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Source : RFI

En Ouganda, le ministère de la Santé estime qu’environ 1,4 millions de personnes sont séropositives dans le pays. Mais si le traitement est gratuit, beaucoup décident de ne pas prendre leurs médicaments. Peur des discriminations, déni de la maladie, dépression, les médecins doivent effectuer un vrai travail de sensibilisation pour s’assurer que leurs patients suivent bien leurs recommandations.

Tous les matins à 7h, même routine à son réveil, Kristina n’oublie jamais de prendre ses médicaments. « Je garde mes cachets tout en haut de mon armoire, pour qu’ils restent au frais, à l’abri de la chaleur. »

Séropositive depuis plusieurs années, son traitement a été difficile à accepter au début. Entre la dépression et la peur de la stigmatisation, elle a décidé pendant quelque temps de ne plus prendre ses médicaments.

« À un moment, j’ai voulu arrêter, et me laisser mourir. J’avais l’impression que même si je l’avais dit à ma famille, ils ne m’accepteraient jamais complètement. J’ai donc voulu arrêter mon traitement, mais j’ai réalisé que c’était pour ma vie, pour mon bien, donc j’ai repris parce que je me suis rendu compte que j’avais quelque chose à perdre », explique la jeune femme.

Dans une des cliniques du centre de Kampala, Immaculate attend ses médicaments. Testée positive quand elle était adolescente, elle a elle aussi d’abord refusé son traitement. Car dans son internat, impossible de se cacher de tous, le temps de prendre ses cachets.

« Mes camarades commençaient à se demander pourquoi j’allais toujours voir la surveillante, ils demandaient : « est-ce qu’elle est séropositive ? Qu’est-ce qui ne va pas chez elle ? » J’ai donc refusé de prendre mes médicaments pendant un moment, mais les remarques ont empiré, parce que sans mon traitement, des rougeurs apparaissaient sur ma peau ».

Éviter d’éveiller les soupçons

De nombreux séropositifs arrêtent de prendre leurs médicaments pour éviter d’éveiller les soupçons de leurs proches et garder leur statut secret. Mais l’arrêt du traitement pendant de longs mois a eu de lourdes conséquences pour Immaculate.

« Je suis devenue résistante au premier traitement, et j’ai dû changer pour le deuxième. C’est à ce moment que j’ai réalisé que le VIH était bien réel, et que je devais prendre mes médicaments si je voulais vivre. Parce que le troisième traitement n’est pas gratuit comme les autres en Ouganda, il est très cher ».

Dans la clinique, le Dr Lubega est tous les jours confronté à des patients séropositifs qui refusent leur traitement. Avec les nombreux conseillers qui travaillent avec lui, il essaie tant bien que mal de leur expliquer les conséquences de ce choix.

« Quand on oublie de prendre le traitement pendant un moment, les antivirus vont chuter fortement, et on risque de contracter le sida. Et tout sera encore plus compliqué : les patients positif au VIH ne peuvent pas le cacher, quand on a le sida, notre corps change et nos proches le remarque. On devient très maigre, et les autres devinent bien qu’on est malade »

En Ouganda, le ministère de la Santé estime que 5,6% de la population est séropositive.