Source : Medscape
Une étude de phase I montre qu’un implant à élution d’islatravir (ISL) dans une nouvelle formulation pourrait fournir assez d’antirétroviral pour constituer une option possible en termes de prophylaxie pré-exposition (PrEP) au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) à long terme. Les résultats ont été présentés à la Conference on retroviruses and opportunistic infections (CROI).
L’islatravir ou MK-8591 est développé pat Merck. C’est un inhibiteur nucléosidique de la translocation de la transcriptase inverse qui dispose d’un fort pouvoir antirétroviral – il stoppe la réplication antirétrovirale et maintient le niveau intracellulaire de VIH à des taux 100 fois inférieur par rapport aux autres rétroviraux.
Son métabolite actif, l’ISL-triphosphate (ISL-TP), a une longue demi-vie intracellulaire d’environ 190 heures, ce qui facilite également l’administration à partir d’un implant.
Un implant à l’image des implants contraceptifs
En 2019, le Dr Randolph Matthews des laboratoires Merck avait présenté une étude dans laquelle l’ARV avait été administré sous forme d’implant placé dans le bras – une technique déjà utilisée par ce laboratoire pour les contraceptifs et qui a déjà fait l’objet d’essais avec d’autres ARV comme le ténofovir. Un essai clinique sur 3 mois avait montré, en utilisant des projections, l’efficacité en termes de protection contre le VIH d’un tel système pendant 1 an, comme l’indiquait le site AidsMap.
Cette formulation qui sera celle qui prévaudra pour la phase II contient une concentration légèrement plus faible de substance ARV que celle testée il y a deux ans.
Dans cet essai de phase I mené en double aveugle et contrôlé contre placebo, des participants présentant un faible risque d’infection par le VIH ont reçu un implant à élution d’ISL unique (48 mg, 52 mg ou 56 mg) ou un implant de placebo.
24 volontaires ont reçu des implants d’islatravir (8 pour chacune des 3 doses) et 12 volontaires ont reçu un placebo.
Les implants sont restés en place pendant 12 semaines (3 mois) et les participants ont été suivis pendant 8 semaines supplémentaires, après le retrait de l’implant.
Des taux au-dessus de la valeur seuil
À l’aide d’une modélisation pharmacocinétique/pharmacodynamique, une valeur seuil cible pharmacocinétique (PK) de 0,05 pmol/106 cellules d’ISL-TP a été fixée pour la PrEP.
Les taux moyens d’ISL-TP sont restés supérieurs à la valeur seuil de 0,05 pmol/106 pour les 3 doses, et ce pendant toute la période où l’implant était en place.
D’après les projections, l’implant de 56 mg devrait maintenir les concentrations d’ISL-TP au-dessus de la valeur seuil PK pendant plus de 52 semaines chez la grande majorité des individus.
61 % des participants ont rapporté au moins 1 événement indésirable (EI) au niveau du site de l’implant, en excluant les hématomes.
Tous étaient d’intensité légère ou modérée.
Aucun cas d’arrêt du traitement lié à des EI ou des EI graves n’a été rapporté.
Une phase II devrait démarrée prochainement chez des patients à bas risque de VIH, puisque la question posée est de savoir si les taux de l’ARV seront suffisants pour protéger une année entière, indique le site AidsMap.
A la suite de cette conférence, Gilead et Merck ont annoncé une collaboration pour développer conjointement des combinaisons de ténacapavir et d’islatravir pour le traitement du VIH, selon le site POZ.
L’étude a été financée par Merck Sharp and Dohme Corp., une filiale de Merck & Co., Inc., Kenilworth, NJ.