source : tetu
La culpabilisation n’a jamais protégé personne. Le chemsex comporte des risques et il est nécessaire que ses adeptes soient bien informés de ces dangers et des mesures à adopter pour une meilleure prévention. Voici donc plusieurs règles à lire très attentivement…
Règle n°1 : se protéger des IST
Les spécialistes de la prévention sont unanimes pour dire que le préservatif n’est pas la solution la plus efficace lors de ces marathons sexuels. En effet, les drogues utilisées vous désinhibant complètement,“le comportement est altéré, on ne se contrôle plus”, prévient la sexologue Catherine Blanc. On imagine bien que la capote ne fait donc pas partie du décor. Les infectiologues préconisent aux hommes séronégatifs d’utiliser laPrEP, le traitement préventif qui protège d’une contamination au VIH. Il est aussi recommandé de se faire vacciner contre les hépatites A et B, ainsi que contre le papillomavirus, pour les moins de 26 ans. Se faire dépister régulièrement, au moins tous les trois mois, permet de traiter rapidement différentes infections sexuellement transmissibles, comme la syphilis, la chlamydia ou la gonorrhée. Enfin, pour empêcher la transmission du VIH lorsque l’on est séropositif, un traitement antirétroviral (TaSP) est essentiel.
Règle n°2 : surveiller sa consommation
Pour démarrer une session de chemsex, on conseille de mettre à disposition des participants un tableau afin d’inscrire l’heure et la dose de chaque prise pour être sûr de bien les espacer et éviter ainsi une surconsommation.“À court terme, il y a un risque de crise cardiaque, de coma. On a eu des cas de décès par overdose, explicite Chloé Lucet, psychiatre et addictologue à l’hôpital Sainte Anne, à Paris. À long terme, on remarque un risque psychiatrique, comme des hallucinations ou de l’anxiété chronique.”À l’heure actuelle, il est difficile de recenser le nombre de morts liés au chemsex. “Bien souvent, les urgentistes ne connaissent pas cette pratique, ajoute la médecin. De ce fait, on ne réalise pas systématiquement une analyse toxicologique.”
Règle n°3 : prendre garde à son corps
Si vous vous injectez des drogues, prêtez attention à votre réseau veineux.“Il ne faut surtout pas multiplier les injections sur le même point”, prévient Fred Bladou, en charge de l’addictologie communautaire à Aides. Sinon, vous risquez de voir apparaître des plaies ou des abcès. L’association propose d’ailleurs un accompagnement pour que les chemsexeurs puissent se piquer dans les meilleures conditions possible. Par ailleurs, sniffer trop régulièrement des substances en poudre peut provoquer des nécroses de la cloison nasale. Fred Bladou préconise de“faire des breaks et d’alterner son mode de consommation”.
Règle n°4 : connaître le produit
Que ce soit sur internet ou dans la rue, acheter une drogue illégale présentent des risques. Il y a bien souvent une différence entre le produit que l’on pense acheter et celui qu’on obtient.“Très régulièrement, lorsque l’on analyse un produit, on remarque que le pourcentage de principe actif n’est pas celui annoncé ou qu’il est mélangé à d’autres substances toxiques”, raconte Fred Bladou. Ces sites, très intelligents sur le plan marketing,“se donnent une apparence de laboratoire pharmaceutique, avec des molécules dessinées, etc.”ajoute-t-il. En cas de doute, pour connaître la composition exacte d’un produit, il est possible d’analyser un échantillon dans un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) ou auprès de l’association Aides.
Des sites spécialisés (psychoactif.org ou technoplus.org) contiennent de nombreuses informations sur les différents produits (dosage, effets, risques, etc.). Prenez soin de savoir quelle molécule se dissimule derrière une appellation commerciale (par exemple, ce que l’on nomme “crystal”, c’est de la méthamphétamine, une substance encore plus addictive que les amphétamines). Si vous n’avez pas le temps de faire des tests ou des recherches sur le produit, Fred Bladou recommande de commencer par une très petite quantité et d’attendre 45 minutes minimum avant toute nouvelle prise.
Règle n°5 : ne pas partager son matos
Le chemsex se pratique à plusieurs, mais le partage du matériel doit absolument être proscrit. Chaque participant doit avoir son propre matériel : ses seringues, ses pailles, sa pipe, etc. Cela est aussi valable pour les ustensiles de préparation, comme les coupelles. Des structures associatives de réduction des risques distribuent gratuitement des kits de shoot, d’inhalation et de sniff. Les seringues doivent impérativement être stériles; il faut donc en changer après chaque injection.“Le danger est la transmission d’infections sexuellement transmissibles et d’autres bactéries”, précise Fred Bladou. Après utilisation, l’ensemble du matériel doit être jeté dans une bouteille en plastique pour éviter les blessures, et être apporté dans un lieu dédié (Caarud ou certaines pharmacies).
Et la règle d’or : se soucier des autres
Si l’on fait du sexe à plusieurs, ce n’est pas pour ne s’occuper que de sa petite personne. Pensez donc à afficher des numéros d’urgence (112 en premier lieu, 15 pour le Samu, 18 pour les pompiers, 0177939777 pour Aides), à veiller au consentement de chacun. N’oubliez pas de vous hydrater régulièrement. Si vous ou l’un de vos proches avez besoin d’aide ou de soutien, l’association Aides a mis en place un numéro sur WhatsApp (0762932229, chiffré de bout en bout) et un groupe fermé sur Facebook, InfoChemsex.