétroviraux (adultes et enfants de 2 ans et plus) (CfVIDAL Reco « VIH (infection par le) »).

Cet inhibiteur de protéase est utilisé soit comme potentialisateur pharmacocinétique, soit comme agent antirétroviral.

Le ritonavir doit être administré en 2 prises égales par jouravec de la nourriture.

Chez les enfants (âgés de 2 ans et plus) et les adolescents, la posologie est calculée en fonction de la surface corporelle du patient. La posologie recommandée est de 350 mg/m² par voie orale 2 fois par jour, sans dépasser 600 mg 2 fois par jour.
La dose de NORVIR doit être initialement de 250 mg/m² puis augmentée à intervalle de 2 à 3 jours de 50 mg/m² 2 fois par jour (CfTableau 3, rubrique Posologie, monographie VIDAL).

La forme buvable est appropriée chez les enfants et les adolescents, pour administrer précisément la dose calculée à partir de la surface corporelle.
Elle peut être utilisée également chez les patients adultes ayant des difficultés à avaler le comprimé.

Source : VIDAL

Les essais cliniques ont révélé que le fait de commencer le traitement du VIH (TAR) très tôt dans le cours de l’infection peut améliorer considérablement la santé de la personne touchée et réduire énormément son risque de développer des infections graves. L’amorce précoce du TAR aide à réduire la quantité de VIH dans le sang, et l’utilisation continue du traitement fait diminuer celle-ci jusqu’à un niveau indétectable.

Une fois que la quantité de VIH dans le sang d’une personne chute jusqu’à un niveau indétectable et qu’elle s’y maintient grâce à l’usage continu du TAR, le risque que court cette personne de transmettre le VIH à d’autres personnes devient négligeable. Ainsi, il est crucial d’accroître le nombre de personnes qui apprennent leur statut VIH en passant un test de dépistage confidentiel. Il est important que le dépistage soit suivi d’un counseling et d’une orientation rapide vers des soins (lorsque le test est positif) afin que l’amorce d’un TAR puisse être proposée. De plus, il est essentiel que les personnes sous TAR fassent l’objet d’examens et de tests sanguins réguliers afin de s’assurer que leur charge virale demeure indétectable. Toutes ces mesures sont importantes pour améliorer la santé des personnes séropositives et réduire la propagation du VIH au sein des villes, des régions et des pays.

Depuis plusieurs années, une équipe de chercheurs du San Francisco General Hospital essaie de trouver des moyens de surmonter les barrières qui peuvent surgir lorsqu’on essaie de mettre sur pied des programmes axés sur l’amorce rapide du traitement du VIH. Selon les chercheurs, il arrive souvent que le dépistage du VIH et la dispensation des soins et du traitement aient lieu à des endroits différents. De plus, certaines personnes nouvellement diagnostiquées ont besoin d’aide pour trouver un logement stable, se procurer une assurance maladie et gérer des problèmes de santé mentale ou de consommation de drogues/alcool. Tous ces facteurs peuvent prolonger le temps qui s’écoule entre le diagnostic du VIH et l’amorce du TAR.

L’équipe de San Francisco a mis au point un programme appelé RAPID qui permet de surmonter ces barrières courantes. Une évaluation du programme RAPID a révélé que 95 % des participants inscrits ont été en mesure de commencer le TAR dans les 24 heures suivant l’obtention d’un résultat positif au test de dépistage du VIH. De plus, les participants ont réussi à faire baisser leur charge virale jusqu’à un niveau très faible peu de temps après l’amorce et la continuation du TAR. Seulement 5 % des participants ont éprouvé des effets secondaires. Les chercheurs ont conclu ceci : « Le traitement de l’infection au VIH peut commencer le jour même du diagnostic sans avoir d’impact sur l’innocuité et l’acceptabilité du TAR ».

À propos du programme RAPID

En 2013, une équipe du San Francisco General Hospital a lancé une intervention appelée Rapid ART Program for Individuals with an HIV Diagnosis (RAPID). Le programme fonctionnait comme suit :

Lorsque les participants recevaient un diagnostic de VIH dans un centre de dépistage de la ville, on leur offrait un rendez-vous auprès d’un spécialiste du VIH le même jour. Les participants recevaient des coupons dans le centre de dépistage afin de pouvoir se rendre immédiatement à la clinique en taxi.

À la clinique, la consultation durait habituellement de trois à quatre heures. Durant cette période, le prescripteur du TAR éduquait le patient au sujet des risques de transmission du VIH, de la santé sexuelle et des bienfaits de l’amorce précoce du TAR. On discutait aussi de toutes les raisons possibles pour ne pas commencer le TAR ce même jour; selon les chercheurs, on donnait aux participants « l’option de refuser le traitement ». Des prélèvements de sang étaient effectués en vue d’un large éventail de tests, y compris le compte de CD4+, la charge virale en VIH, les évaluations des reins et du foie et le dépistage des virus de l’hépatite. On effectuait également des tests sanguins pour déterminer si le VIH des patients avait acquis une certaine résistance au traitement ou encore pour détecter une hypersensibilité à un médicament anti-VIH couramment utilisé appelé abacavir (Ziagen et dans Kivexa, Triumeq et Trizivir). Chose importante, l’équipe de recherche a souligné que les résultats de tous ces tests n’étaient pas habituellement disponibles avant l’amorce de la TAR.

Si nécessaire, on facilitait l’obtention rapide d’une assurance maladie.

Un comité d’experts recommandait l’utilisation de la combinaison suivante de médicaments anti-VIH : l’inhibiteur de l’intégrase dolutégravir (Tivicay) en association avec les deux analogues nucléosidiques ténofovir et FTC. Cette recommandation était fondée sur les résultats d’études qui révélaient que le genre de VIH présent dans la région de San Francisco était généralement vulnérable aux effets de ces médicaments. De plus, selon les observations du personnel de l’hôpital, cette combinaison était généralement bien tolérée. On dispensait cette combinaison ou une autre dans une trousse de départ afin que le traitement puisse commencer rapidement.

On offrait aux participants qui acceptaient de commencer le TAR la possibilité de prendre leur première dose à la clinique en présence d’un professionnel de la santé.

Au cours des sept prochains jours, les infirmières du programme contactaient les participants par téléphone. Selon l’équipe de recherche, ces appels permettaient aux infirmières de « discuter des résultats de laboratoire et de se renseigner sur l’observance, les problèmes liés à l’ordonnance ou à la pharmacie et les effets secondaires possibles ».

Accent sur les participants

Pour leur évaluation du programme RAPID, les chercheurs ont examiné des données de santé recueillies entre le 1er juillet 2013 et le 31 décembre 2014 auprès de 47 personnes inscrites au programme et 39 autres suivies en vertu de l’approche de soins standard en vigueur dans la clinique VIH de l’hôpital. En vertu de l’approche standard, une équipe multidisciplinaire prenait en charge les symptômes éventuels des patients et leur offrait du soutien pour les questions d’ordre social (logement, assurance, alimentation, statut à l’égard de l’immigration) et psychosocial.

Selon les chercheurs, les participants avaient le profil moyen suivant :

plus de 95 % étaient des hommes
plus de 50 % étaient des personnes de couleur
42 % avaient des « troubles mentaux majeurs »
42 % utilisaient des drogues
28 % disaient être sans abri
compte de CD4+ : 450 cellules/mm3
charge virale en VIH : 50 000 copies/ml

Résultats

Dans le cas de la personne typique inscrite au programme RAPID, sa première visite à la clinique de l’hôpital avait lieu le même jour que son diagnostic, et elle recevait aussi sa première ordonnance pour le TAR ce jour-là.

Sur tous les participants inscrits au RAPID, 90 % prenaient leur première dose de TAR à la clinique. De plus, 95 % des participants qui se voyaient offrir l’amorce immédiate du TAR prenaient leur première dose dans les 24 heures suivant leur première visite à la clinique.

En revanche, parmi les participants qui n’étaient pas inscrits au programme RAPID, la première visite à la clinique avait lieu 10 jours après l’obtention de  leur résultat positif au test de dépistage du VIH, et ils recevaient leur première ordonnance pour le TAR 22 jours après cette première visite à la clinique.

Innocuité

Selon les chercheurs, « la plupart des participants  (90 %) au programme RAPID ont reçu un TAR fondé sur un inhibiteur de l’intégrase ». L’équipe a précisé que le régime suivant a été prescrit le plus souvent (67 % des cas) aux participants au programme : dolutégravir + ténofovir + FTC

Les régimes TAR ont été modifiés plus fréquemment pour les participants au programme RAPID. On faisait habituellement les changements en question pour les raisons suivantes :

-éruption cutanée : deux personnes
-simplification pour un régime consistant en un comprimé une fois par jour (Triumeq : dolutégravir + abacavir + 3TC) après que les médecins ont reçu les résultats des tests de dépistage de l’hypersensibilité à l’abacavir : 10 personnes

Aucun détail n’a été publié en ce qui concerne les modifications semblables apportées aux régimes des personnes non inscrites au programme RAPID.

Lire la suite sur Catie.ca

Hier, lors d’une cérémonie spéciale célébrant les 25 ans d’Actions Traitements, Jean-Marc Bithoun, président honoraire de l’association, s’est vu remettre la médaille de l’ordre national du Mérite des mains de Jean-Luc Roméro, Conseiller régional d’Île-de-France et ambassadeur d’ « Une région Île-de-France sans Sida ».

Nommé Chevalier de l’ordre par la ministre de la Santé Marisol Touraine (JO-20/11/2015), cette distinction vient saluer son action militante et son engagement associatif envers les personnes vivant avec le VIH depuis 1991. Un engagement qui s’exprime non seulement au sein d’Actions Traitements, dont il fut parmi les premiers membres, mais également dans de nombreuses autres associations (Ikambere, Marie Madeleine, le SAMSAH de la Croix Saint Simon, Alternat’HIV, le CHV…).

Cette cérémonie émouvante aura été l’occasion pour Jean-Marc Bithoun d’évoquer son action en faveur de toutes les personnes vivant avec le VIH. Précurseur, il a ainsi en 1996 fait parti du groupe de 10 personnes qui se rendit à New-York afin de se procurer les premiers médicaments disponibles. Comme le précise Jean-Marc : « Cette action largement médiatisée avait un but principal, celui de débloquer la situation et de faire que toutes les personnes séropositives en France qui en avaient besoin puissent avoir la trithérapie. »

Pilier énergique d’Actions Traitements depuis sa fondation, Jean-Marc Bithoun a encore de nombreux combat à mener au sein de notre association. Comme il l’indique : « Nous célébrons les 25 ans d’Actions Traitements, 25 ans d’actions qui ont permis à la situation des malades de beaucoup s’améliorer. Pourtant, beaucoup reste encore à faire. »

Ses futurs combats ? « Aujourd’hui, le VIH est devenu une maladie chronique avec laquelle il nous faut apprendre à vieillir : réfléchir à l’accueil des séniors vivant avec le VIH dans des structures adaptées et formées aux pathologies chroniques est capital. Par ailleurs, je suis toujours choqué de voir qu’autant de discriminations persistent envers les séropositifs : se loger, se soigner et, pire, bénéficier de funérailles dignes, tout est plus compliqué pour nous .»

Il insiste finalement sur la nécessité pour les nouvelles générations de s’approprier la lutte contre le Sida : « De nombreux défis nous attendent, défis que je ne pourrai pas tous relever. A eux, comme c’est le cas dans notre conseil d’administration, de s’en emparer. » 

À propos d’Actions Traitements

Actions Traitements est une association de patients créée en 1991 à l’initiative de personnes vivant avec le VIH. Rassemblant aujourd’hui des patients et des personnes concernées par le VIH et les hépatites, elle vulgarise l’information médicale sur le VIH/sida et les hépatites, soutient et accompagne les personnes vivant avec le VIH et leurs proches.

Contact presse : Nicolas Gateau, ngateau@actions-traitements

Refus de soins directs ou déguisés, différences dans les traitements, non-respect du secret médical, attitudes humiliantes… Un rapport dévoilé ce mercredi par l’association Aides révèle de nouveau des discriminations, notamment de la part des soignants,envers les porteurs du VIH et d’hépatites virales, dans un rapport dévoilé mercredi.

Si du côté des avancées médicales, l’amélioration des traitements permet à la grande majorité des personnes infectées par le VIH d’exercer une vie professionnelle sans grandes difficultés, les idées reçues constituent encore un obstacle de taille.

Ce phénomène tend à s’amplifier depuis plusieurs années, selon l’Inserm* qui reprend les données d’une étude financée par l’ANRS**, dans le cadre de laquelle les auteurs ont comparé le taux de chômage de ces personnes à celui de la population générale entre 2003 et 2011. Sur cette période, celui-ci est passé de 12,6% en 2003 à 15,8% en 2011.

Mais cette étude ayant été menée au moment de l’importante crise de 2008, « une bonne partie de la population française a souffert de ses conséquences, il n’était pas illogique d’assister à une hausse du chômage chez les personnes séropositives », notent les chercheurs. Pour savoir si cette augmentation était effectivement liée à la crise, les scientifiques ont donc comparé les taux de chômage de ces deux types de population, en utilisant les données de l’Insee.

Un manque de pertinence pour le dispositif de maintien à l’emploi

Ils ont constaté que le taux de chômage des personnes séropositives avait augmenté beaucoup plus vite que celui de la population générale. En détail, la différence entre les deux groupes était de 7% en 2003 et est passée à 10% en 2011. Alors que, paradoxalement, la prise en charge des malades s’est améliorée: 95,5% d’entre eux montraient une charge virale contrôlée en 2011, contre 77,7% en 2003. « En somme, les progrès médicaux ne se sont pas traduits par une amélioration de la situation d’emploi pour ces personnes », clarifie Margot Annequin, responsable de ces travaux.

Et c’est justement le fait que la maladie soit mieux soignée au fil des années qui constituerait la principale raison de ce phénomène. L’auteur précise en effet que les malades sont en meilleure santé, de sorte qu’ils bénéficient plus difficilement du dispositif de maintien dans l’emploi qui octroie un taux de handicap. Pourtant, comme toute personne atteinte de pathologie chronique, « ils ont parfois besoin de faire une pause dans leur activité professionnelle pour leurs soins. Le retour à l’emploi est alors difficile dans un marché très compétitif, et avec la peur que l’infection se sache ».

Des métiers toujours interdits ?

Les personnes d’origine subsaharienne seraient particulièrement touchées, car victimes d’une double discrimination. Néanmoins, l’étude précise qu’après ajustement des résultats selon le sexe, la nationalité, le niveau d’études, l’âge ou la situation familiale, « un écart persiste entre la situation la population générale et celle des personnes vivant avec le virus, vis-à-vis du chômage ».

Ses conclusions vont dans le sens d’un rapport de l’association Aides publié en 2015, qui souligne que des métiers leur sont toujours juridiquement interdits, alors qu’il n’y a aucune contre-indication officielle, une « contradiction directe avec les principes du droit français »: magistrature, armée, police, pompiers. « L’enquête VIH, Hépatites et vous (2011) souligne un risque d’être sans emploi cinq fois plus élevé pour les PVVIH*** que pour la population générale », indique le rapport.

*Institut national de la santé et de la recherche médicale
**Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales
**Personnes vivant avec le VIH/sida

(Source : Santé magazine)

(…)

Les anticorps monoclonaux sont désormais des thérapies à part entière dans de nombreuses maladies, en oncologie et dans le traitement de maladies auto-immunes en rhumatologie, gastro-entérologie, neurologie…Et pourquoi pas contre le virus du sida ? La découverte d’anticorps neutralisants  dans le sang des malades, il y a déjà quelques temps, laisse penser que l’immunothérapie pourrait être un traitement préventif ou curatif de l’infection par le VIH. Dans cette optique, les chercheurs ont lancé deux essais thérapeutiques pour savoir si l’administration d’anticorps neutralisants dits VRC01 ciblant le récepteur du VIH au CD4 pouvait empêcher ou retarder le rebond de la charge virale dans le sang après une interruption des traitements antirétroviraux.

Au total, 24 volontaires ayant arrêté provisoirement leurs médicaments ont reçu trois doses, à trois semaines d’intervalle chacune, deVRC01 par voie intraveineuse. La charge virale reste d’abord indétectable, puis commence à le redevenir en moyenne 4 semaines après le traitement dans le premier essai et 5,6 semaines plus tard dans le second. Ces résultats sont toutefois meilleurs que pour les témoins ayant juste arrêté les antiviraux. Au bout de la 8e semaine, cette charge virale devient similaire pour les patients traités et pour les témoins. Si ces résultats s avèrent décevants, les auteurs estiment que d’autres essais, avec cette fois une combinaison d’anticorps anti-VIH ciblant d’autres sites du virus pourraient être intéressants.

Peut-être une place dans la prévention
Dans un éditorial accompagnant l’article, Marina Caskey (New York), Florian Klein et Michel Nussenzsweig (Cologne), soulignent notamment le rôle de l’immunothérapie en prévention. Ils rappellent comment une injection d’immunoglobulines anti-hépatite B, avant l’avènement de la vaccination, permettait d’éviter pendant trois mois les contaminations pour les voyageurs en zone d’endémie. Ils relèvent surtout que chez les macaques, une seule injection d’anticorps neutralisants peut les protéger contre l’infection par le VIH pendant au moins 23 semaines. (…)

Dr Martine Perez

(Retrouvez l’intégralité de l’article sur Jim.fr)