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Non, le jus de jatropha rouge ne fait pas de « miracles » dans le traitement du VIH.

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Source : AFP Factuel

Une publication partagée plus de 80.000 fois depuis 2017 sur Facebook dans de nombreux pays d’Afrique francophone prétend que le « jatropha rouge », une plante tropicale originaire d’Amérique du sud, « fait des miracles » dans le traitement du VIH. C’est faux, selon des spécialistes contactés par l’AFP: il n’existe pas de traitement curatif contre le VIH et seuls les antirétroviraux permettent de maîtriser la maladie.

« Cette fleur fait des miracles« : voilà le message asséné par une publication massivement partagée sur Facebook depuis 2017, qui loue les vertus thérapeutiques d’une plante tropicale, le « jatropha rouge« , dans le traitement du Virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du Sida.

L’auteur de ce post, qui accompagne son message d’une photo d’un arbuste recouvert de feuilles violacées, propose une recette dont il assure « l’efficacité« . Il faut « pétrir, broyer ou malaxer quelques feuilles dans de l’eau pour obtenir un jus« , puis le « filtrer » et en boire « 3 verres par jour (matin, midi et soir) pendant un mois« , détaille-t-il. Une façon, selon lui, de dire « au revoir » au « Sida« .

Ce message, partagé près de 80.000 fois en quatre ans, est abondamment commenté. On le retrouve dans plusieurs articles en ligne (123), mais aussi dans de nombreuses publications sur Facebook (12, 3, 4), pour certaines très récentes.

Pas d’effet prouvé contre le VIH et le Sida

Le jatropha rouge, ou jatropha gossypiifolia, est une plante originaire d’Amérique centrale et d’Amérique du sud. Elle est très répandue en Afrique tropicale, notamment en Côte d’ivoire, au Cameroun et au Burkina Faso.

Cet arbuste ornemental, parfois appelé « médecinier rouge« , se voit attribuer de nombreuses vertus médicales, comme le précise ce site spécialisé en agronomie. L’huile de ses graines est utilisée dans les lampes à huile et comme combustible.

​Contrairement à ce qu’affirment les publications virales, rien ne prouve cependant l’utilité de cette plante contre le Sida – stade le plus avancé du VIH, durant lequel le virus s’attaque au système immunitaire des malades.

« Le jatropha gossypiifolia comme traitement du Vih/Sida », c’est « une fake news« , tranche Joshua Kimani, épidémiologiste et directeur de la recherche clinique au bureau local de l’Université du Manitoba au Kenya.

Cette plante « ne guérit pas le Sida« , abonde Laura Ciaffi, infectiologue à l’Agence nationale de recherche sur le Sida et les hépatites virales (ARNS) et membre de l’équipe de recherche basée à l’hôpital central de Yaoundé.

Le jatropha rouge n’est pas non plus reconnu comme un traitement ou comme un palliatif contre le VIH par l’Onusida, organisme onusien chargé de lutter contre la pandémie de VIH.

« Notre partenaire du Programme commun, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dispose d’un système bien établi pour enquêter, évaluer et valider ou non les allégations relatives aux médicaments présentés comme des « remèdes » contre le VIH« . Or « nous n’avons connaissance d’aucune recommandation de l’OMS concernant le produit cité (jatropha gossypiifolia)« , a assuré à l’AFP Patrick Brenny, directeur régional de l’organisme onusien pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

38 millions de personnes touchées dans le monde

Selon le dernier rapport de l’Onusida, 38 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH. En 2019, 1,7 million de personnes ont été nouvellement infectées par ce virus et 690.000 personnes sont mortes de maladies liées au sida.

D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 67% des personnes infectées par le VIH vivent par ailleurs en Afrique, région la plus touchée par cette pandémie. En 2019, plus d’un million de personnes ont été infectées sur ce continent.

Ces dernières années, des progrès importants ont été accomplis dans la prise en charge des personnes malades, grâce aux efforts considérables déployés au niveau international, à l’origine de nombreuses avancées sur le plan médical.

« Nous avons maintenant des médicaments éprouvés contre le VIH/sida appelés ARV, ou antirétroviraux« , souligne le docteur Joshua Kimani, membre du réseau africain subsaharien pour l’excellence de la recherche sur la tuberculose et le Vih.

Les traitements antirétroviraux, qui agissent en bloquant le cycle de multiplication du VIH, permettent de contrôler le virus et aident à prévenir sa transmission. Ils ne permettent pas en revanche de guérir les malades infectés.

Pas de remède ni de vaccin

A ce stade, « il n’existe ni remède ni vaccin pour traiter et protéger toutes les personnes vivant avec le VIH ou qui y sont exposées« , a rappelé l’OMS dans son rapport de novembre 2020.

L’institution souligne néanmoins que « la science évolue rapidement« . Ces dernières années, deux personnes ont ainsi obtenu une « guérison fonctionnelle » après avoir « subi une greffe de moelle osseuse« , rappelle l’OMS.

« Pour soigner le VIH, c’est-à-dire contrôler la réplication virale, je crois que les ARV ont fait leurs preuves« , insiste Laura Ciaffi, de l’ANRS, qui rappelle que ce type de traitement a « très peu d’effets secondaires.« 

Pour cette spécialiste du VIH, les plantes – à l’image du jatropha – peuvent être bienvenues pour donner du bien-être, tout autant que « l’exercice physique, la bonne alimentation, l’arrêt du tabac et la modération de l’alcool« .

« Mais pour le virus, laissons les ARV faire leur effet« , insiste l’infectiologue, qui regrette la viralité des publications trompeuses sur les réseaux sociaux, liée selon elle à un rejet de la médecine dite moderne.

« Les gens se disent +pourquoi aller chercher plus loin ?+ Le jatropha, c’est local« , rappelle la chercheuse, qui s’était déjà inquiétée dans une précédente vérification de l’attrait pour les traitements alternatifs chez certains malades du Sida.

Un avis partagé par Joshua Kimani. « Nous savons comment fonctionnent ces ARV et donc personne ne devrait prendre de phytothérapie de nos jours« , insiste ce spécialiste, qui rappelle qu’ »aucun remède à base de plantes n’a été approuvé par l’OMS à ce jour« .

 

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