Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Source : Seronet.info

Les coronavirus forment une vaste famille de virus, connue depuis les années 50, qui peuvent causer des maladies chez l’homme et chez l’animal. Chez l’être humain, différents types de coronavirus peuvent entraîner des infections respiratoires dont les manifestations vont du simple rhume à des maladies plus graves comme le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers) et le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras). Deux maladies qui ont causé des épidémies chez l’homme, respectivement en 2017 et en 2003. Le dernier coronavirus qui a été découvert est responsable de la maladie à coronavirus 2019. Elle est appelée Covid-19 ; sa souche virale est le Sars-CoV2.

Qu’est-ce que la Covid-19 ?

Le virus identifié en janvier 2020 en Chine est un nouveau coronavirus. La maladie provoquée par ce coronavirus a été nommée Covid-19 par l’OMS.

Origine. La maladie est une forme de pneumonie. Elle a pour cause le virus Sars-CoV2. Le réservoir de virus est probablement animal. Même si le Sars-CoV2 est très proche d’un virus détecté chez une chauve-souris, l’animal à l’origine de la transmission à l’homme n’a pas encore été identifié avec certitude, rappelle une communication de l’Institut Pasteur. Plusieurs publications suggèrent que le pangolin, un petit mammifère consommé dans le sud de la Chine, pourrait être impliqué comme hôte intermédiaire entre la chauve-souris et l’homme. La transmission d’un coronavirus de l’animal à l’homme s’est déjà produite. C’était le cas en 2017 avec le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers), le virus était passé du chameau à l’homme. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que « rien ne prouve que les animaux de compagnie, tels que les chiens ou les chats, peuvent transmettre la Covid-19 à l’homme ».

Symptômes. Une des difficultés actuelles réside dans le fait qu’il n’est pas possible de différencier la grippe saisonnière du Covid-19 sur la seule base de symptômes. En effet, ils ne sont pas spécifiques. C’est un test diagnostic qui permet de distinguer le Sars-Cov-2 d’une bronchite ou d’une grippe. Les symptômes les plus courants sont la fièvre, la fatigue et une toux sèche. Certaines personnes présentent des douleurs, une congestion nasale (nez bouché), un écoulement nasal, des maux de gorge ou une diarrhée, rappelle l’OMS. Ces symptômes sont généralement bénins et apparaissent de manière progressive. Certaines personnes, bien qu’infectées par le Covid-19, ne présentent aucun symptôme et se sentent « bien ». D’ailleurs, la plupart (environ 80 %) des personnes guérissent sans avoir besoin de traitement particulier. Des symptômes graves (dyspnée, soit une gêne respiratoire) se manifestent chez une personne sur six qui contracte la maladie.

Comme cela a été communiqué par l’OMS : les symptômes de cette infection sont la fièvre (88 %), la toux sèche (68 %), la fatigue (38 %), la production de crachats (33 %), le souffle court (19 %), la gorge irritée (14 %), les maux de tête (14 %), les douleurs musculaires (15 %), les frissons (11 %), la nausée ou les vomissements (5 %), la congestion nasale (5 %) et la diarrhée (4 %). Certains patients-es infectés-es n’ont aucun symptôme et déclarent se sentir bien (4, 5%). « Il ressort des études récemment publiées que 80 à 85 % des sujets infectés par le Sars-Cov-2 n’ont pas ou peu de symptômes, alors que 15 à 20 % développent une maladie plus sévère, souvent associée à un âge avancé ou à d’autres comorbidités », rappellent deux médecins et chercheurs Laurent Lagrost et Didier Payen dans une contribution au Quotidien du Médecin (6 mars).

Contagiosité. Elle semble débuter avec l’apparition des symptômes, voire quelques jours avant pour certaines personnes. Elle serait plus importante chez les personnes symptomatiques, notamment quand elles toussent. Le Sars-Cov-2 est aussi contagieux que le virus du Sras en 2003. Selon les études publiées en janvier dernier, le « taux de reproduction de base du virus », c’est-à-dire le nombre moyen de personnes qu’une personne vivant avec le virus va infecter est d’environ 2,6 personnes. « Le Sars-Cov-2 est plutôt discret et très contagieux. Il sera donc difficile à contenir. Son affinité pour les cellules humaines et pour le récepteur ACE-2 (…) sa porte d’entrée dans la cellule, serait dix à vingt fois plus élevée que celle du Sras-Cov, d’où une très forte transmissibilité, y compris par des sujets asymptomatiques », expliquent Laurent Lagrost et Didier Payen dans le Quotidien du Médecin (6 mars). « Chez les patients infectés, le Sars-Cov-2 a pu être retrouvé dans de nombreux fluides et excrétions biologiques (sécrétions de la bouche et du nez, sang, selles, urines…). Les possibilités et modalités de transmission sont donc multiples. Elles augmentent ainsi les incertitudes et compliquent les recommandations », expliquent les deux médecins. On considère qu’un contact étroit avec une personne infectée est nécessaire pour transmettre la maladie : même lieu de vie, contact direct à moins d’un mètre lors d’une toux, d’un éternuement ou une discussion en l’absence de mesures de protection.

Dangerosité. Des experts-es rappelaient récemment que la maladie est « bénigne » dans 80 % dans cas. « La Covid-19 est généralement bénigne, confirme l’OMS. En particulier chez l’enfant et le jeune adulte, mais elle peut aussi être grave : un malade sur cinq doit être hospitalisé. Il est donc tout à fait normal de s’inquiéter des conséquences de la flambée de Covid-19 pour soi-même et pour ses proches ». La Covid-19 représente un risque fort pour certaines personnes (voir plus bas). Le taux de mortalité est d’environ 3 % selon l’Organisation mondiale de la santé. Certains-es experts évoquent une mortalité se situant aux alentours de 2,3 %. C’est bien plus que la grippe (0,3 %), mais moins que d’autres épidémies passées avec d’autres coronavirus (mais il est vrai que ces épidémies ont été courtes et ont touché nettement moins de monde : 8 000 cas pour le SRAS en 2003 occasionnant 800 décès). Le risque est lié à l’étendue de l’épidémie : plus le pourcentage de personnes touchées sera élevé, plus le nombre de décès risque d’être élevé. C’est d’ailleurs ce que nous constatons avec les chiffres de ces derniers jours.

Propagation. La durée de l’incubation (délai entre la contamination et l’apparition des premiers symptômes) est de l’ordre de sept à quatorze jours. Un constat partagé par l’OMS et le centre de contrôle des maladies (CDC) américain. Reste que de plus longues périodes d’incubation ont été observées, jusqu’à 28 jours.

« La Covid-19 peut se transmettre d’une personne à l’autre par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu’une personne tousse ou éternue. Ces gouttelettes peuvent se retrouver sur des objets ou des surfaces autour de la personne en question. On peut alors contracter la Covid-19 si on touche ces objets ou ces surfaces et si on se touche ensuite les yeux, le nez ou la bouche. Il est également possible de contracter la Covid-19 en inhalant des gouttelettes d’une personne malade qui vient de tousser ou d’éternuer. C’est pourquoi il est important de se tenir à plus d’un mètre d’une personne malade », rappelle l’OMS. Le virus est « principalement transmissible par contact avec des gouttelettes respiratoires, plutôt que par voie aérienne (l’air qu’on respire).

Contagion en absence de symptômes. La maladie se propage principalement par les gouttelettes respiratoires expulsées par les personnes qui toussent ou éternuent. Le risque de contracter la Covid-19 au contact d’une personne qui ne présente aucun symptôme est très faible. Un seul cas aurait été repéré, mais il fait l’objet d’un désaccord entre les spécialistes, faute de preuves scientifiques. Pourtant, note l’OMS : « Beaucoup de personnes atteintes ne présentent que des symptômes discrets. C’est particulièrement vrai aux premiers stades de la maladie. Il est donc possible de contracter la Covid-19 au contact d’une personne qui n’a, par exemple, qu’une toux légère, mais qui ne se sent pas malade ».

Transmission sexuelle. La maladie se transmet par les postillons. Le virus est présent dans la salive. Donc, échanger un baiser avec une personne malade représente un risque important. Interrogée par le New York Times, l’OMS rappelait récemment que les coronavirus ne font pas partie des infections sexuellement transmissibles.

Résistance. « La survie du Sars-Cov-2 sur une surface inerte serait de l’ordre de un à neuf jours, en particulier en atmosphère humide et à basse température », rappellent Laurent Lagrost et Didier Payen dans le Quotidien du Médecin (6 mars). « Une bonne nouvelle tout de même : le Sars-Cov-2 est sensible aux désinfectants usuels tels que l’eau de Javel à 0,5 %, l’eau oxygénée ou l’alcool à 70 % », c’est ce qu’indique la Société française de microbiologie (21 février).

Rumeurs ! L’épidémie en cours a suscité pas mal de rumeurs et il est probable que cela se poursuive. Le phénomène est tel que Libération (dès le 11 mars) et Le Monde (13 mars) y ont consacré des articles pour les démonter, du moins les plus « populaires ». Par exemple, l’idée qu’il ne s’agirait que « d’un gros rhume monté en épingle » a beaucoup circulé. Autre rumeur en vogue, celle que le retour du temps (le soleil et les UV) mettre fin à l’épidémie, etc. Dans le contexte actuel déjà assez effrayant en soi, certaines de ces rumeurs prennent une importance particulière. L’AFP a traité près de 42 rumeurs et mauvais conseils dans une rubrique dédiée de son service de vérification d’infos. Tous les articles concernés sont en accès libre.

Deuxième souche ? Début mars, un article, très relayé, du site Santé+ magazine (« Un site habitué à diffuser des articles trompeurs, qui bénéficie cependant d’une très large audience sur les réseaux sociaux », comme l’écrit Le Monde, du 13 mars) reprend « les travaux d’une équipe de scientifiques chinois expliquant qu’il existerait deux souches distinctes du Sars-CoV-2, dont l’une serait plus « agressive » que l’autre ». Le site titre alors : « Une seconde souche du coronavirus tueur est en train de se propager inquiétant les chercheurs ». Dans les faits, rien n’est aussi simple et la publication chinoise qui a été faite le 3 mars dans la National Science Review est décriée par des scientifiques internationaux, dont certains-es demandent d’ailleurs le retrait. En France, des experts-es ont été sollicités-es par Le Monde pour donner leur lecture de ces « résultats ». Ils affichent une prudence et parlent de « conclusions prématurées ». Interrogé par le quotidien du soir, Nathan Grubaugh, de l’université de Yale, explique ce que ce type de nouvelles produit : « La presse adore ça, puisque ce type d’études sur la peur génèrent plus de clics. (…) Sur Twitter, certains suggèrent que si vous êtes infecté par la souche L, vous serez plus susceptible (…) de mourir. Nous devons maintenant dépenser plus d’énergie pour stopper cette désinformation. Cependant, la plupart des dégâts sont déjà causés. »

Pic de l’épidémie. Épidémiologiste et responsable de l’unité des infections respiratoires chez Santé publique France, Daniel Lévy-Bruhl a répondu à L’Obs. « Impossible de répondre dans le cas d’un virus émergent. Un pic se confirme une fois qu’il est passé. Dans le cas de la grippe, on peut faire des prévisions en se fondant sur les épidémies passées, ce n’est pas le cas ici. Par ailleurs, on a peu d’idée de l’impact qu’auront les mesures de confinement qui viennent d’être prises. Il serait même difficile de prédire l’évolution de l’épidémie en l’absence de mesures », explique-t-il.

Se protéger et protéger les autres

  • Ne pas se saluer en serrant la main, ni s’embrasser, ni faire d’accolades ;
  • Se laver très régulièrement les mains en privilégiant le savon et l’eau ou, en l’absence de point d’eau et de savon, d’avoir recours à la friction des mains avec une solution hydro-alcoolique. Se laver les mains à l’eau et au savon ou avec une solution hydro-alcoolique tue le virus s’il est présent sur vos mains ;
  • Maintenir une distance d’au moins un mètre avec les autres personnes qui toussent ou qui éternuent. Lorsqu’une personne tousse ou éternue, elle projette de petites gouttelettes qui peuvent contenir le virus. Si vous êtes trop près, vous pouvez inhaler ces gouttelettes et donc le virus, si la personne qui tousse en est porteuse ;
  • Tousser et éternuer dans sa manche ou dans un mouchoir à usage unique. Cela protège les autres ;
  • Éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche. Les mains sont en contact avec de nombreuses surfaces qui peuvent être contaminées par le virus. Si vous vous touchez les yeux, le nez ou la bouche, le virus peut pénétrer dans votre organisme et être infecté-e ;
  • Utiliser des mouchoirs à usage unique ;Porter un masque quand on est malade ;
  • Éviter autant que possible les transports en commun, les lieux publics avec forte densité de population (les rassemblements de plus de 100 personnes dans un lieu clos sont interdits) et reporter autant que possible les déplacements (train, car, avion…) ;
  • Favoriser le télétravail.

Porter un masque pour se protéger ?
Les recommandations actuelles sont de ne porter un masque que si on présente des symptômes (en particulier, la toux) ou si on s’occupe de quelqu’un susceptible d’être atteint-e de la maladie. Les masques jetables sont à usage unique. Si vous portez un masque alors que vous n’êtes pas malade ou que vous ne vous occupez pas de quelqu’un qui est malade, c’est inutile et du gaspillage. Le gouvernement a établi une stratégie spécifique concernant les masques de protection.

Mauvais conseils… à ne pas suivre
Les rumeurs vont de pair avec les mauvais conseils. Il a été dit que boire chaud (du thé surtout, ou de l’eau chaude avec du citron) permettrait de « neutraliser » le virus. C’est faux ! Il n’est pas non plus recommandé de se raser la barbe et la cocaïne ne soigne pas du virus comme l’a longuement détaillé l’AFP. Même chose avec la solution saline ou encore la viande de bœuf et l’eau bouillie à l’ail.

Personnes les plus exposées
Les personnes âgées et celles qui ont d’autres problèmes de santé (hypertension artérielle, problèmes cardiovasculaires, diabète, bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), etc.) ont plus de risques de présenter des symptômes graves en cas d’infection avec le Sars-CoV2. Dans les cas plus graves, qui semblent concerner majoritairement à ce jour des personnes vulnérables, en raison de leur âge ou du fait d’avoir des maladies associées, la personne peut être atteinte d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë, d’une insuffisance rénale aiguë, voire d’une défaillance pouvant entraîner le décès.

Le Haut comité de santé publique a dressé une liste des « personnes à risque de développer une forme grave d’infection à Sars-CoV-2 ». On y trouve, entre autres : les « personnes âgées de 70 ans et plus (même si les patients entre 50 et 70 ans doivent être surveillés de façon plus rapprochée) », « les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée, insuffisance cardiaque… », « les malades atteints de cirrhose au stade B, au moins », les « personnes avec une immunodépression (…) infection à VIH non contrôlée avec des CD4 <200/mn³ », etc.

Si on pense être infecté-e
Toute personne qui a de la fièvre (fièvre supérieure ou égale à 38˚ ou sensation de fièvre), qui tousse et qui a des difficultés à respirer doit consulter un médecin.  Il est recommandé de contacter son médecin traitant et d’informer son médecin référent VIH ou son hépatologue. Il ne faut pas aller à l’hôpital en première intention, ni aux urgences, au risque de contaminer d’autres personnes. En cas de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires, il faut contacter le 15 en urgence. Le 15 est désormais embouteillé : ne composez ce numéro que si vous avez des symptômes respiratoires très gênants.

Comment est-on diagnostiqué-e ?
En France, le diagnostic spécifique de la Covid-19 est réalisé actuellement par une méthode de biologie moléculaire (RT-PCR spécifique) sur un écouvillonnage nasopharyngé (on rentre un écouvillon assez haut dans le nez) dont le résultat peut être obtenu entre une et quatre heures selon la technologie utilisée. Aucun test commercial simple n’est actuellement disponible, rappelle une contribution au Quotidien du Médecin (6 mars).

Être soigné-e

Peut-on guérir ?

Tout d’abord, il y a de l’espoir. La pandémie est « maîtrisable » a affirmé, 12 mars, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur exécutif de l’OMS. Il a indiqué que chaque pays concerné devait adopter « une approche globale (…) adaptée à [sa] situation, avec l’endiguement comme pilier central ». Du côté du ministère de la Santé, on explique que « 98 % des personnes guérissent », rappelle un article de Franceinfo. Du moins, c’était jusqu’au 29 février. Le directeur général de la Santé, le professeur Jérôme Salomon, donnait alors, chaque jour, le nombre de personnes guéries. C’est fini. Interrogée par Franceinfo sur ce point, la direction générale de la santé (DGS) a indiqué (mi-mars) : « Ce n’est pas qu’on ne veut pas donner le nombre de personnes guéries, c’est que nous ne sommes pas en mesure de le faire correctement ». Interrogé par Franceinfo, le professeur Olivier Bouchaud, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Avicenne, explique : « Pour évaluer le nombre de personnes guéries, on peut uniquement se référer aux personnes qui ont été testées. Or, ça ne représente plus grand-monde puisqu’on ne teste plus la grande majorité des patients ». Néanmoins, dans son point du 11 mars, Jérôme Salomon a demandé à Santé publique France de « se retrousser les manches pour obtenir ces données-là ». « Il est important que les Français voient et entendent des personnes guéries », a expliqué le directeur général de la Santé.

Les voies thérapeutiques

« Il y en a trois principales : le vaccin, le traitement thérapeutique et le repositionnement de molécules existantes », explique Bruno Canard, spécialiste de la réplication virale des virus à ARN comme les coronavirus, au Journal du CNRS (13 mars). Et le chercheur d’expliquer : « Il faut au mieux dix-huit mois pour créer un vaccin, et des années pour un nouveau médicament. Le repositionnement, une solution popularisée au début des années 2000, a l’avantage d’être plus immédiat ». Le principe est d’utiliser « des médicaments qui ont déjà passé un crible de sélections pour pouvoir les réutiliser sur d’autres pathologies ». Pour le Sars-COV-2, cinq médicaments sont notamment en essais cliniques. « L’avantage des médicaments comparé aux vaccins est qu’un seul principe actif suffit souvent pour couvrir l’ensemble d’une famille de virus. De tels agents antiviraux à large spectre seraient très puissants puisqu’il suffirait de donner le médicament à un patient et au cluster de personnes qui ont été exposées autour de lui avant même l’apparition de symptômes. Le virus serait tué instantanément, éradiquant, par le même effet, les risques d’épidémie », indique Bruno Canard.

Quel traitement quand on est infecté-e ?

« Certains remèdes occidentaux, traditionnels ou domestiques peuvent apporter du confort et soulager les symptômes de la Covid-19, mais rien ne prouve que les médicaments actuels permettent de prévenir ou de guérir la maladie », rappelle l’OMS qui recommande de ne prendre aucun traitement en « automédication pour prévenir ou guérir la Covid-19 ». La prise en charge actuelle s’appuie sur un traitement symptomatique avec oxygénation, hydratation, antiémétique (contre les vomissements) et l’utilisation de médicaments déjà connus comme le Kaletra (anti-VIH) ou l’interféron bêta. « Il n’y a actuellement pas de traitement spécifique d’efficacité démontrée vis-à-vis de Covid-19. Le traitement est donc symptomatique », affirme l’Institut Pasteur.

Médicaments à ne pas utiliser

Les antibiotiques n’agissent pas contre les virus, rappelle l’OMS, mais seulement contre les infections bactériennes. La Covid-19 étant du à un virus, les antibiotiques sont inefficaces. Ils ne doivent pas être utilisés comme moyen de prévention ou de traitement du Sars-CoV2. Ils doivent être utilisés seulement sur prescription médicale pour traiter une infection bactérienne.

Par ailleurs, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a mis en garde samedi 14 mars contre la prise d’ibuprofène (Advil, Nurofen, etc.) chez les personnes infectées par le coronavirus. « La prise d’anti-inflammatoires (ibuprofène, cortisone…) pourrait être un facteur d’aggravation de l’infection. En cas de fièvre, prenez du paracétamol. Si vous êtes déjà sous anti-inflammatoires, ou en cas de doute, demandez conseil à votre médecin », a indiqué le ministre. L’ibuprofène est susceptible d’aggraver des infections déjà existantes, avec de grosses complications éventuelles. Plusieurs médecins ont évoqué des cas de patients du Covid-19 jeunes et sans comorbidités, qui se retrouvent dans un état grave après avoir pris de l’ibuprofène contre leur fièvre, rapporte l’AFP.

Peut-on être réinfecté-e

On ne sait pas. La rubrique Checknews de Libération a traité cette question dans un article : « Covid-19 : une personne guérie peut-elle retomber malade ? » (4 mars). Elle a posé la question à deux chercheurs. « On n’a pas essayé de réinfecter des malades guéris par le Covid-19, donc scientifiquement on ne peut pas dire : c’est impossible, ou c’est possible », explique à CheckNews le docteur Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière. « Il est difficile de répondre positivement et scientifiquement », abonde Vincent Enouf, directeur adjoint du centre national de référence des virus respiratoires de l’Institut Pasteur, cité dans le même article.

Où en sont les recherches ?

Un essai clinique visant à évaluer l’efficacité de plusieurs traitements commence mi-mars dans toute la France. « Tout est prêt, nous n’attendons plus que les médicaments », a expliqué le Pr Yazdan Yazdanpanah (service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat AP-HP), cité  par le Quotidien du Médecin (11 mars). Le clinicien et chercheur coordonne le consortium REACTing, dont le chef de file est l’Inserm, grâce auquel cet essai va être financé. Cette étude doit inclure 3 200 patients-es hospitalisés-es pour des formes graves de la maladie en Europe (dont 800 en France), répartis-es sur plusieurs centres. Elle va comparer quatre groupes. Chaque groupe recevra un traitement différent.

Un premier groupe bénéficiera de la prise en charge actuelle, c’est-à-dire un traitement symptomatique avec oxygénation, hydratation, antiémétique (contre les vomissements), etc.  Un deuxième groupe recevra en plus du traitement symptomatique, le remdesivir. Ce médicament est un antiviral développé par le laboratoire pharmaceutique Gilead. Il est actuellement recommandé par le Haut Conseil de la santé publique pour les cas les plus graves. Il aurait une puissante activité in vitro et in vivo sur les coronavirus animaux et humains, et notamment sur le Sars-CoV et le Mers-CoV. Un essai clinique de phase 3 est en cours en Chine, dont les premiers résultats sont attendus le 27 avril. Le troisième groupe sera traité par Kaletra (ritonavir/lopinavir), un médicament anti-VIH, du laboratoire pharmaceutique AbbVie. Le quatrième groupe sera traité par une association de Kaletra et d’interféron bêta (Laboratoire Merck). C’est le professeure Florence Ader (service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, et chercheuse INSERM à l’université Claude-Bernard) qui coordonnera l’étude. Le professeur Yazdan Yazdanpanah a précisé que la chloroquine (un antipaludéen) n’a pas été retenue à cause des interactions médicamenteuses et des problèmes d’effets indésirables sur les patients en réanimation. Néanmoins, elle pourrait être intégrée dans un second temps si « in vivo on montre qu’il y a une efficacité ». Un autre essai doit d’ailleurs être mené avec un traitement à base de chloroquine sur 24 personnes infectées et hospitalisées à l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection à Marseille.

Covid-19, VIH et hépatites virales

Aucun lien entre le VIH et le Sars-CoV2

Mais des rumeurs circulent. Pour faire court, certains-es prétendent que le virus Sars-CoV2 serait une « combinaison du Sras et du sida ». Comme le détaille un article du Monde (9 mars), ces rumeurs ont, au moins, trois origines : une étude scientifique indienne controversée qui a été dépubliée, les propos d’un médecin sortis de leur contexte et le fait qu’est utilisé un médicament anti-VIH (Kaletra, combinaison de lopinavir et de ritonavir) dans le traitement de certains-es patients-es

Les personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales sont-elles plus à risque ?

Comme c’est le cas avec toutes les maladies infectieuses, certaines personnes souffrant de maladies chroniques (VHC, VHB, VIH, etc.) peuvent présenter un risque plus élevé de sévérité de la maladie, surtout en présence d’autres facteurs (usage du tabac, surpoids, diabète, hypertension, etc.) Concernant le VIH, tout dépend de la charge virale et de l’existence ou non de comorbidités. Sida Info Service a publié (2 mars) une interview du docteur Jade Ghosn, médecin au service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris. Le spécialiste explique que pour une personne vivant avec le VIH avec une charge virale indétectable, les précautions à prendre sont « les mêmes que pour la population générale ». « Si votre charge virale actuelle est indétectable et que vos CD4 actuels sont supérieurs à 200/mm3, vous ne faites pas partie des personnes vulnérables ». Il a indiqué qu’une personne vivant avec le VIH ayant un « taux de CD4 < 200/mm3 est considérée comme « à risque ».

Le 12 mars dernier, la Société française de lutte contre le sida (SFLS) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) écrivent dans une lettre d’information pour les personnes vivant avec le VIH : « À ce jour, aucune donnée scientifique ne permet d’affirmer que les personnes vivant avec le VIH sont plus exposées au risque d’acquisition du Covid-19 ni qu’elles développeront une forme plus grave de l’infection. Néanmoins, toutes les personnes séropositives et leur entourage doivent prendre les précautions recommandées, puisqu’il s’agit d’un nouveau virus pour lequel beaucoup d’inconnues persistent ». Et la SFLS et la Spilf d’expliquer : « Bien que ce ne soit pas démontré pour le Covid-19, mais en se basant sur ce qui se passe avec d’autres virus, on peut supposer que pour les personnes vivant avec le VIH, le risque d’une forme grave est probablement plus élevé lorsque le taux de CD4 est bas (<200/mm3), ou en cas d’échec virologique sous traitement ou lorsqu’existent des maladies associées. Les principaux facteurs de risque de formes graves ou de mortalité (…) connus à ce jour sont l’âge avancé et la présence de maladies associées, particulièrement les maladies cardiovasculaires, le diabète ou l’insuffisance respiratoire chronique. Ces pathologies associées peuvent parfois être présentes chez les personnes vivant avec le VIH ». De son côté, la professeure Dominique Salmon-Ceron (maladies infectieuses, Hôpital Hôtel-Dieu et Hôpital Cochin, Paris) ajoute sur le site Têtu : « Un petit pourcentage des porteurs du VIH ont une immunodépression soit parce qu’ils ne sont pas traités, soit connaissent un échec thérapeutique, ou viennent de débuter un traitement. Ceux-là doivent être plus vigilants. Peut-être qu’il y a un sur-risque pour eux. Sans certitude pour le moment, mais c’est de la prudence ».

Recommandations des experts-es du VIH

Dans leur lettre, la SFLS et la Spilf recommandent aux personnes vivant avec le VIH comme à leur entourage de suivre strictement les conseils des autorités (respect des gestes barrières). Le port du masque n’est nécessaire que si on présente des symptômes. Elles insistent sur le fait de « prendre régulièrement ses traitements contre le VIH et les traitements des maladies associées ». « Si des mesures d’isolement ou de restriction de déplacement devaient être mises en œuvre dans les prochains jours, il est important de s’assurer que vous disposez d’un approvisionnement suffisant en médicaments afin d’éviter les ruptures de traitements (antirétroviraux et traitements des comorbidités associées) et d’étudier avec votre équipe soignante la mise en place de moyens de consultations à distance durant la période de restriction ». « Il est bon de rappeler les recommandations habituelles de prévention des complications pulmonaires pour les personnes séropositives : la vaccination annuelle contre la grippe saisonnière, la vaccination contre l’infection à pneumocoque, ainsi que l’arrêt du tabac », détaillent la SFLS et la Spilf.

Recommandations des experts-es du foie

Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19 et dans les « limites des connaissances actuelles », l’Afef la Société française d’hépatologie) a publié un communiqué (12 mars) qui donne les informations suivantes aux personnes traitées par immuno-modulateurs (personnes transplantées du foie) et à celles qui sont atteintes de « maladie chronique du foie avec fibrose hépatique avancée ». « En l’absence de données en faveur d’un risque plus élevé d’infection ou de gravité/durée de l’infection à Covid-19 associé aux traitements immuno-modulateurs, il est recommandé de ne pas interrompre ces traitements dans un but préventif », écrit l’Afef. « Il convient de discuter, au cas par cas, avec les médecins spécialistes concernés de l’interruption d’un traitement immuno-modulateur chez les patients infectés ». L’Afef indique aussi qu’afin de « limiter les risques de contamination en plus de suivre les consignes classiques de lutte contre le Covid-19 (lavages réguliers des mains à l’eau et au savon et/ou utilisation d’une solution hydro-alcoolique, abandon des poignées de mains et embrassades), les consultations externes programmées dans les établissements de soins devraient être différées dans la mesure du possible et les téléconsultations privilégiées ». Enfin, pour « limiter les risques de surinfection secondaire bactérienne et de co-infection virale, il est particulièrement important d’être à jour de ses vaccinations notamment contre le pneumocoque et contre la grippe saisonnière », conclut l’Afef. Des recommandations spécifiques de la Société française de transplantation pour les personnes transplantées ont été publiées. L’Inserm a également publié un avis.

Approvisionnement des antirétroviraux

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) indique qu’à « ce stade, aucune indisponibilité de médicaments liée au Covid-19 » n’est « identifiée à court terme (dans les deux mois à venir) en France ». L’ANSM a d’ailleurs prévu prochainement une réunion d’information et d’échanges « sur l’impact du Covid-19 sur la couverture des besoins sanitaires des patients en produits de santé ». Des représentants-es de patients-es, des professionnels-les de santé, des représentants-es des industriels du médicament, y sont conviés-es.

Activité des services VIH

Le fonctionnement des services VIH peuvent être perturbés, d’autant que ce sont les services d’infectiologie qui sont sur le pont dans la prise en charge des personnes infectées par le Sars-CoV2. Ce contexte est d’ailleurs évoqué dans le point d’information publié récemment par l’inter Corevih d’Île-de-France (11 mars) qui s’adresse aux personnes vivant avec le VIH. « Afin de vous éviter des déplacements et des attentes en salle de consultations, des téléconsultations vont être organisées avec vos médecins par la plupart des hôpitaux. Les équipes médicales resteront bien entendu disponibles pour vous voir en cas d’urgence », indique le document. Cette réorganisation temporaire devrait logiquement concerner aussi les consultations de Prep, également assurées par ces mêmes services.

Questions éthiques

Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a été saisi par le ministre de la Santé Olivier Véran en février afin de « recueillir son avis concernant les enjeux éthiques liés à la prise en charge des patients atteints de Covid-19 et aux mesures de santé publique contraignantes qui pourraient être prises dans le cadre de la lutte contre l’épidémie ». Le CCNE a rendu son avis le 13 mars. Dans son avis, le CCNE a identifié plusieurs points de tension. Par exemple, concernant l’hôpital, il attire l’attention sur le « problème des ressources rares telles que les lits de réanimation et leur équipement lourd (….) qui risquent de s’avérer insuffisantes si le nombre de formes graves est élevé », explique le site Décision santé. « En effet, la nécessité d’un tri des patients entre ceux infectés par le Covid-19 et ceux porteurs d’autres pathologies pose un questionnement éthique », note l’avis. Sur ce point, le CCNE préconise de créer des « cellules éthiques de soutien ». Elles devraient être mises en place dans les établissements pour aider les médecins obligés de choisir quels-les patients-es soigner en priorité si les services de réanimation étaient débordés par l’épidémie de coronavirus. Ces cellules fourniraient « une aide pour les décisions médicales extrêmement difficiles que pourraient être amenées à prendre certaines équipes », a expliqué le président du CCNE, Jean-François Delfraissy.

Sources d’infos utiles et fiables

Nous avons retenu plusieurs sources d’informations nationales et internationales fiables. Elles vous permettront d’approfondir certaines informations, de vérifier ce que vous pouvez lire, par ailleurs et de suivre l’évolution des recommandations officielles tout comme l’évolution de l’épidémie.

  • Site de l’OMS sur la Covid-19
  • Conseils de l’OMS aux voyageurs-ses
  • Infos générales sur le Covid-19 (en anglais) sur le site du Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC)
  • Plateforme téléphonique d’information « Nouveau coronavirus » (France). Elle est accessible au 0800 130 000 (gratuit depuis un poste fixe en France, sept jours sur sept, 24h/24). Elle permet d’obtenir des informations sur le Covid-19 et des conseils aux personnes ayant voyagé ou circulé dans une zone où le virus est présent
  • Informations aux voyageurs-ses sur le site du ministère des solidarité et de la Santé
  • Questions-réponses sur le site du gouvernement français
  • Informations et données épidémiologiques de Santé publique France
  • Informations pour les personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales sur le site de AIDES
  • Fil d’actualité de Seronet
  • Informations sur le site de la Société française de lutte contre le sida.