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Le « New England Journal of Medicine » a publié cette semaine les résultats d’une étude ANRS et le Medical Research Council (MRC) sur les bénéfices de nouveaux schémas thérapeutiques dans le traitement de la cryptococcose neuroméningée, maladie opportuniste fréquente et sévère, chez des patients vivant avec le VIH.

Les résultats de cet essai ACTA (Advancing Cryptococcal Meningitis Treatment for Africa), déjà présentés lors de la 9conférence de l’IAS qui se tenait du 23 au 26 juillet 2017 à Paris, ont conduit l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à modifier ses recommandations.

Une maladie grave 

Des résultats « d’une grande importance, signalait l’ANRS, car la cryptococcose, et notamment la méningite cryptococcique, est une maladie grave, qui entraîne la mort de plus de 100 000 personnes infectées par le VIH chaque année en Afrique ». Le traitement antifongique standard recommandé alors par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Société américaine de maladies infectieuses consistait en une phase d’induction d’une perfusion quotidienne d’amphotéricine B (AmB) associée à la prise orale de flucytosine (5-FC) pendant 2 semaines, puis d’une phase de consolidation et de maintenance basée sur la prise orale de Fluconazole (FLU). Dans les pays à ressources limitées, la disponibilité de l’AmB posait problème. De plus, l’antifongique, malgré son efficacité, pouvait parfois entraîner des effets secondaires graves.

Pour la première fois, l’étude conduite par le Pr Thomas Harrison et ses collègues de l’université St Georges de Londres, de l’Institut Pasteur et de l’université Descartes (hôpital Necker-Enfants malades, Paris), du site ANRS du Cameroun, de l’université de Dschang et des sites MRC du Malawi, de Tanzanie et de Zambie montrait la non-infériorité de deux combinaisons thérapeutiques antifongiques pour le traitement d’induction de cette maladie.

Plus de 80 000 vies sauvées

Elle a, chez 721 patients infectés par le VIH et présentant une cryptococcose neuroméningée, comparé trois traitements d’induction suivis d’un traitement de consolidation de 8 ou 9 semaines : une perfusion quotidienne d’amphotéricine B et la flucytosine orale pendant une semaine suivie de deux semaines de fluconazole et flucytosine ; un traitement oral sans amphotéricine (fluconazole et flucytosine) pendant 2 semaines ; un traitement d’induction standard.

Le traitement par injection d’AmB pendant 1 semaine est non inférieur au traitement oral sans AmB. Ces deux traitements se sont révélés plus efficaces et mieux tolérés que le traitement actuellement recommandé par l’OMS. De plus, ils permettent une diminution de la durée d’administration de l’AmB, voire sa suppression totale. « Les nouveaux schémas thérapeutiques mis en avant par l’essai ACTA pourraient potentiellement sauver plus de 80 000 vies par an », souligne l’ANRS.

Au vu de ces résultats, l’OMS vient de publier de nouvelles recommandations. En cas de non-disponibilité de l’amphotéricine B, le fluconazole à posologie élevée associé à la flucytosine par voie orale doit être proposé. Ces résultats plaident donc aussi « pour la disponibilité urgente de la flucytosine dans les pays à faibles ressources », concluent Olivier Lortholary et Charles Kouanfack, les investigateurs principaux respectivement Nord et Sud de l’essai pour le site ANRS Cameroun.

Source : jim.fr

Les herpes virus 6 (HHV-6 pour Human herpes virus 6) infectent à l’état latent 90 % de la population, la primo-infection survenant dans l’enfance, associée à une éruption bénigne. Mais chez certains individus (environ 1 % de la population), le génome viral s’intègre dans le génome de toutes les cellules germinales et somatiques. Il est alors retrouvé dans tous les prélèvements effectués chez ces individus en quantité équivalente, autour d’une copie de génome viral par cellule. Cette forme intégrée n’est à priori pas pathogène et ne nécessite pas de traitement particulier.

A contrario, HHV-6 peut être redoutable chez les patients immunodéprimés, notamment chez les patients transplantés : chez ces derniers la maladie à HHV-6 résulte le plus souvent d’une réactivation du virus, ou plus rarement d’une infection via le greffon. Elle est associée à une morbidité majeure, avec notamment un risque de rejet du greffon, voire de décès.Dans cet article de Bonnafous et al, il est décrit pour la première fois une transmission de HHV-6 intégré au greffon hépatique, associé à des lésions cérébrales et digestives fatales chez une patiente greffée hépatique de 53 ans. La patiente a présenté une encéphalopathie à J34 post-greffe, conduisant à une exploration microbiologique : des charges virales HHV-6 très élevées dans différents compartiments ont permis  de conclure à la responsabilité du virus dans la symptomatologie, et à la suspicion d’un virus intégré transmis par le greffon. Cette hypothèse a été confortée par l’identité des séquences virales identifiées dans le greffon et  dans les différents compartiments explorés chez le receveur.

Les traitements antiviraux par ganciclovir et foscarnet ont été mal tolérés et leur efficacité limitée : des complications infectieuses ont conduit au décès de la patiente à J96 post-greffe. Ce cas illustre l’importance du diagnostic de l’infection à HHV-6 chez les patients greffés, et décrit un décès consécutif à la greffe d’un organe de donneur porteur de génome viral intégré.

L’unité INSERM U1259 « Morphogenèse et Antigénicité du VIH et des virus des Hépatites » (Université de Tours) est spécialisée dans l’étude du VIH et des virus des Hépatites. Julien Marlet, doctorant poste d’accueil INSERM dans cette équipe, lance en janvier 2018 une collecte de fonds via la plateforme de financement participatif Thellie : https://thellie.org/hepatiteb. L’objectif est de récolter 7500€ avant fin mars 2018, pour pouvoir développer un nouveau test biologique d’étude de la résistance du virus de l’hépatite B aux antiviraux.

Dr Muriel Macé

RÉFÉRENCE

Bonnafous P, Marlet J, Bouvet D, Salamé E, Tellier AC, Guyetant S, Goudeau A, Agut H, Gautheret-Dejean A, Gaudy-Graffin C : Fatal outcome after reactivation of inherited chromosomally integrated HHV- 6A (iciHHV- 6A) transmitted through liver transplantation. Am J Transplant., 2018; publication avancée en ligne le 9 janvier. . doi: 10.1111/ajt.14657.

Source : Le Quotidien du Médecin

20 % des jeunes se disent mal informés sur le VIH. Un sondage Ifop-Bilendi réalisé pour Sidaction* (dont les résultats sont publiés en marge du Sidaction qui se déroulera du 23 au 25 mars) révèle une méconnaissance du sujet de la part des 15-24 ans et des idées fausses qui ont la vie dure. En parallèle, le nombre de contaminations chez les jeunes a augmenté de 24 % depuis 2007.

Les 15-24 ans sont ainsi 21 % à croire que le VIH peut se transmettre en embrassant une personne séropositive et 18 % à penser que la transpiration est un moyen de transmission. 19 % estiment que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission du VIH. Ces chiffres sont en hausse par rapport à 2015. « Cette dégradation nous a frappés », indique Florence Thune, directrice générale de Sidaction au « Quotidien ». Le manque d’information est sans doute en cause : 15 % des jeunes déclarent n’avoir jamais eu d’enseignement sur le VIH dans le cadre scolaire. Ils sont pourtant demandeurs. Selon le sondage, « près de sept jeunes interrogés sur dix estiment que les élus locaux (75 %), le pouvoir public (72 %) ou le ministère de l’Éducation nationale (67 %) n’en font pas suffisamment en matière d’information sur le VIH/sida ».

Des séances d’information et d’éducation à la sexualité sont obligatoires dans les écoles, collèges et lycées depuis 2001. « Manifestement, elles ne sont pas appliquées partout. Pourtant, cela rejoint ce qui a été mis aussi en avant par le précédent gouvernement dans la Stratégie nationale de la santé sexuelle [lancée en 2017]. Les intentions sont là, mais encore faut-il les mettre en application », estime Florence Thune. Et lorsque ces séances sont mises en place, « l’approche est souvent trop hétéronormée », malgré « une forte augmentation des contaminations chez les jeunes homosexuels ».

14 % des jeunes confrontés au moins une fois à une situation à risque

Par ailleurs, 49 % des jeunes estiment être bien informés du fait qu’une personne séropositive suivant bien son traitement ne peut pas transmettre le virus.

« Nous sommes face à un paradoxe : d’un côté, grâce aux progrès médicaux et le fait que les patients vivent mieux, le VIH est mieux perçu, de l’autre, dès lors qu’il s’agit de se mettre en situation de contact avec une personne séropositive, les craintes reviennent », analyse la directrice générale.

26 % des jeunes interrogés considèrent que l’on peut guérir du sida (ils n’étaient que 13 % en 2009). En parallèle, 14 % des jeunes reconnaissent avoir été confrontés au moins une fois à une situation à risque. Mais seulement 39 % de ceux-là ont eu recours au dépistage.

Les CeGIDD : des lieux d’information fiables et anonymes

Les médecins généralistes et les gynécologues sont en première place pour ouvrir le dialogue et informer les jeunes en matière de dépistage. « Les médecins et professionnels de santé des CeGIDD [centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic] doivent être à la pointe de l’information afin que ce soit une vraie chance pour les jeunes de disposer de ces lieux d’information fiables et anonymes », avance Florence Thune.

« Le rôle de Sidaction est de faire en sorte que les jeunes soient informés de manière fiable et que les politiques soient mises en œuvre », déclare Florence Thune. « Il ne s’agit pas que du VIH, nous sommes face à une problématique plus globale de hausses des contaminations des infections sexuellement transmissibles (IST) », déplore-t-elle.

*Sondage réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 6 au 13 février 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 1 002 personnes âgées de 15 à 24 ans.