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mpox et VIH

Ce mardi 3 septembre 2024, Actions Traitements assistait à la réunion d’échange organisée par la Direction générale de la santé, et son directeur Grégory Emery, réunissant plusieurs dizaines d’associations de patient·e·s. L’occasion de faire le point sur Mpox en France et, pour Actions Traitements, de vous donner les principales informations à retenir, y compris sur la stratégie vaccinale contre ce virus. Nous en profitons également pour mentionner quelques sources d’information fiables, que nous vous invitons à consulter.

POINT SUR LES « CLADES » DU VIRUS MPOX ET SUR L’ÉPIDÉMIE ACTUELLE 

Le 14 août dernier, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclenché une Urgence de Santé Publique de Portée Internationale (USPPI) suite à nouvelle résurgence du virus Mpox en République démocratique du Congo (RDC). Cette résurgence est due à l’apparition d’un nouveau « clade » du virus Mpox (sorte de variant) : le clade 1b. En 2022, et dans une moindre mesure toujours aujourd’hui, nous avions affaire à un clade différent de Mpox (qu’on appelait encore Monkeypox) : le clade 2, pour lequel l’alerte sanitaire avait été levée en mai 2023. Les associations s’étaient très fortement mobilisées en 2022 et avaient permis d’endiguer l’épidémie débutante, en faisant pression pour accélérer la mise à dispositions de vaccins et l’ouverture de centres/créneaux de vaccination.

L’épidémie de Mpox (clade 1b) est particulièrement active en RDC où les autorités dénombraient environ 15 000 cas (jusqu’à début août), qui ont provoqué environ 500 décès. La situation sanitaire et géopolitique en RDC font que les autorités ne sont pas en mesure de détecter tous les cas, de les prendre en charge, ni de vacciner à grande échelle (faute de vaccins disponibles !) ; cela explique en partie ces chiffres dramatiques.

À ce jour, l’épidémie a commencé à se répandre dans d’autres pays d’Afrique centrale ou d’Afrique de l’ouest comme le Burundi, le Rwanda, le Cameroun ou le Kenya notamment. En revanche, l’Europe reste épargnée et un seul cas de Mpox clade 1b a été détecté chez un homme en Suède. Ailleurs, la Thaïlande vient également de déclarer un premier cas.

MODES DE TRANSMISSION & MOYENS DE PRÉVENTION : QUELQUES SOURCES FIABLES

Il est important de préciser que Mpox n’a rien à voir avec le Covid 19 en termes de transmissibilité ou de contagiosité. C’est pour cela que l’épidémie de Mpox reste encore à peu près contenue à certaines zones (Afrique centrale et de l’ouest) et que les cas ne se comptent pas en millions.

Le virus Mpox se transmet par contact physique rapproché, voire prolongé, avec une personne infectée. La transmission s’effectue par la peau, les doigts, les muqueuses infectées (boutons, croutes). La transmission a donc souvent lieu lors de rapports sexuels. Elle s’effectue également par contact avec des objets infectés : draps, serviette, brosse à dents, sextoys, matériel d’injection, rasoir ou vaisselle.

Dans une moindre mesure la transmission peut s’effectuer par des gouttelettes (postillons ou éternuements), mais il ne s’agit en aucun cas d’un virus aéroporté aussi contagieux que le Covid 19. Pour toutes questions, une ligne d’information Mpox info service a été créée en 2022. Elle est joignable au 0 801 90 80 69 de 8h à 23h 7/7 jours. De nombreuses informations, comme la liste des centres de vaccination, sont disponibles sur leur site web.

Certaines populations sont plus à risques de contracter le virus Mpox. Rendez-vous sur la page rédigée par Act Up-Paris qui détaille les populations les plus exposées et donc éligibles à la vaccination, en plus d’autres informations très complètes sur le sujet. Il ne s’agit pas de stigmatiser qui que ce soit, mais de faire en sorte que les personnes concernées soient conscientes des risques et adoptent les comportements adéquats. Rappelons juste qu’en France plus de 95% des personnes infectées sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (Santé publique France).

Le meilleur moyen pour se protéger contre Mpox reste la vaccination, en plus de l’adoption de mesures de réduction des risques (notamment sexuels) consistant à éviter les contacts rapprochés avec des personnes infectées.

L’association AIDES propose une série de « 10 infos pour réduire les risques » vis-à-vis du Mpox. Ces informations sont particulièrement destinées aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, aux personnes trans, ainsi qu’aux travailleurs·ses du sexe, qui restent les publics les plus exposés au risque de contracter le Mpox… si l’épidémie venait à se réactiver en France (ce qui n’est pas encore le cas, rappelons-le !). N’hésitez pas à consulter les actualités publiées par l’association AIDES sur son site internet ; vous y trouverez notamment cet article qui permet de mieux comprendre la résurgence actuelle de Mpox, ou cet autre article qui détaille la stratégie vaccinale présentée par la Haute Autorité de Santé (HAS) ce lundi 2 septembre 2024.

DERNIÈRE MINUTE : MISE À JOUR DE LA STRATÉGIE VACCINALE

Ce lundi 2 septembre 2024, la Haute autorité de santé (HAS) a publié une toute nouvelle actualisation des recommandations vaccinales. Voici ce qu’il faut en retenir. Pour savoir si vous devez vous faire vacciner ou bénéficier d’une dose de rappel, plusieurs éléments sont à prendre en compte : avez-vous été vacciné enfant avant 1980 ou pas, êtes-vous immunodéprimé·e ou pas, avez-vous été vacciné (avec un schéma complet ou pas) en 2022 ?

Tout est résumé dans le tableau ci-dessous, extrait de l’avis de la HAS (page 15 du PDF) publié ce lundi 2 septembre 2024 :

Concernant les personnes vivant avec le VIH :

  • Vivre avec le VIH n’est pas une contre-indication à la vaccination contre Mpox ; il est vivement recommandé aux personnes vivant avec le VIH éligibles de se faire vacciner.
  • Une personne vivant avec le VIH avec un bon niveau de CD4 (supérieur à 200), n’est pas considérée comme une personne immunodéprimée ; se référer à la colonne « immunocompétentes » dans le tableau ci-dessus.
  • En conséquence, elle n’a pas besoin de dose de rappel si elle a déjà été vaccinée avant 1980 ; elle n’a besoin que d’une seule dose de rappel, si elle est née après 1980.
  • En revanche, les personnes séropositives dont le VIH n’est pas contrôlé (niveau de CD4 bas), ou n’ayant pas accès à un traitement antirétroviral efficace, ou ayant été en stade sida récemment, doivent faire la dose de rappel car elles sont considérées comme immunodéprimées.

Et la charge virale, dans tout ça ?

Les études ont montré que certains vaccins peuvent être moins efficaces quand ils sont réalisés chez des personnes vivant avec le VIH dont la charge virale est très élevée. Si c’est votre cas, c’est votre médecin qui décidera, en accord avec vous, de la nécessité d’effectuer ou de reporter une éventuelle vaccination.

Qui peut vacciner ?

  • votre médecin traitant,
  • votre médecin du travail,
  • un·e médecin exerçant dans un centre de vaccination,
  • un·e infirmier·e,
  • un·e sage-femme,
  • un·e pharmacien·ne.

LA POSITION ET LES RECOMMANDATIONS D’ACTIONS TRAITEMENTS

Actions Traitements encourage toutes les personnes éligibles à se faire vacciner contre Mpox. Cela concerne les personnes n’ayant pas été vaccinées en 2022 ou n’ayant pas effectué un schéma vaccinal complet, ainsi que celles qui nécessitent une dose de rappel telle que recommandée par la HAS.

L’objectif est d’anticiper une éventuelle résurgence de l’épidémie de Mpox en France, comme cela avait été le cas en 2022. Mais nous n’en sommes pas encore là et il est important de rappeler qu’aucun cas n’a pour l’instant été diagnostiqué en France et un seul en Europe (Suède).

Il n’y donc pas d’urgence à se faire vacciner, mais l’objectif est de stopper la circulation de Mpox (notamment le clade 2), d’éviter l’arrivée du nouveau clade 1b et de renforcer l’immunité des populations concernées à plus long terme. C’est ce qu’expliquait la Pr Anne-Claude Crémieux*, pendant la réunion avec la Direction générale de la santé (03/09/2024), en rappelant que, pour atteindre ces objectifs, il faut que la couverture vaccinale (parmi les populations exposées) atteigne 90% d’ici à la fin de l’année 2024… contre 35% aujourd’hui !

Pour les personnes qui prévoient de voyager vers des pays à forte épidémie ou qui en reviennent, il faut se référer à l’avis du Haut conseil de la santé publique qui vient d’être publié. Le tableau récapitulatif (en page 13) permet de savoir s’il faut ou non se faire vacciner quand on voyage.

Nous en profitons pour vous inviter à consulter :

  • Notre dépliant Info Vaccin, sur les vaccinations (y compris Mpox) recommandées pour les personnes vivant avec le VIH (à commander gratuitement sur notre site web) ;
  • Notre interview vidéo du Pr Jean-Daniel Lelièvre réalisée en août 2022, dans laquelle il revient sur le virus (qu’on appelait variole du singe ou monkey pox), la vaccination et les populations concernées.

* Membre du Collège de la Haute Autorité de Santé et Présidente de la Commission Technique des Vaccinations