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Source : Seronet

Selon une projection annoncée à la Croi, d’ici 2030, un quart des personnes vivant avec le VIH aux États-Unis auront plus de 65 ans et devront faire face à plusieurs comorbidités. Nous le savons : les personnes vivant avec le VIH ne sont pas toutes égales face au virus. Il en est de même pour la Covid-19. Le genre, l’âge, l’origine sociale et ethnique et les comorbidités sont autant de facteurs qui ont une influence sur les formes sévères et la mortalité liées à la Covid-19 et sur les complications liées au vieillissement avec le VIH. C’est ce qu’ont démontré plusieurs présentations lors de cette seconde journée de la Croi 2021, en édition virtuelle.

Deux virus, mêmes inégalités

En plénière de cette seconde journée de la Croi, le Dr James Hildreth (Nashville, États-Unis) est revenu sur les ressemblances frappantes dans les inégalités en santé pour les minorités ethniques face au VIH et à la Covid-19 aux États-Unis. Dans sa présentation, l’éminent immunologiste a rappelé qu’au tout début des années 1980, le VIH/sida était identifié comme une « maladie gay » avec tous les stigmates, l’homophobie et le déni du gouvernement républicain de l’époque (les années Reagan) qui allaient avec. En 1987, année où le président Reagan a prononcé le mot « sida » pour la première fois, il y avait 60 000 personnes infectées par le VIH aux États-Unis et on comptait déjà 28 000 morts. Entre 1985 et 1995, les diagnostics en stade sida ont augmenté de façon constante dans les communautés afro-américaines et hispaniques tandis qu’ils ont diminué chez les personnes blanches. Le dépistage trop tardif du VIH et un accès inégal à la santé peuvent expliquer cette disparité. Près de 40 ans après les premiers cas de sida identifiés (juin 1981), les minorités ethniques sont toujours touchées par le VIH de façon disproportionnée. Elles représentent aujourd’hui 55 % des nouvelles infections aux États-Unis en particulier chez les hommes gays et bisexuels noirs et latinos.

Pour la Covid-19, le déni politicien a été très similaire avec le président Trump (républicain, lui aussi) qui affirmait : « Tout est sous contrôle », au moment où le nombre de cas explosait aux États-Unis. En Chine, 70 % des personnes décédées des suites de la Covid-19 avaient une comorbidité, ce qui explique une mortalité plus élevée dans les minorités ethniques américaines où la prévalence des comorbidités est plus élevée (maladies cardiovasculaires, obésité, diabète, etc.), explique James Hildreth. Par ailleurs, les différences interethniques de mortalité liées à la Covid-19 sont importantes dans les États les plus pauvres des États-Unis avec, par exemple, dix fois plus de décès chez les Noirs-es comparés aux Blancs-hes dans le Michigan. « Ce n’est pas une exagération d’affirmer que la Covid-19 a été dévastatrice pour les personnes de couleur », déplore le Dr James Hildreth.

Pour lui, les facteurs clés de ces inégalités résident dans les déterminants sociaux de la santé : l’accès à l’éducation, aux soins de qualité, à un environnement de vie stable ou encore à des contacts sociaux et un statut économique. Il prend pour exemple les familles vivant dans des foyers multi générationnels avec des grands-parents qui vivent avec leurs enfants et petits-enfants dans des espaces exigus et qui sont très exposés à une forme sévère de la Covid-19 ou encore la surpopulation en prison où le taux de personnes noires et hispaniques incarcérées est largement supérieur.

L’immunologue poursuit sa présentation sur la sous-représentation des médecins noirs (5 % aujourd’hui alors que les personnes noires représentent 13 % de la population américaine) et la sous-dotation des médecins noirs dans les quartiers avec une forte densité de la communauté afro-américaine. « Il est nécessaire d’atteindre une équité dans l’accès aux soins en adaptant le système en faveur de ceux qui en ont le plus besoin », conclue le Dr James Hildreth. Ces deux épidémies doivent servir de plaidoyer pour combler le fossé entre les différentes populations afin que chacun-e puisse être traité-e en fonction de ses besoins. Pour cela, il faut une coordination entre les différentes institutions publiques.

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Source : Medscape

Si l’âge, l’hypertension, l’obésité ou le diabète sont des facteurs de risque connus et reconnus de développer des formes sévères du Covid-19, les maladies du foie sont, elles, peu évoquées dans le cadre de la pandémie actuelle, alors même que ces comorbidités sont fréquentes chez les porteurs maladie du foie gras (ou NASH). A ce titre, l’infection à Covid-19 représente une menace particulière pour les personnes atteintes de cette maladie, mais l’infection Covid – si l’on veut voir le bon côté des choses – peut aussi servir de révélateur d’une NASH chez un patient qui ignorerait en être porteur, a considéré le Dr Pascal Melin (CHG de Saint-Dizier) lors de la conférence de presse en amont de la 14ème Paris Hepatology Conference (PHC).

Cirrhose et NASH : un risque élevé pour les patients Covid +

Bien que peu évoqués, les liens entre Covid-19 et maladies du foie sont multiples et plus importants qu’on ne le pense. « D’une part, les anomalies hépatiques sont fréquentes chez les malades du Covid, et, à l’inverse, les personnes atteintes d’une cirrhose ou d’une NASH sont beaucoup plus nombreuses à développer des formes graves de Covid » a exposé le Pr Patrick Marcellin (hôpital Beaujon, Clichy). Et en effet, selon de nombreuses études concordantes menées dans le monde entier, les relations entre le Covid-19 et les maladies du foie pourraient être assez directes. D’un côté, les anomalies des tests hépatiques sont fréquentes chez les malades du Covid, bien plus que dans la population générale, et un lien net est établi entre la présence d’anomalies des tests hépatiques et la gravité de la Covid. De l’autre, le fait d’avoir une maladie chronique du foie expose à un risque de forme plus grave de Covid. Ce risque est particulièrement élevé pour les patients au stade de cirrhose et ceux qui sont atteints d’une NASH. Une étude internationale à grande échelle a ainsi évalué le risque de mortalité à 32 % pour les patients au stade de cirrhose, contre 8 % pour les patients atteints d’une maladie chronique du foie sans cirrhose (Herta T, BergT, to be published).

Par ailleurs, au sein des patients cirrhotiques, le Covid constitue un facteur de décompensation en lui-même. Le Pr Marcellin distingue « les patients avec une cirrhose silencieuse compensée (donc stable), chez qui le Covid-19 peut entrainer le premier épisode de complications, sous forme de décompensation, et qui sont susceptibles d’en mourir. Mais aussi, les patients qui présentent déjà une décompensation, comme les patients ascitiques. Chez eux, l’augmentation de la mortalité peut être facilement multipliée par 3 par l’infection Covid» assure-t-il.

 Infection Covid : une occasion de dépister les malades cachés

C’est chez les personnes atteintes d’une simple stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), ceux qui ont une maladie du foie liée à l’alcool ou un cancer du foie que le SARS-Cov-2 est le « plus mortifère », précise, de son côté, le Dr Pascal Melin. Le problème, selon lui, c’est que « les malades du foie sont non visibles dans l’épidémie de Covid. On parle d’obésité, d’hypertension, mais on ne parle pas des maladies du foie. L’épidémie de Covid-19 devrait faire prendre conscience de la fragilité des patients atteints de pathologies hépatiques – soit près d’un million de personnes, tous stades confondus ». Et de poursuivre : « Le Covid a permis de faire des diagnostics de cirrhose. Certains patients sont arrivés à l’hôpital avec des formes graves, et lorsque l’on s’est demandé pourquoi, on a découvert alors qu’ils avaient une cirrhose. C’est assez catastrophique de voir que c’est le Covid qui a permis de diagnostiquer la cirrhose ». Il n’empêche, Pascal Melin, préfère positiver, et considère que l’on pourrait faire en sorte que « l’épidémie de Covid soit, non pas un frein, mais un accélérateur du dépistage des malades « cachés » atteints de NASH ».

Ralentissement de la prise en charge et du dépistage

Car, frein il y a bien eu du fait de la pandémie, dont l’impact, plus indirect celui-là, a été un ralentissement de la prise en charge des maladies chroniques du foie, « entrainant un délai dans le suivi des malades qui ont besoin d’un dépistage de cancer du foie. Un relâchement risque fort de se traduire par une augmentation des cancers du foie et des décès dans les années à venir » a expliqué le Pr Marcellin. Ce que le Dr Pascal Melin a confirmé : « le Covid-19 a bloqué le parcours de prise en charge de la cirrhose. On a eu des catastrophes d’où la nécessité de sécuriser le parcours de soin et de ré-assurer les patients ».

Par ailleurs, en France, comme dans de nombreux pays, les actions de dépistage et de prévention dans le programme national de dépistage et de traitement des hépatites C et B ont été freinées, « ce qui risque, selon le Pr Marcellin, d’avoir des conséquences à moyen et long terme, avec des patients traités plus tard et donc qui s’aggravent plutôt que d’être guéris (dans le cas de l’hépatite C) par les traitements actuels ».

Quid de la vaccination contre le Covid-19 ?

Quid de l’accès préférentiel à la vaccination contre le Covid-19 pour les patients atteints de maladie hépatique ? La Haute Autorité de Santé (HAS) a actualisé ses recommandations de priorisation de la vaccination quel que soit l’âge début mars et les patients atteints de maladies hépatiques chroniques et en particulier de cirrhose font désormais partie des patients à vacciner en priorité. Cependant pour la NASH, la situation est plus complexe :  « La NASH n’étant pas dépistée, il est difficile d’inciter cette population à se faire vacciner, a jugé le Dr Melin, pour qui une des pistes de réflexion serait de dire « que toute personne en ALD, donc prise en charge à 100%, devrait être vaccinée prioritairement ».