Source : jim.fr
Les herpes virus 6 (HHV-6 pour Human herpes virus 6) infectent à l’état latent 90 % de la population, la primo-infection survenant dans l’enfance, associée à une éruption bénigne. Mais chez certains individus (environ 1 % de la population), le génome viral s’intègre dans le génome de toutes les cellules germinales et somatiques. Il est alors retrouvé dans tous les prélèvements effectués chez ces individus en quantité équivalente, autour d’une copie de génome viral par cellule. Cette forme intégrée n’est à priori pas pathogène et ne nécessite pas de traitement particulier.
A contrario, HHV-6 peut être redoutable chez les patients immunodéprimés, notamment chez les patients transplantés : chez ces derniers la maladie à HHV-6 résulte le plus souvent d’une réactivation du virus, ou plus rarement d’une infection via le greffon. Elle est associée à une morbidité majeure, avec notamment un risque de rejet du greffon, voire de décès.Dans cet article de Bonnafous et al, il est décrit pour la première fois une transmission de HHV-6 intégré au greffon hépatique, associé à des lésions cérébrales et digestives fatales chez une patiente greffée hépatique de 53 ans. La patiente a présenté une encéphalopathie à J34 post-greffe, conduisant à une exploration microbiologique : des charges virales HHV-6 très élevées dans différents compartiments ont permis de conclure à la responsabilité du virus dans la symptomatologie, et à la suspicion d’un virus intégré transmis par le greffon. Cette hypothèse a été confortée par l’identité des séquences virales identifiées dans le greffon et dans les différents compartiments explorés chez le receveur.
Les traitements antiviraux par ganciclovir et foscarnet ont été mal tolérés et leur efficacité limitée : des complications infectieuses ont conduit au décès de la patiente à J96 post-greffe. Ce cas illustre l’importance du diagnostic de l’infection à HHV-6 chez les patients greffés, et décrit un décès consécutif à la greffe d’un organe de donneur porteur de génome viral intégré.
L’unité INSERM U1259 « Morphogenèse et Antigénicité du VIH et des virus des Hépatites » (Université de Tours) est spécialisée dans l’étude du VIH et des virus des Hépatites. Julien Marlet, doctorant poste d’accueil INSERM dans cette équipe, lance en janvier 2018 une collecte de fonds via la plateforme de financement participatif Thellie : https://thellie.org/hepatiteb. L’objectif est de récolter 7500€ avant fin mars 2018, pour pouvoir développer un nouveau test biologique d’étude de la résistance du virus de l’hépatite B aux antiviraux.
Dr Muriel Macé