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Source : Neonmag.fr

Les personnes séropositives sont exclues de différents corps de métiers comme l’armée, les pompiers, la gendarmerie et la police. Plusieurs associations dénoncent une discrimination « inacceptable » et lancent une pétition.

Si le Sida tue de moins en moins en France grâce aux traitements et au dépistage précoce, être porteur du VIH peut toujours ruiner une carrière. Aujourd’hui encore, il rend ainsi impossible toute admission dans les rangs des pompiers, de la police ou de l’armée. Un collectif d’associations pointent du doigt « une discrimination à raison de l’état de santé, totalement inacceptable ». Les associations Mousse, STOP Homophobie, ELCS, Adheos, FLAG! et Familles LGBT procèdent à une demande officielle d’abrogation de ces règles, qui découlent de différents arrêtés. « Actuellement, les personnes atteintes du VIH sont exclues du recrutement ou renvoyées si l’administration apprend leur statut sérologique », expliquent-elles dans un communiqué publié mercredi 30 septembre.

Les associations reviennent également sur l’aptitude des personnes porteuses du VIH sous traitements antirétroviraux à endosser ces uniformes. « Les dernières études montrent que les personnes vivant avec le VIH avec charge virale indétectable ne peuvent pas transmettre le VIH en cas de projection de sang », ajoutent-elles. Différentes entités, comme la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et le défenseur des droits en 2006, ont déjà signalé le caractère discriminatoire de ces règles.

Deux députés, Bastien Lachaud (LFI) et Christophe Lejeune (LREM), ont également recommandé des changements dans un rapport d’information parlementaire sur les forces armées en 2019. Parmi les propositions des élus : « prohiber les dépistages du VIH sans consentement des intéressés » et « réviser les coefficients associés au VIH dans le référentiel d’aptitude ». Questionné sur le second point, le ministère des Armées avait alors fermé la porte à tout changement. « Aucune évolution n’est envisagée au regard des connaissances scientifiques actuelles. »

Une demande d’abrogation avant un recours devant le Conseil d’État

Dans une lettre adressée à Florence Parly et Gérald Darmanin, respectivement ministres des Armées et de l’Intérieur, les associations représentées par Me Étienne Deshoulières détaillent l’ensemble des dispositions règlementaires qui interdisent le recrutement de personnes séropositives. Les ministères ont deux mois pour répondre à la demande, délai après lequel un recours pour excès de pouvoir sera engagé devant le Conseil d’État – selon le document, que nous avons pu consulter.

Pour appuyer la démarche avec le soutien de la population, une pétition a été lancée sur le site All Out. Contactés par NEON, l’Hôtel de Brienne et la Place Beauvau n’ont pas répondu à nos sollicitations pour le moment.

Source : TRT-5 CHV

Communiqué de presse :

Suite à la publication ce jour (07 octobre 2020) du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) nous, associations de patients et de santé, constatons amèrement l’absence de mesures phares que nous portons depuis longtemps, notamment concernant les investissements publics dans la Recherche et le Développement (R&D).

C’est un nouveau revers dans la lutte pour  la transparence et l’accessibilité aux médicaments, après l’abaissement du niveau des  stocks de sécurité accordée aux laboratoires cet automne. Alors qu’il avait l’opportunité de tirer les enseignements de la crise en prenant enfin en compte la parole des patients-es et des associations, le Gouvernement semble poursuivre dans la direction amorcée au printemps. Cette attitude ne peut qu’accroître la défiance des citoyens-nes  sur la capacité de notre système de santé à assurer un accès équitable aux médicaments pour tous-tes.

Constitution des stocks de sécurité : mesure amoindrie, impact limité

L’an dernier, nos associations s’étaient réjouies de l’adoption d’une mesure indispensable pour pallier les risques de pénuries de médicaments, toujours trop nombreuses et toujours dangereuses : l’obligation pour les laboratoires de disposer de quatre mois de stocks sur les traitements d’intérêt thérapeutiques majeurs. Depuis, quelle indignation de constater que ce niveau de stocks a été réduit à deux mois seulement, alors que les pénuries durent en moyenne plus de 14 semaines ! Cette décision incohérente est une preuve d’inconscience alors que la crise sanitaire actuelle est la triste occasion de constater les tensions existantes sur des médicaments essentiels comme ceux utilisés en réanimation.

Transparence : en arrière toute !

Aujourd’hui, la défiance des citoyens envers le Gouvernement sur l’accès aux médicaments s’aggrave encore un peu plus. L’absence, dans le PLFSS de mesure sur la transparence du montant des investissements publics dans la R&D est inacceptable et incohérent. En effet, cette mesure avait pourtant été portée en 2019 par…Olivier Véran lui-même ! Un nouveau revers incompréhensible dans une période ou l’argent coule à flot, légitimement, pour la recherche de traitements contre la Covid-19. L’opacité des investissements publics, tant dans leur montant que leurs conditions d’attribution, nuit à une négociation d’un prix juste garantissant l’accès à un futur vaccin ou des traitements contre le virus. Dans ce contexte, la mesure paraît d’autant plus indispensable pour assurer l’accessibilité de ces futurs traitements. Ces reculs de certains membres du Gouvernement sur des sujets dont ils étaient pourtant initiateurs ne peuvent que conduire à une rupture complète de confiance des patients-es et de nos associations à l’égard de décideurs versatiles sur cette thématique.

Si les initiatives de 2019 allaient dans le bon sens pour donner l’ampleur nécessaire à la voix des patients-es et des associations qui les représentent ou travaillent à leurs côtés, nous constatons qu’il n’en est plus rien : les signaux envoyés par le Gouvernement sont ceux d’un mépris de ces voix. Dans ce contexte, nous portons une vigilance accrue aux innovations proposées dans le PLFSS, notamment concernant les réformes à venir sur l’accès précoce aux médicaments. Nous nous opposons aux mesures qui sanctuarisent les pratiques opaques et inflationnistes du parcours du médicament et dénonçons l’incohérence des discours qui opposent accès aux traitements et pérennité de notre système de santé solidaire.

Monsieur Véran, il est temps de faire preuve de cohérence et de raison : entendez les patients-es et les associations de santé.

Contact presse :

AIDES
Adèle Simon
06 98 68 01 68
asimon@aides.org

TRT5
Mélanie Jaudon
07 77 07 51 01
mjaudon@trt-5.org

ACTION SANTE MONDIALE
Elisa Domingues Dos Santos
edominguesdossantos@ghadvocates.org

MEDECINS DU MONDE
Fanny Mantaux
06 09 17 35 59
fanny.mantaux@medecinsdumonde.net

Source : SERONET.info

Quel impact réel a le VIH dans un couple sérodifférent (une personne séropositive en couple avec une personne séronégative) ? On pourrait penser que l’avènement du Tasp comme outil de protection pour empêcher toute transmission du VIH facilite grandement les choses, et ce n’est pas faux. Mais, en réalité, le Tasp n’est pas connu de tous-tes et les représentations autour des personnes vivant avec le VIH ont la peau dure comme le montre une étude australienne consacrée à la question des couples sérodifférents.

Dans cette étude, publiée sur le site d’infos aidsmap, menée par le Dr Steven Philpot et ses collègues de l’Université de New South Wales à Sydney, en Australie, 21 hommes gays ont été interrogés. Neuf en tant qu’individus et le reste en tant que couples, mais pour lesquels chaque partenaire était interrogé seul. Onze participants étaient séronégatifs et dix séropositifs. Leur tranche d’âge allait de 31 ans à 61 ans. Un participant s’est déclaré bisexuel et tous les autres gays. Ils étaient tous blancs (à l’exception d’un homme qui s’est déclaré latino) et d’une catégorie socio professionnelle plutôt élevée. En termes de longévité de couple, 10 couples étaient ensemble depuis 1 à 5 ans, 2 couples étaient ensemble depuis 10 à 15 ans et 3 couples depuis plus de 16 ans. 12 couples vivaient ensemble et 3 chacun chez soi (chaque membre du couple a son propre logement). Le partenaire séropositif a été diagnostiqué avant le début de la relation dans treize des couples et après le début de la relation dans deux couples.

Un des constats les plus frappants de cette étude est le contraste entre la façon de vivre avec le VIH à l’intérieur du foyer et à l’extérieur. Les participants ont déclaré unanimement que le foyer garantissait un espace sécurisant, familial et protecteur où le VIH était presque un non sujet. Le Tasp joue un rôle essentiel dans ce contexte et le fait de pouvoir avoir des rapports sexuels sans préservatif et sans risquer une transmission contribue à rendre cette vie de couple ordinaire. Un des participants a déclaré : « Je ne veux pas que le VIH soit un sujet dans notre couple. Si j’avais de la tension, je prendrais un cachet tous les jours et le traitement serait tout aussi visible. Je prends mon traitement contre le VIH, mon conjoint le sait et cela fait partie de la vie d’un couple ordinaire ». Son conjoint ajoute : « J’ai appris avec le temps qu’il a tendance à être tête en l’air et oublier de prendre certaines choses alors tous les matins je dis : « Chéri, tu as pris tes médicaments ? ».

Paradoxalement, et alors que la notion de Tasp est tout à fait intégrée dans ces couples, la question du sang reste un sujet sensible comme l’explique un des répondants qui est séropositif : « Si je me coupe en cuisine et que je saigne, ça me rend paranoïaque. Je vais préférer jeter la nourriture alors que je sais que le virus est fragile à l’air libre ». Cette peur est d’autant plus irrationnelle que non seulement le virus du VIH ne survit pas à l’air libre et meurt en quelques secondes, mais surtout la personne en question est sous Tasp avec une charge virale indétectable et ne peux donc pas transmettre le VIH.

En dehors de leur foyer, ces couples sérodifférents ont du mal à appréhender la façon dont le VIH est perçu par leur entourage y compris leurs familles et leurs amis-es. 19 des 21 participants ont déclaré que le VIH était encore très stigmatisé dans la société. « J’ai toujours peur que la stigmatisation affecte la vie de mon conjoint, ma vie professionnelle ou familiale. Peur que les gens agissent différemment avec moi à cause du VIH », explique l’un d’eux. Cette stigmatisation a des effets insidieux sur la vie sociale de ces couples sérodifférents. Ils ont tendance à ne pas parler du VIH en public ou de ne partager cette information qu’avec des membres très proches de leur cercle familial et amical : « Quand on est sur le point de partir en voyage, je rappelle souvent à mon conjoint de prendre son traitement mais si quelqu’un est à côté je ne vais pas pouvoir lui dire : « As-tu pensé à prendre tes médocs ? ». La plupart de ces couples ont admis que cette façon différente de gérer la vie avec le VIH à l’extérieur de leur foyer et de leur vie intime était la raison pour laquelle ils ressentaient une différence entre les couples qui vivent avec le VIH et ceux qui ne vivent pas avec.

Les auteurs-ices de cette étude ont précisé que cette dernière avait des limites. Presque tous les participants sont blancs, tous en dessus de 31 ans, avec des revenus élevés, un bon niveau d’éducation et vivent dans un pays, l’Australie, où les traitements et le suivi VIH sont facilement accessibles. Il serait intéressant que les chercheurs-ses conduisent des études similaires chez des publics différents afin de voir si les conclusions de cette étude australienne peuvent être ou non généralisées.

Références : Philpot SP et al. The ‘normality’ of living as a gay serodiscordant couple in Sydney, Australia. Sociology of Health & Illness, online ahead of print, 7 August 2020.