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L’accompagnement des Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH) doit retrouver sa place dans AIDES

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Source : seronet.info

Les Universités des personnes séropositives (UPS) sont une institution dans AIDES. Chaque année, elles rassemblent plus d‘une soixantaine de personnes séropositives au VIH et/ou aux hépatites, souvent isolées ou dans l’incapacité d’évoquer leur séropositivité dans leur entourage. Pendant ces cinq jours, la parole se libère et émergent les besoins, toujours immenses, des personnes quant à une meilleure qualité de vie ; émergent aussi d’incroyables parcours de vie.

Christian Verger, président de la région Grand Est et administrateur de AIDES, a accueilli cette édition 2018 et participé à son organisation. Il explique le sens et le rôle de ce week-end de ressourcement et de mobilisation important pour les personnes et la structure, sonnant comme un rappel aux fondamentaux de l’association.

Pouvez-vous nous présenter les Universités des personnes séropositives et quels étaient les objectifs de l’édition 2018 ?

Christian Verger : Cette rencontre a lieu chaque année dans une région française différente, et permet de rassembler plus de soixante personnes. En l’occurrence, cette année, cet événement a été co-porté par les régions Grand Est et Ile-de-France de AIDES. Les Universités des personnes séropositives (UPS) sont destinées aux personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales, sans conditions d’être ou non sous traitement. Cet événement se veut être une action de soutien et de partage. C’est une étape d’un processus de mobilisation communautaire, pour sa santé au sens large : la santé physique, sociale, affective, sexuelle, etc. Le soin de soi et de la communauté des personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales passe aussi par l’amélioration du système de soins, en tenant compte des besoins et des problématiques auxquels sont confrontées les personnes. L’objectif principal de ces UPS est de soutenir les capacités des personnes vivant avec le VIH à agir pour leur santé par la mobilisation des ressources du groupe et le partage des expériences de vie avec le VIH et les hépatites virales, selon les cas. Partant de là, ces journées visent aussi à améliorer les capacités de chacun-e à aider et être aidé-e par d’autres personnes vivant avec le VIH, aller vers un mieux-être, notamment sur le plan psychologique et communiquer avec son environnement (proches, milieu de vie, professionnels de santé, etc.).

Qui sont les personnes qui viennent aux UPS ?

Généralement des personnes séropositives depuis longtemps et essentiellement des hommes gays ou bisexuels. Cette année, 80 % des personnes étaient nées à l’étranger et résidaient en France en situation régulière ou irrégulière de séjour, venant essentiellement des banlieues. De plus, près des deux tiers des personnes migrantes participantes étaient des femmes. Les autres participants étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris, le plus marqué avec l’édition 2018 ?

Deux aspects ont vraiment été marquants. Le fait que les personnes séropositives, qu’elles soient récemment contaminées ou depuis longtemps — mis à part les différences de vécu avec les différentes générations de traitements — vivent aujourd’hui les mêmes difficultés d’accès aux soins, de discriminations et d’isolement, que ce soit en ville ou en zone rurale. Ensuite, les échanges ont permis de faire place à une formidable solidarité entre toutes et tous, générée par le vécu commun autour de la séropositivité. Ce furent des moments très forts et très fédérateurs.

Le deuxième fait marquant est que nous avons été projetés plus de vingt ans en arrière avec le parcours de certains participants et participantes : les discriminations vécues par les personnes, surtout les personnes migrantes, tant au niveau du soin, que de l’accès aux droits, sont d’une violence telle que nous ne pouvions imaginer cela encore possible en 2018 ! Nous avons, avec l’évolution des droits pour les gays notamment, été habitués à ce que ces aspects soient toujours présents, mais un peu plus « adoucis » grâce aux avancées légales. Au niveau de la non reconnaissance sociale, les personnes migrantes aujourd’hui en France, en sont au même point que l’étaient les gays au début des années 90.

A l’issue des UPS, la mobilisation individuelle et collective a été très forte : il faut la soutenir. Cela doit engager davantage notre responsabilité, au sein de AIDES, mais aussi en matière de transformation sociale. L’accompagnement des personnes vivant avec le VIH au long cours doit retrouver place dans AIDES, notamment en direction des personnes migrantes, avec et pour elles. Notre expérience capitalisée depuis plus de trente ans doit servir à cela. Le chemin de la reconnaissance sociale des personnes migrantes est encore devant nous, il suffit de voir comment ce gouvernement traite aujourd’hui la question avec notamment son projet de loi « Asile et immigration ».

Propos recueillis par Mathieu Brancourt

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