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VIH en roumanie

Source : OUEST FRANCE

L’Europe de l’Est enregistre les deux tiers des cas de VIH diagnostiqués en Europe. Et en Roumanie, la prise en charge des malades a régressé depuis le début de la pandémie.

Le pavillon qui abrite le centre méthadone de l’Association roumaine anti-sida (Aras) propose le dépistage du VIH gratuit à son public. « Personne n’est programmé aujourd’hui », prévient d’emblée Raluca Teodorescu, assistante sociale. La veille, elle a réalisé trois tests. « C’est peu ».

Sebastian, 41 ans, est partant. Il souffre d’une hépatite C et craint d’être porteur du VIH : « Il y a cinq ans, j’ai aidé quelqu’un à se piquer et la seringue a atterri dans mon doigt par accident. J’ai peur de le transmettre à mes enfants en me coupant ». Raluca Teodorescu l’interrompt : « Les risques sont plus qu’infimes… » Après vingt minutes à tenter de désamorcer les idées reçues sur le VIH (et le Covid), elle le rassure : test négatif.

En 2019, l’Europe de l’est enregistrait les trois quarts des cas diagnostiqués sur le continent, dont 19 000 pour la seule Roumanie selon l’Organisation mondiale de la santé. On pourrait croire que la situation s’améliore : en deux ans, le nombre de nouveaux cas a diminué de moitié. Mais cela ne reflète qu’un recul des tests, rendus moins accessibles par la pandémie de Covid, estime Iulian Petre, directeur exécutif de l’ONG Unopa, en charge des malades du sida.

« Il n’y a plus de suivi des malades »

Seules les femmes enceintes sont encore systématiquement testées. Et ​Iulian Petre passe son temps à jouer les intermédiaires entre malades et soignants, débordés par le Covid. Il cite l’exemple de cette femme séropositive renvoyée chez elle : « En temps normal, elle ne serait jamais sortie vu son état. Certains hôpitaux n’offrent même plus les traitements gratuits ; d’autres les distribuent dehors, à l’entrée. Il n’y a plus de suivi des malades ».

Au siège d’Aras, rue des « Héros sanitaires », on teste aussi les homosexuels et transgenres. Pas si évident que cela en Roumanie, où le VIH reste tabou. En ce jour de visite, seules treize personnes sont inscrites. Mais pas question qu’un journaliste leur parle. « Ce sont des populations extrêmement stigmatisées, il nous a fallu un an pour les convaincre de venir se tester », se justifie Mihai Lixandru, coordonnateur de l’opération, qui déplore que « le sida intéresse juste quand il y a une manifestation LGBT, jamais quand il s’agit de faire de la prévention ».

Le taux de contamination chez les personnes homosexuelles est de 7 %, contre 0,1 % dans la population globale. Et cela ne devrait pas s’arranger. En 2020, le Parlement a voté une loi bannissant les études de genre dans l’enseignement. « L’éducation sexuelle, qualifiée de « Kamasutra » par les leaders religieux, a été bannie de l’école, au profit d’heures de religion », s’indigne Iulian Petre.

ARN messager

Source : SERONET

Prudence est le maître mot quand on parle de vaccins contre le VIH après plus de 30 années d’échecs et de déceptions. À ce jour, le seul essai concluant a été mené en en Thaïlande en 2009. L’essai RV144, montrait des résultats positifs avec un effet de protection autour de 34 %, un taux jugé très insuffisant.

Le 9 décembre dernier, les tous premiers résultats d’un essai clinique de vaccination contre le VIH, fondé sur la technologie de l’ARN messager, ont été publiés dans la revue scientifique Nature. Cet essai est mené conjointement entre le laboratoire Moderna, qui commercialise l’un des principaux vaccins contre la Covid-19, et l’Institut national des allergies et maladies infectieuses (NIAD) américain. Le vaccin s’est révélé sûr lorsqu’il a été administré à des macaques, et le risque d’infection par exposition a été diminué de 79 % déclarent les chercheurs-ses. Il réclame toutefois des améliorations, avant de pouvoir être testé sur les humains. « Malgré quasiment quatre décennies d’efforts de la communauté scientifique mondiale, un vaccin efficace pour prévenir le VIH reste un objectif insaisissable », a déclaré dans un communiqué, l’immunologue Anthony Fauci, co-auteur de l’étude et, par ailleurs, conseiller de la Maison-Blanche sur la crise sanitaire. « Ce vaccin expérimental à ARN messager combine plusieurs caractéristiques qui pourraient surmonter les défaillances d’autres vaccins expérimentaux contre le VIH, et représente ainsi une approche prometteuse », a ajouté Anthony Fauci.

Le vaccin a d’abord été testé sur des souris, puis sur des macaques rhésus. Ceux-ci ont reçu de multiples doses de rappel sur une période d’un an. Malgré de hautes doses d’ARN messager, le produit a été bien toléré, provoquant des effets indésirables modérés, comme la perte temporaire d’appétit. À la 58e semaine, tous les macaques avaient développé des niveaux d’anticorps détectables. À partir de la 60e semaine, les animaux ont été exposés chaque semaine au virus, via la muqueuse rectale. Puisque les primates ne sont pas vulnérables au VIH-1, qui infecte les humains, les chercheurs ont utilisé un virus différent, mais similaire, le VIH simien (SHIV). Après treize semaines, seuls deux des sept macaques immunisés n’étaient pas infectés. Mais alors que d’autres macaques non vaccinés ont développé la maladie après environ trois semaines, ceux immunisés ont en moyenne mis huit semaines. « Ce niveau de réduction de risque pourrait avoir un impact significatif sur la transmission virale », souligne l’étude. Le vaccin fonctionne en délivrant des instructions génétiques à l’organisme, provoquant la création de deux protéines caractéristiques du virus. Celles-ci sont ensuite assemblées pour former des particules pseudovirales (VLP en anglais), imitant une infection, afin de susciter une réponse du système immunitaire. Les scientifiques notent toutefois que les niveaux d’anticorps provoqués étaient relativement bas, et qu’un vaccin réclamant de multiples injections serait difficile à mettre en œuvre chez l’humain. Ils-elles souhaitent ainsi améliorer la qualité et la quantité de VLP générés, avant de tester le vaccin sur des humains. Prudence donc. Et patience.

Source : UNIVADIS

Depuis mars 2020, l’épidémie de COVID-19 s’est implantée dans le paysage sanitaire français. L’arrivée du nouveau coronavirus a réactivé d’anciennes peurs chez certains, et notamment les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). C’est le constat que tire un article synthétisant la nature des appels et des questionnements qui ont été exprimés par ces dernières lors des 91.203 appels reçus par Sida Info Service entre mars 2020 et mai 2021, dont 5.496 appels portaient sur le COVID-19.

Ainsi, près d’un appel sur deux était d’ordre psychologique : ils étaient surtout liés à la crainte d’une plus grande vulnérabilité face au nouveau virus ou à l’inquiétude sur la poursuite des traitements et des soins du VIH.

Ces appels ont été l’occasion de montrer que certains ont eu une rupture de leur suivi habituel ou n’ont pu réaliser les examens qui étaient planifiés. Certains mêmes ont eu des arrêts de traitement ; cela a notamment été le cas de français bloqués à l’étranger ou d’étrangers bloqués en France. Pour certains, la rupture du parcours de soins s’est prolongée, certains étant encore trop angoissés pour revenir dans le système de soins. Enfin, les personnes nouvellement contaminées ont pu être angoissées en l’absence de consultation ou de prise en charge rapide.

Sur le plan thérapeutique, plusieurs inquiétudes ont été exprimées : celles relatives à l’interaction entre l’infection COVID-19 et les traitements antirétroviraux, celles relatives au risque de rupture d’approvisionnement au vu de l’utilisation des antirétroviraux envisagée dans la lutte contre le nouveau coronavirus et celles relatives aux interactions possibles entre le vaccin et le traitement. Sans oublier une certaine colère contre une médecine à deux vitesses qui a permis de développer un vaccin anti-COVID-19 en quelques mois, tandis qu’aucun n’est encore disponible dans la lutte contre le VIH. Aussi les auteurs disent-ils avoir constaté pour certain un « repli sur soi, une peur de l’exclusion et de sérophobie ».

Campal M et al. Les personnes vivant avec le VIH et la Covid-19 sur les lignes de Sida Info Service. BEH n°20-21 (30 novembre 2021) 

russie et VIH

Source : RFI

À partir de ce mercredi 29 décembre, les étrangers qui arrivent en Russie pour y passer plus de 90 jours devront se faire dépister pour la tuberculose, la syphilis, le Covid-19, le VIH, les stupéfiants. 

À partir de ce mercredi 29 décembre, les étrangers qui arrivent en Russie pour y passer plus de 90 jours doivent se faire dépister pour la tuberculose, la syphilis, le Covid-19, le Sida et les stupéfiants. De nouvelles normes très contraignantes qui ont pour but officiel de renforcer la sécurité sanitaire de la population russe.

Avec le correspondant à MoscouJean-Didier Revoin

À l’heure où la planète vit dans la peur du Covid-19, ces nouvelles règles inquiètent le monde des affaires. « Bouclier sanitaire » : c’est ainsi que les autorités russes appellent la batterie de tests médicaux approfondis auxquels devront se plier les centaines de milliers de travailleurs étrangers actifs dans le pays.

Une perspective peu réjouissante pour Grégory, installé en Russie depuis dix ans: « Ma vie est ici. Tous les entrepreneurs comme moi qui sont installés en Russie vont bien devoir le faire. On n’a pas le choix. Je ne vais pas rentrer, fermer ma boutique et rentrer chez moi. »

En plus des analyses urinaires et sanguines, Grégory fournira donc aux autorités ses empreintes digitales, ainsi qu’une photo biométrique. Des contraintes qui inquiètent le milieu des affaires.

« Il est tout à fait clair que ça signifiera des coûts supplémentaires pour ces travailleurs étrangers », estime Tadzio Schilling, directeur de l’AEB, l’Association of European Businesses à Moscou.

Jusqu’à présent, ces tests étaient pratiqués une fois, lors de la demande de permis de travail ou de séjour et non tous les trois mois, comme l’exige un décret publié en novembre.

« On a développé des relations très constructives avec différents organes gouvernementaux russes, rappelle Tadzio Schilling. Et en l’occurrence, nous avons déjà reçu des signaux d’une sorte de compréhension des inquiétudes et qu’il y a une volonté de trouver une solution. »

En effet, le ministère de la Santé a précisé que ces tests ne seraient pas trimestriels, sans donner plus de détails. De son côté, l’AEB comprend le souci sanitaire des autorités, mais espère atteindre un compromis avant la fin de l’année.

exposition mucem

Source : SERONET

Christophe Broqua est socio-anthropologue, chargé de recherche au CNRS et membre de l’Institut des mondes africains (Imaf). Dès 1994, il a consacré son travail aux recherches sur les mobilisations collectives liées au VIH/sida et à l’homosexualité en France et en Afrique. C’est aussi l’un des commissaires de l’exposition « VIH/sida, L’épidémie n’est pas finie ! » au Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée). Pour Seronet, Christophe Broqua revient sur cette exposition unique en France. Entretien.

Comment est née cette exposition et quel a été votre rôle en tant que co-commissaire ?

Christophe Broqua : Je fais partie des trois personnes qui ont semé les premières graines à partir de 1994. J’étais documentaliste au Crips Île-de-France et, en même temps, inscrit en thèse en anthropologie. J’ai rencontré Françoise Loux [anthropologue, directrice de recherches au CNRS, ndlr] et Stéphane Abriol, que j’ai rejoint au sein du laboratoire du CNRS associé au Musée national des Arts et Traditions Populaires (ATP), l’ancêtre du Mucem, qui se trouvait alors au Bois de Boulogne, à Paris. Dès le départ, nous nous sommes interrogés sur le rôle possible d’un musée « de société » dans la lutte contre le sida. Cette réflexion a muri au fil des années, puis de 2002 à 2006 une collecte d’objets a été réalisée par Françoise et Stéphane, qui a permis de réunir plus de 12 000 pièces liées à la lutte contre le sida. Le travail sur l’exposition au Mucem a vraiment commencé en 2016 et dès le départ j’ai fait partie des membres du « comité de pilotage » qui sont devenus les commissaires. Mes recherches d’anthropologue avec, entre autres, une thèse sur Act Up-Paris (1), m’ont donné une certaine connaissance des enjeux liés à la lutte contre le sida, aussi bien en France et aux États-Unis qu’en Afrique.

Le processus de travail sur cette exposition a duré plusieurs années et mobilisé des dizaines d’acteurs-rices notamment associatifs-ves. Quels ont été les challenges d’un tel chantier ?

Sandrine Musso, qui est décédée en août 2021, a eu un rôle crucial dans la construction de cette exposition et la coordination entre le Mucem, les différents-es commissaires et le « comité de suivi ». Inviter des personnes concernées à venir travailler à la construction d’une exposition n’est pas une pratique habituelle dans un musée. Sandrine avait une réelle connaissance de la lutte contre le sida à Marseille et ailleurs et aussi une relation, sincère et excellente, avec les associations. On avait un désir d’accueil le plus large possible et l’exigence de ne pas se retrouver dans un « entre soi ». Nous avons organisé des réunions du comité de suivi ainsi que six journées d’étude. L’idée était de constituer un collectif libre, vivant et participatif et je crois que, dans l’ensemble, nous y sommes arrivés même si la tâche n’a pas toujours été simple. Certaines personnes sont parties, d’autres avaient du mal à trouver leur place. Il a fallu les rassurer et les motiver à rester et participer.

L’exposition et le catalogue qui l’accompagne donnent une très grande visibilité à l’histoire et aux objets d’Act Up-Paris au détriment d’autres associations historiques comme Vaincre le Sida (VLS), AIDES, Arcat ou Actions Traitements. Pourquoi ce choix ?

Ce n’est pas forcément un choix prémédité. D’abord, Act Up a fait plusieurs dons énormes de ses archives au Musée national des arts et traditions populaires puis au Mucem tandis qu’une bonne partie des archives de AIDES, par exemple, se trouvent aux Archives nationales. Ensuite, il faut savoir que beaucoup d’anciens militants d’Act Up ont participé au comité de suivi dont Tom Craig qui a fait don de l’intégralité de ses archives photos au Mucem. Et puis, l’identité visuelle d’Act Up est immédiatement reconnaissable, ce qui n’est pas forcément le cas des autres associations dont la présence est donc moins directement perceptible dans l’exposition. Dans le rond central, dans la partie sur la communication en direction des gays, presque toutes les affiches et flyers sont de AIDES, par exemple, mais il faut s’approcher pour voir le logo alors que les affiches d’Act Up sautent aux yeux de par leur identité graphique. Par ailleurs, il y avait aussi un consensus sur le fait que les visuels les plus puissants dans les années 90 étaient ceux d’Act Up. Enfin, il ne faut pas sous-estimer l’effet du film 120 Battements Par Minute (2) qui a créé un désir fort lié à l’histoire et au mythe d’Act Up-Paris. Mais nous avons en même temps cherché à faire apparaître dans l’exposition le plus d’associations possible.

En 2017, dans un billet de blog sur Mediapart, vous écriviez : « Les hommages rendus à 120 BPM, et par la même occasion à Act Up, apparaissent dès lors comme une forme de rachat collectif, lié chez certains au sentiment, peut-être un peu coupable, d’être passé à côté de l’histoire ».

Au moment de la sortie du film, d’anciens militants se sont, en effet, interrogés sur cette reconnaissance après coup alors que l’association s’est faite malmenée pendant des années. Aimer Act Up aujourd’hui, ça n’a pas le même sens que l’avoir soutenue pendant les années 90. Le Act Up d’aujourd’hui est devenu un mythe qui a perdu un peu de son côté menaçant. En réalité, compte tenu du nombre d’archives à notre disposition et du fait que l’association a abordé toutes les questions liées au VIH/sida, la place d’Act Up dans cette expo aurait pu être encore plus importante, mais nous avons été vigilants à réduire sa place au fur et à mesure pour ne pas effacer les autres associations. Il y a eu des choix déchirants à faire, mais c’est le propre du travail de commissaire d’une exposition. Nous avons aussi fait attention à la place des minorités dans cette exposition afin que les communautés les plus exposées soient toutes représentées. Il fallait, à la fois, reconnaitre l’engagement massif de la communauté gay sans invisibiliser d’autres minorités qui avaient moins de ressources, moins de légitimité sociale ou politique et moins d’accès à la parole publique.

Quels sont les trois objets qui vous ont le plus marqué dans cette exposition et pourquoi ?

Il y en a beaucoup plus mais je peux en présenter trois. Le premier est une photo datant de 1996, prise par Christian Poveda, de Sophie, une militante d’Act Up-Paris, qui tient dans sa main un badge sur lequel est écrit « Personne ne sait que je suis séropositive ». C’est une femme que j’ai connue et beaucoup appréciée. Cette photo est emblématique du combat pour la visibilité des personnes vivant avec le VIH et l’enjeu du dévoilement de la séropositivité dans l’espace public. Mon second, ce sont les huit flyers de AIDES sur la réduction des risques sexuels destinés aux gays qui n’utilisaient pas de préservatif. Ils ont été réalisés par AIDES Provence-Alpes-Côte d’Azur en 2001. Bruno Spire les a présentées lors de l’une des journées d’étude préalables à l’expo. À l’époque, Act Up-Paris et Didier Lestrade étaient en pleine guerre contre le bareback [rapports sexuels sans préservatif, ndlr] et ils ont beaucoup critiqué ces flyers qui ont fini par être retirés. Mon avis est qu’Act Up a paralysé un tournant possible de la prévention du VIH chez les gays pendant des années en voulant bloquer cette approche sur la réduction des risques sexuels. Mon troisième choix est une photo de Gideon Mendel prise en juillet 2000 lors de la 13e Conférence internationale sur le sida à Durban, en Afrique du sud. On y voit des activistes sud-africains noirs de la Treatment Action Campaign qui manifestent pour l’accès aux traitements VIH dans les pays du Sud. Cette photo, pour moi, représente une sorte de passage de flambeau entre les activistes du Nord et ceux du Sud.

Que va devenir le fonds exceptionnel sur le VIH/sida de plus de 12 000 pièces géré par le Mucem ? Un lieu de mémoire permanent est-il envisagé ?

Quand on entre un objet dans la collection du Mucem, il appartient au musée. Ces objets pourront être mobilisés dans d’autres expositions du Mucem ou prêtés à d’autres musées, mais ils ne pourront pas faire partie d’un lieu de mémoire permanent. Le fait de les garder au Mucem garantit leur pérennité car il y a des règles de conservation très strictes ainsi en quelque sorte que leur entrée dans la mémoire nationale, mais cela ne permet pas une mémoire vive malheureusement. Les personnes ou structures qui font dons d’objets à un musée en sont dépossédées. En revanche, pour ce qui concerne précisément la collection sur le VIH/sida, une « collection bis » a été constituée avec des objets qui existaient en double et qui peuvent être sortis et utilisés ailleurs.

Quels sont vos projets ? Où en est votre travail sur la lutte contre le VIH/sida en Afrique de l’Ouest ?

De 1994 à 2003, j’ai travaillé sur ma thèse qui traite principalement d’Act Up et de façon parallèle, j’ai enquêté sur la question des mobilisations dans la lutte contre le sida. Lors d’un voyage au Mali, à Bamako, en 2002, une amie m’a fait découvrir le milieu de la nuit gay local et underground et j’ai décidé par la suite de travailler sur la question de l’homosexualité et du VIH en Afrique. Mon projet, à terme, est de compiler ces vingt années d’enquête sur les formes sociales et politiques de l’homosexualité au Mali, en Côte d’Ivoire et au Sénégal et d’en faire un livre. Parmi mes dernières publications, je tiens à citer un ouvrage collectif que j’ai dirigé intitulé Se mobiliser contre le sida en Afrique : sous la santé globale, les luttes associatives (L’Harmattan, 2018). Par ailleurs, en 2021, j’ai dirigé avec Monia Lachheb et Sandrine Musso un dossier spécial « Face au VIH/sida » de la revue L’Année du Maghreb (n° 25, lien).

Propos recueillis par Fred Lebreton

(1) : Agir pour ne pas mourir ! Act Up, les homosexuels et le sida, Presses de Sciences Po, 2005.
(2) : 120 Battements par minute est un film coécrit et réalisé par Robin Campillo, sorti en 2017. Le film revient sur une période cruciale de la lutte contre le VIH/sida au début des années 90 avant l’arrivée des trithérapies, en suivant un groupe d’activistes d’Act Up-Paris.