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Source: univadis.fr

Cette étude de large envergure montre que la prise d’antidépresseurs est associée à une augmentation de poids, notamment durant les six premières années de prescription. Durant la seconde année, ce risque est augmenté de 46% par rapport à la population générale.

À retenir 

Cette étude reflète une tendance sur une décade, cependant les classes les plus anciennes sont plus souvent associées à une prise de poids que les molécules plus récentes. Ainsi, si les conclusions de cette étude mettent en avant que l’utilisation répandue des antidépresseurs pourrait contribuer à long terme à l’augmentation du poids moyen d’une population, il convient de prendre un peu de recul et de remettre dans son contexte ces données.

Pourquoi est-ce important ?

Entre 1975 et 2014, au niveau mondial, la prévalence de l’obésité est passée de 3,2% à 10,8% chez les hommes et de 6,4% à 14,9% chez les femmes. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni présentent les plus forts taux d’obésité dans le monde, avec 69% et 61% d’adultes obèses ou en surpoids respectivement. La prescription d’antidépresseurs a également fortement augmenté durant cette période et l’obésité est associée à la dépression. Des études à court terme ont suggéré une association entre la prise d’antidépresseurs et le gain de poids, mais aucune donnée robuste évaluant l’influence de la prise d’antidépresseur au long cours sur le poids n’était disponible jusqu’à présent, d’où l’intérêt de ce travail.

Principaux résultats

Un peu plus de 136.000 hommes et 157.000 femmes issus d’une base de données de soins primaires britanniques ont été inclus : 13,0% des hommes et 22,4% des femmes (âge moyen à l’inclusion 51,5 ans) avaient une prescription d’antidépresseurs.

La prise d’antidépresseurs était fortement associée à la catégorie d’IMC, avec une faible consommation pour les sujets présentant un poids normal (13,9%) et une augmentation de cette consommation avec l’augmentation de l’IMC pour atteindre 26,5% de prescriptions pour ceux qui avaient un IMC ≥45 kg/m2. La prise d’antidépresseurs était supérieure en cas de comorbidités ou de co-prescriptions associées, notamment avec un diagnostic d’AVC ou de diabète et avec une prescription d’antiépileptiques ou d’antipsychotiques. La prise d’antidépresseurs était également plus fréquente chez les sujets qui fumaient et ceux en situation de précarité.

Durant la période de suivi, le risque d’une augmentation du poids ≥5% était augmenté de 21% chez les sujets sous antidépresseurs versus ceux qui ne l’étaient pas : incidence de 11,2/100 personnes-années versus 8,1/100 personnes-années, ratio de taux de 1,21 [1,19-1,22], p<0,001.

Le risque de gain de poids était tout particulièrement important durant les six premières années de traitement, avec un risque augmenté de 46% la seconde année et de 48% la troisième année, avant de diminuer progressivement.

Méthodologie

Cette étude de cohorte est basée sur l’une des plus larges bases de données disponibles au niveau mondial concernant les soins primaires (UK Clinical Practice Research Datalink). Les données utilisées proviennent d’un échantillon d’environ 294.000 sujets et ont permis d’évaluer l’augmentation du poids et le passage du surpoids à l’obésité chez des individus âgés de 20 ans et plus, traités par antidépresseurs. Les individus inclus devaient avoir bénéficié d’au moins 3 mesures d’IMC entre 2004 et 2014. Les résultats ont été ajustés sur l’âge, le sexe, la dépression, les comorbidités, la coprescription d’antiépileptiques et d’antipsychotiques, la précarité, le tabagisme et l’alimentation.

Principales limitations

Ces associations ne sont pas causales et des facteurs de confusion peuvent contribuer à leur surestimation.

Source : info-vih.com

Le risque d’évènements cardiovasculaires chez les PVVIH est 1,5 à 2 fois supérieur au risque observé en population générale. Les facteurs de risque traditionnels comme le tabagisme et les dyslipidémie sont fortement prévalents chez les PVVIH.

Les scores de prédiction du risque cardiovasculaire sont utilisés pour identifier les patients à plus haut risque et pour lesquels une prise en charge intensive des facteurs de risque est nécessaire. Seulement, depuis plusieurs années, il est de plus en plus admis que l’augmentation du risque cardiovasculaire chez les PVVIH peut aussi être liée à l’activation immunitaire. Ainsi, les scores de prédiction usuels, dérivés d’étude de cohorte en population générale pourraient bien être mis en défaut chez les PVVIH. Une étude publiée ce mois-ci dans Circulation a comparé la performance de trois scores de risque cardiovasculaire : le score de Framingham pour la maladie coronaire (Framingham CHD), le score de Framingham pour la maladie athérosclérotique (Framingham ASCVD) et le score de l’association américaine de Cardiologie (American Heart Association). Une cohorte de 1272 hommes a été suivie pendant en moyenne 4,4 ans. A 5 ans, 3,8 % des patients avaient présenté un IDM ou un décès dont la cause était d’origine coronaire, 6,1 % des patients avaient présenté un IDM, un AVC ou un décès d’origine coronaire. Quelque soit le score utilisé, le risque cardiovasculaire observé était bien supérieur au risque attendu, et ce quel qu’en soit le niveau. Les auteurs ont même réalisé une modélisation pour évaluer le poids des facteurs de risque pris en compte dans les différents scores chez les PVVIH par rapport à leur poids observé dans les cohortes de population générale (coefficients dans les équations d’estimation du risque). L’hypertension artérielle semble avoir un moindre poids chez les PVVIH, alors que les hypercholestérolémies semblent nettement associées à une augmentation du risque. Les scores de prédiction du risque cardiovasculaire utilisés en population générale sous-estiment tous nettement le risque cardiovasculaire des PVVIH. Le développement de scores spécifiques est souhaitable. Ces scores prendront très probablement en compte des variables spécifiques associées à l’état d’activation immunitaire tels que la charge virale, le taux de CD4 et le poids des facteurs de risque traditionnels pourraient bien être différents.

Des « super » récepteurs présents chez les patients « contrôleurs du VIH » pourraient permettre de développer une immunothérapie contre le sida.

Moins de 1 % des séropositifs ne développent jamais le sida. Ces « contrôleurs du VIH », comme on les appelle, ont la faculté d’enrayer spontanément la multiplication du virus. À ce titre, ils sont d’un intérêt majeur pour les chercheurs, qui aimeraient bien savoir comment leur système immunitaire parvient à lutter contre le virus. Une étude, publiée vendredi dans Science Immunology, lève un peu plus le voile sur cette aptitude.

Le VIH s’attaque aux lymphocytes T CD4, des cellules impliquées dans la réponse immunitaire de l’organisme. Chez les patients contrôleurs, certains CD4 peuvent reconnaître facilement les cellules infectées par le VIH pour les éradiquer, avant même de pouvoir être infecté. Cette faculté semble liée à la présence de « super » récepteurs à la surface des CD4 : des capteurs moléculaires ayant l’intrigante particularité de se retrouver à l’identique chez plusieurs patients contrôleurs.

Un super récepteur peu regardant

« La probabilité de trouver un récepteur exactement identique chez différents individus est extrêmement faible, c’est comme gagner au loto », explique dans un communiqué le Dr Carine Farenc, de l’université Monash (Australie), qui a participé à l’étude. Il était donc plus que probable que ce « super récepteur » joue un rôle clé dans le contrôle de l’infection. Encore fallait-il comprendre lequel.

Pour y voir clair, les chercheurs ont utilisé le synchrotron australien, un microscope à rayons X de la taille d’un terrain de football, assez précis pour observer des liaisons moléculaires. Ils ont alors constaté que le « super » récepteur formait une liaison atypique avec les cellules infectées par le VIH : au lieu de reconnaître la cellule via sa carte d’identité immunitaire (HLA), comme c’est normalement le cas, il saute l’étape des présentations et reconnaît directement le VIH.

Vers une immunothérapie des CD4

« En termes thérapeutiques, c’est une très bonne nouvelle », indique Stephany Gras (université Monash), l’un des auteurs séniors de l’étude, à The Scientist. « Cela veut dire que nous pouvons transférer ce récepteur aux cellules immunitaires de différents individus avec des bagages génétiques différents. » Le CD4 muni d’un « super » récepteur n’est pas très regardant sur l’identité de sa proie : toute cellule infectée par le VIH peut être reconnue et éradiquée.

(Plus précisément, le récepteur reconnaît toute cellule d’un type génétique (HLA-DR) présent chez environ un quart de la population. Mais cette proportion a toutes les chances d’augmenter au fur et à mesure des recherches.)

La mise au point d’une immunothérapie fondée sur cette trouvaille pourrait s’avérer très prometteur. Elle consisterait transférer ce récepteur aux cellules immunitaires du patient séropositif, afin de lui faire bénéficier de l’étonnante capacité des patients contrôleurs. Des essais sur la souris sont d’ores et déjà à l’étude.

Source : seronet.info

Le laboratoire ViiV Healthcare a annoncé lundi 22 mai que la commission européenne avait accordé une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour Juluca (dolutégravir + rilpivirine), une association à dose fixe en une prise orale par jour.

Il s’agit d’un traitement de relais et d’allègement par bithérapie. Dans un communiqué, le laboratoire indique que son médicament est homologué dans le traitement du VIH-1 chez la personne adulte dont la charge virale est inférieure à 50 copies/ml depuis au moins six mois, qui n’a pas eu d’échec à un précédent traitement et qui n’a pas de résistance connue ou suspectée aux composants du traitement.

Cette AMM fait suite à un avis positif rendu en mars dernier par le comité des médicaments à usage humain de l’Agence européenne du médicament (EMA). Cette AMM intervient alors que l’Agence européenne du médicament a annoncé qu’elle enquêtait sur des risques potentiels d’utilisation du dolutégravir sur le fœtus en cours de grossesse. Une évaluation est en cours, mais l’EMA suggère de ne pas prescrire de dolutégravir aux femmes ayant un projet de grossesse.

Outre Juluca, le dolutégravir est homologué en Europe depuis 2014 : Tivicay, et en association avec l’abacavir et la lamivudine dans la combinaison Triumeq. Cette mise en garde concernant le dolutégravir en cas de grossesse vient d’ailleurs d’être reprise (29 mai) par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’agence recommande de ne pas prescrire le dolutégravir chez une femme envisageant une grossesse et de rechercher systématiquement une grossesse avant d’initier un traitement par dolutégravir chez une femme en âge de procréer.

Une contraception doit être prescrite chez les femmes en âge de procréer recevant du dolutégravir, pendant la durée de leur traitement et de remplacer rapidement le dolutégravir par un autre antirétroviral chez toute femme traitée par dolutégravir au premier trimestre de la grossesse, dans la mesure des possibilités d’alternatives thérapeutiques appropriées pour la patiente. L’agence recommande aux femmes enceintes et qui seraient traitées par dolutégravir de rapidement contacter leur médecin. « En effet, vous ne devez pas arrêter votre traitement sans qu’il puisse être remplacé par votre médecin, car cela pourrait avoir des conséquences pour vous (votre infection à VIH ne serait plus contrôlée) et pour votre enfant à naître (en termes de risque d’acquisition de l’infection par le VIH). Votre médecin évaluera au cas par cas le rapport bénéfice/risque du dolutégravir en prenant en compte le terme de votre grossesse et la disponibilité d’alternatives thérapeutiques pour maintenir le contrôle de votre infection ».

Source : seronet.info

Les personnes qui vivent avec le VIH vieillissent. C’est une excellente nouvelle qu’on a longtemps cru impossible.

Grâce aux progrès des traitements, à la qualité de la prise en charge, de nombreuses personnes séropositives ont maintenant une espérance de vie quasi-équivalente à celle de la population générale. De fait, de plus en plus de personnes atteignent ce que l’excellent site d’infos sur le VIH Catie appelait récemment « l’âge d’or ». Le phénomène — désormais de fond — est tel que des équipes de chercheurs s’efforcent aujourd’hui de mieux comprendre les enjeux auxquels la population qui avance en âge avec le VIH fait face. Car une des conséquences de ce vieillissement… c’est que les personnes concernées se confrontent à des problèmes de vieux. Et la solitude n’est pas des moindres !

Récemment, une équipe de San Francisco a étudié la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH de plus de 50 ans (ça fait bizarre, mais on est manifestement déjà vieux à cet âge-là !). Dans cette enquête, se trouvaient 356 personnes vivant avec le VIH (15 % de femmes et 85 % d’hommes). On y évaluait différents aspects de santé et de bien-être, notamment le sentiment de solitude.

Solitude légère (presque un oxymore) pour 24 % des personnes, modérée pour 22 % et grave pour 12 %. Les personnes souffrant de solitude étaient plus susceptibles de présenter certaines caractéristiques : des symptômes de dépression, une consommation d’alcool et de tabac, des revenus faibles et une mauvaise qualité de vie liée à la santé. Bref, la totale ou pas loin !

Ce qui n’est pas rassurant dans cette étude, c’est bien sûr le poids de cet effet cumulatif et presque systémique… comme si un problème en entraînait toujours un second, qui, lui-même, etc., mais c’est surtout le taux globale de solitude : 60 %, du moins dans cette étude. Il est bien plus élevé que celui constaté dans des études réalisées chez des personnes séronégatives de plus de 50 ans qui avoisine les 40 %. Bien sûr, on peut toujours trouver ça et là une maxime qui vante de supposés mérites à la solitude. Ainsi Pierre-Claude Victor Boiste, expliquait dans son « Dictionnaire universel » en 1800, que « la solitude ravive l’âme et les sens » ou encore que « la solitude est le creuset de l’esprit, le bon s’y épure ; le faux s’y évapore ». On n’est pas obligé d’y souscrire car dans le fond, la solitude, ce n’est pas si bien que ça.

Côté chercheurs, on estime que si le vieillissement avec le VIH est évidemment une bonne nouvelle, il mérite qu’on en comprenne mieux les ressorts et les enjeux. Comment favoriser les relations entre les personnes qui avancent en âge ? Comment éviter la solitude et ses conséquences, notamment dans la qualité de vie et dans la santé ? On le voit, le chantier est vaste et complexe. Et si une chose est sûre, c’est qu’il est d’avenir !

Source : seronet.info

Le 15 mai dernier, à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre les hépatites au ministère de la Santé, le professeur François Dabis, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales, a présenté le plan de recherche conduit par l’ANRS en matière d’hépatites virales. Que fait l’agence sur le VHC ? Qu’entreprend-t-elle dans le domaine du VHB ? A quels projets travaille-t-elle ?

En France, les hépatites B et C touchaient, en 2014, plus de 500 000 personnes et l’on estime que chaque année environ 4 000 personnes meurent des suites de ces infections virales chroniques d’après les données épidémiologiques de Santé Publique France. La question de santé publique reste donc entière.

Ces dernières années, c’est dans le domaine du VHC que les progrès ont été les plus importants puisqu’il y a aujourd’hui un accès universel au traitement anti-VHC. Cela s’est fait en quatre grandes étapes, a rappelé François Dabis. D’abord une décision politique : le 25 mai 2016, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, approuve l’accès universel au traitement anti-VHC. En septembre de la même année, est publiée la deuxième édition du rapport d’experts-es sur la prise en charge du VHC, coordonnée par le professeur Daniel Dhumeaux. Autre tournant. En mars 2017, le prix des agents viraux directs (AVD ou AAD) est aligné pour toutes les combinaisons anti-VHC. Mars 2018 : ces mêmes médicaments deviennent disponibles dans les pharmacies de ville. La situation n’est pas la même en matière de VHB, puisqu’on sait soigner cette maladie en la contrôlant, mais on ne sait toujours pas la guérir. Reste qu’il existe une vaccination  très efficace contre le VHB.

Que fait l’ANRS en matière de recherche sur les hépatites virales ?

Pour la période 2018-2020, l’ANRS s’est fixée cinq priorités de recherche dont trois sont directement ciblées sur les hépatites virales. Le premier est de contribuer à contrôler les trois épidémies dont elle a la charge (VIH, VHC, VHB). En travaillant sur la prévention biomédicale, ce qui est fait sur le VIH et qui est désormais prioritaire sur le VHB, en renforçant le dépistage et le suivi, ce qui est fait sur le VIH et qui est aussi prioritaire sur le VHC et le VHB. Troisième axe : l’observation et l’évaluation. Il s’agit de connaître précisément la taille des épidémies, leurs caractéristiques et leur évolution. Le deuxième est de mieux lutter contre le VHB, d’aller du traitement à la guérison, c’est tout le sens du programme HBV Cure. Autre axe : optimiser la vie avec le VIH. Cela passe par la simplification thérapeutique, l’amélioration de la qualité de vie, et bien sûr la prise en charge des comorbidités (VHB, VHC, etc.) Le troisième axe prioritaire concernant les hépatites, c’est la prise en charge des maladies du foie à l’ère de la guérison thérapeutique du VHC.

Sur ces trois grands points, l’agence suit ses grands principes directeurs : rapprocher la France et l’international ; miser sur la multidisciplinarité et la transversalité ; s’appuyer sur la mobilisation communautaire. Le financement direct de la recherche (le cœur de métier de l’agence) représente 92,5 % du budget. Cela représente 40,3 millions d’euros de crédits ouverts (soit une augmentation de 1,4 %). La recherche fondamentale et clinique sur les hépatites en France représente 21 % des crédits ouverts, la recherche en sciences humaines et sociales et en santé publique représente 10 % des crédits ouverts, une partie concerne les hépatites virales. Enfin, la recherche dans les pays partenaires (Sud, Est) représente 18 % des crédits ouverts ; la encore, une partie concerne les hépatites virales. Au total, ce sont 25 % du budget de l’agence qui sont consacrés aux hépatites virales. L’ANRS comprend différentes actions cordonnées (AC) qui sont en charge de l’animation scientifique. Cinq d’entre elles traitent des hépatites virales : l’action coordonnée (AC) 42 qui travaille sur les virus des hépatites ; l’AC 43 qui travaille sur la virologie médicale VIH et hépatites, l’AC 45 qui travaille sur la recherche clinique sur les hépatites (France et international), l’AC 46 qui travaille sur sciences humaines et sociales et santé publique et l’AC 47 en charge de l’épidémiologie VIH et hépatites virales.

Quelles priorités pour les actions coordonnées ?

On l’a vu, il y en a deux priorités : une sur les virus des hépatites, l’autre sur la recherche clinique au Nord comme au Sud sur les hépatites. Pour la première, les thèmes prioritaires concernent le métabolisme lipidique et le VHC, l’enjeu est, ici, de mieux comprendre la physiopathologie des maladies du foie qui sont induites par le VHC : le syndrome métabolique (ce n’est pas une maladie en tant que tel, mais un ensemble de signes physiologiques qui augmentent le risque de diabète, de maladies cardio-vasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux), la résistance à l’insuline, la stéatose, la fibrose. Il y a également l’interaction hôtes-virus. Il s’agit, dans ce domaine, d’étudier les mécanismes virologiques, immunologiques et cellulaires de la persistance virale ainsi que leurs détournements par les virus des hépatites. Autre thème priorité : la carcinogenèse viro-induite. Cela veut dire qu’on essaie de comprendre les mécanismes des virus (VHB et VHC) qui provoquent des cancers. Par exemple, le rôle cancérigène de certaines protéines virales, le stress oxydant accru des cellules, etc. Dernier grand thème : le HBV Cure, autrement dit la guérison de l’infection VHB. Là, il s’agit de caractériser de nouvelles cibles thérapeutiques, d’identifier des biomarqueurs de la guérison, d’évaluer de nouvelles approches thérapeutiques dans des modèles expérimentaux et des essais cliniques.

Pour la seconde, on y traite de sujets comme, foie, alcool et métabolisme ; complications après la guérison de l’infection par le VHC, greffe, sévérité des hépatites virales, hépatites B et D et autres hépatites virales. Et cela, en prenant en compte les spécificités régionales et la disponibilité des traitements, en travaillant sur l’adaptation des schémas de dépistage, de traitement et de suivi après guérison virologique du VHC et contrôle virologique du VHB, en travaillant sur les comorbidités pour le foie (usage d’alcool, co-infection avec le VIH, etc.), en réalisant des essais pour améliorer le traitement des hépatites B et D, en travaillant sur l’hépatite E, etc. Comme on le voit, il y a beaucoup à faire.

Prévenir et dépister : deux axes de travail

Prévenir et dépister sont des stratégies clés pour freiner la progression des épidémies liées aux virus des hépatites, a rappelé François Dabis, le 15 mai dernier. Le renforcement de ces actions est particulièrement important auprès des populations vulnérables à ces infections que sont les personnes usagères de drogues, les personnes incarcérées, les personnes migrantes, ou encore les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. On sait également que certaines régions de France sont plus touchées, comme la Guyane. Du coup, l’ANRS a lancé plusieurs études qui entendent apporter de nouvelles solutions en matière de dépistage et de prévention.

C’est le cas de l’’étude ANRS Midas (Migrants dépistage accès aux soins) qui a débuté en 2018. Son objectif est d’améliorer le dépistage du VIH, des hépatites virales ainsi que d’autres IST, du diabète, de l’hypertension artérielle et de la tuberculose et ainsi l’accès aux soins des personnes migrantes originaires d’Afrique sub-saharienne dans le territoire Sud du département des Hauts-de-Seine (Île-de-France).

Autre projet, l’étude ANRS Remind, démarrée également en 2018. Son objectif est de promouvoir le dépistage répété du VIH et d’autres IST chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes en France.

L’étude ANRS MaHeVi, initiée en 2017, a pour objectif de documenter l’épidémiologie des hépatites B, C, D et du VIH dans la population générale adulte vivant sur le fleuve Maroni, frontière entre la Guyane française et le Surinam.

L’étude ANRS Prévenir, démarrée en 2017, a pour objectif d’inclure d’ici 2020 en Île-de-France 3 000 personnes volontaires, séronégatives, mais présentant un risque élevé d’infection par le VIH, pour évaluer l’impact d’actions de prévention ciblées sur les populations les plus exposées au risque d’infection, de programmes de dépistage répétés ainsi que d’actions permettant l’accès rapide au traitement et aux soins pour les personnes dépistées séropositives au VIH. Dans le cadre de ce programme de recherche interventionnelle, un dépistage des hépatites est systématiquement proposé.

On pourrait également citer ANRS-Pride, un essai d’intervention sur la mise à niveau des mesures de réduction des risques infectieux en prison en France, ou le projet Outsider, une intervention éducative d’accompagnement à l’injection hors les murs ou le projet d’emporwerment en santé sexuelle pour réduire les vulnérabilités sociales et de santé chez les personnes immigrées d’Afrique sub-saharienne en Île-de-France, projet conduit par Annabel Desgrées du Loû.

Hépatite C : que propose précisément l’ANRS ?

Rappelons qu’en France, le nombre de personnes présentant une infection chronique au VHC était estimé à 192 000 en 2011 dont 75 000 ne seraient pas encore dépistées (Source : Santé Publique France). On dispose aujourd’hui de traitements de l’infection par le VHC particulièrement efficaces : plus de 95 % des personnes infectées de manière chronique sont désormais guéries après quelques semaines (de huit à douze) de traitement par les AVD. Néanmoins, une faible proportion de personnes développe des résistances aux traitements. Par ailleurs, certaines personnes, plus gravement atteintes, développeront des tumeurs du foie malgré l’éradication du virus.

L’ANRS a mis en place des projets de recherches cliniques afin de mieux faire face à ces complications dans le futur. Il y a l’essai ANRS Revenge ; essai qui a démontré l’efficacité d’une combinaison sofosbuvir et grazoprevir/elbasvir associée à la ribavirine dans le traitement des personnes infectées par le VHC et en échec thérapeutique suite à la prise d’un premier traitement par agents antiviraux directs. Des résultats ont été publiés en 2017 dans la revue scientifique « Clinical Infectious Diseases ». Par ailleurs, l’ANRS est le promoteur et suit, en collaboration avec la société française d’hépatologie (Afef) 14 000 personnes infectées par le VHC dans le cadre de la cohorte ANRS Hepather, 9 000 d’entre elles ayant déjà bénéficié d’un traitement.

Hépatite B : que propose l’ANRS ?

En 2004, on estimait en France qu’environ 300 000 personnes étaient infectées de manière chronique par le VHB. Si aujourd’hui on ne dispose pas encore de moyen de guérir l’infection par l’hépatite B, un vaccin prophylactique efficace à 95 % existe depuis 1982 et des médicaments efficaces pour le traitement de l’infection chronique sont utilisables depuis quelques années.

L’ANRS est le promoteur et cofinance le suivi à long terme de la cohorte Hepather de plus de 6 000 personnes infectées par le VHB. Comme on a vu plus haut, une initiative de recherche ayant pour objectif la guérison de l’hépatite B (« HBV Cure ») est soutenue depuis 2013 par l’ANRS dans le cadre de ses actions coordonnées. Une conférence internationale, l’ANRS HBV cure workshop est organisée, chaque année, à Paris et a réuni en avril 2018 près de 300 chercheurs afin de faire le point sur les futures pistes de guérison.

Recherche sur les hépatites dans les pays du Sud

Au niveau mondial, on compte 328 millions de personnes infectées par les virus des hépatites B et C et ceux-ci sont actuellement responsables de près de 1,4 million de décès par an, rappelait François Dabis en mai dernier.

L’ANRS soutient des projets de recherche concernant l’infection par les hépatites B et C dans plusieurs pays du Sud. Il y a, par exemple, l’étude ANRS Tacéco, qui a récemment démontré le coût efficacité d’une stratégie thérapeutique à base de sofosbuvir chez des personnes atteintes d’hépatite C chronique dans le contexte de trois pays d’Afrique subsaharienne, ceci après avoir démontré en 2016 l’efficacité de ce type de stratégie dans l’essai ANRS Tax mené au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Sénégal.

L’étude ANRS/Nida Drive-in est actuellement menée auprès de personnes usagères de drogues injectables à Hai Phong au Vietnam où cette population est la plus touchée par le VIH/sida et l’hépatite C et où des approches innovantes sont nécessaires pour un contrôle durable de ces épidémies.

L’étude ANRS CohMSM (dont AIDES est co-investigateur) a confirmé la forte prévalence de l’infection par le VIH dans la population d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo. Les investigateurs ont récemment mis en avant qu’une forte proportion (plus de 90 %) des hommes non infectés, inclus dans l’étude, qui se voyaient proposer la vaccination contre le VHB, l’acceptait.

Comme on le voit, l’ANRS mène de nombreux projets et a , en matière de lutte contre les hépatites, de fortes ambitions. Ambitions dont on trouve également la traduction dans l’appel de Bordeaux en faveur de la lutte contre les hépatites virales B et C, lancé lors de la 9econférence internationale francophone VIH/hépatites Afravih en avril 2018, dont l’ANRS est un partenaire. Cet appel a déjà été signé par plus de 1 200 personnes.

 

Source : lequotidiendumedecin.fr

Commencer un traitement antirétroviral contenant du dolutégravir au cours d’une grossesse n’expose pas à un surrisque de mort et de complication à la naissance selon des résultats publiés dans le « Lancet ».

Ces résultats ne signifient toutefois pas l’absence d’un surrisque de défaut de fermeture du tube neurale (Spina bifida), chez les femmes enceintes traitées au moment de la conception, risque qui fait actuellement l’objet d’une évaluation par l’agence européenne du médicament.

Les auteurs américains, menés par le Dr Rebecca Zash (centre médical Beth Israël Deaconess, à Boston) ont constitué une cohorte observationnelle à partir des données de 8 hôpitaux publics, collectées depuis août 2014. En 2016, le Botswana est devenu le premier pays au monde à adopter l’association dolutégravir, ténofovir et emtricitabine en traitement de première ligne (les recommandations de l’OMS proposent toujours l’association éfavirenz, ténofovir et emtricitabine). Les auteurs ont donc comparé les données collectées avant le changement des recommandations, chez des femmes traitées par éfavirenz, à celles collectées après, chez des femmes traitées par dolutégravir.

Un tiers d’effets indésirables à la naissance dans les 2 groupes

Le critère primaire de comparaison entre les 2 antirétroviraux était un score composite de mort à la naissance, de naissance prématurée, de mort néonatale et de petit poids à la naissance. L’analyse finale a porté sur 1 729 femmes sous dolutégravir et 4 593 femmes sous éfavirenz. Les auteurs ont noté 33,2 % de complications à la naissance dans le groupe dolutégravir contre 35 % dans le groupe éfavirenz. En ce qui concerne les complications graves, elles sont relevées chez respectivement 10,7 et 11,3 % des femmes enceintes.

Les taux d’effets indésirables n’étaient pas significativement différents dans les 2 groupes, aussi les auteurs concluent « qu’un traitement antirétroviral basé sur le dolutégravir peut être commencé en toute sécurité au cours de la grossesse », et que « ces résultats soutiennent l’idée d’une modification des recommandations actuelles ».

En dépit de ces résultats, l’alerte demeure quant à un surrisque de Spina bifida chez les femmes prenant du dolutégravir au cours de la conception. Contactée par le « Quotidien », l’ANSM précise en effet que les données qui avaient justifié l’inquiétude de l’EMA proviennent bien de la même étude mais sont postérieures et sur un autre groupe de femmes enceintes traitées par dolutégravir au moment de la conception. Ces données faisaient état d’un taux de défaut de fermeture du tube neural de 0,9 % chez les enfants (4 sur 426) dont les mères sont tombées enceintes alors qu’elles étaient sous dolutégravir, contre 0,1 % des bébés nés de femmes sous un autre traitement. Ce signalement sera discuté lors du prochain comité de pharmacovigilance de l’EMA qui se tiendra du 11 au 14 juin.

Article mis à jour le 6 juin, à 19 h, après les précisions apportées par l’ANSM.

Source : LeVif.be

Entre juin 2017 et mars 2018, 1 352 personnes ont été autorisées à bénéficier du remboursement du traitement Truvada, un médicament anti-rétroviral préventif.

Ce sont principalement des hommes de 38 ans en moyenne qui ont profité de cette mesure de la ministre de la Santé Maggie De Block (Open Vld), selon des données récoltées par Gaylive.be auprès de l’Inami, l’Institut national d’assurance maladie-invalidité.

La PrEP en Belgique remboursée par le Gouvernement depuis juin 2017

Le gouvernement rembourse l’antirétroviral Truvada aux personnes qui ne sont pas contaminées par le VIH et les médicaments antiviraux utilisés de manière préventive, les pre-exposure prophylaxis (PrEP), depuis le 1er juin 2017.

Le Truvada était déjà utilisé depuis 2006 chez des patients atteints du sida. Mais des études ont montré que le médicament pouvait également être administré de manière préventive. Les pre-exposure prophylaxis sont principalement prescrits à des personnes présentant un risque important de contamination au VIH. Comme des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et dont le partenaire est infecté. Ou ceux les personnes ayant régulièrement des rapports non protégés. Avec le remboursement du Truvada, la ministre Maggie De Block entend diminuer les nouvelles contaminations au sein des groupes à risque.

Selon les chiffres de l’Inami, sur les 10 premiers mois de cette mesure, 1.352 personnes, principalement des hommes entre 30 et 40 ans, ont effectué les démarches menant à un remboursement. Entre le 1er juin et le 30 novembre 2017, 2.266 boîtes de Truvada contenant 30 cachets ont été retirées en pharmacie. Sur cette période, l’assurance maladie a déboursé 1.168.913 euros.

Source : medscape.com

Paris, France — Est-il possible d’en finir avec le SIDA au cours de la prochaine décennie ?

C’est l’objectif que s’est fixé l’Organisation Mondiale de la Santé et ONU-sida pour 2030. Cela nécessite un dépistage efficace de l’infection par le VIH, un accès universel aux traitements et une prévention ciblée. De nombreux outils existent, mais comment faire en sorte de coordonner les actions ? C’est à ces questions qu’a tenté de répondre Eve Plenel, coordinatrice de Vers Paris sans sida, lors de son intervention au Congrès de la Médecine Générale France, en se focalisant sur l’épidémie parisienne dans le milieu gay qui concentre à elle seule 10% de l’épidémie nationale [1].

Une épidémie stable et concentrée

Avec 6 000 nouveaux cas chaque année en France, parmi lesquels 2 600 (44%) en 2016 étaient chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), l’épidémie est considérée comme stable. Elle est aussi concentrée d’un point de vue démographique et territorial puisque l’Île-de-France recouvre quasiment la moitié des nouvelles découvertes de séropositivité. « Le taux de découverte de séropositivité par million d’habitants est 4 fois plus élevé en Île-de-France que sur le territoire national, et 8 fois élevé si l’on considère Paris intra-muros » a indiqué Eve Plenel.

Autre façon dire les choses, les homosexuels parisiens représentent 11% des nouvelles découvertes de séropositivité en France pour 2016. « Donc, si on arrive à mettre un terme à l’épidémie intracommunautaire à Paris chez les gays, on arrive à bout de 10% de l’épidémie nationale » a considéré l’oratrice.

 L’enjeu : atteindre les cas non diagnostiqués

« Ce qui fait que cette épidémie perdure, ce sont principalement les cas non diagnostiqués. On sait en effet qu’une fois diagnostiquées, les personnes entrent rapidement dans le soin et ont accès aux traitements qui sont un gage de non transmission secondaire du virus ». Atteindre les personnes non diagnostiquées est donc un enjeu majeur de la lutte contre l’épidémie, sachant qu’on estime à environ 25 000 personnes, le nombre de personnes qui vivent avec le VIH en France sans le savoir, dont 10 000 en Île-de-France et 4 000 à Paris.

Pour Eve Plenel : « l’infection non diagnostiquée n’est pas un stock mais un flux lié au trop long délai entre l’infection et le diagnostic ». Et si l’on fait mieux chez les homosexuels masculins/HSH que dans d’autres groupes de population, le délai reste tout de même très long avec 2,9 années en moyenne, et des diagnostics tardifs (<350 CD4/mm3) pour 32% d’entre eux.

Population très mal identifiée, voire « invisible », les HSH – à savoir, dans 80% des cas des hétérosexuels, souvent mariés, pères de famille et en couple – représentent 39% de l’épidémie non diagnostiquée. Ils constituent une catégorie hétéroclite de « personnes qui ne sont pas touchées par les réseaux habituels de prévention et de dépistage, et ne s’identifient pas aux campagnes de sensibilisation existantes » comme l’expliquait en 2014, Sandrine Fournier, responsable des programmes Prévention gay (Sidaction). D’ailleurs, 26% des HSH ayant découvert leur séropositivité en 2016 ont déclaré ne jamais avoir été testés auparavant.

C’est la raison pour laquelle, début 2017, la Haute Autorité de Santé a fait évoluer ses recommandations , préconisait désormais de dépister les HSH tous les 3 mois – et non plus tous les ans –  en raison d’un risque d’infection 200 fois plus important.

Une personne séropositive ne transmet plus le virus si elle est traitée

Endiguer l’épidémie repose essentiellement le dépistage, la prophylaxie et le soin. « Pour banaliser le test, et en faire un outil simple, informatif et accessible, il faut faire passer quelques informations, considère Eve Plenel. La première étant que lorsqu’on a une charge virale indétectable, on ne transmet plus le VIH – un constat publié dans la littérature depuis 2009 et validé définitivement en 2016 par une vaste étude multicentrique qui a documenté près de 90 000 rapports sexuels entre couples différents homosexuels et hétérosexuels [3].

On peut être séronégatif et le rester

Deuxième message : un homme séronégatif peut aujourd’hui le resterOutre le préservatif, un homme séronégatif qui a des rapports sexuels avec d’autres hommes dispose de la Prophylaxie Pré-Exposition (PrEP), traitement prophylactique contre le VIH, avec 2 schémas de prise, soit continue (1 comprimé par jour), soit discontinue (liée aux rapports sexuels). Recommandée par l’OMS depuis 2015, elle est disponible en France et remboursée à 100 % depuis 2015 (dans le cadre d’une RTU) et depuis 2016 pour tous. Alors que le nombre de personnes sous traitement prophylactique était de plus de 5000 au 31 juillet 2017, on est aujourd’hui autour de 8000 à 9000 personnes sous PrEP en France – ce qui est toutefois insuffisant si on veut endiguer l’épidémie. « Les médecins généralistes ont ici un rôle à jouer car ils peuvent renouveler la prescription après une première ordonnance établie en milieu hospitalier » indique la jeune femme.

Les médecins généralistes ont ici un rôle à jouer car ils peuvent renouveler la prescription après une première ordonnance établie en milieu hospitalier

Dépistage et prévention diversifiées et facilitées

Les médecins sont les premiers prescripteurs de sérologie VIH (75 % des sérologies en France) mais ont aussi la possibilité d’orienter les patients vers les centres de dépistages (CeGIDD), les associations qui réalisent les tests rapides ou les pharmacies pour un autotest VIH. On compte aujourd’hui 81 tests réalisés pour 1000 habitants, dont la répartition est la suivante :

Laboratoire de ville : le plus souvent suite à une prescription médicale. 2 sérologies positives pour 1000. Test : Elisa de 4ème génération.

CeGIDD : 6 % des tests ; 3,5 tests positifs pour 1000. Test : TROD ou Elisa.

TROD communautaires : 56 000 TROD dont 30% chez les HSH ; 8,7 tests positifs pour 1000 TROD réalisés.

Autotest VIH : 75 000 vendus en 2016 malgré un coût élevé.

Comment soutenir les médecins généralistes acteurs de la fin du sida ?

Au-delà de la prescription de sérologie de dépistage, du renouvellement de la PrEP, et du suivi de l’infection – que la chronicisation de l’infection à VIH et la simplification des traitements ont favorisé –, que peut faire le médecin dans le contexte extrêmement contraint de la médecine générale dans l’optique « zéro nouvelle infection en 2030 » ? Eve Plenel a donné plusieurs pistes.

Tout d’abord, banaliser la question « avez-vous eu des rapports sexuels avec des partenaires occasionnels depuis la dernière qu’on s’est vu ? » ; « des femmes, des hommes ?…. ». Les patients ne mentent pas quand ils comprennent qu’elle est posée pour améliorer leur santé (voir encadré ci-dessous).

Ensuite, discriminer – dans le bon sens du terme – les gays/HSH sur la fréquence de prescription du test VIH qui doit devenir un examen de routine au même titre que le frottis chez les femmes ou la vaccination contre la grippe chez les plus de 50 ans.

Ne pas passer à côté des symptômes évocateurs de primo-infection, ou d’une autre IST, quel que soit le cadre de vie supposé de la personne.

Prendre la réalité des sexualités et des désirs comme elle est…

L’orientation sexuelle des patients reste taboue

Difficile pour un patient de confier à son médecin ses préférences en matière de sexualité et de genre. Car les médecins, qui souvent manquent de formation sur le sujet, sont gênés ou ne se sentent pas habilités à poser la question (pour des raisons de pudeur, de respect de l’intimité, etc). C’est ce qui ressort de la thèse soutenue fin 2016 par Thibaut Jedrzejewski.

Dans son enquête EGaLe-MG (« enquête gay, lesbienne – médecine générale ») – l’une des premières du genre –, le jeune médecin parisien montre que parmi les hommes ayant répondu à son questionnaire (n=1158), 40,5% n’ont jamais parlé de leur orientation sexuelle avec leur médecin traitant et 78,8% déclarent que le médecin ne leur a jamais posé la question. Pour les femmes (n=1159), les chiffres sont de 48,7% et 81,4% respectivement. Et pourtant, «les personnes mentent très peu quand on leur pose la question. Elles sont même plutôt ouvertes à en parler si l’initiative ne vient pas d’elles mais du médecin», a précisé le Dr Jedrzejewski lors de sa présentation au CMGF  [1].

Pour ce dernier, les médecins généralistes ne sont pas suffisamment au courant de l’orientation sexuelle des patients, ce qui ne leur permet pas toujours d’adapter la prise en charge, en termes de prévention (sur les infections sexuellement transmissibles (IST) par exemple, ou les vaccins) et de soins aux spécificités des patients gays et lesbiennes – qui souhaitent, par ailleurs être « traités comme tout le monde » [1].

Source : ansm.sante.fr

L’ANSM en lien avec l’EMA, l’OMS et la FDA informent d’un nouveau signal sur le risque potentiel de non fermeture du tube neural lié à la prise, en début de grossesse, du dolutegravir, antirétroviral indiqué dans le traitement du VIH.

Eléments de contexte

Les anomalies de fermeture du tube neural (AFTN) sont des malformations congénitales qui surviennent au cours du premier mois après la conception. Il s’agit d’un développement incomplet de la colonne vertébrale (spina bifida) plus ou moins sévère, voire d’une absence de voûte crânienne (anencéphalie).

Ce signal est issu d’une large étude observationnelle de promoteur institutionnel menée au Bostwana dans laquelle une analyse préliminaire a identifié 4 cas d’AFTN parmi 426 enfants nés de mères traitées par une combinaison d’antirétroviraux contenant du dolutegravir et débutée avant la conception. Ceci représente une incidence observée d’AFTN de 0,9%,  plus élevée que l’incidence attendue dans cette étude (0,1%). Des données complémentaires sont attendues.

Sur la base des données animales (études standard de tératogénicité et de foetotoxicité) il n’était pas attendu que le dolutegravir (inhibiteur de l’intégrase du VIH) puisse exposer à un risque de malformations chez les enfants nés de mères traitées par cet antirétroviral pendant la grossesse.

En France, selon les recommandations thérapeutiques de prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH, coordonnées par le Professeur Morlat (dernière version d’octobre 2017), le dolutegravir est à éviter au cours de la grossesse au regard de l’insuffisance de données disponibles. Le signal d’AFTN vient renforcer cette recommandation.

En accord avec l’ANSM et l’EMA, un courrier va prochainement être adressé aux professionnels de santé concernés par le laboratoire titulaire de l’AMM des spécialités contenant le dolutegravir (laboratoire ViiV).

Recommandations

Bien que l’évaluation de ce nouveau signal soit toujours en cours, l’ANSM recommande, en application du principe de précaution et en lien avec l’EMA et les recommandations thérapeutiques françaises :

Aux prescripteurs

  • de ne pas prescrire le dolutegravir chez une femme envisageant une grossesse
  • de rechercher systématiquement une grossesse avant d’initier un traitement par dolutegravir chez une femme en âge de procréer. Une contraception doit être prescrite chez les femmes en âge de procréer  recevant du dolutegravir, pendant la durée de leur traitement
  • de remplacer rapidement le dolutegravir par un autre antirétroviral chez toute femme traitée par dolutegravir au premier trimestre de la grossesse, dans la mesure des possibilités d’alternatives thérapeutiques appropriées pour la patiente.

Aux femmes infectées par le VIH enceintes sous dolutegravir

Si vous êtes enceinte et êtes traitée par dolutegravir, vous devez rapidement contacter votre médecin. En effet vous ne devez pas arrêter votre traitement sans qu’il puisse être remplacé par votre médecin, car cela pourrait avoir des conséquences pour vous (votre infection à VIH ne serait plus contrôlée) et pour votre enfant à naître (en termes de risque d’acquisition de l’infection par le VIH). Votre médecin évaluera au cas par cas le rapport bénéfice / risque du dolutegravir en prenant en compte le terme de votre grossesse et la disponibilité d’alternatives thérapeutiques pour maintenir le contrôle de votre infection.

Aux femmes infectées par le VIH et en âge de procréer

  • vous devez signaler à votre médecin si vous envisagez une grossesse afin qu’il adapte votre traitement antirétroviral, en prenant en compte ce signal récent de risque potentiel de malformations congénitales en cas de traitement par dolutegravir au moment de la conception et au 1er  trimestre.
  • si votre médecin, après avoir évalué le rapport bénéfice / risque de la poursuite ou non du traitement, a considéré que le dolutegravir était la seule option possible selon votre histoire clinique et thérapeutique, vous devrez faire un test de grossesse avant d’initier le traitement et poursuivre la contraception durant le traitement par dolutegravir.

L’ANSM, en lien avec l’EMA, sera amenée à compléter cette information dès lors que de nouvelles données pertinentes sur ce signal seront disponibles.