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source : Le Monde

Le conseil scientifique sur le Covid­19 a transmis à l’exécutif, lundi 20 avril, son avis sur la sortie pro­

gressive du confinement, avis qui aura attendu cinq jours pour être mis en ligne sur le site du minis­tère de la santé. Président de ce conseil, Jean­François Delfraissy revient sur les conditions indis­pensables à la levée graduelle de ce dispositif contraignant et sur la mise en œuvre opérationnelle du déconfinement pour les deux mois qui suivront.

Où en sera l’épidémie en France à la fin du confine­ ment ?

Notre sixième avis rappelle ce qui a été obtenu avec le confine­ ment : la non­saturation des ser­ vices de réanimation et une nette diminution du nombre moyen de personnes contaminées à partir d’un même cas infecté. Mais cela doit être clairement dit : le virus circulera encore début mai et l’immunité de la population res­ tera relativement faible au début du déconfinement.

Le nombre de contaminations à l’issue du confinement devrait être de 2000 à 3000 par jour, quand on en comptait entre 60 000 et 80 000 au plus fort de l’épidémie. Avec ce niveau plus ré­ duit, nous pouvons déployer une stratégie de repérage des person­ nes contagieuses.

Les « prérequis » au déconfine­ ment listés par le conseil né­ cessitent d’importants moyens humains et techniques. La France est­elle en mesure de les mobiliser ?

L’identification rapide des cas et de leurs contacts nécessite d’im­ portantes capacités diagnosti­ ques avec les tests RT PCR [qui dé­ tectent le matériel génétique du vi­ rus]. Nous partons avec une capa­ cité de 100 000 à 150 000 tests par jour. C’est le minimum pour dé­ pister sur l’ensemble du territoire les 2 000 à 3 000 nouveaux cas quotidiens. Sans compter les per­ sonnes asymptomatiques, qui re­ présentent environ 20 % des por­ teurs du virus. Nous devons tester très largement les personnes qui ont le moindre symptôme évoca­ teur. Il faut écouter les gens et, dans le doute, les tester.

Vous préconisez que les tests diagnostiques soient effectués sur prescription médicale…

Oui, dans un premier temps, pour éviter un appel d’air, mais cela peut évoluer. Beaucoup de gens veulent se faire tester parce qu’ils sont inquiets. Une grande société comme Veolia veut offrir un test le 11 mai à tous ses salariés. Si l’ensemble des grands groupes en faisaient autant, cela condui­ rait à une large utilisation de tests qui ne servent à rien en popula­ tion générale – il faudrait les re­ faire chaque semaine – et pas as­ sez de tests pour les patients ayant des symptômes, qui sont des sources de dissémination.

Une fois qu’on a identifié
des cas, comment voyez­vous le dispositif de traçage des contacts ?

Il nécessite des équipes dédiées pour identifier les contacts en in­terrogeant les cas identifiés. On a souvent présenté à tort cette opé­ ration en Corée du Sud comme re­posant sur le tout ­numérique. Elle impliquait aussi une brigade mobile de 20 000 membres.

Comment monter une telle bri­ gade en deux semaines en France ? Toute une série d’acteurs qui ont joué un rôle limité jus­ qu’ici doivent être utilisés. Vu la taille de notre pays, il faut tabler sur environ 30 000 personnes : des médecins généralistes, des soignants, des membres du mi­ lieu associatif, les services sanitai­ res des mairies… Sans cela, cela ne marchera pas.

L’avis évoque « un choix per­ sonnel éclairé » pour les per­ sonnes les plus à risque. Mais ces décisions individuelles ont un impact collectif. Comment parvenir à un équilibre ?

C’est une petite musique qui court dans l’ensemble de cet avis : s’appuyer sur la responsabilité in­ dividuelle et citoyenne des per­ sonnes, sans imposer de mesures pour cette première sortie du con­ finement. Les personnes à risque comme les personnes dépistées prendront une décision informée d’accepter ou non ce qui leur est conseillé : un confinement volon­ taire, une quarantaine.

Un âge élevé ou des pathologies multiples constituent un risque pour les patients. En réanimation, 82 % des décès touchent des per­ sonnes de plus de 70 ans. Ils ne sont pas plus contaminants que les autres. Des grands­parents veulent revoir leurs petits­en­ fants. C’est à eux de décider s’ils veulent prendre un risque. Cela dit, l’avis porte sur les deux pre­

Le président du conseil scientifique, Jean­Francois Delfraissy, à Paris, le 26 avril. JOEL SAGET/AFP

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miers mois. Cette attitude libérale pourrait évoluer en cas de reprise de l’épidémie.

Pourquoi la question de la réouverture des écoles est­elle difficile à trancher ?

Il y a un enjeu de santé publique mais aussi des enjeux sociétaux : des mamans et des papas qui doi­ vent retourner travailler, des ris­ ques de maltraitance. C’est une dé­ cision politique. Cela dit, les en­ fants sont moins contagieux et, à l’exception du lycée de Crépy­en­ Valois (Oise), il n’y a pas de publi­ cation signalant une école comme point de départ épidémique.

Les modèles montrent que la contribution de la fermeture des écoles à la baisse globale de la cir­ culation du virus n’est pas ma­ jeure. Nous détaillons les moda­ lités possibles du retour à l’école dans une note intitulée « En­ fants, écoles et environnement familial ».

Selon vous, les enjeux du déconfinement ont­ils été clairement exposés à l’opinion publique ?

Aujourd’hui, notre ennemi est invisible jusqu’à ce qu’un proche soit touché. Les tests le rendront davantage visible. C’est ce qu’ont très bien fait les Allemands. Il faut de la transparence, faire com­ prendre une certaine forme de complexité, de doute et d’hésita­ tion. Soit on revient au type de dé­ cision très verticale, du sommet vers la base, qui a prévalu lors de la mise en place du confinement, soit comme dans notre avis, on est beaucoup plus nuancé. Le ci­ toyen doit s’en emparer.

Il ne sera pas facile d’obtenir l’adhésion de la population dans la durée…

Une fois qu’un test est positif ou négatif, nous pouvons prendre toutes les décisions du monde, nous sommes dans la situation du médecin face à son patient. Il lui annonce un diagnostic et lui prescrit un traitement. Encore faut­il que le patient l’accepte. Même dans des maladies graves comme le cancer ou le VIH, le taux d’observance ne dépasse pas 70 %. Pour un résultat efficace, il faut une adhésion.

Le virus circulera encore début mai et l’immunité

de la population restera faible au début
du déconfinement

C’est pour cela qu’au nom du conseil scientifique j’ai écrit, mi­ avril, à l’Elysée et à Matignon pour demander la mise sur pied d’un comité de liaison citoyen qui se­ rait associé à l’équipe qui pilote le déconfinement. Ce dialogue bé­ néficiera des propositions de la société civile, dont le retour nous aidera à comprendre comment se passe l’après­11 mai.

Pourquoi n’avez­vous pas re­ tenu le principe d’une stratégie régionale de déconfinement ?

Nous y avons travaillé, du fait que les niveaux de circulation vi­ rale diffèrent, avant d’abandon­

ner cette fausse bonne idée. Même l’Allemagne avec ses Län­ der a décidé de ne pas trop entrer dans une stratégie régionale. Il y aura des déplacements de foule difficiles à maîtriser.

Environ 1,3 million d’habitants d’Ile­de­France, qui ont quitté la région avant le confinement, vont y revenir. Des retraités vont partir dans l’autre sens. A l’inté­ rieur de grandes régions, il aurait fallu des exceptions pour les gran­ des villes.

Dans ces conditions, les grands chassés­croisés d’été sont­ils envisageables en 2020 ?

Il faudra qu’il y ait des vacances, mais les vacances de 2020 seront différentes et plus contraintes que d’habitude, avec moins de dé­ parts à l’étranger. Peut­on avoir une stratégie de distanciation so­ ciale sur des zones de grandes concentrations entre le 20 juillet etle20août?Jenesaispascequi se passera au­delà de deux mois après le déconfinement. 

source : tetu

Comment apprendre à vivre avec le VIH ? Philippe lui a mis plusieurs années à se relever, mais aujourd’hui il a réussi à en faire une force.

Solitude

Onze ans plus tard, Philippe en parle toujours avec beaucoup d’émotion. Les mots se
mélangent aux larmes et à cette souffrance que l’on ne dit pas. Il raconte cette angoisse
d’avoir peut-être contaminé, son copain de l’époque, Rodrigue, de ne pas avoir su comment réagir, de ces amis qui s’en vont. De cette nuit aux urgences pour le traitement préventif de son homme qui lui reste à ses côtés… “Il a été parfait. Il prenait soin de moi tous les soirs et me rassurait”. Pendant un mois, tous deux vont arrêter de respirer. Le temps pour son copain de recevoir les résultats négatifs de ses tests. “Ça a été un tel soulagement pour moi. Je pense que je n’aurais pas pu supporter de lui avoir transmis le VIH. C’était la seule chose qui comptait.”

Par crainte, il va le repousser et lui demander de s’en aller. “Dans ma tête, je me disais, il
fallait qu’il s’en aille avant que je le contamine”. Peu à peu la solitude et les rendez-vous
médicaux remplacent les sorties, la vie affective et les amis. S’en suivent plusieurs mois
d’errance médicale entre manque de confiance en soi et recherche d’un nouveau traitement.

« Ce n’est que ça »

“Je me souviens, un jour, ma psy m’explique que quand le traitement sera le bon, je ne pourrais plus transmettre le VIH et que j’enlèverais même la capote”. Une hérésie pour lui qui, à ce moment-là, ne voit pas comment il pourrait ravoir une vie sexuelle ou affective. À son travail, ses collègues s’inquiètent de son visage soucieux. “J’ai fini par me confier, sans vraiment réfléchir. Et j’ai été viré. Mon responsable m’a convoqué pour m’expliquer que j’allais être malade tout le temps et qu’il ne pouvait pas me garder parce que cela coûterait trop cher à ma boite !”

Comment avancer dans cette situation ? Reprendre confiance en soi et dans le corps médical ? Ses proches lui soumettent alors l’idée de lancer sa propre société de
conseils. “La meilleure alternative possible !” En juin 2009, il se lance et embauche
Micheline, 62 ans. Jusqu’en 2015, il va se laisser envahir par le travail. Oublier le virus et
avancer. “Un jour, nous étions en déplacement, et elle exige d’arrêter la voiture et me
demande pourquoi j’ai l’air en permanence pas bien. C’est terrible, il faut que je sache”. Sur un air de défi, il le lui balance, plante son regard dans ses yeux et toise sa réaction. “ Si ce n’est que ça… Je suis tellement soulagée ! Ça va aller alors”. Ce soulagement honnête a eu l’effet d’un électrochoc pour Philippe. Comme le déclic qu’il attendait pour renaître. “Ce n’est que ça”. Une petite phrase qui le fait relativiser.

« Je suis fier de ce que je suis devenu »

Entre temps, il trouve un traitement qui lui correspond. Les effets secondaires disparaissent et il tombe amoureux. Une belle histoire qui va durer cinq ans et où le VIH n’a jamais été un problème. “Quand je lui ai annoncé que j’étais séropositif nous étions sur la plage. Et il n’a pas réagi. Mais il n’est pas parti.” Les jours passent et Philippe revient à la charge. Entre étonnement et craintes, il le questionne, l’interroge sur son absence de réaction. “Merci de m’avoir fait suffisamment confiance pour me le dire. Mais pour moi ça ne change rien”.

En renouant avec une vie sociale et affective, Philippe va aussi changer de regard sur lui. Ce cachet qu’il voyait comme un rappel quotidien de son statut sérologique devient au fil du temps son “meilleur ami”“Grâce à lui, aujourd’hui, je vis de façon tout à fait normale. Je n’ai plus aucun effet secondaire, j’ai une vie affective et sexuelle, de nouveaux amis. Bref, tout va bien”. Il décrit une vie plus saine, plus équilibrée. Du sport et des fruits. Des rires aussi. Et le grand air de son village non loin de Nantes. De son parcours, il a tiré une force. “On vit avec le VIH et on vit très bien. Maintenant la société va devoir faire avec nous ! En plus, le VIH a changé beaucoup de choses en moi. Et aujourd’hui, je suis fier de qui je suis devenu.”

source : ANSM

Dans le contexte mondial et national exceptionnel, nous assurons depuis le début de la pandémie la mise à disposition des médicaments et des produits de santé afin de garantir la prise en charge des patients atteints du COVID-19 et l’accès aux traitements indispensables pour les autres patients, notamment ceux atteints de maladie chronique.

Concernant les médicaments et face à cette situation inédite, nous avons dès le mois de février mobilisé les industriels afin de connaître l’état de leurs stocks en médicaments jugés indispensables (anticancéreux, immunosuppresseurs, antihypertenseurs, antipsychotiques, paracétamol, etc). Nous avons mis en place une cellule dédiée dont la mission est d’anticiper les situations de tensions et trouver immédiatement des solutions (importations, contingentements) afin d’assurer la continuité d’accès aux médicaments pour les professionnels de santé et les patients sur l’ensemble du territoire.

Pour ce faire et en complément de l’obligation des industriels de communiquer à l’ANSM tout risque de rupture ou de rupture de stock avérée, nous les interrogeons régulièrement sur l’état de leurs stocks et de leurs approvisionnements. Aujourd’hui et hors médicaments COVID-19, le volume et les causes des tensions d’approvisionnement observées sont globalement comparables à celles observées habituellement.

Tout signalement d’une éventuelle tension d’approvisionnement permet de mettre rapidement en œuvre les actions nécessaires afin d’améliorer la situation. Cela a été rappelé aux représentants des professionnels de santé et des patients lors d’une réunion d’échanges et d’information qui s’est tenue lundi 27 avril 2020. Nous adaptons en effet notre approche et les mesures que nous déployons en fonction de l’actualité, du suivi de l’utilisation des médicaments en ville via les études épidémiologiques menées par EPI-PHARE  et de l’évolution du contexte épidémique.

Une attention particulière est portée quotidiennement sur les médicaments de réanimation[1]  (midazolam, propofol atracurium, cisatracurium, rocuronium), les médicaments utilisés dans la prise en charge des patients COVID-19 et les différents médicaments testés dans les essais cliniques en cours. S’agissant des médicaments utiles à la prise en charge de maladies chroniques qui sont actuellement utilisés contre le COVID-19, ils font également l’objet d’une surveillance continue tant au plan de leur disponibilité que des effets indésirables liés à cette nouvelle utilisation.

Concernant les dispositifs médicaux, nous accompagnons l’ensemble des acteurs mobilisés (institutionnels, fabricants, professionnels de santé et représentants des patients) afin d’équiper les professionnels de santé et les patients en matériel et dispositifs nécessaires dans le contexte de pandémie : respirateurs, systèmes d’aspiration pulmonaire, masques, tests diagnostiques, kits de prélèvement, etc.

Pour cela, nous contribuons à chercher des solutions d’approvisionnement, nous contrôlons la conformité des produits importés, nous accompagnons les porteurs de projets et encadrons la mise à disposition des innovations.

source : Onusida

En 2018, dans le monde, chez les personnes âgées de 15 ans et plus vivant avec le VIH, la couverture de la thérapie antirétrovirale était plus élevée chez les femmes que chez les hommes. De nombreuses études montrent que les hommes sont moins susceptibles que les femmes de se faire dépister, de commencer et de respecter un traitement contre le VIH. Cela se traduit par de plus mauvais résultats cliniques et un risque plus élevé de mourir de causes liées au sida. La faible utilisation par les hommes des services de lutte contre le VIH est à l’image de leur comportement général en matière de santé. On attribue cette attitude aux normes de masculinité en vigueur, à la stigmatisation, aux possibilités offertes et aux autres coûts liés à une visite dans un établissement de santé, ainsi qu’à des services inadaptés (parmi d’autres facteurs).

Cette disparité se retrouve dans de nombreux contextes géographiques et épidémiques. Des estimations régionales ventilées par sexe indiquent que la couverture de la thérapie antirétrovirale était plus élevée chez les femmes que chez les hommes dans toutes les régions sauf une. Cette disparité est la plus forte en Afrique occidentale et centrale où l’on estime que 61 % [32 %-67 %] des femmes séropositives recevaient un traitement contre le VIH en 2018, par rapport à 40 % [18 %-41 %] des hommes dans la même situation. L’écart entre les deux sexes est d’au moins 10 % en Asie et dans le Pacifique, dans les Caraïbes, en Afrique orientale et centrale, ainsi qu’en Europe de l’Est et en Asie centrale. Les services prénataux expliquent probablement cette disparité, car ils représentent un point d’entrée essentiel au dépistage du VIH et aux services de traitement dans de nombreuses régions.