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Source : Le Nouvelliste

La Covid-19 a affecté tous les programmes de lutte contre les maladies infectieuses en Haïti. De la rareté des médicaments contre la tuberculose au début de la pandémie à la difficulté pour des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) de se rendre dans les centres de santé, plus d’un craignait une recrudescence de ces maladies en cette fin d’année. Cependant, selon un rapport chiffré publié par le Programme national de lutte contre les IST/VIH/Sida, la situation n’est pas trop alarmante pour les PVVIH.

Malgré un financement revu à la baisse au fil des années, le Programme national de lutte contre le VIH/Sida a fait des efforts considérables pour réduire le plus possible la transmission de la maladie. L’objectif du pays pour arriver à contrôler cette maladie se résume à travers la règle des « 90-90-90 » à l’horizon 2020.

« À l’horizon 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique; 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement antirétroviral durable; 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée», avait recommandé le conseil de coordination du programme de l’ONUSIDA.

Si l’objectif n’a pas été atteint dans son intégralité en Haïti, le rapport chiffré du MSPP en la matière fait état d’une situation qui  s’améliore. « Au 30 septembre 2020, 79% des PVVIH connaissent leur statut, 95% des PVVIH connaissant leur statut reçoivent un traitement antiretroviral et, 85% des PVVIH sous traitement ont une charge virale durablement supprimée», peut-on lire dans ce rapport du MSPP.

Selon les enquêtes EMMUS, sérosentinelle du MSPP et IBBS, la prévalence du VIH dans la population haïtienne des 15 à 49 ans est de 2%, soit 2.3% pour les femmes contre 1.6% pour les hommes pour un total de 160 000 personnes. «Les plus fortes prévalences ont été signalées chez les femmes enceintes (3.2%); les professionnels de sexe (8.7%) et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (12.9%).»

Les données analysées en 2019 permettant de faire des estimations en 2020 rapportent que « sur les 160 000 PVVIH, le nombre de décès est estimé à 2 700.»

Pour les enfants de moins de 15 ans, environ 8 200 vivent avec le VIH. La couverture en ARV de ces enfants est estimée à 45%. Partant du mois d’octobre 2019 à septembre 2020, 577 000 personnes ont été testées pour le VIH, 18 645 se sont révélées positives. Parmi cette catégorie, 87% des femmes enceintes vivant avec le VIH sont placées sous ARV.

L’autre aspect de ce rapport qui attire l’attention, c’est la difficulté du pays à améliorer considérablement le pourcentage de rétention des patients placés sous traitement antirétroviral. À ce jour, seulement 79% des personnes restent sous ARV suivant le protocole de traitement.

La coïnfection tuberculose/VIH est assez redoutable dans le pays ; pour l’année 2020, 96% des patients tuberculeux ont été testés pour le VIH. Le taux d’incidence de la tuberculose chez les PVVIH est 19 pour 1000 avec un taux de positivité de 16% contre un taux de mortalité de 14%.

Si l’année 2020 a été difficile pour les différents programmes du MSPP, l’offre de services n’a pas diminué selon ce rapport du PNLS. « Il existe sur le territoire national 179 centres de dépistage du VIH, 143 centres offrant le service de prévention de la transmission de la mère à l’enfant et 165 centres de prise en charge aux ARV», peut-on lire dans le dernier bulletin informatif du programme de lutte contre le Sida.

Source : Agence d’Information d’Afrique Centrale

Invectivées, jugées à tort, humiliées parfois, les personnes atteintes du VIH-sida font souvent l’objet de discrimination au sein de leur famille et dans la société. Bravant les tabous, la honte et les décrépitudes, quelques-unes nous confient leur l’histoire, une manière aussi pour ces dernières de déculpabiliser face aux nombreuses critiques dont elles font face. Aussi réclament-elles plus d’indulgence et de clémence de la part de leur entourage.

« Les gens sont méchants à votre égard car, selon eux, les personnes atteintes du VIH-sida mènent une vie de débauche, or ce n’est pas toujours le cas. Ma sœur a été contaminée par son mari alors qu’elle était dans un foyer avec quatre enfants », a fait savoir Moundélé qui invectivait les personnes atteintes du VIH-sida avant que sa sœur ne soit diagnostiquée séropositive. « Aujourd’hui, je ne pointe plus les gens du doigt, j’ai vu la détresse de ma sœur, des amies qui lui ont tourné le dos, la honte qu’elle ressentait face à nous, les combats qu’elle a dû mener pour ne pas se laisser mourir, le regard malveillant des autres… Ce qui a fait qu’elle puisse changer de quartier, puis de ville pour réapprendre à vivre », a-t-elle ajouté, avant d’appeler à la clémence dans nos familles.

Stéphanie apprend sa sérologie à la mort de son mari, un deuil douloureux pour lequel, elle a toujours du mal à émettre des mots alors que cela fait plus de sept ans déjà. « Mon mari était atteint du VIH-sida et se faisait soigner à mon insu. Après sa mort, je suis tombée gravement malade et c’est là où j’ai découvert que j’étais séropositive. Tout s’écroulait autour de moi, je n’avais aucune envie de vivre, de plus je venais d’apprendre que j’étais enceinte. Alors j’en ai parlé à mes sœurs qui m’ont tout de suite rejetée, heureusement que ma mère était là, sinon je me suicidais », a fait savoir la jeune femme qui n’a pas souhaité gardé son enfant de peur que celui-ci subisse le rejet comme elle. Du côté d’Adeline, même si certains préjugés ont été dépassés, elle reste néanmoins sur ses gardes. Seul son cercle familial est au courant de sa maladie. « Même mes enfants ne sont pas au courant, je leur en informerai au moment opportun, mais pour le moment c’est mieux qu’ils restent dans l’ignorance surtout pour leur intégration à l’école », a lâché Adeline qui ne tient pas à ce que ses enfants soient rejetés comme elle.

Edmond, quant à elle, apprend sa sérologie il y a 11 ans alors qu’elle n’a que 17 ans, après un examen de routine à la suite d’une grave maladie. C’est au fil des jours qu’elle se rend compte de la gravité de sa maladie via les comportements et langage de ses proches. « A l’époque, je vivais chez une amie de ma mère et lorsque je commettais des erreurs, elle m’insultait et répandait la nouvelle dans le quartier. C’est à ce moment que j’ai voulu mettre fin à ma vie car je croyais qu’il ne me restait plus beaucoup de temps à vivre », a expliqué  la jeune femme qui continue de garder soigneusement son secret pour éviter les invectives, ou encore d’être jugée. L’acceptation de la maladie peut mettre beaucoup de temps et poussent certains séropositifs à « se venger ». « A la connaissance de ma séropositivité, j’étais en colère contre moi et j’ai sombré dans l’alcool. Puis inconsciemment, j’ai couché avec plusieurs hommes sans me préserver car j’en voulais à toute la Terre », a fait savoir cette dernière qui a dû changer de quartier lorsque son secret a été dévoilé par sa meilleure amie.

Il y a douze ans, Yolande dit Yoyo, la quarantaine à peine, apprend sa sérologie et à la naissance de son fils son mari lui demande de quitter la maison sans aucun ménagement. « C’était difficile, parce que nous étions un couple séro-discordant et j’ai vécu avec lui jusqu’au moment où j’ai accouché et un mois après mon accouchement, il m’a clairement dit que nous pouvions plus vivre ensemble », a informé la jeune femme. Séparée de son conjoint, avec un bébé dans les bras, la maladie et sans ressource financière, le monde s’écroulait pour Yoyo…Heureusement pour elle, son frère aîné était venu à sa rescousse. « J’ai eu beaucoup de chance car mon frère a fait en sorte que je ne me sente pas seule. Mais dans ma tête, je me disais qu’il ne me restait plus que quelques jours à vivre. J’ai aussitôt informée ma sœur, sauf mes parents parce qu’ils étaient âgés et je ne voulais pas les inquiéter » a-t-elle indiqué. Aujourd’hui, elle croque désormais la vie à pleine dent et reprend gout à l’existence même si cela n’a pas été facile.

Elles pourraient se marier peut-être un jour, ont-elles fait savoir, mais ce n’est pas une priorité. Pour l’heure, elles savourent avant tout leur nouvelle vie en s’occupant dignement de leur famille. Aussi, « il faut continuer à sensibiliser les jeunes et se battre pour faire cesser la stigmatisation ou les préjugés vis-à-vis des personnes atteintes du VIH-sida dans la société. C’est aussi par ce moyen qu’on pourra vaincre cette maladie vue que cela incitera les personnes atteintes à dévoiler leur sérologie », a expliqué Patrice, membre d’Azur développement Bouenza. Pour lui, malgré les sensibilisations, « les chiffres ne font que doubler malheureusement, atteignant la moyenne d’une contamination toutes les semaines ».

Berna Marty

 

Source : INFO-VIH

Le JAMA dans son édition du 14 Octobre 2020 publie la mise à jour des recommandations de l’IAS concernant la prise en charge thérapeutique et préventive vis-à-vis du VIH. Nous résumons ici les recommandations concernant le traitement préventif. Les auteurs rappellent la nécessité d’une approche globale afin de maximiser la prévention de la transmission du VIH, incluant la diffusion large du rationnel concernant le traitement antirétroviral immédiat ou précoce des personnes séropositives éliminant le risque de transmission sexuelle une fois que la charge virale est indétectable depuis 6 mois et que cette indétectabilité persiste.

Les préservatifs sont recommandés pour tous les actes sexuels avec pénétration génitale afin de prévenir d’autres IST. La recherche et le traitement des IST bactériennes, la circoncision médicale pour les hommes hétérosexuels (dans les zones d’épidémies généralisées) et les interventions de réduction des risques telles que les traitements de substitution aux opiacés et les services d’échange de seringues doivent être utilisés lorsqu’ils sont disponibles.

Concernant la PrEP pour la prévention du VIH, ils précisent qu’elle doit être discutée avec tous les adultes et adolescents sexuellement actifs et les usagers de drogues. La PrEP influe fortement sur la réduction de la transmission du VIH lorsqu’elle est mise en œuvre à grande échelle dans des populations à risque définies localement. L’identification des personnes à risque pour lesquelles le PrEP est recommandé nécessite des approches individualisées qui prennent en considération les risques passés et futurs. Ces populations comprennent, sans que cette liste soit limitative, les HSH, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des femmes, et ceux qui n’utilisent pas de préservatifs ; les transsexuels, les personnes dont les partenaires sont originaires ou proviennent d’un endroit où l’incidence du VIH est de 3 % ou plus ; les personnes qui ont échangé des rapports sexuels contre de l’argent, des biens ou des services ; les personnes qui ont des partenaires multiples ; les personnes qui ont des IST ; les personnes qui ont été incarcérées ou dont les partenaires ont été incarcérés ; et les personnes qui partagent des aiguilles, des seringues ou d’autres matériels pour l’injection de drogues.

L’association ténofovir disoproxil /emtricitabine (TDF/FTC) est le traitement oral recommandé pour toutes les populations à risque. Pour les HSH, il est recommandé de commencer par une double dose (2 comprimés) de fumarate de TDF/FTC le premier jour, suivie d’une dose quotidienne unique. Lors de l’arrêt ou de l’interruption, TDF/FTC doit être poursuivi pendant 2 jours après la dernière exposition à risque. Pour les autres personnes à risque, la protection maximale est susceptible d’être atteinte environ 7 jours après le début de l’exposition au traitement. Lors de l’arrêt ou de l’interruption, l’administration doit être poursuivie pendant 7 jours après la dernière exposition à risque. Une administration continue est recommandée pour les personnes à risque qui sont enceintes ou qui allaitent.

Le schéma posologique oral 2-1-1 (ou à la demande) est recommandé uniquement pour les HSH. La prise continue par tenofovir alafenamide TAF/FTC est recommandé pour le sous-ensemble des HSH ayant un taux de clairance de la créatinine compris entre 30 ml/min et moins de 60 ml/min qui ont des antécédents d’ostéopénie ou d’ostéoporose, ou qui sont à haut risque pour ces complications. Le TAF/FTC n’est pas disponible en France)

L’efficacité du Le TAF/FTC n’est pas supérieure à celle du TDF/FTC ;

Le cabotégravir injectable à action prolongée (en attente d’approbation par les organismes de réglementation aux USA) est recommandé pour les hommes et les femmes transgenres ayant des rapports sexuels avec des hommes ; les injections sont effectuées à huit semaines d’intervalle.

Concernant la bilan initial, l’objectif est de prévenir l’administration de la PrEP chez les personnes en cours de primo infection ou d’infection non diagnostiquée. Si un test Elisa de 4ème génération effectué dans les 7 jours avant la première visite est négatif et sans symptomes de primo-infection, la PrEP peut être initiée dès la première visite (c’est-à-dire le jour même). Si le résultat du test n’est pas disponible, un TROD doit être effectué lors de la première visite, et la PrEP ne peut être lancée que si le résultat du test est négatif. Un test Elisa 4èmeG doit néanmoins être réalisé. En cas de suspicion clinique d’une infection aiguë par le VIH, il est recommandé de réaliser une charge virale du VIH et de suspendre la PrEP en attendant les résultats. L’administration d’un traitement antirétroviral précoce suppressif est recommandée dans les cas où la suspicion clinique est extrêmement élevée, en attendant les résultats des tests de confirmation. L’administration d’un traitement antirétroviral précoce présente aussi l’avantage de fournir une activité de PrEP dans l’attente des résultats de laboratoire afin de ne pas laisser passer des occasions de prévention.

Les tests supplémentaires qui doivent être commandés avant l’initiation de la PrEP comprennent le taux de créatinine sérique, l’antigène de surface de l’hépatite B, l’anticorps de l’hépatite C et les tests génitaux et non génitaux de Neisseria gonorrhea et Chlamydia trachomatis par PCR, ainsi que la sérologie syphilis. Les usagers de drogues et les HSH doivent être testées vis-à-vis du VHB si elles n’étaient pas immunisées auparavant. Toutes les personnes non immunes doivent se voir proposer la vaccination contre l’hépatite A et B; toutefois, la PrEP à la demande  n’est pas recommandée pour les personnes dont l’Ag HBs est positif.

 

Initiation de la PrEP

La PrEP doit être débutée dès que possible chez les personnes qui choisissent de l’utiliser. Pour la PrEP orale, il convient de ne pas prescrire plus de 30 jours de traitement au départ et de recommander ensuite un traitement de 90 jours. Une visite est recommandée 30 jours après l’initiation avec un test Elisa 4G pour le  VIH et tous les trimestres par la suite. Chez les patients observant, réguliers dans leur rendez-vous, les visites par télémédecine peuvent remplacer les visites présentielles, à condition que les tests de laboratoire puissent être effectués à distance et que les résultats soient disponibles pour la visite.

 

Considérations relatives à l’exposition récente

Si un candidat à la PrEP déclare une exposition à risque élevé au cours des 72 dernières heures, il est recommandé de suivre un traitement TPE en trithérapie pendant un mois, puis de simplifier le régime par la PrEP Les tests Elisa 4G et ARN VIH doivent être réalisés à la fin du TPE

 

Surveillance

Lors de la visite effectuée un mois après le début de la PrEP orale, un test combiné anticorps VIH et antigène doit être effectué. Lors de la première visite de suivi trimestrielle, il convient de calculer la clairance de la créatinine et d’évaluer le taux de clairance de la créatinine annuellement par la suite. Les patients présentant un risque accru d’altération rénale, incluant ceux âgés de plus de 50 ans, ceux dont le taux de clairance de la créatinine était inférieur à 90 ml/min avant le début de la PrEP et ceux présentant des comorbidités les prédisposant à un dysfonctionnement rénal (diabète, hypertension) doivent être surveillés tous les 3 à 6 mois.

Le VHC doit être testé chaque année, et plus fréquemment (par exemple, tous les 3 à 6 mois) chez les UDI ou les HSH qui ont des relations sexuelles tout en consommant des drogues. Il n’est pas recommandé de procéder à des tests de routine pour détecter Mycoplasma genitalium chez les personnes asymptomatiques.

La pandémie COVID-19 a perturbé de nombreux aspects de la vie quotidienne, l’offre de soins de PrEP. Certains utilisateurs de la PrEP peuvent être moins actifs sexuellement en raison de l’éloignement physique, tandis que d’autres peuvent maintenir ou même accroître leur activité sexuelle pendant le confinement. Il est recommandé d’établir des recommandations de suivis standard trimestrielle mais il est possible aussi de recourir à une surveillance par envoi de tests à domicile pour le VIH et les IST, avec un suivi par téléconsultation pour la discussion des résultats des tests et le soutien des usagerss.

En cas de non-respect de la PrEP, il est recommandé de l’interrompre et d’entamer un TPE de 28 jours si des expositions à haut risque sont signalées. Pour les utilisateurs en continu de PrEP en continu, la non-observance peut être définie comme moins de 4 des 7 doses par semaine en moyenne prises pour les HSH et les transsexuels, et moins de 6 des 7 doses par semaine prises pour les femmes cisgenres, les usagers de drogues et les hommes hétérosexuels.

En résumé, ces recommandations élargissent les indications de la PrEP, simplifient le bilan initial, le début de PrEP, ainsi que le suivi biologique. Les recommandations précisent aussi les modalités de suivi durant la pandémie et ses conséquences sur le parcours de soins des usagers de PrEP.

Source : Atlantico

Atlantico : Fort de son vaccin contre le Covid-19, Moderna annonce faire des recherches pour trois nouveaux vaccins : contre la grippe saisonnière, l’infection par le VIH et la fièvre de Nipah, maladie causée par un virus hébergé par les roussettes. Est-ce le signe du succès de l’ARN messager ?

Collectif Du Côté de la Science : Les vaccins à ARNm sont un moyen de pousser des cellules du corps à fabriquer certaines protéines afin de déclencher l’apparition d’une immunité contre celles-ci. Il est important de comprendre que, pour tirer bénéfice de cette technologie, il faut d’abord identifier la ou les protéines à neutraliser (par exemple la protéine S dans le contexte de la Covid-19). Sans cette étape, pas de vaccin à ARNm puisqu’on ne saurait pas quel ARNm utiliser dans le vaccin.

L’utilisation de l’ARNm comme plateforme thérapeutique ou vaccinale est en étude et en développement depuis plus d’une décennie. Son intérêt semble dépasser le domaine des vaccins contre les maladies infectieuses et concerner également les cancers (voir par exemple les produits d’immunothérapie en développement chez BioNTech, ou les maladies à composante auto-immune (un traitement contre la sclérose en plaques est en cours de développement chez BioNTech).

Que peut-on attendre de ces trois vaccins, en particulier celui contre le VIH ?

Contre la grippe saisonnière, les protéines à cibler sont la neuraminidase (N) et l’hémagglutinine (H), très variables selon les souches. Les vaccins à ARNm Moderna (mRNA-1010, 1020 et 1030) offrent la possibilité de mélanger plus de types de H et de N pour cibler plus de souches. Ils pourraient également stimuler une réponse immunitaire cellulaire (complémentaire aux anticorps) qui est rarement induite par les vaccins traditionnels contenant ces protéines. Concernant Nipah, les protéines F et G du virus sont ciblées (vaccin mRNA-1215), comme pour la grippe. Au vu du succès avec la Covid-19, ces deux vaccins semblent prometteurs.

Pour le VIH, les choses sont plus compliquées. La présence d’anticorps ne bloque pas l’infection (toutes les personnes séropositives ont des taux élevés d’anticorps, sans effet sur la progression de la maladie). Depuis 30 ans, les tentatives de vaccins contre le VIH se heurtent à ce problème. Les 2 vaccins Moderna (mRNA-1644 et mRNA-1547) tentent de provoquer l’apparition d’anticorps « inédits » qui pourraient être plus efficaces et mieux stimuler l’immunité cellulaire que les vaccins testés à ce jour, ce qui semble être la clef d’une immunité protectrice contre cette maladie. Néanmoins, les experts sont plus réservés sur cette tentative. Il faudrait mieux connaître les facteurs essentiels pour une réponse immunitaire efficace face au VIH.

La recherche d’un vaccin contre le Covid-19 pourrait donc nous aider à combattre d’autres maladies ?

La Covid-19 aura permis d’accélérer l’évaluation à grande échelle des technologies à ARNm. Il est fort probable que cette approche se développe massivement dans les prochaines années, en bénéficiant également des avancées relatives aux technologies de micro-encapsulation (nanoparticules). Cette technologie pourra être affinée en permettant aux nanoparticules de cibler certaines cellules en particulier, grâce à l’ajout, dans la membrane de ces particules, de molécules de reconnaissance spécifique (des ligands, des récepteurs, des anticorps, par exemple). Il sera alors possible de délivrer l’ARNm uniquement dans des cellules qui en ont besoin (par exemple pour compenser l’absence d’une protéine dans les maladies génétiques, comme avec les thérapies géniques, ou pour éliminer des cellules infectées ou tumorales).

Il est à noter que Moderna possède environ 25 vaccins en développement : en infectiologie, en cancérologie, contre certaines maladies rares ou contre… les séquelles des infarctus du myocarde ! BioNtech en liste autant contre les cancers. C’est un champ très ouvert.

Source : La Croix

Il est possible de se tester soi-même pour connaître son statut sérologique concernant le HIV. Au Sénégal, l’autotest permet de protéger l’anonymat des homosexuels et de certaines travailleuses du sexe.

Il y a vingt ans, on mourait du sida un peu partout en Afrique. Les trithérapies, créées en 1996, n’étaient pas encore arrivées sur le continent. Aujourd’hui, des millions d’Africains séropositifs ont accès gratuitement à ces traitements. Grâce à la solidarité internationale, notamment. Ces patients ont pu reprendre des vies normales et ne sont plus contaminants, dès lors que leur charge virale est tellement faible qu’elle devient indétectable – c’est le marqueur de base pour savoir si le traitement continue à être efficace.

L’ambition formulée par l’organisation internationale Onusida est maintenant « de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030. » Pour l’atteindre, il faut que chaque malade ouvre les yeux sur son statut sérologique : dépisté, il aura de grandes chances d’être soigné ; soigné, il aura de grandes chances de n’être plus contagieux.

L’objectif de l’ONU : 90-90-90

L’objectif de l’ONU tient dans un chiffre, répété trois fois : 90-90-90. Il signifie : 90 % des personnes séropositives connaissent leur statut, 90 % des personnes dépistées positives ont accès à un traitement antirétroviral, 90 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.

L’autotest permet de connaître son statut sérologique sans témoin. Il est l’un des instruments pour tenter de réduire la contamination. Il permet par un frottis salivaire de savoir si l’on est ou non porteur du VIH. La contrainte est de ne pas manger ni boire une demi-heure avant le contrôle et de consulter le marqueur entre 20 et 40 minutes après le test pour connaître le résultat. Autre avantage : il ne s’agit pas d’une prise de sang, perçue par certaines populations comme agressive. L’ONG française Solthis, avec son programme Atlas, a déjà distribué 135 000 de ces autotests dans trois pays d’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal.

Deux millions d’autotests distribués en Afrique du Sud

Avant Dakar, Anthony Vautier, directeur technique de Solthis, a combattu l’épidémie en Afrique australe, l’une des régions les plus touchées au monde. « En Afrique du Sud, le taux de prévalence est de 19 % ! Le sida y a frappé toutes les couches de la population, en ville et dans les campagnes. Ici, au Sénégal, le taux de prévalence est bien inférieur. La situation ressemble à celle que nous connaissions en Europe. Le sida touche avant tout les homosexuels, les usagers de drogue et les travailleurs du sexe. »

Pour dépister massivement, l’Afrique du Sud a organisé la distribution de deux millions d’autotests. Il s’agissait de tester rapidement et sans passer par les médecins, pas assez nombreux. Au Sénégal, l’intérêt de l’autotest est différent. Il s’agit de toucher une population cachée, difficile à atteindre par des campagnes publiques de prévention. « Un des défis est de convaincre les hommes mariés qui ont des relations homosexuelles de connaître leur statut. Ils ne veulent pas se faire tester dans un laboratoire médical où ils ont peur d’être identifiés. L’autotest est une solution discrète », explique Anthony Vautier.

L’homosexualité toujours réprimée

Au Sénégal, le Code pénal punit l’homosexualité d’un emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende importante. 36 autres pays du continent africain pénalisent cette pratique. Le président sénégalais, Macky Sall, confirme : « L’homosexualité est contraire à la religion musulmane et tant que je serai le président de la République, l’homosexualité ne sera jamais permise. » L’ONG Human Rights Watch constate que, dans ce pays, « il suffit qu’un individu soit présumé homosexuel pour que son arrestation soit justifiée ».

Beaucoup vivent donc cachés. Ils se marient pour sauver les apparences sociales, tout en continuant à vivre leur homosexualité. Cette réalité inquiète le docteur Safiatou Thiam, à la tête du Conseil national de la lutte contre le sida du Sénégal (CNLS) : « Le taux de prévalence, c’est-à-dire de séropositifs au HIV, dans la communauté homosexuelle et bisexuelle est de 27 %. Alors que le pourcentage moyen dans le pays est de 0,5 %. Aujourd’hui, on estime que 81 % des personnes vivant avec le VIH sont dépistées. Les 19 % restants, surtout des hommes, sont plus difficiles à atteindre. C’est là que l’autotest peut aider. »

Pour l’instant, les autotests sont distribués notamment dans les dispensaires. La prochaine étape sera de vendre ces pochettes plastiques dans les pharmacies, comme en Europe. Les stocks sont financés par l’organisation internationale Unitaid.

« J’avais peur d’aller me faire dépister »

C’est en utilisant ce moyen que Florence a appris, dans sa chambre, qu’elle était séropositive. Âgée de 39 ans, cette femme discrète, presque transparente, explique une partie de sa vie. « Je suis une travailleuse du sexe occasionnelle. J’avais peur d’aller me faire dépister et en même temps, je sentais que je n’allais pas bien. Avec ce test, j’ai pu gérer ça moi-même », livre-t-elle, en marge d’une démonstration d’utilisation de l’autotest organisée par Solthis pour une association de travailleuses du sexe.

Immigration : au Sénégal, l’espoir d’Europe passe par les Canaries

« Je vis avec mes parents. Mon père, originaire du Bénin, était comptable dans l’entreprise d’un Français. Ma mère sait que je vais chez des clients. Elle a pleuré quand elle a su que j’étais séropositive, confie Florence, d’une voix neutre. Certains de mes clients sont des Blancs. Je fais ce que j’ai à faire et je reviens chez moi. Si je me sens fatiguée, je ne prends personne. Je peux avoir 10 clients par mois. » L’émotion, retenue, elle la garde pour dire « l’espoir (qu’elle) conserve, à 39 ans, d’avoir un jour un enfant. »

À l’intérieur de la maison de l’association qui regroupe 80 travailleuses du sexe, Maguette Diallo, leur présidente, forte femme, explique que « le danger vient des occasionnelles, celles qui vivent de la prostitution cachée. Les autres sont fichées, se voient délivrer des cartes, sont suivies médicalement. »

À Dakar, veiller sur la santé des prostituées fait partie du quotidien de Dieumbe Gueye. Cette sage-femme dirige le poste de santé Las Palmas. « Les travailleuses du sexe me viennent de partout. Elles ont leur carnet et leur dossier ici. La majorité sont des divorcées qui doivent faire face aux aléas de la vie et à l’éducation de leurs enfants. Beaucoup cessent le jour où elles ont retrouvé un mari », explique cette veuve et mère de cinq enfants, trois médecins et deux ingénieurs.

Elle le répétera plusieurs fois : « Toutes les femmes sont égales quand je suis en blouse ». Elle a distribué 500 autotests durant cette année. « C’est un système pratique, fiable et rapide. » Le taux de prévalence chez les travailleurs du sexe est de 6 %. C’est équivalent à celui des usagers de drogue, une autre population à risques. Là aussi, dans le bureau où les usagers viennent chercher leur dose hebdomadaire gratuite de méthadone, substitut à leur drogue, ils peuvent avoir accès à des autotests.

Gueye Mamadou est infirmier major à l’hôpital Fann de Dakar. Il est chargé du centre de traitement ambulatoire et suit médicalement 1 500 patients séropositifs. Ceux-ci reçoivent chaque trimestre leurs traitements à prendre quotidiennement et font vérifier chaque année leur charge virale. Le tout gratuitement. « Nous avons aussi une ligne verte d’écoute dans le cadre du programme Atlas soutenu par Solthis. » Cette ligne directe reçoit une moyenne de 300 appels par mois. « Ce sont en majorité des hommes qui appellent. Soit des clients de travailleuses du sexe. Soit des hommes qui ont eu des relations sexuelles avec un autre homme et qui veulent garder l’anonymat. Toujours cette honte autour de cette maladie ! »

Une région où le sida évolue à bas bruit

Solthis (Solidarité thérapeutique et initiatives pour la santé) est une ONG crée en 2003 par deux praticiens hospitaliers parisiens. Son action est centrée sur l’Afrique de l’Ouest francophone.

Le projet Atlas de distribution d’autotests HIV au Mali, au Sénégal et en Côte d’Ivoire est soutenu par l’organisation internationale Unitaid, avec un financement complémentaire de l’Agence française de développement (AFD). Le programme court de juillet 2018 à novembre 2021 et cible la distribution de 500 000 autotests.

Les autorités sénégalaises estiment que 41 000 personnes sont séropositives dans le pays, dont 33 000 sont diagnostiquées et 60 % sont sous traitement. 4 000 enfants sont concernés.

La Côte d’Ivoire a un taux de prévalence de 2,8 %, ce qui est élevé pour la région, mais seuls 61 % des séropositifs connaissent leur statut. L’homosexualité et la prostitution ne sont pas criminalisées.

Le Mali a un taux de prévalence de 1,2 %, un peu plus élevé dans sa capitale. L’écrasante majorité (90 %) des homosexuels maliens ne connaissaient pas leur statut sérologique lors d’une enquête réalisée en 2015.

Source : VIH.ORG

Le monde de la recherche, de la lutte contre le sida et plus généralement des maladies infectieuses s’inquiète de la faiblesse du budget de fonctionnement de la structure créée suite à la fusion de l’ANRS et de REACTing. Beaucoup craignent une fragilisation de la réponse aux épidémies émergentes et de VIH.

Alors que le monde français du VIH/sida s’est tout d’abord montré relativement confiant à l’annonce du projet de fusion entre l’ANRS et le consortium REACTing, il aura suffi de 15 jours d’existence de cette nouvelle agence Inserm pour que des tensions apparaissent.

Dans une tribune parue le 14 janvier, un collectif de chercheurs mené par AIDES et Sidaction, de professionnels de la santé et du secteur associatif1, s’inquiète des moyens que le gouvernement entend consacrer à cette nouvelle structure, qui s’appelle «ANRS Maladies émergentes»: «Pour une réponse efficace et rapide aux épidémies actuelles et à venir, cette nouvelle agence requiert, selon des estimations conservatoires, 76 millions d’euros de subventions d’État dès 2021, soit 36 millions de plus que l’enveloppe dont bénéficiait l’ANRS pour la recherche sur le sida et les hépatites en 2020.» Or, «sur ces 36 millions d’euros, seuls 2 millions d’euros ont été prévus au budget 2021, laissant entendre que le reste devra être trouvé via des financements exceptionnels ou des partenariats publics/privés.»

Le collectif rappelle que d’autres pays ont choisi de consacrer beaucoup plus à la recherche sur les maladies infectieuses : «en Allemagne, 105 millions d’euros sont engagés chaque année pour la recherche sur les maladies infectieuses (budget annuel de l’Institut Robert-Koch, janvier 2021), aux États-Unis, plus de 5 milliards de dollars (plus de 4,11 milliards d’euros, le budget annuel moyen du National Institute of Allergy and Infectious Diseases, janvier 2021).» Avant d’offrir un peu de perspective en rappelant que cette augmentation de budget correspond «à une journée d’aides aux entreprises en France dans le cadre de la crise sanitaire» actuelle.

La principale charge financière reposera donc sur le budget de feu l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites (qui bénéficiait d’un budget d’environ 40 millions), avec le risque de fragiliser toute la recherche contre le VIH et les progrès réalisés ces dernières années.

Pour lire la suite de l’article, se rendre sur : VIH.ORG

Source : Médecins Sans Frontières

En 2010, MSF a mis en place le CRAM à Maputo, avec le soutien des autorités sanitaires mozambicaines, dans le but de fournir un meilleur accès aux soins pour les personnes atteintes du VIH de stade avancé. Il est devenu le premier et le seul centre sans rendez-vous du pays à recevoir des patients souffrant de problèmes de santé sévères liés au VIH. Dix ans plus tard, le CRAM s’est développé, en taille et en capacité, avec des services plus spécialisés offerts aux patients.

« Je n’ai pas les mots pour décrire l’ampleur de ce que le CRAM représente pour le Mozambique, il a vraiment fait une différence dans la vie de nos patients », déclare l’infirmier superviseur Rodrigues Ernesto Guambe (dit « Guambe »). Début 2021, Médecins Sans Frontières (MSF) a transféré les activités du Centro de Referência Alto Maé (Centre de Référence Alto Maé ‒CRAM) aux autorités sanitaires mozambicaines et à ses partenaires.

Le CRAM fournit des soins aux patients atteints d’un VIH de stade avancé, à ceux qui ont besoin d’une thérapie antirétrovirale plus spécifique après l’échec des traitements standards, aux enfants souffrant de complications liées au VIH et aux personnes souffrant d’autres infections qui peuvent survenir en même temps que le VIH, comme l’hépatite C ou le cancer du sarcome de Kaposi. Il reste l’un des rares établissements du pays où les patients peuvent recevoir ce type de soins en dehors d’un hôpital.

Près de 24 000 patients pris en charge

Au cours de la dernière décennie, le personnel du CRAM a pris en charge près de 24 000 patients atteints du VIH, les guidant pour le dépistage, le diagnostic et le traitement du VIH, des infections opportunistes et d’autres complications. Les équipes de la structure fournissent aux patients des soins médicaux et un soutien psychosocial jusqu’à ce qu’ils aient réussi à réduire la quantité de virus VIH dans leur sang et commencé à augmenter leur taux de CD4 ( les CD4 sont des cellules qui trouvent et détruisent les bactéries, les virus et autres germes envahissants ). Les personnes séropositives qui ne bénéficient pas d’un traitement antirétroviral efficace ont un taux de CD4 très faible, car le virus cible ces cellules. Actuellement, le CRAM compte 1 500 patients actifs. Parmi eux, 120 patients reçoivent actuellement une chimiothérapie mensuelle pour le sarcome de Kaposi, un type de cancer associé au VIH et fortement stigmatisé au Mozambique.

La première fois que je suis entré ici, je n’avais jamais rien vu de tel. Je travaillais déjà dans un autre hôpital depuis quatre ou cinq ans. Les services fournis au CRAM fonctionnent très vite pour le type de patients que nous avons.

Rodrigues Ernesto Guambe, infirmier superviseur au CRAM

Les patients qui reçoivent des soins dans la structure sont souvent incapables de marcher ou sont trop faibles pour se rendre à l’hôpital aussi souvent que leur traitement l’exige. Pour y remédier, l’équipe médicale a mis en place des dispositifs pour favoriser l’accès des patients aux soins, notamment des visites à domicile par une infirmière et un service de navette où une voiture MSF amène les patients ayant besoin de procédures médicales ou de consultations au CRAM. Le soutien par les pairs à domicile aide également ceux qui ont du mal à suivre leur programme de traitement du VIH. « Nous avons des patients qui viennent de tout le pays car c’est le seul établissement de ce type. Il a amélioré la vie de beaucoup de gens » ajoute Guambe.

Selon le Dr Natalia Tamayo Antabak, cheffe de mission MSF au Mozambique, les résultats médicaux obtenus grâce à ces activités au cours de la dernière décennie ont contribué à l’introduction par les autorités sanitaires du Mozambique de nouvelles politiques et de nouveaux programmes de santé, et ont donc largement profité à un nombre encore plus grand de Mozambicains. « Les contributions vont au-delà des patients eux-mêmes. Parmi les principales étapes médicales franchies, nous avons vu les autorités sanitaires mozambicaines mettre en œuvre des directives nationales de traitement pour le VIH avancé et l’hépatite chronique, ainsi qu’un protocole national de traitement pour le sarcome de Kaposi. Ces mesures, associées à des stratégies comme la création de groupes de soutien communautaire (connus sous le nom de GAAC – grupo de adesão e apoio comunitário) pour aider les gens à suivre un traitement à vie, ont révolutionné la manière dont nous traitons le VIH au Mozambique. »

En plus de contribuer aux changements politiques, le CRAM a également aidé à renforcer les capacités locales, avec des possibilités pour le personnel d’apprendre et de développer davantage ses compétences. « Le CRAM n’est pas seulement important pour les patients, il l’est aussi pour les professionnels qui viennent ici. Je considère que j’ai beaucoup amélioré mes connaissances sur le VIH. J’ai commencé à voir la maladie d’une manière différente, en particulier le VIH avancé » poursuit Guambe.

Les anciens employés de MSF assurent une transition en douceur

Depuis le 1er janvier 2021, MSF a transféré le CRAM et ses activités médicales aux autorités sanitaires nationales. Elles seront soutenues par le Centre international de formation et d’éducation pour la santé (I-TECH), un réseau mondial qui s’emploie à former des travailleurs de la santé qualifiés et à renforcer les systèmes de santé nationaux, et par le Centro de Colaboração em Saúde (CCS), une organisation mozambicaine dont l’action est centrée sur le VIH. D’anciens membres du personnel de MSF, comme Guambe, qui ont commencé au CRAM il y a six ans, ont déjà été intégrés à l’équipe d’I-TECH, ce qui a permis une transition efficace et sans heurts.

Tous les services de santé du CRAM continueront comme avant, seul le prestataire de soins a changé. Les patients continueront à recevoir les mêmes soins gratuits et de qualité. Selon Guambe, il reste encore beaucoup de travail à faire, car de nombreuses personnes ne prennent toujours pas le VIH suffisamment au sérieux au Mozambique, même si le pays a été l’un des plus touchés par l’épidémie de VIH et de sida en Afrique subsaharienne. En 2018, on estimait à 2,2 millions le nombre de Mozambicains vivant avec le VIH, dont seulement 1,2 million recevaient un traitement. Selon l’ONUSIDA, on estime à 150 000 le nombre de nouvelles infections par le VIH et à 54 000 le nombre de décès liés au sida au cours de la même année.

« Les patients que nous voyons ici arrivent avec le VIH de stade déjà avancé, détaille Guambe. Avant qu’ils ne décident de venir nous voir, beaucoup se tournent vers les guérisseurs locaux car ils associent les symptômes à une sorte de sorcellerie. Lorsqu’ils arrivent, leur santé s’est gravement dégradée, surtout en ce qui concerne le sarcome de Kaposi (…) Nous devons faire prendre conscience du fait que nous pouvons contrôler ces maladies. Il y a aussi beaucoup de stigmatisation : certains cachent leurs symptômes par peur que d’autres découvrent qu’ils sont malades. Il y a encore beaucoup de travail à faire au niveau communautaire pour que nous puissions aider plus de gens. »

« Mais les choses avancent, conclut-il. Le CRAM a donné et continuera de donner de l’espoir à ses patients. Il a permis aux gens de rêver à nouveau à leur avenir. Quel meilleur cadeau peut-on recevoir ? »

MSF a commencé à travailler au Mozambique en 1984 et a soutenu le ministère de la Santé dans sa réponse aux catastrophes naturelles et aux épidémies, en mettant l’accent sur le VIH/sida et la tuberculose. L’organisation mène actuellement des activités médicales dans la ville de Maputo, et dans les provinces de Sofala et Cabo Delgado.

 Source : Techno Science

Responsable de 1,5 million de morts par an, la tuberculose est encore aujourd’hui la maladie infectieuse la plus meurtrière. La virulence de la bactérie responsable de cette maladie, Mycobacterium tuberculosis, repose en particulier sur sa capacité à moduler les voies métaboliques des macrophages.

Les scientifiques ont montré que des lipides dérivés de l’hôte générés pendant l’infection par M. tuberculosis altèrent l’activité métabolique des macrophages, ce qui a pour conséquence de diminuer la résistance à l’infection. Ces résultats sont publiés dans la revue Cell Reports.

Dans le cadre d’un Laboratoire international associé du CNRS avec l’Argentine, les scientifiques ont utilisé des effusions pleurales provenant de patients tuberculeux. Ces effusions pleurales sont des liquides biologiques dont la composition reflète celle du microenvironnement complexe de la cavité pulmonaire crée lors de l’infection par M. tuberculosis.

Grâce à des analyses par spectrométrie de masse, ils ont montré que des lipides contenus dans les effusions pleurales de patients altèrent le métabolisme de macrophages normalement microbicides (capables de contrôler le pathogène) en inhibant la fonction de HIF-1α, un facteur de transcription génétique clé de la glycolyse aérobie, la voie de dégradation du glucose, qui renforce justement la capacité des macrophages à produire des facteurs inflammatoires et microbicides contre les agents pathogènes. L’inhibition de HIF-1α induit alors un processus dit de phosphorylation oxydative, un état métabolique typique des macrophages qui participe aux processus anti-inflammatoires tels que la réparation des tissus. Suite à l’inhibition de HIF-1α, les macrophages sont moins capables de produire des espèces réactives de l’oxygène et une cytokine inflammatoire, l’interleukine 1b, un des composés clés dans l’élimination de la bactérie.

Il est vraisemblable que la nature des lipides contenus dans les effusions pleurales de patients tuberculeux est caractéristique, voire induite par M. tuberculosis car on ne les retrouve pas dans d’autres pathologies pulmonaires. Ainsi, l’ensemble de ces conditions rend les macrophages plus susceptibles à l’infection par M. tuberculosis et augmente les capacités de prolifération intracellulaire de la bactérie. Il est important de noter que la stabilisation de HIF-1α par des approches pharmacologiques (dimethyloxalylglycine, par exemple), à la fois in vitro et in vivo, inverse ces effets en faveur d’un meilleur contrôle de la charge bactérienne.

Ces travaux permettent de proposer que les macrophages humains engagés vers un profil pro-inflammatoire pour contrôler l’infection peuvent être reprogrammés métaboliquement par les lipides dérivés de l’hôte lors de la tuberculose. Ils contribuent également à établir que l’utilisation d’effusions pleurales de patients est un modèle pertinent pour étudier la réponse immunitaire à l’infection par M. tuberculosis. Ce modèle apparaît ainsi complémentaire des modèles actuellement utilisés pour la recherche sur la tuberculose, et pourrait permettre à l’avenir de mieux comprendre les interactions complexes entre l’hôte et les bactéries dans l’environnement tissulaire où elles se produisent.

Pour en savoir plus:
Host-Derived Lipids from Tuberculous Pleurisy Impair Macrophage Microbicidal-Associated Metabolic Activity.
Marín Franco JL, Genoula M, Corral D, Duette G, Ferreyra M, Maio M, Dolotowicz MB, Aparicio-Trejo OE, Patiño-Martínez E, Charton A, Métais A, Fuentes F, Soldan V, Moraña EJ, Palmero D, Ostrowski M, Schierloh P, Sánchez-Torres C, Hernández-Pando R, Pedraza-Chaverri J, Rombouts Y, Hudrisier D, Layre E, Vérollet C, Maridonneau-Parini I, Neyrolles O, Sasiain MDC, Lugo-Villarino G, Balboa L.Cell Rep. 2020 Dec 29;33(13):108547. doi: 10.1016/j.celrep.2020.108547.

Laboratoire:
Institut de pharmacologie et biologie structurale (IPBS) – (CNRS/Université Paul Sabatier)
BP64182.
205 route de Narbonne.
31077 Toulouse Cedex04.

Source : ONUSIDA

Pour les personnes vivant avec le VIH, les vaccins contre la COVID-19 apportent les mêmes avantages que pour n’importe quelle autre personne ou communauté. Ils protègent d’une maladie grave causée par le SARS-CoV-2 et réduisent potentiellement la transmission de ce virus. Toutefois, jusqu’à ce que le virus retombe à des niveaux très bas dans la population, il est recommandé de continuer à prendre les mesures de prévention contre le virus SARS-CoV-2 (éloignement physique, lavage régulier des mains, port d’un masque), même après la vaccination.

Les vaccins contre la COVID-19 sont-ils sans danger pour les personnes vivant avec le VIH ?

Toutes les informations indiquent que les vaccins contre la COVID-19 en cours de développement ou autorisés par les agences de santé sont sans danger pour la grande majorité de la population, y compris pour les personnes vivant avec le VIH. Les agences de santé nationales contrôlent les données et vérifient que les vaccins sont inoffensifs avant de délivrer une autorisation de mise sur le marché. Aucune information ne laisse suspecter que les personnes vivant avec le VIH seraient davantage mises en danger par les vaccins de la COVID-19 que n’importe qui d’autre. Les vaccins contiennent des éléments du matériel génétique du SARS-CoV-2 (le virus à l’origine de la COVID-19). Ces derniers stimulent notre système immunitaire à produire des anticorps contre la protéine de pointe (Spike) utilisée par le SARS-CoV-2 pour s’ancrer aux cellules humaines. Aucun vaccin en cours de développement ou autorisé par les autorités de régulation ne repose sur le principe du virus vivant. Ainsi, ils ne devraient pas être plus dangereux pour les personnes ayant un système immunitaire affaibli comme celles vivant avec VIH dont la charge virale n’est pas indétectable. Certains essais de vaccin ont été menés sur des personnes venant de pays à forte incidence du VIH, comme l’Afrique du Sud. Par conséquent, ces essais ont inclus plusieurs personnes vivant avec le VIH. D’autres essais ont toutefois fait usage du principe de précaution et ont écarté les personnes vivant avec le VIH.

Tout comme la plupart des vaccins, des personnes ont ressenti de légers symptômes après l’administration du vaccin contre la COVID-19. Ils ont souvent pris la forme de courbatures dans le bras, mais aussi, dans certains cas, d’une sensation de malaise plus généralisée ou d’une légère fièvre. Dans de rares cas, des personnes ont eu une violente réaction allergique qui peut être contrôlée sans danger en gardant les personnes en observation pendant 15 à 30 minutes après administration du vaccin. Il n’y a aucune raison de penser que les personnes vivant avec le VIH présenteront plus souvent une réaction légère ou grave. Les éventuels cas d’effets secondaires graves à un vaccin sont si rares qu’ils n’ont pas encore pu être détectés chez les premières personnes vaccinées. Néanmoins, des systèmes de surveillance sont en place pour garantir que les rares cas graves seront signalés aux agences de santé publique et aux fabricants de vaccins

Les personnes vivant avec le VIH doivent-elles se faire vacciner contre la COVID-19 ?

Pour les personnes vivant avec le VIH, les vaccins contre la COVID-19 apportent les mêmes avantages que pour n’importe quelle autre personne ou communauté. Ils protègent d’une maladie grave causée par le SARS-CoV-2 et réduisent potentiellement la transmission de ce virus. Toutefois, jusqu’à ce que le virus retombe à des niveaux très bas dans la population, il est recommandé de continuer à prendre les mesures de prévention contre le virus SARS-CoV-2 (éloignement physique, lavage régulier des mains, port d’un masque), même après la vaccination. Nous recommandons aux personnes vivant avec le VIH de suivre une thérapie antirétrovirale efficace qui non seulement les maintient en bonne santé, mais aussi évite la transmission du VIH.

Les vaccins contre la COVID-19 sont sans danger pour les personnes vivant avec le VIH

Toutes les informations indiquent que les vaccins contre la COVID-19 en cours de développement ou autorisés par les agences de santé sont sans danger pour la grande majorité de la population, y compris pour les personnes vivant avec le VIH. Par conséquent, les personnes vivant avec le VIH n’ont aucune raison de refuser de se faire vacciner si elles en ont l’occasion.

Les vaccins contre la COVID-19 apportent les mêmes avantages aux personnes vivant avec le VIH que pour n’importe quelle autre personne ou communauté. Ils protègent d’une maladie grave causée par le SARS-CoV-2 et réduisent potentiellement la transmission de ce virus.

Nous recommandons aux personnes vivant avec le VIH de continuer à suivre une thérapie antirétrovirale efficace.

Même une fois vaccinées, les personnes doivent continuer à appliquer les gestes barrières contre le virus SARS-CoV-2.

Source : Le Quotidien du pharmacien

Infection sexuellement transmissible (IST) diagnostiquée chaque année chez près de 90 millions de personnes dans le monde, la gonorrhée est de plus en plus résistance aux traitements antibiotiques. Un phénomène que la pandémie de Covid-19 pourrait contribuer à aggraver, alerte l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Également connue sous les dénominations « chaude-pisse », « gonococcie » ou encore « blennorragie », la gonorrhée est, depuis plusieurs années, de plus en plus difficile à traiter. Comme le rapporte le site « The Conversation », le nombre d’antibiotiques recommandés pour traiter cette IST se réduit inexorablement. Des résistances sont en effet apparues avec certains antibiotiques comme la pénicilline ou les tétracyclines, désormais inefficaces. Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (CEDC), le nombre de cas de gonorrhées a augmenté de 17 % dans le monde entre 2016 et 2017. Le taux d’incidence de cette IST a même doublé dans certains pays, comme le Canada. L’Institut de veille sanitaire français (InVS) évoquait une augmentation de 300 % du nombre de cas dans notre pays, dans un rapport publié en 2018.

Parmi les antibiotiques encore efficaces pour traiter la gonorrhée, on retrouve l’azithromycine, dont le nombre de prescriptions a explosé au début de la pandémie de Covid-19. Interrogé par le quotidien britannique « The Sun », un porte-parole de l’OMS redoute que « l’usage excessif d’antibiotiques ne favorise l’émergence d’une résistance de la gonorrhée ». Selon lui, un nombre très important de cas de gonorrhées aurait été recensé à l’hôpital lors des premiers mois de la pandémie. Le message d’alerte de ce porte-parole fait écho aux déclarations tenues en juin dernier par le directeur général de l’OMS. « La pandémie de Covid-19 a conduit à une augmentation de l’usage d’antibiotiques, ce qui entraînera à terme une plus haute résistance antibiotique. Cela aura un impact sur le traitement des maladies et le nombre de morts, pendant la pandémie et au-delà », avertissait ainsi le Dr Tedros Ghebreyesus.

En 2019, l’OMS avait cité la résistance aux antimicrobiens comme l’une des dix plus grandes menaces en santé publique. La gonorrhée, elle, pourrait résister à tous les traitements antibiotiques existants à moyen terme. Elle est considérée comme une « menace urgente » par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies américain (CDC) et représente « une priorité de recherche élevée » pour l’OMS.