La transmission périnatale du VIH a baissé de façon majeure dans les pays développés avec un taux actuellement de l’ordre de 1 %. Cette réduction est due aux mesures de prévention, dépistage pendant la grossesse, traitement antirétroviral puis prophylactique pour le nouveau-né à base de zidovudine (AZT). Cependant, la transmission reste possible du fait d’un diagnostic tardif ou d’un contrôle viral médiocre caractéristiques des situations à haut risque. Les recommandations préconisent dans ces cas l’administration aux nouveau-nés de 2 ou 3 médicaments antirétroviraux pour diminuer davantage le risque de transmission qui est de l’ordre de 10 % avec l’AZT seul. Un essai randomisé a montré qu’il y avait en effet une diminution supplémentaire du risque en comparaison de l’utilisation de l’AZT uniquement. Le problème est celui de la toxicité hématologique d’un tel traitement.
Une étude prospective espagnole a réuni les cas des femmes enceintes VIH + observées jusqu’à l’accouchement et de leurs enfants, suivis dans 9 hôpitaux à partir de 2000. En décembre 2019, la cohorte comptait 1 498 paires mères-enfants. Les enfants nés à Madrid ont été classés en 2 groupes : A ceux qui avaient reçu au moins 2 médicaments antirétroviraux dans les 24 h suivant la naissance et B ceux traités par l’AZT seul. Les informations sur le traitement antirétroviral maternel pendant la grossesse, la charge virale plasmatique et le taux de CD4 pendant le dernier trimestre et à l’accouchement ont été obtenues. Une charge virale inférieure à 50 copies/mL a été considérée comme indétectable. Les femmes ont été jugées avoir eu une bonne adhésion à la surveillance si elles avaient eu 3 consultations anténatales ou plus. Les enfants ont été suivis au moins jusqu’à un an et l’évolution évaluée sur 3 périodes, de la naissance à J 13, de J 14 à J 49 et de J 50 à J 120. Ils ont été considérés comme non infectés en cas de PCR-RNA négative à 2 reprises dont l’une à partir de 3 mois. Les enfants avec 2 PCR positives ou la persistance d’anticorps au-delà de 18-24 mois ont été classés comme infectés.
Pas plus d’anémies que sous AZT seul
Le diagnostic d’infection maternelle a été posé au cours de la grossesse dans 72 cas (36,4 %), intra-partum ou post-partum dans 31 cas (15,7 %). Au total, 227 nouveau-nés (prématurés 33,3 %, jumeaux 7 cas) ont reçu un traitement combiné, triple dans 149 cas (65,6 %), (AZT, névirapine, lamivudine 146/149 cas) principalement en traitement court (≤ 14 jours). Dans cette cohorte A, le taux de transmission a été de 3,5 % (intervalle de confiance à 95 % IC 1,13-5,92 %). Après prise en compte du taux d’hémoglobine en fonction du terme et de l’âge post-natal, les nourrissons du groupe A ont développé une anémie en proportion comparable à ceux du groupe B (26,1 % vs 19,4 %, P = 0,14), résolutive spontanément dans la plupart des cas ; la prise d’AZT par la mère a été associée à davantage de cas d’anémies. La neutropénie était plus fréquente de J 50 à J 120 en comparaison des périodes précédentes (21,4 % vs 10,9 %, P<0,01), sans différence entre A et B. L’ALAT était augmentée les 15 premiers jours dans la cohorte A : 34 % des cas vs 5 % dans la B : 5 % (P < 0,01) puis ultérieurement dans 5 % des cas dans les 2 cohortes.
En conclusion, le traitement anti-VIH triple des nouveau-nés de mères à haut risque de transmission périnatale parait efficace avec un minimum d’effets secondaires.
Le directeur général de l’AP-HP signe un protocole local de coopération permettant des « consultations infirmières » de suivi des personnes séronégatives à haut risque d’acquisition du VIH et sous traitement de Pré ExPosition (PrEP) au virus. L’objectif ? Elargir l’accès à la PrEP afin de répondre à la demande et réduire le nombre de nouvelles contaminations par le VIH. Une manière, aussi, de fidéliser les professionnels en valorisant leurs compétences et en leur offrant des perspectives.
A chaque étape de l’écriture de ce protocole, l’équipe a évalué tous les risques du processus et établi des barrières de sécurité.
La PrEP, qui consiste en l’utilisation préventive d’antirétroviraux par des personnes séronégatives très exposées au VIH, a démontré son efficacité pour réduire le risque de contamination par le VIH. Le directeur général de l’AP-HP Martin Hirsch a signé, le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le Sida, au sein du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis, un protocole local de coopération (rédigé par les équipes des services des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Avicenne et de l’hôpital Saint-Louis), qui permet désormais le suivi des personnes séronégatives à haut risque d’acquisition du VIH et sous traitement de Pré ExPosition (PrEP) au VIH par les infirmiers.
Pour élaborer un tel protocole, il faut s’assurer qu’il réponde à une question de santé publique, ce qui était le cas puisqu’on avait une file importante de patients ‘PrEPeur’ (c’est-à-dire ‘sous PrEP’, dans le jargon), confie Amélie Galidie, Cadre Supérieure de Santé et coordinatrice de l’élaboration du protocole de coopération. « L’idée était de mieux répondre à une demande d’accès à la PrEP, en constante augmentation, dans un contexte d’incidence toujours élevée des contaminations au VIH.
Qualité et sécurité des soins en fil rouge
La qualité et la sécurité des soins étaient vraiment notre fil rouge, souligne Amélie Galidie. Ainsi, à chaque étape, nous avons évalué tous les risques du processus et établi des barrières de sécurité, explique-t-elle, énumérant notamment la nécessité pour l’infirmier d’avoir exercé 2 ans minimum dans un service de prévention ou de maladies infectieuses, une formation théorique de 42h, ainsi qu’une formation pratique (à raison de 30 consultations : 10 en observation avec le médecin, 10 en binôme médecin/infirmier et 10 en supervision). L’équipe a par ailleurs élaboré plusieurs outils pour guider l’infirmier lors de sa consultation : grille de suivi des questions à poser avec les alertes à faire au médecin délégant, des outils pour aider l’infirmier à analyser des résultats de bilan biologique, ou encore une aide à la prescription de traitements en cas d’IST, ainsi que, pour le maintien des compétences, un nombre minimal de consultations annuelles effectuées par le délégué ainsi que des évaluations des pratiques professionnelles trimestrielles.
Il s’agit d’un protocole d’envergure par l’importance du nombre d’actes dérogatoires d’une part, mais aussi parce qu’on l’a conçu afin qu’il puisse être utilisé dans toutes les structures autorisées à délivrer ou renouveler la PrEP – Amélie Galidie.
Protocole d’envergure avec un grand nombre d’actes dérogatoires
Concrètement, le protocole prévoit que la consultation initiale de délivrance de la PrEP, la consultation à un mois ainsi que les consultations de suivi annuel restent réalisées par le médecin délégant. Les infirmiers et les infirmières, après une formation spécifique théorique et pratique effectuent les consultations trimestrielles de suivi.
Il s’agit d’un protocole d’envergure, assure Amélie Galidie : par l’importance du nombre d’actes dérogatoires d’une part, mais aussi parce qu’on l’a conçu afin qu’il puisse être utilisé dans toutes les structures autorisées à délivrer ou renouveler la PrEP (établissements de santé, Centre Gratuit d’Information de Dépistage et de Diagnostic (CeGGID), ou encore équipes de soins primaires.
Parmi les actes dérogatoires, les infirmiers prescrivent de la PrEP au vu des examens biologiques et de l’interrogatoire du prépeur, précise Bénédicte Loze, Infirmière de recherche clinique au sein des consultations des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis qui a mené ce projet avec son homologue infirmière de l’hôpital Avicenne Delphine Leclerc. On va également pouvoir prescrire des antibiotiques contre les Infections Sexuellement Transmissibles, ce qui représente pour les infirmiers une véritable montée en compétences, se réjouit-elle. (En effet la primo prescription d’antibiotique est un acte rare). Par ailleurs, les infirmiers assureront la mise en avant de leur rôle de prévention pour le VIH mais aussi par exemple, pour l’hépatite C ou encore dans le dépistage d’éventuelles addictions (et l’orientation des patients vers d’autres professionnels de santé). Les infirmiers se chargeront également de la prescription de vaccins (hépatite A, B) dans le cadre de la mise à jour du calendrier vaccinal des patients, confie Bénédicte Loze, qui voit dans ces consultations infirmières une manière d’élargir le champ de compétences des infirmiers, non seulement à l’hôpital, mais partout où l’on prescrit de la PrEP.
Vers une autorisation nationale d’application ?
Ce protocole de coopération sera déployé dans au moins 11 structures de soins de l’AP-HP autorisées à délivrer ou à renouveler la PrEP, au 2e trimestre 2022, précise Bénédicte Loze, qui, déjà, se projette dans ses nouvelles missions. On a déjà fait ce qu’on appelle un guide de consultation, explique-t-elle, c’est-à-dire tout un déroulé de la consultation pour qu’elle soit menée à bien.
Après sa mise en place locale, l’objectif visé est d’obtenir une autorisation nationale d’application pour permettre à tous les établissements de santé de France, aux CeGGID (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic) et aux équipes de soins primaires de le mettre en place.
Je fais partie de celles qui ont connu le VIH au tout début (puisque j’ai été diplômée en 1989), et c’est formidable, aujourd’hui, de pouvoir améliorer la qualité de vie des patients sero négatif à haut risque de contamination- Bénédicte Loze, infirmière.
Attractivité et évolution de carrière pour les infirmiers
Les protocoles de coopération entre professionnels de santé ouvrent à des personnels paramédicaux certaines activités jusqu’alors exercées uniquement par des médecins. Ils offrent ainsi aux personnels paramédicaux des possibilités en termes d’attractivité et d’évolution de carrière ainsi que des compétences accrues et permettent aux médecins de se centrer là où leur plus-value est la plus grande : libérer du temps médical pour les prises en charge complexe.
Je fais partie de celles qui ont connu le VIH au tout début (puisque j’ai été diplômée en 1989), confie Bénédicte Loze, et c’est formidable, aujourd’hui, de pouvoir améliorer la qualité de vie des patients sero négatifs à haut risque de contamination. L’infirmière se dit vraiment heureuse, après plus de 3 ans de travail (le Covid et un changement de la réglementation en vigueur en 2019 ont quelque peu retardé le projet), que la mise en place de ce protocole ambitieux aboutisse enfin. C’est une manière de valoriser notre travail et nos compétences. C’est très important pour moi.
Quelques chiffres
Entre 5 000 à 6 000 nouvelles infections par le VIH sont diagnostiquées chaque année en France, avec près de 50% des cas en Ile-de-France.
La prévention de l’infection VIH repose sur des moyens combinés : le préservatif, le dépistage, le traitement post- exposition (TPE), le traitement précoce des personnes infectées par le VIH et la Prophylaxie Pré-ExPosition (PrEP).
A ce jour, en France, seulement 26 000 personnes en bénéficient.
FC : Pour les personnes séropositives, l’année 2022 commence avec une innovation thérapeutique importante : le traitement par injection bimestrielle. En France on estime que 180 000 personnes sont « contaminées » dont 25 000 qui ignorent leur séropositivité. Depuis le 21 décembre, pour les personnes qui vivent avec le VIH, un nouveau traitement est disponible et remboursé à 100% par la sécurité sociale. Il s’agit d’une bithérapie injectable, tous les deux mois, avec deux antirétroviraux que l’on connaît bien : une piqûre de Cabotégravir dans une fesse, et dans l’autre, une de Rilpivirine. Des études cliniques ont montré que pour contrôler la charge virale des patients cela fonctionnait aussi bien que la prise quotidienne de comprimés. Cette innovation est une avancée majeure pour la qualité de vie des patients, mais aussi une carte de plus dans la lutte contre le VIH.
Hugues Fischer est représentant d’association au groupe TRT-5 CHV et l’ancien président d’Act Up-Paris.
HF : Ce qui se passe, c’est très simple, c’est que depuis 35 ans qu’on a commencé à utiliser les premiers antirétroviraux, ce qui s’est passé c’est essentiellement que les gens ont fini par se trouver avec un traitement qui s’est progressivement allégé, mais qui était en général quotidien et par voie orale. Et donc l’industrie pharmaceutique s’est dit « et si on pouvait faire mieux, c’est-à-dire alléger la charge d’un traitement à très long terme en essayant d’avoir des formes qui persistent beaucoup plus longtemps, c’est-à-dire pour lesquelles on a moins de prises ? ». Et donc le premier vient d’être utilisable de manière standard en France. La chose c’est qu’on est au tout début de l’histoire et, en fait, c’est le premier produit à mis sur le marché. Il va y avoir d’autres choses. Pour arriver à faire des longues durées d’action, l’industrie cherche toute sorte de pistes dont une qui est des implants à diffusion lente. Là il s’agit de changer l’implant une fois par an. Nous, dans les associations et au groupe TRT-5, on a surtout plaidé pour que ce genre de produit soit vraiment utilisable et vraiment mis à disposition, parce que ça facilite la vie des gens, notamment des gens qui ont éventuellement des difficultés pour garder leurs médicaments, des difficultés d’accès au soin, des gens dans des situations précaires, etc. parce que là ils ont juste à faire une injection et ils sont tranquilles pendant un moment. Ils n’ont pas besoin de conserver des médicaments avec eux. Disons que ça simplifie la vie des gens, même si, par ailleurs, les injections il faut les faire. Évidemment, plutôt que de prendre des comprimés tous les jours, c’est pas mal.
FC : Il est toujours important de rappeler que quelqu’un traité avec des antirétroviraux cesse d’être infectieux.
HF : C’est surtout ça qui est important. Et là, pour le coup, disons que ça simplifie la vie des gens notamment parce qu’on assure une constance des traitements à coup sûr. Et donc immanquablement, on assure un résultat thérapeutique et une suppression de la charge virale à coup sûr.
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Après avoir élaboré l’un des principaux vaccins contre le Covid-19, les labos américain et allemand ont annoncé mercredi plancher sur un vaccin contre la réactivation du virus de la varicelle.
Les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech, alliés dans le développement d’un des principaux vaccins contre le Covid-19, ont annoncé mercredi une nouvelle collaboration pour développer un vaccin à base d’ARN messager (ARNm) contre le zona. L’accord porte sur «la recherche, le développement et la commercialisation» du vaccin, indique un communiqué des deux entreprises qui précise que «les essais cliniques devraient commencer dans la seconde moitié de 2022».
«Les adultes de plus de 50 ans ainsi que les populations vulnérables, comme les patients atteints de cancer, présentent un risque accru de zona. Notre objectif est de développer un vaccin à ARNm avec un profil de sécurité favorable et une efficacité élevée», explique Ugur Sahin, président de BioNTech, cité dans le communiqué.
Depuis 2018
La collaboration entre le géant pharmaceutique américain et la biotech allemande avait débuté en 2018 par un projet de vaccin contre la grippe, toujours en cours. Ce programme avait été supplanté en 2020 par l’apparition du nouveau coronavirus qui avait conduit les deux entreprises à développer en un temps record le premier vaccin à ARN messager approuvé contre le Covid-19.
Tuberculose, VIH, malaria, grippe ou même cancer
La technologie innovante de l’ARN messager n’a pour l’instant pas été appliquée pour d’autres virus que le Covid-19 mais elle est considérée comme prometteuse dans la lutte contre de nombreuses maladies. Plusieurs projets de vaccins à base d’ARN messager, contre la grippe ou le VIH, sont en cours de développement.
Le laboratoire BioNTech, pionnier dans la recherche sur cette technologie, travaille de son côté sur des vaccins contre plusieurs maladies dont la tuberculose, le paludisme et certains cancers.
Une infection habituellement bénigne mais douloureuse
Le zona est la manifestation d’une réactivation du virus de la varicelle, le plus souvent chez les adultes âgés de plus de 50 ans. Après la varicelle, le virus reste en sommeil dans les cellules nerveuses humaines et peut se réactiver plus tard dans la vie, en raison d’un facteur déclenchant tel que le stress ou l’immunodépression.
Habituellement bénigne, cette infection localisée peut entraîner l’apparition de plaques douloureuses.
Bien qu’il existe actuellement des vaccins approuvés contre le zona, les deux laboratoires estiment qu’il est possible de mettre au point un vaccin amélioré, plus efficace et mieux toléré, grâce à la technologie ARNm.
Afin d’assurer la continuité de traitement des patients traités jusqu’alors dans le cadre d’autorisation d’accès compassionnel (AAC) par lenacapavir , la formulation comprimé est mise à disposition en relai et à titre exceptionnel à la posologie de 300 mg x1/semaine.
Par conséquent :
aucune AAC de lénacapavir, injectable ne sera octroyée en initiation ou en renouvellement;
aucune AAC de lénacapavir, comprimé ne sera octroyée en initiation ;
des demandes de renouvellement d’AAC de lénacapavir comprimé devront être faites pour les patients actuellement traités par lénacapavir.
Prescription restreinte aux médecins expérimentés dans la prise en charge de l’infection par le VIH.
Consulter la Brochure investigateur disponible auprès du laboratoire.
Faire une demande d’AAC (autorisation d’accès compassionnel)
Que se passe-t-il avec islatravir, la nouvelle molécule à longue durée d’action du laboratoire Merck (MSD) ? Le 13 décembre dernier, le laboratoire pharmaceutique a annoncé une pause dans tous les essais qui contiennent cette molécule, que ce soit en traitement VIH ou en Prep. Explications.
De nombreux essais en cours avec islatravir
L’islatravir est le premier inhibiteur nucléosidique de la translocation (INTTI) à être développé pour le traitement de l’infection par le VIH. Cette molécule a la capacité de persister longtemps dans l’organisme, c’est pourquoi elle est développée pour des prises espacées, tant comme traitement préventif (Prep, TPE) que comme thérapie pour les personnes vivant avec le VIH. En Prep, la molécule est étudiée en prise orale mensuelle et sous forme d’implant annuel sous-cutané. En traitement VIH, islatravir est étudiée en bithérapie associée avec la doravirine (Pifeltro) sous forme de comprimés quotidiens. Par ailleurs, en mars 2021, les laboratoires Gilead et Merck (MSD) ont annoncé un partenariat pour combiner leurs molécules respectives le lénacapavir et l’islatravir, afin de permettre l’administration moins fréquente d’un traitement par voies orale ou injectable. Le collectif TRT-5 CHV a listé toutes les études cliniques avec islatravir.
Baisse des CD4
Alors que beaucoup d’espoirs reposent sur cette nouvelle molécule, le 13 décembre dernier, le laboratoire annonce dans un communiqué que tous les essais cliniques contenant l’islatravir sont en pause sur demande de la FDA (Food and Drug Administration, l’agence américaine du médicament) . Cette décision intervient après le constat d’une lymphopénie (taux anormalement bas des lymphocytes CD4, cellules jouant un rôle immunitaire important) que ce soit dans le cadre d’un traitement anti-VIH ou en Prep. À ce jour, aucun nouvel essai avec cette molécule ne peut être initié, ni poursuivi et tous-tes les participants-es des essais ont arrêté de prendre l’islatravir et sont sous surveillance pour voir si leur nombre de CD4 remonte. Seule exception, les personnes qui faisaient partie des essais de switch avec la bithérapie en comprimés quotidiens islatravir/doravirine (Pifeltro) qui continueront ce traitement avec une surveillance accrue des CD4, mais l’essai n’inclura pas de nouveaux-lles participants-es.
En ce qui concerne l’étude de phase 2 évaluant l’association islatravir/lenacapavir en prise orale, MSD a confirmé la décision conjointe des deux firmes concernées (Merck et Gilead) de son arrêt.
Une posologie différente ?
« Nous n’avons pas une explication totale à ce stade », explique le Dr Michael Robertson (Merck) dans un entretien avec le site d’infos Aidsmap : « La baisse des CD4 est inquiétante, mais le profil de sécurité global d’islatravir est vraiment excellent alors on ne va pas tout abandonner avant d’avoir tout fait pour comprendre ce qui s’est passé et voir si nous pouvons aller de l’avant. Mais cela va prendre du temps (…). Quel est le mécanisme ? C’est la grande inconnue. Nous avons des hypothèses, mais pas une compréhension nette de ce qui s’est passé », précise le Dr Robertson. Et d’ajouter : « Une fois que le mécanisme et son lien avec le dosage de la molécule sera plus clair, il sera envisageable de reprendre le développement d’islatravir, peut être avec une posologie différente ». Affaire à suivre.
Quel est le niveau d’efficacité des vaccins contre la Covid-19 chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) un an après le début des campagnes de vaccination ? Le magazine américain Poz a fait le point sur les dernières études. Des données rassurantes même si certaines personnes ne répondent pas aussi bien que d’autres. Explications.
Premier point important à rappeler : les vaccins anti-Covid-19 sont sans danger pour les PVVIH. Face à un flot continu de rumeurs et de fausses informations véhiculées via les réseaux sociaux par les « vaccino sceptiques », l’Onusida avait publié un communiqué en janvier 2021, sans ambiguïté, intitulé : « Les vaccins contre la Covid-19 sont sans danger pour les personnes vivant avec le VIH ». « Toutes les informations indiquent que les vaccins contre la Covid-19 en cours de développement ou autorisés par les agences de santé sont sans danger pour la grande majorité de la population, y compris pour les personnes vivant avec le VIH », soulignait le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida.
Les premières données concernant la réponse immunitaire des PVVIH suite à une infection du Sars-CoV-2 (virus responsable de la Covid-19) ont été présentées en juillet 2021 lors de la 11e édition de l’IAS, la conférence internationale scientifique sur le VIH. Une étude a comparé deux groupes de personnes qui ont contracté le Sars-CoV-2 et qui en ont guéri. Dans le groupe des PVVIH sous traitement antirétroviral (ARV), 73 % des personnes avaient toujours des anticorps du Sars-CoV-2 détectables contre 94 % dans le groupe des personnes séronégatives. Les deux groupes avaient un niveau similaire de cellules immunitaires « mémoires » qui luttent contre le virus (lymphocyte B et T CD4).
Concernant l’efficacité des vaccins anti Covid, le Dr John Mellors de l’Université de médecine de Pittsburg (États-Unis) et son équipe, ont comparé la réponse vaccinale entre 107 personnes en bonne santé et 489 personnes immunodéprimées. Seulement, 37 % des personnes qui étaient receveuses de greffe et 55 % des personnes qui souffraient de leucémie ont produit des anticorps contre le Sars-CoV-2, tandis que 95 % des personnes vivant avec un VIH contrôlé en produisaient (un taux similaire aux personnes séronégatives en bonne santé). Une autre étude menée en Israël par la Dre Galia Rahav (Tel Aviv) et ses collègues, a comparé la réponse vaccinale anti Covid-19 entre 143 personnes vivant avec le VIH sous ARV et 400 personnes séronégatives au VIH. La plupart des PVVIH avaient une charge virale indétectable et un taux moyen de 700 CD4/mm3. Dans ce groupe, 98 % des personnes ont produit un taux d’anticorps similaire au groupe des personnes séronégatives après deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech. Les quatre PVVIH qui n’ont pas répondu au vaccin étaient plus âgées et avaient des comorbidités.
L’histoire récente de la vaccination a montré que certaines personnes vivant avec le VIH qui sont plus âgées ou qui ont un taux de CD4 inférieur à 200 CD4/mm3 répondent moins bien à certains vaccins et c’est le cas aussi pour les vaccins contre la Covid-19. Dans une étude présentée en octobre à l’European AIDS Conference (conférence européenne sur le sida), le Dr Andrea Antinori de l’Institut National des maladies infectieuses de Rome (Italie) et son équipe, ont comparé la réponse immunitaire provoquée par les vaccins Covid à ARN messager entre trois groupes de PVVIH : un groupe de 32 PVVIH avec un taux de CD4 inférieur à 200/mm3 , un autre avec 56 PVVIH avec un taux de CD4 entre 200 et 500/mm3 et un dernier groupe avec 78 PVVIH qui avait plus de 500 CD4/mm3. Toutes les personnes étaient sous traitement ARV. Un mois après la seconde dose de vaccin anti-Covid-19, seulement cinq personnes n’avaient pas développé d’anticorps contre le Sars-CoV-2, dont quatre qui avaient moins de 250 CD4/mm3. Le niveau de réponse immunitaire était manifestement plus faible chez les personnes dont les CD4 étaient inférieurs à 200 CD4/mm3. Enfin, une autre étude menée par la Dre Zabrina Brumme et son équipe de de l’Université de Simon Fraser (Canada) a analysé la réponse immunitaire des vaccins Covid-19 chez 100 personnes vivant avec le VIH de Vancouver, toutes sous traitement ARV, avec une charge virale indétectable et un taux moyen de 700 CD4/mm3. Après ajustement des données sur l’âge et les comorbidités, seules les personnes les plus âgées et qui souffraient d’une ou plusieurs maladies hors VIH avaient une moins bonne réponse immunitaire.
En conclusion, ces études montrent que la vaccination Covid-19 est très efficace chez les personnes vivant avec le VIH sous traitement efficace. Une attention particulière doit être portée chez les personnes immunodéprimées qui ont une charge virale détectable et des CD4 bas et qui répondent moins bien aux vaccins. Une Prep Covid-19 peut être une option pour les personnes qui ne parviennent pas à contrôler leur infection à VIH. Aux États-Unis, des anticorps monoclonaux et des pilules antivirales telles que le molnupiravir et le Paxlovid, sont prescrits chez les personnes immunodéprimées au début de l’infection à Sars-CoV-2 pour empêcher le développement d’une forme sévère de la Covid-19.
Dans une tribune commune publiée en janvier 2021, la Société française de lutte contre le sida (SFLS) et le collectif TRT-5 CHV demandaient que les personnes vivant avec le VIH et immunodéprimées soient priorisées dans le programme de vaccination contre la Covid-19.