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Vous souhaitez contribuer à une meilleure compréhension de l’expérience et des difficultés des personnes vivant avec le VIH et/ou de celles de leurs proches ?

Aidez-nous en répondant à notre enquête… votre participation nous est précieuse. Pour chaque participation à l’enquête, un don sera reversé à une association qui soutient les personnes vivant avec le VIH.

Cette enquête en ligne est anonyme.

Pour y participer, ou pour plus d’informations :

– Vous êtes séropositif(ve) : connectez-vous sur : http://bit.ly/2A535cg

– Vous êtes le partenaire d’une personne séropositive :
connectez-vous sur : http://bit.ly/2A1wEv7

Comprendre et répondre aux besoins réels et préoccupations de vie des PVVIH

ViiV Healthcare réalise l’enquête internationale « Positive Perspectives », réunissant plus de 1000 patients vivant avec le VIH issus de 9 pays.

« Positive Perspectives » se propose de mieux comprendre les besoins réels et préoccupations de vie des PVVIH et de leurs partenaires [Murungi 2017].

Trois thèmes clés sont abordés dans cette enquête :

  • Les aspects psychosociaux liés à l’infection par le VIH
  • La communication entre le professionnel de santé et le PVVIH
  • La satisfaction des PVVIH vis-à-vis de leur traitement ARV

Comité de pilotage de l’enquête

L’enquête est conduite en collaboration avec un comité de pilotage d’experts, multidisciplinaire et international. Il inclut des médecins du VIH, des PVVIH et des représentants d’associations de patients.

Méthodologie de l’enquête [Murungi 2017]

« Positive Perspectives » est une enquête qualitative détaillée (questionnaire en ligne) menée dans 9 pays (Australie, Canada, Etats-Unis, Autriche, France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni) de novembre 2016 à avril 2018.

Les personnes vivant avec le VIH étaient éligibles à cette enquête si elles avaient plus de 18 ans et étaient séropositives.

Le processus de sélection des participants impliquait la réalisation d’un pré-questionnaire suivi d’un entretien téléphonique.

Source : TouteLEurope.eu

En 2016, 1,8 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH dans le monde, soit environ 5 000 cas par jour. Le nombre de personnes vivant avec le VIH atteint ainsi 36,7 millions pour cette même année. Loin d’être épargnée, l’Europe est la seule région du monde où le nombre de nouvelles infections est en augmentation, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a recensé plus de 625 000 cas de VIH dans l’UE et l’Espace économique européen (l’EEE) en 2016. Parmi eux, plus de 29 444 nouveaux cas dépistés. Un chiffre qui représente 5,7 personnes nouvellement dépistées pour 100 000 habitants. La région Europe de l’OMS (Europe de l’Ouest, centrale et de l’Est) compte plus de 1 115 000 cas de VIH, dont plus de 57 000 nouveaux cas dépistés en 2016. La moyenne atteint 7,7 cas pour 100 000 habitants. La Russie, qui a cessé de communiquer son recensement depuis 2010, n’entre pas dans ces statistiques. Elle comptait à cette date 62 581 cas de VIH connus.

La progression du VIH en Europe de l’Est

L’épidémie de VIH continue de progresser à un rythme alarmant dans la région européenne de l’OMS. Essentiellement dans la partie orientale où sont apparus près de 80 % des 160 000 nouveaux cas de séropositivité diagnostiqués en 2016. C’est le plus grand nombre de nouveaux cas jamais enregistré au cours d’une année.

Les raisons de cette progression sont multiples. Comme le montre ce reportage d’ARTE info, le manque de prévention et de moyens investis dans une politique de santé efficace contre la maladie fait écho au silence relatif des gouvernements sur la propagation du VIH. Les stigmatisations sont fortes et la transmission par les seringues des toxicomanes, une des causes principales de la propagation, reste un tabou.

En Europe de l’Est, 1 personne infectée sur 3 ne connaît pas son statut VIH

En Ukraine, la guerre a fortement désorganisé le système de santé du pays. Provoquant l’exode des médecins, et diminuant l’accès aux contraceptifs et aux antiviraux pour les malades. Alors que des traitements précoces limiteraient les risques, pour les personnes infectées, d’évoluer vers le stade du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA). Or les individus ayant atteint ce stade ont presque doublé dans l’est de l’Europe ces dix dernières années. En Europe de l’Est, 1 personne infectée sur 3 ne connaît pas son statut VIH, contre 1 sur 7 dans le reste de l’Europe.

Le principal mode de transmission varie selon la zone géographique. Les infections ont régulièrement augmenté en Europe de l’Ouest et centrale chez les hommes qui ont des rapports homosexuels. Pendant ce temps la transmission hétérosexuelle s’est accrue dans la partie orientale. Par ailleurs, l’injection de drogues a entraîné un tiers des nouvelles infections dans les pays d’Europe orientale. A noter que la France compte un nombre de nouveaux cas de VIH relativement élevé. Deux groupes sont particulièrement touchés : les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes et les migrants venus d’Afrique subsaharienne.

Objectifs de lutte contre le VIH

Le docteur Andrea Ammon, directrice du centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), plaide pour une plus grande réactivité contre le VIH. « En moyenne, il faut trois ans entre le moment où une personne est infectée et celui où le diagnostic est posé, ce qui est beaucoup trop long ».

Etant donné que plus de 29 000 nouvelles infections au VIH sont notifiées chaque année dans l’UE et l’EEE, l’ECDC recommande aux Etats membres d’axer leur politique de santé publique pour le VIH en trois grands axes : prévenir par la sensibilisation et la promotion des rapports sexuels protégés, assurer des services efficaces de conseils et de dépistage du VIH et veiller à ce que les personnes diagnostiquées bénéficient d’un accès rapide à un traitement de qualité.

Source : NéonMag.fr

C’est à 17 ans que Théo* a appris qu’il avait contracté le virus du VIH. Il a fait le choix de le cacher, à sa famille et à son entourage. Pour NEON, il a accepté de nous expliquer son choix, 6 ans plus tard.

« J’étais au lycée, en terminale, quand je suis me suis rendu dans un centre AIDES pour faire un test. J’avais 17 ans, ma prof de français m’a accompagné car j’avais une relation privilégiée avec elle. » Théo se souvient de tout. L’intervenant de l’association qui lui pique le doigt avec une petite aiguille, dépose la goutte de sang dans la solution et lui demande. Les quelques minutes d’attente. Le résultat. Positif. Théo est bien porteur du VIH. Même si le jeune homme est dans une période d’exploration où il mène, de son propre aveu, «une sexualité débridée » et enchaine les coups d’un soir, il ne s’y attend pas. « Je me protégeais une fois sur deux à cette époque. Pour moi le VIH c’était un mirage. Je ne pensais pas que ça pouvait m’arriver. »

« J’ai demandé à ma prof de ne rien dire à mes parents, elle a respecté mon choix »

Les larmes ne montent pas immédiatement à l’annonce du résultat. « Tout simplement parce que je ne me rendais pas compte de ce qu’il m’arrivait. » Théo part directement à l’hôpital pour un bilan sanguin complet, il se retrouve nez-à-nez avec une affiche de prévention contre le SIDA. C’est à ce moment là qu’il craque. « Je réalise que je ne suis pas la personne qui regarde l’affiche, mais celle qui la vit. Il y a une différence. »

En sortant, sa professeur l’invite à boire un verre « J’ai pris un coca, elle un Martini. Elle hésitait, se demandait si je devais  dormir chez elle ou pas, si elle devait appeler mes parents (…) Je lui ai demandé de ne rien leur dire et elle a fini par accepter. Elle a respecté mon choix. » En rentrant chez lui ce soir là, Théo n’en parle pas. « Ils ne se sont rendus compte de rien. Mais je me disais que ça ne servait plus à rien de vivre, je pensais que j’allais crever jeune. »

« Un traitement, ce n’est pas anodin, il y a un temps d’adaptation pour le corps »

Le lycéen qu’il était fait alors le choix de ne pas se traiter immédiatement. Rattaché à la couverture sociale de ses parents, ils auraient vu qu’il était pris en charge pour une ALD (Affection Longue Durée). Et il y a toutes les responsabilités qu’il ne se sent pas prêt à assumer sur le moment. Trop jeune pour porter un tel poids sur ses épaules, se dit-il. « Un traitement, ce n’est pas anodin, il y a un temps d’adaptation pour le corps. Ce n’était pas possible de le commencer à ce moment là. » Il trouve néanmoins le courage d’aller en cours et de poursuivre ses études. « Je ne voulais pas rester dans mon lit à pleurer, c’était hors de question. J’ai continué à faire ma vie, dans le déni de la maladie, j’avais déjà mes problèmes de jeune lycéen à gérer. »

Même son médecin lui conseille d’attendre quelques mois avant de commencer son traitement, le temps de passer son baccalauréat. En attendant, le lycéen va même jusqu’à acheter une caisse métallique pour mettre ses analyses médicales et autres documents sensibles sous clef. Et s’assurer que ses parents ne puissent pas tomber dessus. À 20 ans, son bac en poche, Théo prend son indépendance. Il quitte le domicile familial et poursuit ses études dans une autre ville. Désormais majeur, il n’est plus rattaché à la sécurité sociale de ses parents et peut commencer ses soins sans que cela n’apparaisse sur leur relevé de prestation. « Déménager m’a permis de ne plus avoir à me cacher en permanence, mais ça n’a pas changé ma vie. » Un premier soulagement.

« Pour eux ce serait comme si on leur tirait une balle dans la tête de leur dire que leur seul enfant est homo et séropositif »

Aujourd’hui, Théo est âgé 24 ans. Après avoir essayé deux traitements qui n’étaient pas assez efficaces pour lui, il en a trouvé un qui lui convient malgré quelques effets secondaires. Mais il n’a toujours pas dit à sa famille qu’il est porteur du VIH. Il s’est fait la promesse de ne jamais leur avouer « C’est hors de question. Ça les briserait de le savoir. » Issu d’une famille conservatrice où l’homosexualité est considérée comme une « maladie », l’étudiant estime qu’aucun dialogue n’est possible. « Étant fils unique et ayant une famille qui a à cœur de construire un héritage familial, pour eux, ce serait comme si on leur tirait une balle dans la tête de leur dire que leur seul enfant est homo et séropositif. »

Mais si Théo tient à protéger ses parents de ce qu’il vit, il considère néanmoins qu’ils ont une part de responsabilité dans ce qui lui arrive aujourd’hui: « Comme je ne pouvais pas parler de sexualité avec eux parce que j’étais gay, je n’étais pas assez prévenu des risques du VIH. Tout découle de ça. » Le rejet de son homosexualité ? « Une erreur de parents. » Aux lourdes conséquences.

« Si j’avais pu m’épanouir dans ma sexualité et assumer mon homosexualité, je ne me serais pas autant négligé. »

Car c’est justement en voulant vivre ses premières expériences à l’abri du regard  de sa famille que Théo s’est mis en danger. Il était encore mineur. Des relations sexuelles avec des personnes qu’il venait à peine de rencontrer, « dans des lieux peu recommandables », à la va-vite. « Si j’avais pu m’épanouir dans ma sexualité et assumer mon homosexualité, je n’aurais pas eu à prendre autant de risques. Je ne me serais pas autant négligé. »

Avec le temps, Théo a finalement réussi à accepter de vivre avec la maladie et avoue « ne plus y penser tous les jours ». Mais ça n’a pas toujours été le cas : « Bien sûr, j’ai été énervé quand j’ai appris qu’on m’avait refilé le VIH. J’ai été en colère pendant plus d’un an et demi. » Désormais, il ne ressent plus de haine en pensant à la personne qui lui aurait transmis le virus, même s’il ne sait toujours pas de qui il s’agit. « J’étais consentant pour le faire sans préservatif, donc c’est aussi de ma faute. Nous étions deux à faire l’amour, nous sommes deux responsables. » Il estime aussi être « chanceux » car avec les progrès réalisés sur le virus du VIH il peut « vivre aussi longtemps qu’une personne séronégative. Mais avec un corps un peu plus fatigué que les autres. »

« Il y a des gens qui peuvent avoir peur de te faire la bise ou de boire dans le même verre que toi pensant qu’il vont chopper le sida »

Depuis, Théo se tait. Il y a la peur de briser sa famille, mais Théo redoute également le regard des gens. Le rejet. L’isolement social. « Il y a des gens qui peuvent avoir peur de te faire la bise ou de boire dans le même verre que toi en pensant qu’ils vont chopper le SIDA. Ça existe encore, des gens comme ça », se justifie-t-il. Même dans le milieu gay, pas question d’en parler. « Je n’ai pas envie qu’on parle dans mon dos. J’ai déjà entendu dans des soirées « Oh putain regarde y’a Sidaction qui arrive ! » à propos d’un séropositif. Moi, je ne veux pas vivre ça. » Alors il se tait. Quant à ses relations amoureuses, il tient à préciser : « J’ai toujours mis un point d’honneur à respecter mes partenaires, à ne jamais prendre de risque avec eux et à avoir une sexualité saine. »

Mais il reste catégorique: son choix de cacher sa séropositivité est définitif. Sa façon à lui de se protéger, tout en protégeant ceux qu’il aime.

*Le prénom a été modifié

Source : The Conversation

Le médicament est un bien, du point de vue juridique, et peut donc faire l’objet d’un droit de propriété. Dans certains cas, le droit de propriété des fabricants de médicaments entre en conflit avec le droit à l’accès aux traitements des malades.

C’est notamment le cas avec le VIH. Ce fléau affecte les couches les plus fragiles de la population, notamment dans les pays en développement. Actuellement, seul l’usage de médicaments antirétroviraux permet de traiter les personnes atteintes par le sida. Ce traitement s’effectue en général par le recours à une trithérapie, c’est-à-dire l’association de trois à quatre antirétroviraux.

La prise d’antirétroviraux diminue la charge virale et restaure l’immunité du patient. Le taux de mortalité recule considérablement, tout comme le risque de contamination d’autres individus par la personne malade. Dès que la prise du médicament est suspendue, la charge virale augmente à nouveau, avec pour corollaire celle des symptômes et des risques de contamination.

Le développement des antirétroviraux, l’un des plus rapides dans l’histoire de la médecine

Le développement des antirétroviraux a été l’un des plus rapides de l’histoire de la médecine. Leur mise sur le marché a permis de freiner la propagation du VIH et de transformer une maladie certainement mortelle en une maladie probablement chronique. Mais la recherche pharmaceutique se révèle en général longue, coûteuse et incertaine. Pour rentrer dans ses frais, l’entreprise ayant produit ces médicaments a donc recours aux droits de propriété intellectuelle pour protéger sa création. Le médicament est, en effet, une création intellectuelle et à ce titre, il est la propriété de celui qui l’a produit – généralement un laboratoire pharmaceutique.

L’industrie pharmaceutique est une actrice majeure du développement contemporain des droits de propriété intellectuelle (DPI). A l’occasion des négociations menées entre 1986 et 1994, ayant abouti à la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les représentants de l’industrie pharmaceutique se sont plaints des pertes financières subies du fait de l’absence de protection des DPI dans certains pays. Ce lobby a fait pression – avec succès – pour que ces droits fassent partie des volets garantis par la nouvelle organisation.

L’adoption dans la foulée, en 1995, de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) a permis d’universaliser cette protection. Il est désormais admis par la quasi-totalité des pays producteurs que les médicaments peuvent faire l’objet d’un ou plusieurs DPI, et notamment être protégés par des brevets, des marques ou autres.

L’industrie aura tendance à fixer un prix élevé

Si le médicament a vocation à soigner des malades, le laboratoire pharmaceutique reste une entreprise à but lucratif, et non une organisation caritative. La reconnaissance des DPI lui donne le droit exclusif d’exploiter le médicament. Il s’ensuit que, dans le but de tirer le plus grand profit de son invention, l’industrie aura tendance à en fixer un prix élevé.

Le prix des médicaments est au centre de la problématique de l’accès aux soins de santé. Plus les prix sont élevés, plus ils sont prohibitifs pour de nombreux malades. Il y a là un conflit potentiel entre le DPI des fabricants et le droit à l’accès aux médicaments des malades. La situation peut alors être gérée de deux manières différentes.

Le fabricant peut, en vertu de son DPI, prendre l’initiative d’améliorer l’accès en octroyant volontairement des droits à des tiers. Il leur confère le droit d’exploiter le brevet à des conditions souples en autorisant la fabrication, l’importation, la vente ou toute autre forme de cession des droits portant sur le médicament protégé. Ce mécanisme volontaire permet au fabricant de garder un certain contrôle sur l’exploitation de son invention.

Un accord de licence avec les laboratoires Gilead Sciences

Par exemple, l’organisation de santé publique Medicines Patent Pool (MPP), soutenue par les Nations unies, a annoncé en 2017 un accord de licence avec les laboratoires Gilead Sciencesportant sur un médicament, le bictégravir. Cet accord conclu dans le cadre d’un nouveau traitement du VIH à un seul comprimé à prise unique quotidienne pourrait offrir une nouvelle option pour les personnes vivant avec le VIH dans les pays à revenu faible et intermédiaire. La licence permet aux fabricants titulaires de sous-licences du MPP de produire, développer et vendre des versions génériques des médicaments contenant le bictégravir.

Dans d’autres cas, le producteur peut être contraint par un État à adopter des modalités particulières. C’est ce qui s’est passé dans l’affaire des antirétroviraux en Afrique du Sud. Une loi de 1997 y permettait notamment d’avoir recours à des licences obligatoires pour faciliter l’accès à ces traitements à un coût raisonnable pour la population. L’affaire fit grand bruit en raison d’une plainte déposée par des multinationales pharmaceutiques contre cette loi. Mais le procès n’alla pas à son terme en raison du retrait de la plainte.

La récurrence de problèmes de santé publique est un ferment pour les risques de conflit avec les producteurs de médicaments. Ainsi, dans le traitement de l’hépatite C, le gouvernement malaisien a autorisé en 2017 l’importation de versions génériques d’un médicament essentiel, le sofosbuvir, malgré les brevets détenus par le géant pharmaceutique Gilead Sciences. Cette décision est intervenue après plus d’une année de négociations avec le laboratoire, propriétaire du sofosbuvir. Il faut dire que le même médicament avait fait l’objet d’une autorisation de fabrication et de mise en vente de la version générique en 2015 au Maroc, où une protection par brevet n’avait pas été sollicitée.

Le rôle des génériques dans l’accès aux médicaments

Une autre modalité qui permet de résoudre le problème de l’accès au médicament est la mise sur le marché d’un médicament générique. Cela peut se produire alors que le brevet sur le médicament est encore en vigueur. Dans ce cas, les fabricants du générique ne peuvent pas utiliser la marque initiale de fabrique. Cependant, ils pourront faire des copies du médicament breveté qu’ils vendront sous le nom de l’ingrédient chimique ou sous une autre marque. Ce qui en fait des médicaments génériques du point de vue du droit des brevets. Il est constant que le recours aux licences obligatoires reste faible, pour des raisons aussi bien géostratégiques que juridiques. Analysant la situation dans le monde entre 1995 et 2011, les auteurs (Beall et Kuhn) d’un article publié en 2012 ont trouvé 24 annonces de licence obligatoire dans 17 pays.

D’autres fois, le médicament a cessé d’être couvert par un DPI. Dans le cas du brevet par exemple, la durée de protection généralement accordée est de vingt ans. Il s’agit de la durée minimale prévue par l’accord sur les ADPIC. Au terme de ce délai, le brevet tombe dans le domaine public, offrant la possibilité à toute personne intéressée d’utiliser les données décrivant l’invention pour fabriquer et commercialiser le même médicament.

Le générique semble donc offrir plus de facilités d’accès aux médicaments. En effet, le DPI du producteur ne protège pas d’une baisse des prix, et le médicament original peut faire face à la concurrence légitime des médicaments génériques. Le prix de ces derniers est souvent inférieur de moitié au prix du médicament innovant, la réduction pouvant être de plus de 95 % dans certains cas.

Une baisse des prix de 10 000 à 100 dollars américains

Au Brésil, la production locale d’antirétroviraux a entraîné une baisse de 80 % des prix au début des années 2000. Surtout, l’Inde, premier producteur au monde de médicaments génériques contre le VIH, représente « la pharmacie des pays en développement ». La politique indienne en matière de brevets pharmaceutiques a permis la concurrence entre producteurs de génériques et entraîné la diminution de 99 % du prix des traitements de première ligne.

Ils sont ainsi passés de 10 000 dollars américains par personne et par an en 2000, à environ 100 dollars américains en 2016, selon la 18e édition du rapport de Médecins sans frontières (MSF) sur les prix des traitements contre le VIH.

Entre les fabricants de médicaments, producteurs souvent volontaristes, et les patients, consommateurs généralement obligés, il existe un lien complexe pour lequel l’arbitrage de l’autorité publique est nécessaire. Le but des règles de DPI mises en place par les autorités publiques (internationales et nationales) est entre autres de stimuler la créativité pour permettre le développement de solutions appropriées.

En même temps, il faut s’assurer que les destinataires des médicaments puissent effectivement en profiter, quel que soit leur statut social. C’est pourquoi il faut constamment rechercher un équilibre entre les droits des fabricants et ceux des patients.

Source : Le Quotidien du Médecin

À l’occasion la conférence internationale francophone sur le VIH/hépatites, l’AFRAVIH (Bordeaux du 4 au 7 avril 2018)

À l’occasion la conférence internationale francophone sur le VIH/hépatites, l’AFRAVIH, qui se tient à Bordeaux du 4 avril au 7 avril. Un collectif d’associations, parmi lesquelles, AIDES, Coalition plus, Médecins du monde, Sidaction ou Solthis, lancent un appel au président de la République pour le Fonds mondial.

Leur souhait : que la France accueille la 6e conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme dans le cadre de la présidence du G7 en 2019. Cette conférence prévue l’année prochaine vise à réengager financièrement les différents donateurs existants et potentiels. L’objectif est d’encourager, augmenter et pérenniser le soutien international à la lutte contre les trois épidémies.

La France est le 2e contributeur du Fonds

La France est le 2e contributeur du Fonds et les associations saluent cet engagement historique contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Mais aussi pour la couverture sanitaire universelle, le renforcement des systèmes de santé, l’accès aux soins ainsi qu’aux traitements dans les pays à ressources limitées. Et enfin pour les droits des populations les plus exposées aux épidémies. « En investissant dans ce Fonds, la France a contribué à sauver 22 millions de vies depuis 2002 », indiquent-elles.

Le président Emmanuel Macron veut-il poursuivre le leadership de la France en santé mondiale

Toutefois, s’inquiète le collectif, ces dernières années sont plutôt marquées par le recul de cet engagement historique. « La réduction de son soutien à UNITAID, la vacance depuis plusieurs mois du poste d’Ambassadeur de la lutte contre le sida et les maladies transmissibles posent question. Le président Emmanuel Macron veut-il poursuivre le leadership de la France en santé mondiale porté par ses prédécesseurs ? », s’interroge-t-il. L’organisation de la réunion de restitution par la France « permettrait de garantir le succès politique et financier de cette conférence de reconstitution du Fonds mondial », estiment les associations.

Catégories VIH

Source : France TV Outre Mer 1ère Nouvelle Caledonie

A l’occasion du Sidaction (23, 24 et 25 mars derniers), une femme séropositive en Calédonie a raconté son parcours de vie avec le VIH, aujourd’hui neutralisé grâce à son traitement quotidien. Retrouvez ce témoignage rare, complété par l’expérience d’un docteur, le regard d’une association et un sondage national éloquent.

Elle a accepté de témoigner à l’occasion du Sidaction, ce grand appel aux dons pour la prévention et la recherche contre le VIH / sida qui a résonné du 23 au 25 mars. Mais Marie* vit tous les jours avec le virus de l’immunodéficience humaine. Elle fait partie des environ 250 personnes séropositives officiellement déclarées en Calédonie.

Depuis vingt-cinq ans

Marie* a découvert qu’elle avait le sida il y a vingt-cinq ans, grâce à un dépistage anonyme à l’Espas-CMP. L’Espace de prévention, d’accompagnement et de soins du Centre médical polyvalent, situé à Nouméa rue Galliéni. Elle avait «vingt ans».

Traitement quotidien

Son parcours depuis a été chaotique, elle a frôlé la mort, mais elle a surmonté le virus en prenant un traitement quotidien: «Aujourd’hui, mon VIH, il est neutralisé. C’est un colocataire.»
Un témoignage rare, recueilli par Karine Arroyo et Claude Lindor.

La peur du rejet

Une prise de parole comme celle-ci est exceptionnelle, en Calédonie, même sous couvert d’anonymat. La peur est toujours grande de se voir rejeté parce que séropositif. Selon l’association Solidarité Sida, presqu’un tiers des Calédoniens ne voudraient pas partager un repas avec quelqu’un atteint du VIH.

Le niveau d’information des jeunes se dégrade

Non seulement les fausses croyances sur le sida perdurent, mais le niveau d’information se dégrade chez les jeunes. Un sondage national réalisé auprès de Français âgés de quinze à 24 ans a été rendu public par Sidaction mercredi dernier (lire en encadré). Un sondé sur cinq pense que le virus peut se transmettre en embrassant une personne séropositive (21%, soit une augmentation de six point depuis 2015). 18% croient que c’est possible par la transpiration (+ huit points). 19% présument que la pilule contraceptive d’urgence empêche la transmission du virus (+ neuf points)…

Pas par piqûre de moustique

Faux, faux et faux. Comme l’idée, qui serait partagée par un Calédonien sur cinq, selon laquelle le sida peut se transmettre par les piqûres de moustique. La directrice de l’association Solidarité Sida-NC le relatait samedi à Nathalie Daly, dont elle était l’invitée du JT. «En Nouvelle-Calédonie, le mode de transmission est à plus de 70 % par les voies sexuelles», lors d’un rapport non protégé, précise Karine Brillet.
Retrouvez son interview.

L’appel de Solidarité Sida

Signalons que l’association Solidarité Sida-NC, en quête de financements aussi bien que d’adhérents, tiendra son assemblée générale jeudi 29 mars, à 18 heures, au 21, rue Taragnat (à la Vallée-des-Colons, dans les locaux de la FOL). Elle est ouverte à tous (renseignements au 24 15 17).

Le côté médical

Les séropositifs détectés qui vivent en Calédonie ont contracté le virus hors territoire ou localement. Ils sont suivis par des médecins référents ou par le Médipôle. Le service de médecine interne du Dr Elise Klement est à la pointe des dernières informations concernant les prises en charge. Mais le dépistage reste le test fondamental pour être traité efficacement.
L’interview du Dr Klement, par Karine Arroyo et Claude Lindor.

Séropositifs sans le savoir

De nouveaux cas de VIH sont recensés chaque année sur le Caillou. Pourtant, le monde médical considère que la population sous-utilise le dispositif de dépistage existant. Et que de nombreux Calédoniens ignorent qu’ils sont contaminés.

Le virus reste dans l’organisme

Or, une autre fausse idée est celle qu’on peut guérir du sida. Le récent sondage montre qu’un jeune Français interrogé sur quatre le pense. Faux: les traitements disponibles ne permettent pas d’éliminer le virus de l’organisme. Ce qu’ils font, c’est empêcher qu’il se réplique. Et permettre de mener une vie de couple, fonder une famille, vieillir… Mais sans traitement, le sida tue encore.

* Marie est un prénom d’emprunt.

Selon le sondage révélé par Sidaction

• 21% des jeunes interrogés pensent que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne séropositive.

• 18% croient que la transmission peut se faire en entrant en contact avec la transpiration.

• 19% disent que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission de virus (+ neuf points par rapport à 2015).

• 26% des jeunes interrogés considèrent qu’il existe des médicaments pour guérir du sida (contre 13% en 2009).

• 91% des jeunes pensent, et c’est vrai, que le préservatif est efficace pour empêcher la transmission du VIH / sida (une perte de sept points depuis quatre ans).

• 14% des jeunes de moins de 25 ans admettent avoir été exposés au moins une fois à un risque d’être contaminé par le VIH / sida.

• 32% jugent qu’ils ont moins de risques que les autres d’être contaminés eux-mêmes (en hausse de quatre points par rapport à  l’année précédente).

• 20% se sentent mal informés sur le VIH / sida.

• 67% trouvent que l’Education nationale n’en fait pas suffisamment en matière d’information sur le VIH/sida.

Sondage national Ifop-Bilendi pour Sidaction

Source : Janssen

Janssen : avis favorable du CHMP pour Juluca™ dans le traitement du VIH

Janssen : avis favorable du CHMP pour Juluca™ dans le traitement du VIHLe laboratoire Janssen, filiale pharmaceutique du Groupe Johnson & Johnson, a annoncé vendredi que le  Comité des Médicaments à Usage Humain (CHMP) de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) a émis un avis favorable à l’octroi de l’autorisation de mise sur le marché de JULUCA™ (dolutégravir 50mg de ViiV Healthcare / rilpivirine 25mg de Janssen).

Juluca™ est une bithérapie qui associe deux médicaments dans un seul comprimé pour traiter l’infection  par  le virus del’immunodéficience humaine de type 1 (VIH-1) chez les adultes stabilisés depuis au moins 6 mois soustraitement antirétroviral, ayant obtenu une suppression virale (ARN VIH-1 <50 c/mL), n’ayant pas d’antécédents d’échec virologique et ne présentant aucune résistance connue ou suspectée à un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (INTI) ou inhibiteur de l’intégrase1.

“Nous sommes très heureux d’avoir franchi une nouvelle étape vers la mise à disposition de Juluca™  pour les personnes atteintes du VIH en Europe” a déclaré Mathai Mammen, Janssen Recherche & Développement Monde. “Il y a près de 25 ans, nous nous sommes engagés à participer à l’éradication du VIH. Chaque nouvelle thérapie représente donc pour nous une étape importante qui nous permet de poursuivre nos efforts afin de répondre aux besoins encore insatisfaits des personnes vivant avec le VIH”.

Dolutégravir/rilpivirine a montré sa non infériorité en matière d’efficacité à une trithérapie classique, avec seulement deux antirétroviraux2. S’il est approuvé en Europe, il sera le premier traitement complet combinant deux médicaments dans un comprimé unique pour le traitement du VIH.

“Environ deux millions de personnes sont atteintes du VIH en Europe. Cette approbation représenterait une réel le avancée clinique dans le traitement du Sida. La mise à disposition d’une bithérapie en un comprimé unique réduira le nombre d’antirétroviraux que doivent prendre les patients atteints du VIH ayant obtenu une suppression virale“, a expliqué le Dr. Josep M Llibre, Service des maladies infectieuses, hôpital universitaire Germans Trias i Pujol, Badalona, Barcelone. “La puissance de chaque médicament permet d’administrer une faible dose de ces deux antirétroviraux. Par conséquent, une fois qu’il sera approuvé, Juluca™ sera le plus petit comprimé à prise unique quotidienne disponible au sein de l’Union Européenne”.

L’avis favorable du CHMP fait suite à l’approbation de l’Agence Américaine des Produits Alimentaires et Médicamenteux (FDA) pour l’association dolutégravir / rilpivirine octroyée en novembre 2017 (3). Cet avis s’appuie sur des données à 48 semaines issues de deux essais pivots de Phase 3 (SWORD-1 et SWORD-2)2  et une étude pivot de bioéquivalence.

Des données issues de ces essais SWORD-1 et SWORD-2 ont été récemment publiées dans The Lancet en janvier 2018. Elles montrent qu’à la semaine 48, le traitement par dolutégravir et rilpivirine n’est pas inférieur à la trithérapie pour maintenir la suppression virale (ARN VIH-1 <50 c/mL) chez des adultes infectés  par le VIH-1, ne pré sentant pas de mutations de résistance à ces ARV et stabilisés depuis au moins 6 mois sous traitement antirétroviral.

Ces résultats ont été observés à la fois dans l’analyse « poolée » et dans l’analyse individuelle de ces études de Phase 3 (dolutégravir + rilpivirine 486/513 [95%] traitement antirétroviral actuel 485/511 [95%], [différence ajustée -0,2% (intervalle de confiance 95% :  – 3,0 %, 2,5%), analyse poolée]). Les taux de suppression virale ont été similaires entre les bras de traitement2.

L’avis favorable du CHMP va maintenant être examiné par la Commission Européenne (CE), l’autorité compétente pour octroyer une autorisation de mise sur le marché aux médicaments au sein de l’Uni on Européenne. La décision finale de la CE devrait être connue au cours du deuxième trimestre 2018.

Références :

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3 Johnson and Johnson. Janssen Announces U.S. FDA Approval of First and Only Complete, Single-Pill, Two-Drug Regimen,JULUCA® (Dolute gr avir and Rilpivirine), for the Treatment of HIV-1 Infection. Press release November 21, 2017. [en ligne] Disponible sur : https://www.jnj.com/media-center/press-releases/janssen-announces-us-fda-approval-of-first-and-only-complete-single-pill-twodrug-regimen-juluca-dolutegravir-and-rilpivirine-for-the-treatment-of-hiv-1-infection [Consulté le 19 Mar. 2018]

Source : franceinter.fr

François Desgrandchamps est chirurgien-urologue ; il vient de publier « La prostate, on en parle » chez Hachette. Invité pour en parler au micro d’Ali Rebeihi, il affirme que, contrairement à ce qu’on pourrait croire, les hommes n’ont pas le monopole de la prostate. Explications.

Anatomie de la prostate

Cette glande reproductrice se situe entre la vessie et l’urètre. La prostate est une glande creuse par laquelle passe l’urine plusieurs fois par jour et le sperme de temps en temps. Cette cavité sert aussi à la formation du sperme. Au moment de l’orgasme, se mélangent dans la prostate les liquides sécrétés par les vésicules séminales (80%), les spermatozoïdes des testicules (10%) et les secrétions de la prostate (10%). Puis la prostate se contracte de haut en bas et chasse le sperme à l’extérieur.

Elle est de taille variable selon l’âge et les hommes : au départ, chez les jeunes hommes, la prostate fait à peu près la taille de la pulpe d’un pouce et pèse 20 grammes. Elle grossit avec l’âge (mais ce n’est pas systématique : certains hommes de 60 ans ont une prostate de jeune homme ; on ignore pourquoi). La prostate peut grossir beaucoup – ce qui ne veut pas forcément dire qu’elle devient dangereuse pour la santé. « La plus grosse prostate du monde est chez un Catalan de 72 ans qui va très bien » souligne F. Desgrandchamps (presque 4 kg !).

La prostate des femmes…

« Les femmes ont également une prostate, mais elle est microscopique » explique l’urologue, « elle n’est pas développée ». Cette découverte a été faite en Slovaquie par le professeur Milan Zaviacic. Ce chercheur en anatomie a découpé en tranches très fines des urètres prélevés lors d’autopsies et les a étudiés. Ces opérations ont démontré qu’il y a, chez la femme, quelques glandes résiduelles là où se situe la prostate de l’homme. Donc oui, les femmes ont une prostate, mais à l’état vestigial.

« Cela explique que les femmes éjaculent » souligne François Desgrandchamps (qui précise aussitôt qu’il ne faut pas confondre ce phénomène avec « les femmes fontaines qui expulsent de l’urine au moment de l’orgasme »). Des chercheurs autrichiens ont analysé le liquide qui sortait de l’urètre de femmes se masturbant : « les femmes qui éjaculent ont quelques gouttes très riches en PSA » explique le médecin (le PSA est une substance fabriqué par la prostate, qui permet de liquéfier le sperme après l’éjaculation). « Ce liquide pourrait être observé chez 10 à 70 % des femmes » précise François Desgrandchamps dans son livre, La prostate, on en parle. II ajoute : « l’éjaculation féminine est sans doute plus fréquente que l’on ne croit« 

… et le vagin des hommes

Entre la 9e et la 10e semaine après la fécondation, l’embryon se diversifie en fonction de son sexe. Et de la même façon que les femmes ont conservé un vestige de prostate, les hommes conservent deux des organes sexuels reproductifs féminins (non développés) :

  • L’utricule prostatique est un (minuscule) vagin atrophié. Il est situé au milieu de la prostate et n’a aucune fonction connue.
  • « L’hydatide sessile de Morgagni », petit nodule collé à la surface des deux testicules, correspond aux vestiges des structures qui devaient former les trompes de Fallope.

Aller plus loin

Source: vih.org

Traitement de l’infection VIH: Les associations d’antirétroviraux (ARVs) à longue durée d’action (LA), avantages et inconvénients

Alors que les progrès récents des traitements ont permis de faire évoluer l’infection VIH vers la maladie chronique, la nécessité d’une observance rigoureuse de la part des personnes vivant avec le virus encourage le développement de formulations de molécules antorétrovirales à longue durée d’action (ARVs – LA). Pour l’instant, les premières études évaluent une injection une fois par mois ou une fois tous les deux mois, mais le but est d’arriver à diminuer encore cette fréquence, tout en conservant intacte l’efficacité de la thérapie..

Les associations d’ARVs mises ces dernières années à la disposition des prescripteurs et des patients ont permis une augmentation significative de l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH , en réduisant significativement la morbidité et de la mortalité associées à cette infection. Bien que les traitements actuellement disponibles ne permettent pas encore l’obtention de la guérison de cette infection, il est désormais possible de parler d’une infection chronique, ce qui modifie considérablement les objectifs de prise en charge de ces patients.

Ces progrès remarquables n’ont cependant pas totalement éliminé les facteurs pouvant être à l’origine d’une résistance virale et de son corollaire, l’échec thérapeutique. Parmi ceux-ci ont retrouve une efficacité insuffisante reliée à une résistance préexistante, à l’existence d’une variabilité pharmacocinétique des drogues et/ou de leur toxicité, à un défaut d’observance de traitements généralement  pris par voie orale tout au long de la vie.

Or, à ce jour, si l’on excepte le cas de l’enfuvirtide, tous les ARVs disponibles relèvent d’une administration par voie orale et sont par conséquent soumis à la nécessité d’une observance rigoureuse sous peine de favoriser l’apparition de souches virales résistantes. L’instauration, désormais possible, d’une prescription d’ARVs à visée prophylactique (PrEP), se heurte au même problème et les études disponibles aujourd’hui confirment que les échecs observés par insuffisance de protection sont à relier en grande partie à un déficit d’observanc (Van Damme et col, 2012).

Ces divers aspects pharmaco-cliniques ont logiquement conduit au développement de formulations d’ARVs à longue durée d’action (ARVs-LA). Cette recherche a probablement ouvert une nouvelle ère tant dans le domaine de la thérapeutique que dans celui de la prophylaxie de l’infection par le VIH (Radzo et col, 2015) . Destinée à remplacer la prise quotidienne de comprimés mais aussi à réduire la variabilité de la pharmacocinétique des ARVs tout en minimisant leur toxicité, cette approche ouvre une voie nouvelle et riche de potentialités à court terme.

Beaucoup d’avantages pour les ARVs – L.A.

Les avantages attendus de ces nouvelles formulations sont divers et variés :

– Espacement significatif du rythme d’administration grâce à un allongement de la demi-vie apparente

– Prévention d’une mauvaise observance

– Simplification thérapeutique chez les patients indétectables

– Utilisation chez des patients traités depuis longtemps par voie orale et dont la motivation diminue

– Diminution des doses unitaires (nano-formulations)

– Ciblage tissulaire, captation améliorée par les macrophages et les ganglions (nanoparticules)

– Meilleur protection de la vie privée des patients, évite une éventuelle stigmatisation des patients traités contre l’infection à VIH.

– Utilisation tant à visée curative que prophylactique

Et quelques inconvénients

Quelques inconvénients existent néanmoins, ils concernent notamment, la possibilité d’adapter ce type de formulation à d’autres classes d’ARVs, celle d’associer deux ARVs-LA dans une même préparation, la difficulté d’éliminer un ARV-LA, une fois injecté, en cas d’intolérance enfin, la gestion d’un arrêt de traitement pour prévenir l’apparition de résistance.

La plupart de ces problèmes ont néanmoins trouvé une réponse (phase de ‘’lead-in’’ et tolérance, maintien d’ARVs associés lors d’un éventuel arrêt de traitement par des ARVs-LA.

Il est cependant évident que la possibilité d’utiliser des ARVs administrables sous forme de nanoparticules dans des formulations de nature diverses (liposomes, nanoparticules polymériques, dendrimères…) serait un atout supplémentaire car, au-delà de la prolongation de la durée d’action des ARVs après injection, elle permettrait aussi un ciblage intéressant de leur activité pharmacologique, notamment en favorisant leur pénétration au sein du système lymphoïde (lymphocytes, macrophages et ganglions). Enfin, et c’est un intérêt non négligeable, les molécules actuellement en développement dans ce contexte et par ces voies d’administration ne nécessitent pas le recours à un «booster».

Alors que plusieurs nouvelles formulations galéniques pour divers ARVs sont actuellement en phase de recherche ou d’études précoces in vitro et/ou, in vivo chez l’animal, deux sont très avancés dans leur développement clinique. Il s’agit, (i) d’un inhibiteur d’intégrase, le cabotégravir et (ii) d’un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse, la rilpivirine. Tous les deux sont désormais en cours d’évaluation de phase III chez l’homme sous formes de nanosuspensions injectables à longue durée d’action.

Formulation et pharmacologie du cabotégravir à longue durée d’action

Le cabotégravir est un puissant inhibiteur d’intégrase présentant une structure analogue à celle du dolutégravir. Il exerce son activité antirétrovirale à des concentrations subnanomolaires. Ses propriétés physico-chimiques et pharmacocinétiques ont permis le développement de formulations galéniques destinées soit à la voie orale (comprimé) permettant un traitement en une seule administration quotidienne, soit à des préparations pour injections parentérales (nanosuspension) administrables avec des intervalles entre injections prolongés, compte tenu de la longue durée d’action conférée à la fois par la demi-vie prolongée de cette molécule et par la formulation en nanosuspension. Le cabotégravir LA (CAB-LA) se présente comme une nanosuspension aqueuse stérile contenant 200 mg/ml cabotégravir acide libre sous forme de nanoparticules cristallines d’une taille moyenne de 200 nm environ, peu solubles dans l’eau. Cela contribue à faire du CAB-LA une forme à libération contrôlée (Bari, 2010) car, en effet, le facteur limitant de sa résorption est la vitesse de dissolution des nanoparticules dans le liquide interstitiel entourant le point d’injection. Or, la taille réduite des particules de cette formulation permet une vitesse de dissolution rapide (car inversement proportionnelle à la taille des particules). Enfin, la mise en forme de cabotégravir en nanoparticules est bien adaptée à son administration par voie injectable.

Deux voies d’administrations, en plus de la voie orale, ont été utilisées pour les études de la pharmacocinétique et de la pharmacodynamie du CAB-LA chez des volontaires sains, une administration intramusculaire (IM) avec des doses unitaires de 100 à 800 mg et une par voie sous-cutanée (SC) allant de 100 à 400 mg (en 2 injections de 200mg) (Spreen et col, 2014). Les résultats ont montré des profils pharmacocinétiques très proches pour les deux voies d’administrations avec des concentrations maximales et une exposition systémique comparable à dose unique identique, même si la variabilité de la concentration maximale (Cmax) est importante la concentration moyenne (Cmoy) observée à 1mois après la dose de 400 mg x2 (IM) ou 200 mg x2 (SC) était dans tous les cas supérieure à 4 fois la valeur de l’IC90 corrigée par la liaison aux protéines (0,66 µg/mL).

Pharmacocinétique du après dose unique chez des volontaires sains CAB-LA. Les profils pharmacocinétiques des concentrations moyennes correspondent à différentes voies d’administration (IM et SC) et différentes doses. Ligne A : IC90 corrigée par la liaison aux protéines (…..), la ligne B (-----) : correspond à 4 x IC90 corrigée (Spreen et al, 2013).
Pharmacocinétique du après dose unique chez des volontaires sains CAB-LA. Les profils pharmacocinétiques des concentrations moyennes correspondent à différentes voies d’administration (IM et SC) et différentes doses. Ligne A : IC90 corrigée par la liaison aux protéines (…..), la ligne B (—–) : correspond à 4 x IC90 corrigée (Spreen et al, 2013).

 

De plus, cette concentration s’est révélée être comparable à la concentration résiduelle (Cτ) de cabotégravir obtenue après dix jours de traitement par voie orale de 5 mg/j. La Cτ de 0,57 µg/mL observé dans cette étude était corrélée à une baisse de charge virale de 2,2 ARN-VIH ce qui est satisfaisant au point de vue de la pharmacodynamie du CAB LA.

Le cabotégravir injectable offre aussi une demi-vie considérablement allongée (25 à 54 j) par rapport à celle observée après la prise d’un comprimé par voie orale (40 h environ) ce qui correspond à une rémanence environ 25 fois plus longue dans l’organisme d’un patient (Spreen et col, 2013). Cette modification très significative du profil pharmacocinétique du cabotégravir, due en grande partie à sa libération progressive à partir des nanoparticules injectées a conduit à le détecter sur des périodes particulièrement longues dans le sang, de l’ordre de 48  et jusqu’à 52 semaines chez certains patients. Ces résultats justifiaient, à l’évidence, l’évaluation de schémas posologiques inédits avec un allongement à plusieurs semaines de l’intervalle d’administration. Les études en dose répétées ont confirmé qu’avec toutes les doses testées (100 à 800 mg administrés en une seule injection ou bien divisée en deux injections consécutives pour la dose la plus élevée) par injection IM ou SC, les concentrations de cabotégravir atteignaient et dépassaient, plus ou moins rapidement selon la dose, l’IC90 du VIH1 corrigée par la liaison aux protéines. Elle s’y maintenait ensuite au moins un mois à la dose la plus faible et au moins 24 semaines à partir d’une dose de 200 mg. Les études de distribution tissulaire ont montré qu’après injection intramusculaire de 400 mg ou de 200 mg x2 des biopsies effectuées entre 2 et 12 semaines après injection, le cabotégravir était détecté au niveau anal (hommes) et cervico-vaginal (femmes) avec une pénétration significativement plus élevée dans l’appareil génital de la femme (indice de pénétration de 16 à 25% vs 8% dans le tissu rectal masculin). Les concentrations vaginales après dose unique approchaient l’IC90 du virus dans le sang, des administrations répétées devraient conforter et même ces données dans l’optique d’un éventuel intérêt de cette molécule dans un contexte de PrEP.

Le risque d’interactions médicamenteuses semble limité pour le CAB-LA dans la mesure où le métabolisme passe essentiellement par une glucuronoconjugaison (UGT 1A1), qu’il n’est ni inducteur ni inhibiteur des CYP 450 et que, bien que substrat de la P-gP, c’est surtout les transporteurs d’anions (OCT1 et OCT3) dont les substrats (ex: méthotrexate) pourraient être à l’origine d’interactions. Sa tolérance est globalement satisfaisante avec des effets indésirables modérés et pas d’effets secondaires graves. Lors de traitement répétés, les injections IM ont cependant montré une tolérance supérieure à celles en SC.  Cette molécule, dans sa forme injectable, est donc un candidat intéressant pour une simplification du traitement des patients vivant avec le VIH, par son profil pharmacocinétique, sa facilité d’association avec d’autres antirétroviraux, son efficacité potentielle sur le VIH (Trezza et col, 2015).

Formulation et pharmacologie de la rilpivirine à longue durée d’action

La rilpivirine (RPV) est un puissant inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse de dernière génération. Cet ARV est actuellement régulièrement utilisé par voie orale en association avec d’autres ARVs à la posologie de 25 mg une fois/j. Plus récemment, une formulation à longue durée d’action (RPV-LA) destinée à l’administration par voie parentérale a été développée. Elle se présente sous forme de nanoparticules solides de RPV obtenues après broyage de fragments du principe actif de manière à obtenir une nanosuspension de particules d’une taille de l’ordre du nanomètre. Les études précliniques chez l’animal ont rapidement confirmé l’effet retard de cette formulation avec une exposition prolongée des animaux après une injection unique de RPV-LA. Cette exposition était constante dans le temps, proportionnelle à la dose administrée et la biodisponibilité a été évaluée à 100% (van’t Klooster et col, 2010).

Des études de pharmacocinétiques ont ensuite été réalisées chez l’homme après dose unique et répétées, par injections intramusculaire (cuisse) ou sous-cutanée (abdomen). Elles ont permis de confirmer les données précliniques avec notamment une libération prolongée de RPV dans le sang et l’obtention d’une concentration supérieure à 10 ng/ml pendant 12 à 26 semaines après injection unique d’une solution à 100 mg/ml, limitant de ce fait la dose administrable. Les études suivantes ont été réalisées avec une solution à 300 mg/ml, ce qui a permis d’évaluer l’impact d’une escalade de doses sur la pharmacocinétique de la RPV. L’administration IM de 300 mg (1ml), 600 mg (2ml) et 1200 mg (2 x 2 ml) en dose unique ont révélé une bonne linéarité de la relation dose/concentration. Certains patients ont reçu 1200 mg suivis de 600 mg 2 fois à 4 semaines d’intervalle ont montré une exposition à la RPV équivalente à celle obtenue avec le traitement ’’conventionnel’’ par voie orale en maintenant des concentrations similaires sur toute la durée de l’étude.

La pénétration dans le tractus génital féminin et la muqueuse rectale masculine a pu être étudié chez 3 groupes de 20 femmes ayant reçu une dose de 300, 600 ou 1200 mg de RPV-LA et chez un groupe de 6 hommes ayant reçu 600 mg. Les prélèvements sanguins, les fluides génitaux et anaux ont été réalisés sur une période de 84 jours alors que trois biopsies pour chaque tissu correspondant ont été prélevées pendant les 28 premiers jours (Jackson et col, 2014). Pour toutes les doses, il a été observé une exposition persistante à la RPV dans le sang, le tractus génital féminin et  le tissu anal masculin des sujets de l’étude. Les concentrations de RPV dans le fluide génital étaient comparables à celles du sang, alors que celles des tissus vaginaux atteignaient 50% et plus, celles du tissus rectales n’étaient proche de celle du plasma que dans le 15 premiers jours.

Concernant la tolérance, elle était considéré comme bonne avec des effets secondaires presque exclusivement locaux, au point d’injection et il n’a pas été signalé d’effets secondaires systémiques. Il faut enfin signaler que toute les études convergent pour dire que la voie IM est mieux tolérée que la SC et que l’injection IM, dans le muscle de la cuisse (grand lutéal) est mieux tolérée que dans le deltoïde.

On s’aperçoit donc qu’il existe de nombreux points communs entre le CAB-LA et la RPV-LA au plan de la formulation galénique, de la pharmacocinétique et de la tolérance. Dans la mesure ou la monothérapie antirétrovirale n’est pas, à ce jour considérée comme une alternative en thérapeutique anti-VIH, que la bithérapie est un prérequis incontournable pour l’allègement thérapeutique chez les patients indétectables, il était logique de penser à associer ces deux molécules pour proposer un traitement plus simple et moins contraignant à nos patients et désormais aussi une piste sérieusement envisageable pour la PrEP.

Cabotégravir/Rilpivirine première combinaison d’ ARVs – L.A. injectables disponibles

Ces deux ARVs à longue durée d’action sont les premiers à avoir démontré individuellement leur capacité à n’être administrés qu’une seule fois par mois, voire même moins fréquemment encore et, comme il n’interagissent pas entre eux leur association dans un même traitement donne le même résultat. Cette association est donc potentiellement capable d’améliorer très significativement l’observance de nombreux patients et ouvre la voie vers une utilisation particulièrement bien adaptée à la prophylaxie de l’infection par le VIH. Lors de  l’étude de phase 2b de LATTE ces deux ARVs ont déjà démontré leur efficacité par voie orale en maintenance chez des patients ayant une charge virale <50 cp/ml, avec des résultats très satisfaisants pendant 96 semaines (Margolis et col, 2015). La tolérance s’est avérée bonne sans effets indésirables sérieux.

Puis, l’étude LATTE II avait pour objectif de confirmer le bénéfice de cette combinaison d’ARVs administrés sous forme injectable à longue durée d’action en traitement de maintenance chez des sujets VIH + avec une charge virale indétectable. Les injections IM (muscle lutéal) étaient réalisées toutes les 4 (CAB-LA 400 mg/ RPV-LA 600 mg) ou 8 (CAB-LA 600 mg/ RPV-LA 900 mg) semaines sur une période de 96 semaines et après avoir été rendu indétectables par un traitement d’induction de 20 semaines. Afin de s’assurer de la bonne tolérance future du traitement de maintenance, les patients recevaient, pendant les 4 semaines précédant le traitement par les formes LA, l’association cabotégravir-rilpivirine par voie orale et, si l’indétectabilité était maintenue, étaient ensuite mis sous traitement intra musculaire  avec une injection tous les mois ou tous les deux mois, pendant 96 semaines. Le maintien d’une charge virale indétectable, obtenue chez 84 % des patients lors du  traitement d’induction a été comparable, avec les deux schémas d’administration des ARVs-LA  (87%, injection/4 semaines et 94%, injection /8 semaines) confirmant les résultats de résultats de LATTE avec des administrations orales quotidiennes. La tolérance a été bonne, sans effets secondaires sévères et très peu d’effets indésirables conduisant à un arrêt du traitement. Les réactions au site d’injection se sont avérées transitoires et généralement faibles à modérées, ne remettant pas en cause le haut niveau de satisfaction des patients. Les sujets en échec virologique ont été très peu nombreux : 2 dans le groupe 8 semaines et aucun dans le groupe 4 semaines. Ces données cliniques confirment donc l’intérêt de cette association à longue durée d’action dans le contexte d’un switch pour allègement/simplification. Le haut degré de satisfaction de patients de cette étude indique clairement  que ce traitement est une alternative sérieuse à la thérapeutique quotidienne par voie orale. La période de 4 semaines de ‘’lead in’’ a été probante en permettant d’éliminer tout risque d’hypersensibilité.

Qu’en pensent les patients vivant avec le VIH ?

Le nombre d’études sur le sujet est  encore clairement insuffisant. On remarquera néanmoins que sur un suivi de 400 patients vivant avec le VIH, 73% se sont déclarés définitivement ou probablement intéressés par le remplacement d’un traitement oral par un traitement injectable (Williams et col, 2013). Dans le contexte des études LATTE, les patients donnent, à la semaine 48, un niveau de satisfaction de 79% pour une injection mensuelle, de 83% pour une injection tous les deux mois et de 67%pour  le traitement par voie orale. A la question sur leur volonté de continuer leur traitement, posée à la semaine 96, les réponses étaient respectivement de 88%, 49% et 43% (Margolis et col, 2017). D’une manière générale les patients interrogés sur ces traitements par ARVs-LA  ont indiqué que leur espoir était placé dans la possibilité d’obtenir la réduction de l’impact des ‘’oublis de dose’’, une meilleure protection de la vie privée et une amélioration de la tolérance, en particulier gastro-intestinale.

Autres développement possibles d’ ARVs – L.A.  à moyen terme ?

Le développement d’ARVS-LA  à partir d’autres classe d’ARVs tels que les inhibiteurs de protéases n’est pas, à ce jour, très avancé. L’Ibalizumab, un anticorps monoclonal humanisé capable de bloquer la pénétration du virus sen se fixant entre les domaines 1 et 2 sur la portion extracellulaire du CD4 est en évaluation, mais son coût sera élevé, il devra être administré par IV et le sélection de résistance est probable. La recherche s’active actuellement sur le concept d’antirétroviraux administré sous forme d’implants, à l’instar de ce qui se fait actuellement pour certain traitement hormonaux. Enfin, un autre axe de recherche concerne le développement de des structures polymériques gastro-résistantes capable de fixer plusieurs ARVs et administrables, a priori, une fois par semaine (Flexner, 2018). Ces projets sont encore à un stade très précoce.

Conclusion

La nouvelle formulation galénique permettant l’administration de deux ARVs-LA par voie injectable et aujourd’hui en phase très avancée de leur développement clinique pourrait bien ouvrir une nouvelle ère dans la thérapeutique anti-VIH. Les résultats disponibles à ce jour montre un profil favorable de la combinaison CAB-LA et RPV-LA du point de vue pharmacocinétique, tolérance, efficacité et acceptation par les patients. L’intérêt d’une utilisation en switch pour allègement/simplification apparaît chez les patients indétectables comme une approche thérapeutique à mettre en œuvre dans des délais assez courts. L’intérêt d’une nouvelle piste reste à explorer plus profondément, compte tenu de son importance : l’utilisation en PrEP. Même s’il existe, y à ce jour, un éventail très restreints d’ARVs-LA, la recherche n’en reste pas moins active tant au niveau de la reformulation de molécules existantes qu’à celui de développement de nouveau concepts d’administration des ARVs.

Bibliographie

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Jennifer Williams,Harlan R Sayles, Jane L Meza, Patrick Sayre, Uriel Sandkovsky, Howard E Gendelman, Charles Flexner, and Susan Swindells. Long-acting parenteral nanoformulated antiretroviral therapy: interest and attitudes of HIV-infected patients
Nanomedicine (Lond). 2013 Nov; 8(11): 1807–1813.

Margolis DA, Gonzalez-Garcia J, Stellbrink HJ, et al. Long-acting intramuscular cabotegravir and rilpivirine in adults with HIV-1 infection (LATTE-2): 96-week results of a Lancet. 2017 Sep 23; 390(10101):1499-1510.randomised, open-label, phase 2b, non-inferiority trial.

Flexner, personal communication, 13th  Residential course on Clinical Pharmacology of Antiretrovirals ( Torino 18/1/ 2018).

Paris, le 04 avril 2018 – Actions Traitements s’inquiète, comme d’autres associations, de l’information selon laquelle l’application de rencontre gay Grindr aurait partagé des données personnelles de ses utilisateurs avec des sociétés prestataires. L’application aurait notamment diffusé des données de santé confidentielles comme le statut sérologique de ses membres.

D’après le site d’information BuzzFeed(1), Grindr aurait partagé avec deux de ses prestataires, en charge d’améliorer l’application, le « statut VIH » de ses utilisateurs ainsi que leurs email, numéro de téléphone et données GPS. L’association de ces données permettrait d’identifier et de localiser très facilement les utilisateurs. Depuis cet article, l’application aurait cessé de partager ces informations avec ces sociétés.

Actions Traitements rappelle qu’en 2018 le statut sérologique d’une personne reste confidentiel et peut toujours représenter un risque pour elle. Le risque d’être discriminé à l’embauche, à l’accès aux soins, ou dans la vie de tous les jours. En France, mais encore plus dans d’autres pays, le statut sérologique est toujours source de marginalisation, de violence verbale ou physique, voire pire. Ces risques sont d’autant plus importants qu’ils concernent des personnes dont l’orientation sexuelle peut également être en soi une source de discrimination et/ou de violence.

La défense de Grindr consiste à préciser que ses utilisateurs sont libres de préciser ou non leur statut sérologique, et qu’en signant les « conditions générales » ils seraient d’accord pour les partager. Cette explication est non seulement insuffisante, mais également méprisante vis à vis de ses utilisateurs. Rien ne dit qu’ils acceptent effectivement de partager leurs données de santé avec d’autres sociétés, qui ne donnent aucune garantie sur l’utilisation qu’elles en feront. Des données pourraient être utilisées à des fins commerciales (assurances, banques, mutuelles…) ainsi que par des personnes malintentionnées.

Nous souhaitons rappeler aux utilisateurs que la sécurité des données de santé partagées sur les applications de rencontre n’est malheureusement pas garantie. Ils peuvent en profiter pour interpeler directement ces applications quant à l’utilisation qui est faite des données et aux protocoles de sécurité mis en place pour en garantir la confidentialité. De son côté, l’association AIDES(2) a appelé au boycott de l’application Grindr.

 

À propos d’Actions Traitements

Association créée en 1991 à l’initiative des personnes vivant avec le VIH. L’association, agréée pour représenter les malades et les usagers du système de santé, a pour but d’informer, d’accompagner, de soutenir et de défendre les droits des personnes vivant avec l’infection à VIH, les virus de l’hépatite, les pathologies associées et les infections sexuellement transmissibles.

Membre du TRT-5, groupe interassociatif rassemblant 9 associations de lutte contre le sida, du Collectif hépatites virales (CHV) et du collectif interassociatif Alliance.

 

Contact Presse : Cédric DANIEL – cdaniel@actions-traitements.org – 01 43 67 20 60

 

(1) : https://www.buzzfeed.com/azeenghorayshi/lapplication-grindr-partage-le-statut-vih-de-ses?utm_term=.jcm7GKaaY#.ip70yRrrl

(2) : https://www.aides.org/communique/deletegrindr-aides-appelle-au-boycott-de-grindr-lapplication-qui-transmet-des-tiers-le