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Source: HAS-SANTE

Grâce à l’amélioration des traitements antirétroviraux, l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est désormais une maladie chronique et l’espérance de vie des personnes infectées devient similaire à celle de la population générale. Elles développent alors des pathologies dues au vieillissement, en plus des complications liées au VIH lui-même et à son traitement. Pour les prendre en charge de façon optimale, en intégrant mieux la prévention primaire et secondaire des co-infections et des comorbidités, il est nécessaire de privilégier un suivi partagé et coordonné entre l’hôpital et le médecin généraliste. La HAS publie un guide à destination de ces derniers afin de les aider à mieux identifier les points d’attention nécessaires au suivi de ces patients, en alternance avec la prise en charge hospitalière.

L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est aujourd’hui considérée comme une maladie chronique. Grâce à l’efficacité des traitements et à la prise en charge plus précoce, la charge virale est stable chez de nombreux patients. La majorité d’entre eux maintiennent un bon état de santé et conservent une réelle autonomie. Leur espérance de vie est d’ailleurs proche de celle de la population générale, avec, pour corollaire, le même risque de comorbidités liées à l’âge.
Toutefois, les personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine sont également exposées à un risque accru de co-infections et comorbidités liées aux traitements antirétroviraux et au virus lui-même. Face à cela, une prise en charge par le médecin généraliste, intégrée dans un parcours au long cours lui-même partagé avec l’équipe hospitalière, est désormais indispensable.

Un parcours partagé et coordonné

Le traitement antirétroviral est initié dans un cadre hospitalier par un infectiologue. Pour les patients devenus stables du point de vue virologique, un bilan annuel de synthèse hospitalier évaluant l’efficacité du traitement demeure indispensable. Il peut toutefois leur être proposé d’espacer les visites à l’hôpital et d’être suivis par un médecin généraliste. Cette prise en charge doit comprendre l’évaluation de l’adhésion au traitement, la prévention des complications primaires et secondaires et la prise en charge des comorbidités, qu’elles soient liées ou non au VIH. Le suivi alterné de l’hôpital avec la médecine générale implique :

– la communication des informations nécessaires pour permettre d’assurer la coordination et la continuité des soins entre l’équipe hospitalière et le médecin généraliste ;
– la mise à disposition de documents, destinés aux médecins généralistes pour les aider à mieux identifier, dans le cadre d’une consultation de médecine générale, les points d’attention spécifiques au suivi de ces patients.

En réponse à ces besoins – et suite à la demande d’un regroupement d’associations incluant AIDES, Actions traitements, Act Up-Paris, SolEnSi et TRT-5 – la Haute Autorité de Santé a élaboré un guide à destination des médecins généralistes afin de leur fournir les outils nécessaires à la prévention, au repérage et à la prise en charge des comorbidités les plus fréquentes.

Guider les médecins généralistes

En moyenne, la patientèle d’un médecin généraliste compte actuellement moins de 5 patients vivant avec le VIH. En considérant que l’initiation du traitement antirétroviral et le bilan spécifique annuel relèvent de l’équipe hospitalière, la prise en charge en médecine générale des personnes vivant avec le VIH implique quelques points d’attention spécifiques. Par exemple, les femmes vivant avec le VIH ont besoin d’un suivi gynécologique plus fréquent que celles issues de la population générale. De plus, leur contraception doit être adaptée pour éviter les possibles interactions avec les traitements antirétroviraux.
Le document est construit selon les étapes de la consultation en médecine générale :
– Étape 1. Mener une évaluation globale au cours de la consultation : repérer les addictions, évaluer l’état nutritionnel…
– Étape 2. Gérer le risque accru de certaines pathologies associées, tel que le risque de cancer ou le risque de co-infections par les virus des hépatites.

Si le maintien du bon état de santé du patient dépend du contrôle de la charge virale, la prise en charge optimale des personnes vivant avec le VIH repose aussi sur la prévention primaire et secondaire de co-infections et comorbidités associées. Une coordination entre le suivi hospitalier et le suivi en ville – recentré sur le médecin généraliste – est ainsi un gage d’une meilleure prise en charge.

Pour en savoir plus :
Lire le communiqué en ligne
Consulter le guide de la HAS

Source: UNIVADIS

La campagne 2018 de vaccination contre la grippe saisonnière a débuté le 6 octobre 2018 et se poursuivra jusqu’au 31 janvier 2019.

A retenir :

  • La campagne 2018 de vaccination contre la grippe saisonnière a débuté le 6 octobre
  • Conformément aux recommandations de l’OMS, la composition des vaccins grippaux a été adaptée pour cette nouvelle saison grippale
  • 4 vaccins sont disponibles : 3 tétravalents (Influvac Tetra®, Vaxigrip Tetra® et Fluarix Tetra®) et 1 trivalent (Influvac®)

Conformément aux recommandations de l’OMS, la composition des vaccins grippaux a été adaptée pour affronter la prochaine saison grippale. Au cours de la saison hivernale précédente, la majorité des vaccins étaient trivalents tandis que les vaccins disponibles cette année sont essentiellement tétravalents (Influvac Tetra®, Vaxigrip Tetra® et Fluarix Tetra®) et contiennent les virus suivants:

  •  Virus de type A/Michigan/45/2015 (H1N1) pdm09,
  • Virus de type A/Singapore/INFIMH-16-0019/2016 (H3N2),
  • Virus de type B/Colorado/06/2017 (lignée B/Victoria/2/87),
  • Virus de type B/Phuket/3073/2013 (lignée B/Yamagata/16/88).

Un vaccin trivalent, Influvac®, est également disponible en quantité limitée. Il contient uniquement les 3 premières souches citées ci-dessus.

Ces vaccins peuvent être utilisés :

  • Chez l’enfant dès l’âge de 6 mois et chez l’adulte, mis à part le vaccin Influvac Tetra®qui n’est indiqué qu’à partir de 18 ans,
  • Chez la femme enceinte à tout stade de la grossesse, afin de protéger la mère mais également le bébé, de la naissance jusqu’à ses 6 mois.

Les schémas vaccinaux sont les suivants :

  • Vaccin trivalent : Influvac®
    • De 6 mois à 3 ans : 1 ou 2 demi-doses (2 s’il s’agit d’une primovaccination) à 1 mois d’intervalle et 1 dose annuelle ensuite,
    • De 3 à 8 ans : 1 ou 2 doses (2 s’il s’agit d’une primovaccination) à 1 mois d’intervalle et 1 dose annuelle ensuite,
    • A partir de 9 ans : 1 dose annuelle.
  • Vaccins tétravalents : Fluarix Tetra® et Vaxigrip Tetra® (dose entière dès l’âge de 6 mois)
    • De 6 mois à 3 ans : 1 ou 2 doses (2 s’il s’agit d’une primovaccination) à 1 mois d’intervalle et 1 dose annuelle ensuite,
    • De 3 à 8 ans : 1 ou 2 doses (2 s’il s’agit d’une primovaccination) à 1 mois d’intervalle et 1 dose annuelle ensuite,
    • A partir de 9 ans : 1 dose annuelle.
  • Vaccin tétravalent : Influvac Tetra®
    • A partir de 18 ans : 1 dose annuelle.

Il est inutile de rappeler que chaque année, la grippe est responsable de nombreuses hospitalisations et de décès. En 2017, la saison grippale a été caractérisée par :

  • 4 mois d’épidémie,
  • 2,4 millions de consultations pour syndrome grippal,
  • 75 467 passages aux urgences pour grippe, dont 9 738 hospitalisations (13 %),
  • 2 915 cas graves admis en réanimation signalés, dont 490 décès (début de la surveillance semaine 45),
  • 13 000 décès attribuables à la grippe,
  • Une couverture vaccinale de 45,6 % chez les personnes à risque.
Source: JIM.FR

La survenue d’une insuffisance cardiaque de novo est de plus en plus fréquente chez les patients infectés par le virus du SIDA. Par ailleurs, la prise d’inhibiteurs de la protéase (IP) est associée à un remodelage cardiaque néfaste et à des événements vasculaires tels accidents vasculaires cérébraux et infarctus du myocarde. Pour autant, on ne disposait pas, jusqu’alors, de données concernant l’utilisation d’IP chez les patients porteurs du virus du SIDA souffrant d’une insuffisance cardiaque.

C’est ce qui a poussé Alvi et coll. à tenter de comparer les caractéristiques, structure cardiaque et le devenir de patients infectés par le VIH et présentant une insuffisance cardiaque selon qu’ils recevaient ou non un traitement à base d’IP.
L’étude rétrospective, mono-centrique a porté sur les 394 patients infectés par le VIH qui recevaient un traitement antirétroviral et avaient été hospitalisés en 2011 pour insuffisance cardiaque ; ils ont été stratifiés selon qu’ils prenaient ou non un traitement à base d’IP. Le critère principal était la mortalité cardiovasculaire et le critère secondaire, le taux de ré-hospitalisation pour insuffisance cardiaque à 30 jours.
Sur les 394 patients infectés par le VIH qui présentaient une insuffisance cardiaque (femmes : 47 % ; âge moyen : 60 ± 9,5 ans ; compte des CD4 : 292 ± 206 cellules/mm3) ; 145 (37 %) recevaient un IP (ritonavir à fortes doses) tandis que 249 (63 %) n’en prenaient pas. Ceux qui étaient traités par un IP avaient plus souvent une hyperlipidémie, un diabète et une maladie coronaire ; leur pression artérielle systolique pulmonaire était plus élevée et leur fraction d’éjection ventriculaire gauche était plus basse.

Augmentation de la mortalité cardiovasculaire pour les patients traités par IP

Tout au long du suivi, la prise d’IP a été trouvée associée, dans tous les types d’insuffisance cardiaque, à une augmentation de la mortalité cardiovasculaire (35 % vs 17 %; p < 0,001) et du taux de ré-hospitalisation pour insuffisance cardiaque, à 30 jours (68 % vs 34 %; p < 0,001). Certains facteurs étaient prédictifs de la mortalité cardiovasculaire : l’utilisation d’IP, la présence d’une maladie coronaire, des pressions artérielles systoliques pulmonaires élevées, une immunosuppression.
Globalement, les IP ont été associés à un doublement du risque de décès d’origine cardiovasculaire.
Parmi les patients porteurs du virus du SIDA, on retrouve une prévalence plus élevée d’hyperlipidémies, de diabète, de maladie coronaire, de hausse de la pression artérielle systolique pulmonaire et de baisse de la fraction d’éjection ventriculaire gauche chez ceux qui prennent des IP. Ces derniers sont, en cas d’IC, également exposés à une mortalité cardiovasculaire plus élevée et à un plus fort taux de de ré-hospitalisation pour insuffisance cardiaque, à 30 jours.

Dr Robert Haïat

RÉFÉRENCES
Alvi RM et coll. : Protease Inhibitors and Cardiovascular Outcomes in Patients With HIV and Heart Failure. J Am Coll Cardiol., 2018;72: 518–30.

Source: Seronet

On n’en sait jamais assez sur le VIH/sida. C’est surement ce que l’Institut Pasteur s’est dit en proposant un Mooc (massive open online course), une formation continue en ligne sur le VIH et son fonctionnement.

Animé par des chercheurs-ses reconnus et en plusieurs volets didactiques, ce Mooc permet à celles-ceux qui le souhaitent de se (re)former sur le virus et parfaire leurs connaissances. « Ce Mooc s’adresse à tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur la science du VIH et les recherches en cours. Il présente un intérêt particulier pour les étudiants-es travaillant dans le domaine du VIH ou des sciences biomédicales, les professionnels-les de la santé, les chercheurs-ses, les associations de lutte contre le sida et les ONG ». Ce dernier est proposé en français et en anglais et se tiendra du 2 novrembre au 31 décembre 2018.

Source: Le Quotidien du Médecin.fr

Le ministère de la Santé et Santé publique France (SPF) lancent la troisième édition de l’opération #MoisSansTabac, destinée à encourager l’arrêt de la cigarette.

Dès le mois d’octobre, une vaste campagne de communication se déploie pour inciter les fumeurs à relever le défi en novembre : spot radio, campagne télé, fanzones déployées par les agences régionales de santé, actions de proximité conduites par l’assurance-maladie, affiches dans les pharmacies, où seront distribués 700 000 kits d’arrêts, et diffusion d’une vidéo dans 150 cabinets médicaux et 110 établissements de santé, en métropole et dans les DOM.

Selon les chiffres du baromètre santé 2017, un million de Français ont arrêté de fumer entre 2016 et 2017, faisant baisser la prévalence du tabagisme quotidien chez les 18-75 ans de 29,4 à 26,9 %.

Par ailleurs, 380 000 fumeurs quotidiens ont fait une tentative d’arrêt en lien avec la 1re édition de #MoisSansTabac. Environ 20 % d’entre eux étaient toujours abstinents 6 mois plus tard (80 000 personnes). Près de 70 % des fumeurs ayant fait une tentative d’arrêt en lien avec l’opération ont eu recours à un professionnel de santé (19 %) ou à une aide : cigarette électronique (33 %), substituts nicotiniques (27 %), site Tabac Info Service (22 %).

L’application Tabac Info Service, développée par l’Assurance-maladie et SPF, a été téléchargée par près de 110 000 personnes entre octobre et novembre 2017.

Encore 12 millions de Français fument quotidiennement. « Autant de potentiels participants à #MoisSansTabac », espère le ministère de la Santé.

Source: Mediapart Blog

Le Fonds Monétaire International a imposé à l’Argentine des mesures d’austérité qui ont abouti à la fermeture du ministère de la santé et compromet l’accès des traitements vitaux aux séropos.

Vendredi 28 septembre, à Washington DC, des personnes vivant avec le VIH, activistes argentinEs et du monde entier, ont manifesté devant le siège du FMI. Le 2 septembre dernier, le président argentin a annoncé des mesures d’austérité jugées indispensables par le FMI, et qui conditionnaient un prêt que celui-ci fournissait au pays pour faire face à une nouvelle crise économique. Comme avec la Grèce, comme avec tant d’autres pays, la santé est donc sacrifiée, et plus généralement l’ensemble des services publics.

Au-delà du seul ministère, ce sont bien les programmes d’accès aux traitements qui sont déjà menacés, notamment, mais pas exclusivement, la prise en charge du VIH/ sida.Tout le travail fait par la Fundacion Grupo Efecto Positivo contre les brevets, les prix indus et pour l’accès aux traitements est compromis.

Sur une pancarte de la manifestation, on peut lire : « 15 000 séropos vont mourir ». Combien valent ces vies aux yeux du FMI ?

Source: CATIE

  • Des chercheurs de la Colombie-Britannique ont comparé les dossiers de santé de patients séropositifs et séronégatifs.

  • Les patients séropositifs étaient deux fois plus susceptibles de se faire diagnostiquer un trouble de l’humeur.

  • L’âge, la sexualité et l’utilisation de drogues injectables étaient associés aux diagnostics de maladies mentales.

Plusieurs études ont permis de constater que les troubles mentaux étaient plus courants chez les personnes séropositives que chez les personnes séronégatives. Les troubles en question incluent les suivants :

  • anxiété
  • dépression
  • dépression bipolaire
  • troubles schizo-affectifs
  • troubles de stress post-traumatique

Il est possible que des facteurs biologiques, psychologiques et/ou socioéconomiques jouent un rôle dans l’accroissement des risques de certains de ces troubles mentaux. S’ils ne sont pas diagnostiqués, traités ou bien pris en charge, les troubles mentaux peuvent détériorer la santé générale, la qualité de vie et, dans certains cas, la capacité de suivre fidèlement son traitement contre le VIH (TAR).

Des chercheurs du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique, de l’Université de la Colombie-Britannique et de l’Université Simon Fraser ont collaboré à une étude afin de comparer les taux de troubles mentaux (également appelés troubles de l’humeur majeurs) parmi les personnes séropositives et séronégatives. Les chercheurs ont trouvé que les taux globaux de troubles mentaux non diagnostiqués étaient deux fois plus élevés chez les personnes séropositives. Ils ont également constaté que les personnes séropositives souffrant de troubles mentaux légers et/ou de problèmes de consommation étaient susceptibles d’être atteintes subséquemment par des problèmes de santé mentale plus graves. Les chercheurs ont affirmé que ces résultats et d’autres encore de leur étude « soulignent la nécessité de soins du VIH et de santé mentale complets et holistiques ».

Détails de l’étude

Les chercheurs ont fouillé dans plusieurs bases de données de santé portant sur des personnes séropositives et séronégatives, notamment une base de données appelée Comparative Outcomes and Service Utilization Trends (COAST). En utilisant les données recueillies auprès d’un grand groupe de personnes séropositives (6 546) et d’un échantillon représentatif de personnes séronégatives (485 250), l’équipe s’est concentrée sur les nouveaux diagnostics de troubles de l’humeur posés chez des adultes entre 1998 et 2012.

Tous les participants étaient dans la mi- ou la fin de la trentaine lors de leur admission à l’étude, et tous les participants séropositifs s’étaient fait prescrire un TAR.

Résultats

Voici les proportions de personnes ayant reçu un diagnostic de trouble de l’humeur au cours des 14 années de l’étude :

  • personnes séropositives : 24 %
  • personnes séronégatives : 12 %

Cette différence est significative du point de statistique, c’est-à-dire non attribuable au seul hasard.

Les proportions de troubles mentaux ou de problèmes connexes étaient les suivantes chez les différents groupes de personnes :

Nouveaux diagnostics de troubles mentaux selon le sexe :

Femmes

  • séropositives : 24 %
  • séronégatives : 16 %

Hommes

  • séropositifs : 24 %
  • séronégatifs : 9 %

Nouveaux diagnostics de troubles mentaux et antécédents d’injection de drogues :

Femmes

  • séropositives : 52 %
  • séronégatives : 1 %

Hommes

  • séropositifs : 28 %
  • séronégatifs : 2 %

Accent sur les personnes séropositives

Les chercheurs ont découvert les tendances suivantes parmi les personnes séropositives :

Sexe

  • Bien qu’il n’y ait pas eu de différence statistiquement significative entre les taux de diagnostics de troubles mentaux chez les hommes séropositifs et les femmes séropositives, un résultat saillant réside dans le fait que les antécédents d’injection de drogues étaient plus courants parmi les femmes que parmi les hommes.

Âge

  • Les personnes de plus de 60 ans étaient moins susceptibles de présenter un nouveau trouble mental que les personnes âgées de 19 à 29 ans.

Sexualité

  • Les hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes avaient des taux de diagnostics de troubles mentaux plus élevés que les hommes hétérosexuels.

Observance thérapeutique et santé

  • Les personnes ayant fait l’objet d’un diagnostic de trouble mental étaient plus susceptibles de ne pas renouveler leurs ordonnances pour le TAR et d’avoir un compte de CD4+ plus faible et une charge virale plus élevée que les personnes séropositives qui n’avaient pas reçu ce genre de diagnostic.

Manifestations plus légères ou plus graves de maladie

  • Les personnes qui avaient initialement une forme plus légère d’un trouble mental étaient plus à risque de se faire diagnostiquer subséquemment un trouble plus grave.

À retenir

Environ 25 % des participants séropositifs ont fait l’objet d’un diagnostic de trouble mental au cours de l’étude. Comme il s’agit d’un important pourcentage de personnes, ce résultat a poussé les chercheurs à réfléchir sur l’état du milieu de santé générale et de santé mentale des personnes séropositives vivant en Colombie-Britannique. À la suite de cette réflexion et de l’analyse des résultats d’autres études, les chercheurs ont fait les déclarations suivantes :

  • D’autres recherches sont nécessaires pour « explorer les facteurs contribuant à l’incidence élevée de troubles mentaux, telle la dépression, parmi les femmes séropositives faisant face à de nombreuses iniquités et barrières chevauchantes en matière de soins du VIH et de santé mentale… Des efforts et recherches cruciales sont nécessaires pour promouvoir l’utilisation et l’offre accrues de services de santé mentale intégrés destinés aux femmes vivant avec le VIH en Colombie-Britannique ».
  • « La combinaison de symptômes cliniques, d’effets secondaires du traitement, de dépendances, de stigmatisation, de discrimination et de criminalisation à laquelle font face [les personnes séropositives] peut masquer les symptômes de dépression et créer des obstacles à l’accès aux services de santé mentale, de sorte qu’il est difficile pour les professionnels de la santé de reconnaître et de diagnostiquer les troubles mentaux. Faute de traitement, les troubles mentaux ont été associés à l’augmentation de la consommation de substances et du nombre de suicides, ainsi qu’à la réduction de l’observance du TAR et à la détérioration des résultats du traitement [lors d’études antérieures]. »
  • Les résultats de cette étude « indiquent que les formes plus légères de dépression, d’anxiété généralisée et de consommation problématique sont des prédicteurs probables de la survenue de formes plus graves de dépression et de troubles bipolaires ».
  • « Des efforts devraient être déployés pour reconnaître et aborder tôt les préoccupations de santé mentale et la consommation de substances, afin de pouvoir améliorer les résultats du traitement et le bien-être général [des personnes séropositives] et des personnes faisant partie de la population générale de la Colombie-Britannique. »
  • « L’augmentation de l’accès aux services de santé mentale et de traitement des dépendances parmi les [personnes séropositives] s’est révélée une stratégie rentable et une intervention importante pour améliorer les résultats du traitement et la [survie] générale. »

Pour résumer les implications de leurs résultats, les chercheurs ont lancé l’appel suivant : « Le traitement exhaustif des troubles mentaux, des dépendances et des maladies infectieuses concomitantes devrait être incorporé dans les normes de soins se rapportant au traitement du VIH en Colombie-Britannique, au Canada et partout dans le monde ».

Ressources

Des chercheurs de Vancouver étudient les taux de réadmission à court terme chez les personnes séropositives hospitalisées – Nouvelles CATIE

Taux élevés d’utilisation des soins de santé mentale et des dépendances en Ontario– Nouvelles CATIE

Les personnes séropositives hospitalisées pour des problèmes de santé mentale ont besoin de soins continus – Nouvelles CATIE

Une grande étude trouve que les problèmes de santé mentale sont courants parmi les personnes séropositives – TraitementActualités 219

On trouve un lien entre le tabagisme, les problèmes de santé mentale et une charge virale détectable – TraitementActualités 219

On découvre un taux élevé de problèmes de santé mentale parmi certains utilisateurs de la PPE – Nouvelles CATIE

Surmonter les obstacles à la santé mentale et au bien-être émotionnel – TraitementActualités 204

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

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  2. Pence BW, Mills JC, Bengtson AM, et al. Association of increased chronicity of depression with HIV appointment attendance, treatment failure, and mortality among HIV-infected adults in the United States. JAMA Psychiatry. 2018 Apr 1;75(4):379-385.
  3. Sillman B, Woldstad C, Mcmillan J, et al. Neuropathogenesis of human immunodeficiency virus infection. Handbook of Clinical Neurology. 2018;152:21-40.
  4. Nanni MG, Caruso R, Mitchell AJ, et al. Depression in HIV-infected patients: a review. Current Psychiatry Reports. 2015 Jan;17(1):530.
  5. Yehia BR, Cui W, Thompson WW, et al. HIV testing among adults with mental illness in the United States. AIDS Patient Care and STD. 2014 Dec;28(12):628-34.
  6. George Dalmida S, Kraemer KR, Ungvary S, et al. The psychosocial and clinical well-being of women living with Human Immunodeficiency Virus/AIDS. Nursing Clinics of North America. 2018 Jun;53(2):203-225.
  7. Chaponda M, Aldhouse N, Kroes M, et al. Systematic review of the prevalence of psychiatric illness and sleep disturbance as co-morbidities of HIV infection in the UK. International Journal of STD and AIDS. 2018 Jun;29(7):704-713.
  8. Bengtson AM, Pence BW, Powers KA, et al. Trajectories of depressive symptoms among a population of HIV-infected men and women in routine HIV care in the United States. AIDS and Behavior. 2018 Oct;22(10):3176-3187.
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Source: Slate

En Afrique du Sud, une mère séropositive a pu donner son foie à son fils gravement malade malgré le risque de transmission du virus. Pour l’instant, les médecins n’arrivent pas à savoir si le virus a été transmis.

L’Afrique du Sud fait face à une terrible pénurie de dons d’organes. Les médecins luttent pour trouver des organes appropriés pour les patients et patientes gravement malades, dont la survie dépend d’une greffe. Cette situation les accule parfois à des choix difficiles. Il arrive par exemple qu’ils doivent, pour sauver la vie d’un ou d’une patiente, envisager de lui greffer un organe provenant d’une personne dont le groupe sanguin diffère du sien, même si cela augmente les risques de complications.

Voici environ un an, nous avons nous-mêmes dû faire face à ce genre de choix: nous pouvions sauver la vie d’un enfant en lui implantant un greffon de foie –mais ce faisant, nous risquions de lui transmettre le VIH. La donneuse était en effet sa mère séropositive. La procédure comportait donc un risque de transmission du VIH à l’enfant [le foie pouvant se régénérer, il est possible d’en prélever une partie chez un donneur vivant pour la greffer à un receveur, ndlr].

En Afrique du Sud, la loi n’interdit pas la transplantation d’un organe provenant d’un donneur vivant séropositif à un receveur séronégatif, à condition qu’une solide procédure de consentement soit mise en place. En raison du risque de transmission du virus, cette approche n’est toutefois pas considérée par tous les médecins comme faisant partie des bonnes pratiques.

Le jeune récipiendaire avait passé 181 jours sur la liste d’attente des dons d’organes. Or la durée moyenne de présence sur liste d’attente dans notre programme de greffe est de quarante-neuf jours. Durant ce laps de temps, la mère de l’enfant avait demandé à maintes reprises si elle pouvait donner une partie de son propre foie à son enfant. Nous ne pouvions toutefois pas considérer cette option à l’époque, car elle allait à l’encontre de la politique de notre unité. Mais sans une greffe, l’enfant allait très certainement mourir.

Impossibilité de savoir s’il a été infecté

Après mûre réflexion, et avec l’aval du comité d’éthique médicale de l’université du Witwatersrand à Johannesburg, nous avons décidé de procéder à la greffe. En suivant une planification minutieuse, nous avons fourni à l’enfant un traitement à base de médicaments antirétroviraux avant l’intervention, avec l’espoir de prévenir l’infection par le VIH (prophylaxie pré-exposition, PrEP).

La transplantation, qui a été réalisée au centre médical Donald Gordon de l’université du Witwatersrand, a été un succès. L’enfant est aujourd’hui épanoui, mais à ce stade, nous sommes toujours incapables de déterminer son statut VIH. Durant les premiers mois qui ont suivi la greffe, des anticorps anti-VIH ont été détectés dans son organisme, et l’infection semblait donc avoir eu lieu. Mais ces anticorps ont décliné au fil du temps, et ils sont désormais presque indétectables. Nous n’avons en définitive pas été en mesure d’établir si l’enfant est effectivement infecté par le VIH. Même le recours à des tests ultra-sensibles et très spécialisés n’a pas permis de détecter le VIH lui-même dans le sang ou les cellules de l’enfant.

Il faudra probablement que s’écoule encore un certain temps avant que nous puissions avoir une quelconque certitude. Cependant, l’enfant supporte actuellement très bien le traitement antirétroviral. Les cas de contaminations survenues suite à la transplantation, par inadvertance, d’organes contaminés par le VIH révèlent que les patients devenus séropositifs de cette façon se rétablissent aussi bien que ceux qui reçoivent un greffon VIH négatif.

Cette intervention chirurgicale pourrait changer la donne pour l’Afrique du Sud. Le pays abrite en effet une importante population de personnes séropositives dont la charge virale est indétectable (on parle de charge virale indétectable lorsqu’une personne infectée par le VIH et suivant un traitement antirétroviral voit la quantité de virus dans son sang diminuer au point de devenir indétectable). Or ces personnes séropositives n’ont jamais été considérées comme des donneuses potentielles dans le cadre de la greffe de foie.

De l’importance de comprendre les risques

Recourir à la transplantation d’organes implique de relever de nombreux défis éthiques et juridiques. Les questions spécifiques et complexes posées par ce cas précis ont été soigneusement examinées. Avant de procéder à la greffe, nous avons consacré un soin particulier à la mise en place d’une large consultation. Il s’agit notamment de parler aux membres de l’équipe de transplantation, aux spécialistes de la bioéthique, de la justice, de la médecine du VIH et à celles et ceux du comité d’éthique médicale de l’université Wits. Ce comité a entre autres pour fonction de protéger les patients impliqués dans la recherche médicale, et de s’assurer que les procédures mises en place par les médecins le sont pour les bonnes raisons.

Il était évident que cette greffe allait dans le sens du meilleur intérêt de l’enfant. La principale question éthique consistait à déterminer s’il était juste de priver la mère de la possibilité de sauver la vie de son enfant, en lui refusant l’opportunité de fournir le greffon. Un principe fondamental de l’éthique est de traiter les gens équitablement. Les personnes séropositives devraient de ce fait avoir accès aux mêmes options de soins que les autres. Nous avons donc convenu, avec le comité d’éthique, que tant que les parents de l’enfant comprenaient qu’il existait un risque que celui-ci contractât le VIH, il était acceptable de procéder à la greffe.

Afin de nous assurer que les parents de l’enfant étaient bien informés et pourraient prendre leur décision dans des conditions optimales, nous avons eu recours à un «avocat de donneur vivant». Indépendant, celui-ci n’était pas employé par l’hôpital, son rôle principal était de soutenir les parents en s’assurant qu’ils comprenaient exactement quels étaient les risques pour la mère en tant que donneuse. Il était également en relation avec l’équipe de transplantation, au nom des parents, lorsque nécessaire.

Les parents, qui avaient déjà envisagé le risque que le VIH soit transmis à leur enfant suite à l’opération, se sont avérés déterminés à aller de l’avant. Ils ont été reconnaissants que l’équipe se montre disposée à examiner attentivement cette option, étant donné qu’il n’y avait pas d’alternative disponible et que leur enfant était gravement malade. Nous avons demandé aux deux parents de donner leur consentement à la procédure, car il était de leur responsabilité à tous les deux de prendre soin de leur enfant par la suite.

Une occasion pour observer la transmission du VIH

Cette intervention démontre non seulement que les médecins peuvent réaliser ce type de transplantation, mais aussi que les résultats peuvent être positifs à la fois pour le donneur séropositif et pour le receveur. Elle a également constitué une occasion unique pour les scientifiques de Wits d’étudier la transmission du VIH dans des circonstances très contrôlées.

Pour l’instant, les médecins ne sont pas en mesure de dire aux parents si la greffe a transmis le VIH à leur enfant. Cette incertitude est notamment due au fait que ce cas est unique, ce qui laisse beaucoup de questions sans réponse. Les recherches en cours permettront d’y répondre.

À l’avenir, nous continuerons de veiller à ce que les parents soient pleinement conscients de l’incertitude qu’implique ce genre d’intervention. Toutes les futures greffes de ce type seront incluses dans une étude actuellement en cours, dont l’objet est d’examiner plus en détail la transmission du VIH chez les enfants, ainsi que la façon dont le VIH peut ou non se propager via les greffes d’organes.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Source: INSERM

Il n’existe pas un mais plusieurs VIH. Et si le VIH-1, majoritaire, fait des ravages dans les populations infectées, ce n’est pas le cas du VIH-2 qui déclenche beaucoup plus difficilement la maladie du SIDA. Mais pourquoi le système immunitaire combat-il mieux cette version du virus ? C’est sur cette question que se sont penchés des chercheurs de l’Inserm et de l’Institut Curie qui ont identifié la protéine NONO , un détecteur plus sensible au VIH-2 et responsable de la reconnaissance directe du virus par le système immunitaire. Ces travaux, soutenus par l’ANRS, parus dans la revue Cell permettent une meilleure compréhension du contrôle naturel du VIH et ouvrent la voie à de nouvelles étapes dans la recherche vaccinale contre ce virus.

La maladie du SIDA se développe lorsque le système immunitaire d’une personne séropositive (infectée par le virus du VIH) devient incapable de lutter contre l’infection et s’affaiblit de façon dramatique. La majorité des personnes infectées et non traitées développent alors un SIDA mortel. Il arrive cependant que le SIDA ne se développe pas chez certains séropositifs non traités. Cela s’explique par l’existence de plusieurs formes de VIH.

Ainsi, en l’absence de traitement, si le VIH-1 qui touche 25 millions de personnes cause le SIDA dans 99% des cas, ce n’est pas le cas du VIH-2. Cette forme particulière de VIH est très proche du VIH-1 mais différente au niveau génétique. Elle est retrouvée majoritairement en Afrique de l’Ouest et touche 1 million de personnes. Le VIH-2 entraîne le développement du SIDA dans moins de 25% des cas, est sans incidence sur la durée de vie de la majorité des personnes infectées et s’avère faiblement transmissible. De plus, les personnes séropositives pour le VIH-2 et qui seraient contaminées également par le VIH-1 présentent une meilleure résistance face à ce dernier.

Des chercheurs de l’Inserm et de l’Institut Curie au sein de l’Unité 932 Immunité et Cancer (Inserm/Institut Curie/Université PSL/Université Paris Descartes) se sont penchés sur les raisons de ce meilleur contrôle naturel du VIH-2 par le système immunitaire. En 2010, cette équipe de recherche avait déjà montré que les cellules dendritiques – des cellules « sentinelles » du système immunitaire – étaient capables de détecter le VIH-2 bien plus efficacement que le VIH-1. Or, pour qu’il y ait bonne réponse immunitaire il est nécessaire d’avoir d’abord une bonne reconnaissance immunitaire.

Partant de ce constat, les chercheurs ont ici cherché à comprendre les mécanismes moléculaires de reconnaissance du VIH-2 par les cellules dendritiques et les raisons de l’efficacité de cette reconnaissance comparativement à celle du VIH-1.

Ils ont ainsi découvert que la protéine NONO, située au sein des cellules dendritiques, agissait comme un détecteur capable de reconnaître l’enveloppe interne (ou capside) du VIH-2 bien mieux que celle du VIH-1 et de déclencher en conséquence une réaction immunitaire pour lutter contre le virus.

La capside, qui entoure le matériel génétique des virus, est en effet composée de protéines et NONO serait capable de reconnaître un motif protéique spécifique de la capside du VIH-2.

Ces travaux permettent une meilleure compréhension des mécanismes naturels du contrôle de l’infection par le VIH. Selon Nicolas Manel, chercheur Inserm responsable de l’étude soutenue par l’ANRS : «  la prochaine étape de ce projet de recherche est de comprendre à la fois le fonctionnement de ce système de détection au niveau moléculaire et comment cette détection déclenche la réponse immunitaire. Nous développons des stratégies vaccinales innovantes au laboratoire, et cette découverte ouvre la voie à de nouvelles études nécessaires pour le développement d’une nouvelle génération de vaccin capable de « mimer » la capside du VIH-2 et de déclencher par conséquent une réponse immunitaire chez les personnes atteintes du VIH-1. »

Source: Seronet

A l’occasion de la nouvelle édition de la Disance, le 6 octobre, Seronet publie le témoignage inédit, d’une femme vivant avec le VIH, médecin à Paris.

Pour la première fois, je décide de franchir ce pas et témoigner.
Un témoignage en demi teinte car je ne le ferai pas à visage découvert et je ne donnerai pas mon nom. Je suis séropositive depuis l’âge de 25 ans et j’en ai 48. Cela fait donc 23 ans que je vis avec ce virus. Je suis médecin. J’exerce à Paris, dans mon cabinet médical.
En 23 ans, je n’ai pas eu le moindre problème de santé et je n’ai pas pris ne serait ce qu’un jour d’arrêt maladie.
Pas la moindre rupture dans ma vie professionnelle en dehors d’un congé maternité rétréci du fait de mon statut de libéral.
Ma fille a 20 ans. Elle n’a pas été contaminée, évidemment. Elle va bien. Mais, mais elle a vécu toute son enfance sous le poids écrasant du secret qu’était ma séropositivité.
Pendant 15 ans, j’ai vécu avec la terreur du regard des autres. Je suis guérie de cette terreur.

Je suis guérie de cette terreur depuis le jour où j’ai dit à ma fille que je suis séropositive ; depuis le jour où le monde ne s’est pas écroulé.
Je n’ai plus peur, mais je me méfie, je reste prudente et je continue de cacher ma séropositivité. Je choisis minutieusement ceux à qui je le confie, toujours après mûre réflexion. La parole libre et spontanée, ce n’est pas pour moi. Car, et cela se vérifie à chaque fois, c’est toujours un choc pour l’autre de l’apprendre. Personne ne s’y attend.
Avec les années, les personnes au courant de ma situation ne se comptent plus sur les doigts d’une main, mais de deux mains voire deux mains et un pied. Cela reste donc presque anecdotique par rapport au nombre de personnes que je côtoie chaque jour, amis-es, connaissances, famille, collègues, patients-es.

Comme tout médecin généraliste, je reçois de nombreuses personnes en consultation chaque jour. Aucune n’est en mesure de deviner ni soupçonner ma séropositivité. Ce n’est pas écrit sur mon visage, ce n’est écrit nulle part.

Je ne porte aucun stigmate physique. Je suis médecin, je suis une femme, une femme blanche et on me considère sûrement comme une privilégiée.
Dans mon cabinet, j’entends régulièrement de la part de patients des paroles sur le VIH qui me heurtent et me font froid dans le dos. Je serre les dents et je me tais. Car ils ne savent pas, ils ne sauront jamais que leur médecin, celle qui est assise de ce coté là du bureau, est séropositive.

Si je ne témoigne pas à visage découvert, c’est parce que je refuse de subir les conséquences attendues d’une exposition publique. Car, c’est cruel, mais c’est ainsi, je n’imagine pas un instant que les gens accepteraient d’être suivis, de faire suivre leurs enfants, par un médecin qu’ils savent séropositif, que ce soit par ignorance par bêtise ou les deux. Pourtant, c’est bien ce que je fais et depuis 23 ans. M’occuper des autres. M’occuper de l’autre, l’autre que je ne crois pourtant pas capable de m’accepter telle que je suis.
Je continue, mais je suis fatiguée. Je suis fatiguée constamment, quotidiennement. Ça se lit sur mon visage, je le sais, on me le dit souvent. Je botte en touche. Je souris peu, et de moins en moins, on me l’a déjà reproché.
Non, ce n’est pas le virus qui me fatigue, ce n’est même pas mon traitement.
Ce qui me fatigue, je le sens, c’est autre chose.

Ce qui me fatigue, ce qui m’empêche de sourire — alors que je devrais sourire chaque jour d’être non seulement encore en vie, mais en pleine santé —, c’est l’énergie qu’il faut déployer jour après jour pour cacher, pour ne pas laisser deviner que je vis et depuis si longtemps avec le VIH. Avec ce virus qui est encore associé dans l’inconscient collectif avec l’idée de la mort, de la faute, voire de la dépravation.
Ce qui me fatigue, c’est de devoir serrer les mâchoires pour contenir, taire la réalité de ma situation, dans toutes les situations du quotidien. Le prix à payer pour pouvoir vivre comme je l’entends, sans que la société, les autres, choisissent pour moi.
Ce qui me fatigue, c’est de manière générale, cette impossibilité d’être en société tel que l’on est, dans son entièreté. Ce qui me fatigue, c’est de devoir enfiler chaque jour le masque de l’impassibilité, que l’on prend parfois pour de la froideur ou de l’indifférence, alors que c’est juste un écran derrière lequel je me protège.
Ce qui me désespère, c’est que bien que depuis 1996, date d’arrivée des trithérapies, la donne ait radicalement changé d’un point de vue médical, le vécu des personnes séropositives reste toujours aussi difficile et solitaire.
Ce qui me fatigue, c’est de constater le décalage entre le discours et la réalité. C’est le temps que mettent les autorités, les médias, les médecins, à délivrer les informations, et surtout les bonnes nouvelles. Entre le moment où l’on a constaté qu’une personne bien contrôlée par le traitement n’est pas contaminante et le moment où on l’a dit, d’abord du bout des lèvres, puis enfin un peu plus ouvertement, beaucoup, beaucoup d’années se sont écoulées.
Combien de temps perdu, gâché, pour celles et ceux qui auraient eu ce poids en moins à porter. Combien de temps perdu, pour celles et ceux que cela aurait incité à se faire dépister et traiter.
Ce qui me fatigue, ce qui me met en colère, c’est que la politique de prévention a toujours reposé sur le maintien, l’entretien de la peur autour du VIH. Et j’entends d’ici les protestations ! Encore aujourd’hui, concernant le traitement du VIH, le seul discours audible, c’est celui-ci : le traitement permet aux séropositifs de vivre, on ne peut pas le nier, mais il est lourd de conséquences, d’effets secondaires, etc.

Oui, c’était vrai pour les premiers traitements.
Ça l’est de moins en moins. Et ça je ne l’entends jamais, ou si peu.

Je suis séropositive depuis 23 ans ; je me porte parfaitement bien. Je suis sous traitement depuis huit ans sans aucun effet secondaire, mais je sais que je n’ai pas le droit de le dire trop fort. Je pourrais me faire lyncher. Pourtant, si les gens entendaient plus souvent cela, ils auraient moins peur de se faire dépister. J’en suis convaincue.

Ce qui me fatigue, c’est ce dilemme qui se repose à moi chaque jour : parler, témoigner et faire avancer la cause ; la cause de tous ceux et toutes celles qui se cachent, mais prendre le risque d’en subir les conséquences. Ou continuer de me taire, de vivre dans cette fausse tranquillité qui est la mienne et laisser les autres parler à ma place, surtout ceux qui ne savent pas de quoi ils parlent.
Comment se reconnaître en l’autre si personne ne témoigne, car personne ne veut témoigner. Comment rassurer, si les gens comme moi continuent de se terrer.

Témoigner à visage découvert serait un vrai acte militant, courageux. Mais, je ne veux pas le faire. Je ne veux pas prendre ce risque pour moi-même, mon avenir, ma tranquillité.
Je ne veux pas être définitivement étiquetée.
Je ne veux pas m’exposer à la violence symbolique que ce serait pour moi de voir la grande majorité des patients-es me tourner le dos, s’ils savaient ma situation, quand bien même je leur ai consacré mon temps et mon énergie. Car c’est ce qui se passerait. Je ne me fais aucune illusion.

Alors voila, je fais ce pas, un tout petit pas que j’aurai mis 23 ans à franchir.

Je m’exprime là, et je le fais essentiellement pour dire à ceux qui liront, à ceux qui ne se pensent pas concernés : sachez bien — et je le dis car je l’entends dans mon cabinet et ailleurs —, sachez bien qu’il y a ou qu’il y a eu peut être autour de vous quelqu’un, votre père, votre mère, votre enfant, votre ami, votre belle-mère, votre sœur, votre cousin, qui est séropositif depuis un an, dix ans, vingt ans ou même trente ans et qui n’a jamais osé vous le dire. Par peur d’être rejeté par vous, par peur de vous inquiéter, pour vous protéger de cette inquiétude, par honte injustifiée, par sentiment de culpabilité injustifié, pour toutes ces raisons…
Je témoigne pour dire que vivre avec le VIH, être séropositif-ve aujourd’hui, c’est, grâce aux traitements, pouvoir vivre aussi longtemps que ceux qui ne le sont pas, c’est sous contrôle du traitement ne plus être contaminant pour l’autre, mais c’est devoir vivre pour l’écrasante majorité des gens dans l’ombre et le secret, encore aujourd’hui, en 2018. Et ça, c’est intolérable.

Même lorsque tout compte fait, on aime vivre à l’ombre, comme moi, même quand cela est un choix, c’est avant tout un choix imposé. Je ne veux pas m’exposer à la lumière comme l’a fait mon amie Anne Bouferguene (1) et pourtant je ne la remercierai jamais assez de l’avoir fait. Mais j’entends encore de telles horreurs, de telles conneries sur le VIH, le sida, que c’est un devoir de prendre la parole. Car se taire, cela revient de fait, à capituler et à laisser perdurer l’ignorance, les fantasmes et les préjugés.

Tout le monde devrait savoir que :
– sans traitement, le VIH reste mortel ;
– sans traitement, le VIH peut se transmettre par voie sanguine, par voie sexuelle et par voie materno-fœtale, un point c’est tout.

Grâce aux traitements, les personnes séropositives bien contrôlées et qui ont une charge virale indétectable ne transmettent plus le virus à leur partenaire sexuel.
Grâce aux traitements, les personnes séropositives ont la même espérance de vie que tout un chacun. Les traitements se sont améliorés d’année en année, ils sont mieux tolérés, moins toxiques, mais ils sont à prendre à vie.

Tout le monde devrait savoir que :
– le VIH continue de tuer ceux qui n’ont pas accès aux traitements ;
– le VIH continue de se transmettre par ceux-celles qui n’ont pas accès aux traitements ;
– le VIH continue de se transmettre par ceux-celles qui ont peur de se faire dépister.

Ceux-celles qui ont peur de se faire dépister ont de bonnes raisons d’avoir peur. C’est la société toute entière qui est responsable de cela. C’est le regard malveillant, c’est le jugement moral, c’est la mise à l’écart, c’est la discrimination, c’est la stigmatisation.
Le grand public est très mal informé. Le grand public est indifférent car le VIH, le sida c’est l’autre, ce n’est pas soi, car le VIH n’a plus de visage. Le VIH n’a plus de visage car les gens séropositifs se font discrets, ils ne parlent pas de leur séropositivité. Ils se protègent du regard potentiellement malveillant de la société. C’est un cercle vicieux.
Mais si les gens sont si mal informés, ce n’est pas uniquement du fait de leur indifférence.

C’est aussi parce que les informations ne sont pas diffusées au public avec suffisamment de force, de courage, de clarté, de rapidité et de détermination.
Les responsabilités sont totalement partagées. Le VIH concerne tout le monde.
Je dédie ce texte à ceux-celles qui ont nourri ma colère en prononçant des paroles inacceptables auxquelles je ne pouvais pas répondre. Je dédie ce texte à ceux-celles qui ont le pouvoir de prendre la parole et qui ne le font pas. Surtout, je dédie ce témoignage à ceux-celles qui pourront s’identifier, à mon alter ego.

(1) : Anne Bouferguene a publié en 2011 un livre de témoignage sur sa vie avec le VIH : « Un mal qui ne se dit pas » aux éditions Robert Laffont.