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Générations positives : Jean-Paul et Dimitri (Entretien croisé).

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Source : SERONET

Jean-Paul a 58 ans et vit avec le VIH depuis 1985. Dimitri a 27 ans. Il vit avec le VIH depuis 2018. Ils ne se sont jamais rencontrés ni parlé. Aujourd’hui, ils participent à un entretien croisé autour de la question de la vie affective et sexuelle.

Quelle était votre situation personnelle au moment où vous avez découvert votre séropositivité ?

Jean-Paul : J’étais célibataire avec quelques aventures avec des femmes, mais la stabilité est arrivée quelques années plus tard. J’avais 23 ans à l’époque et pas forcément l’envie de me caser.
Dimitri : Moi, j’avais 25 ans et j’étais également célibataire avec quelques aventures avec des hommes, mais pas si souvent en fait.

Qu’est-ce que le VIH a changé dans votre façon d’aborder votre vie affective et/ou sexuelle ?

Dimitri : Contrairement à ce que j’aurais pu penser, ça n’a pas changé beaucoup de choses, car j’ai décidé d’annoncer dès le départ que j’étais séropositif à chaque personne avec qui j’envisageais de faire une rencontre. Au début, c’était un peu compliqué de se dire à chaque fois, il faut que je l’annonce à un inconnu. Mais au final, j’ai eu beaucoup de personnes bienveillantes et je n’ai pas subi beaucoup de rejets. Je pense que cela m’a aidé à accepter les choses au début. Pra exemple, il y a ce garçon que j’ai rencontré et qui, du coup, s’est informé sur le sujet et a décidé de prendre la Prep. Je trouve ça important d’informer les personnes sur le VIH. Ça donne de l’espoir de savoir que de belles rencontres sont possibles malgré le VIH.
Jean-Paul : Pour moi, c’était une autre époque et ce n’est pas un sujet qu’on abordait facilement. Il faut se remettre dans le contexte de 1985, les débuts de l’épidémie. J’avais pour projet de partir vivre en Angleterre et quand le médecin m’a annoncé mon diagnostic, il m’a conseillé de rester en France pour profiter de mes « derniers instants », avec mes parents. Ce bouleversement m’a empêché de me projeter dans quoi que ce soit, y compris d’un point de vue affectif. Ce n’était pas dicible, alors je gardais cette information pour moi et je mettais des préservatifs avec mes partenaires, mais je me refusais toute relation suivie à cause du VIH. À cette époque, je me suis réfugié dans la drogue, qui était la cause initiale de ma contamination. Et puis une fois sorti de la drogue, j’ai eu une période de stabilité de 1988 à 1992 avec la même personne. Ma « chance » a été que je suis resté en bonne santé, je n’ai pas développé de maladies liées à mon VIH et je n’ai jamais été en stade sida, même si mes CD4 ont fini par baisser dangereusement. Mais heureusement, c’était juste au moment de l’arrivée des trithérapies efficaces [1996, ndlr].

Parlez-vous de votre statut sérologique avec vos partenaires ? Si oui, à quel moment de la relation ?

Jean-Paul : J’ai parlé de ma séropositivité à visage découvert dans plusieurs médias importants comme Canal+. Le VIH est devenu une part de mon identité quasiment revendiquée ; donc oui, en parler est important pour moi et le plus tôt possible. À ce jour, j’ai la chance de ne jamais avoir subi de rejet dans mes rencontres amoureuses, en raison de mon statut sérologique, du moins pas de façon frontale. Ça complique les débuts d’une relation, c’est vrai, mais ce n’est pas un obstacle insurmontable pour moi. Et puis, si rejet il y a, c’est une façon de faire du « tri » et de m’épargner une personne qui ne serait pas pour moi.
Dimitri : Sur les applis de rencontre, j’en parlais assez rapidement dès le début et maintenant je précise même cette information sur mon profil. J’ai l’impression que moins de mecs viennent me parler sur les applis depuis que je précise mon statut sérologique, mais, effectivement, c’est une façon de faire du tri. Si la personne réagit bien, on reprend le cours de notre discussion. Une fois, j’étais à un mariage. C’était juste trois mois après la découverte de ma séropositivité, et j’ai rencontré un mec qui me plaisait bien. L’alcool aidant, je lui ai annoncé le soir même que j’étais séropositif et que je venais tout juste de commencer un traitement, donc j’ignorais si ma charge virale était déjà indétectable. Il a très bien pris cette annonce et on a passé plusieurs jours ensemble après le mariage.

=> Pour découvrir la suite de cet entretien, rendez-vous sur : SERONET

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