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source : seronet

Les stratégies actuelles de traitement du VIH permettent de vieillir en contrôlant le virus. La durée de vie des personnes vivant avec le VIH s’allonge au point d’atteindre celle des personnes non infectées. Bien sûr, la durée de vie n’est pas toujours corrélée à la qualité de vie et on peut connaître des difficultés de santé liées au vieillissement lui-même, à l’impact au long cours de l’infection chronique, etc. Cette question fait l’objet de recherches, comme celle conduite sur les conséquences sur les fonctions cognitives d’une infection par le VIH.

La vie avec le VIH a-t-elle sur la durée des conséquences sur les fonctions cognitives ? C’est à cette question qu’a entrepris de répondre le docteur Alain Makinson (Unité « Recherche translationnelle sur le VIH et les maladies infectieuses », CHU de Montpellier, Université de Montpellier, Inserm, IRD) et son équipe. Ils se sont intéressés à la survenue de déficiences neurocognitives (comme une baisse de l’attention, des difficultés à se concentrer, une baisse de la mémoire et des capacités motrices…) chez les personnes vivant avec le VIH dans l’étude ANRS EP58 Hand 55-70 (1). Des réflexions et résultats préliminaires avaient été présentés par le docteur Makinson lors d’une conférence à Biarritz en septembre 2018.

De nouveaux résultats viennent de faire l’objet d’une publication dans la revue Clinical infectious diseases. Les chercheurs-ses décrivent les résultats de leurs observations sur 200 personnes vivant avec le VIH recrutées dans six centres français (Montpellier, Nîmes, Marseille, Cannes, Grenoble, Tours). Les mesures collectées chez ces participants-es ont ensuite été comparées, en utilisant les mêmes méthodes d’évaluation neurocognitives, à celles d’une population témoin composée de 1 000 personnes de même âge, genre et niveau d’éducation issues de la cohorte Constances (2) recrutées en population générale.

Un risque plus élevé quand on vieillit avec le VIH

Les chercheurs-ses ont mis en évidence que chez des personnes vivant avec le VIH, âgées de  55 à 70 ans, le risque de développer des déficiences neurocognitives légères (et dans certains cas, sans symptômes) est accru de 50 %. Grâce aux thérapies antirétrovirales actuelles, les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) peuvent contrôler le virus. Cependant, si la mortalité de ces personnes n’est plus majoritairement causée par le VIH et a beaucoup diminué depuis l’avènement de ces thérapies, d’autres risques sont à prendre en compte, avance l’Inserm. Quelques études récentes ont notamment souligné l’augmentation de la prévalence des déficiences neurocognitives (DNC) chez les personnes vivant avec le VIH par rapport aux personnes non-infectées. Cette augmentation est d’autant plus marquée chez les personnes qui ne contrôlent pas le virus. Cependant, ces DNC pourraient également être dues à des facteurs cardiovasculaires ou encore à la survenue de dépression, plus fréquente dans cette population, avancent les chercheurs-ses.

Pour tenter de préciser la nature de l’association entre le fait de vivre avec le VIH et être atteint de déficiences neurocognitives (telles qu’une baisse de l’attention, de la mémoire et des capacités motrices), Alain Makinson et son équipe ont donc étudié les données de 200 personnes vivant avec le VIH, âgées de 55 à 70 ans et contrôlant le VIH, enrôlées entre janvier 2016 et octobre 2017 dans l’étude ANRS EP58 Hand. Chaque personne a été comparée à cinq personnes non exposées au VIH de même âge, genre et niveau d’éducation, appartenant à la cohorte Constances recrutées en population générale. Les méthodes de passage des tests cognitifs et de recueil des données de l’étude étaient identiques dans les deux groupes comparés. Au total, 1 200 personnes ont donc été incluses dans le cadre de cette étude. « Bien que les déficiences observées dans l’étude soient légères ou sans symptôme apparent (c’est-à-dire n’impactant pas ou légèrement les activités de la vie malgré des résultats anormaux aux tests), les personnes vivant avec le VIH étaient plus touchées par la déficience neurocognitive : 35 % contre 24 % pour le groupe contrôle.

Mais un lien de causalité difficile à établir

Le risque de souffrir d’une déficience neurocognitive est donc augmenté de 50 % pour une personne infectée par le VIH, comparée à une personne non infectée, tous critères égaux par ailleurs (âge, genre, niveau d’éducation) », indique le communiqué de l’Inserm. Les auteurs-es parviennent à la même conclusion après prise en compte de plusieurs facteurs de confusion potentiels (consommation d’alcool ou de tabac, activité physique, diabète, hypertension, etc.), y compris en utilisant plusieurs méthodes d’évaluation des tests cognitifs. Malgré ces résultats très solides, un lien de causalité entre le fait de vivre avec le VIH et la survenue de déficience neurocognitive ne peut pas être établi, et plusieurs hypothèses sont possibles. L’une est que l’infection par le VIH et ses traitements causent une inflammation récurrente du cerveau. Une deuxième hypothèse est que les complications associées à l’immunodéficience ont pu impacter la cognition avant la mise sous traitement contre le VIH, mais sans aggravation plus rapide par la suite par rapport à la population générale, indique l’équipe de chercheurs-ses. Enfin, la séropositivité  pourrait être associée à d’autres facteurs de risques (consommation de produits notamment) qui sont difficiles à mesurer pleinement dans les deux populations de cette étude. Les chercheurs-ses souhaitent continuer à suivre la même population plus longtemps afin de mieux préciser les causes de déficience neurocognitive dans cette population qui avance en âge et tester l’hypothèse d’un vieillissement cognitif accéléré chez les personnes vivant avec le VIH, d’autant que très peu d’études avec un groupe contrôle sont disponibles. « Tester l’hypothèse de l’inflammation du cerveau en recueillant certains biomarqueurs spécifiques présents dans le sang constitue une autre perspective de l’équipe pour mieux comprendre les mécanismes causant les dommages au cerveau », concluent Alain Makinson et son équipe.

(1) : L’étude ANRS EP58 Hand (HIV-Associated Neurocognitive Disorder) a pour objectif de mesurer la prévalence des troubles neurocognitifs (classification Frascati) dans une population de personnes vivant avec le VIH entre 55 ans et 70 ans et la comparer à celle mesurée en population générale dans la cohorte Constances après appariement sur l’âge, le genre, et le niveau de formation. Son objectif secondaire est d’étudier si l’infection par le VIH est un facteur associé aux troubles neurocognitifs.
(2) : Constances est une cohorte épidémiologique « généraliste » constituée d’un échantillon représentatif de 200 000 adultes âgés de 18 à 69 ans à l’inclusion, consultants des Centres d’examens de santé (CES) de la Sécurité sociale.

source : seronet

Le risque de contracter la tuberculose et le VIH en prison est considérablement plus élevé en raison de facteurs environnementaux, sociaux, culturels, biologiques et relevant des droits fondamentaux, rappelle (28 octobre) l’Onusida dans un communiqué.

« Les personnes incarcérées sont en effet davantage exposées à une contamination au VIH et à d’autres infections à cause de [pratiques exposant à un risque, ndlr] comme le partage d’aiguilles et de seringues utilisées, les rapports sexuels non protégés, les violences sexuelles et le manque d’accès à la prévention complète du VIH ainsi qu’à des services de réduction des risques ». Dans le monde, la prévalence du VIH parmi les personnes en prison est beaucoup plus importante que parmi le reste de la population : elle est en moyenne cinq fois plus élevée parmi les personnes incarcérées par rapport aux adultes vivant en milieu libre. Les populations clés (personnes qui s’injectent des drogues, professionnels-les du sexe et, dans certains pays, personnes trans ou hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) sont généralement surreprésentées parmi la population carcérale. « Même s’il est relativement simple d’entrer en contact avec les personnes dans les prisons, les établissements pénitentiaires dans de nombreux pays n’offrent pas de services de lutte contre le VIH », note l’Onusida. Les rapports nationaux des trois dernières années fournis à l’institution onusienne révèlent que rares étaient les pays à fournir des données programmatiques sur la distribution de préservatifs (32 pays), la thérapie de substitution aux opiacés (24 pays) et les équipements d’injection stérile (trois pays) en prison, mais 74 pays fournissent des données programmatiques sur la thérapie antirétrovirale, et 83 pays indiquent fournir un dépistage du VIH en prison.

source : preventionsida.org

MOINS DE DIAGNOSTICS DE VIH MAIS LE VIH TOUCHE UN PUBLIC PLUS DIVERS

L’utilisation de la PrEP donne un boost à la prévention du VIH

En 2018, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a baissé de 2% par rapport à 2017. Sciensano, l’institut belge de la santé, a enregistré 882 diagnostiques de VIH en 2018, ce qui correspond à une moyenne de 2,4 nouveaux diagnostics par jour. Ces chiffres donnent à penser que l’utilisation de la Prophylaxie pré-exposition ou PrEP (c’est-à-dire le traitement préventif des personnes n’ayant pas de VIH mais qui courent un risque élevé de contamination) contribue d’une manière positive à la prévention du VIH et à la baisse du nombre de cas. Alors que le nombre de diagnostics baisse dans les groupes traditionnellement touchés, apparaissent d’autres groupes dont les programmes de prévention doivent tenir compte.

Le nombre de diagnostics de VIH continue de baisser

Selon Sciensano, en 2018, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a continué de baisser pour la 5e année consécutive, même si le nombre total de nouveaux diagnostics reste élevé. La Plateforme Prévention Sida réagit positivement mais prudemment aux chiffres et réfléchit également à l’avenir. La prévention combinée est de toute manière la solution. Cette prévention combinée prend plusieurs aspects :

  • sensibiliser à l’utilisation du préservatif et de la PrEP ;
  • inciter à se faire dépister rapidement après un risque 
  • traiter immédiatement les personnes ayant le VIH en cas de diagnostic positif (afin que le virus ne puisse plus être transmis).

La combinaison de tous ces éléments fonctionne, comme l’attestent les chiffres.

La Ministre de la Santé publique Maggie De Block: “Le VIH est une affection très grave qui a des conséquences à vie pour le patient. En 2017, j’ai décidé de rembourser l’utilisation préventive des antirétroviraux afin de faire baisser le nombre de nouvelles infections. Et cela semble fonctionner: de moins en moins de personnes attrapent une infection VIH. Ce sont bien entendu de très bonnes nouvelles mais nous n’avons pas encore atteint notre but. Nous devons continuer à investir dans la prévention et dans les traitements afin de faire encore reculer la maladie. »

« Si nous devons nous réjouir de la diminution manifeste du nombre de nouveaux diagnostics de VIH, il est également de notre devoir de continuer à sensibiliser le plus grand nombre aux risques encourus, avec une attention toute particulière pour les publics les plus exposés. Ce travail de prévention doit se poursuivre dans le cadre d’un prochain Plan national VIH ambitieux que j’appelle de mes vœux », ajoute Barbara Trachte, ministre bruxelloise en charge de la Promotion de la Santé à la COCOF.

Christie Morreale, ministre wallonne de la Santé ajoute : « Les derniers chiffres de diagnostic du VIH sont encourageants car ils indiquent une nouvelle diminution du nombre de cas détectés par jour en Belgique. Ces résultats sont le fruit du travail mené par l’ensemble des opérateurs de terrain soutenu par les pouvoirs publics. Ceci étant, nous devons maintenir le cap pour, à terme, endiguer cette maladie qui frappe encore trop aujourd’hui. En Wallonie, l’action se poursuit. Cette année, près d’1.500.000 euros ont été dégagés pour lutter contre le VIH et soutenir les personnes atteintes de ce virus. Il est par ailleurs important de continuer à articuler les multiples actions de préventionavec les projets de sensibilisation, à travers l’EVRAS notamment. Enfin, le plan national VIH initié par Laurette Onkelinx et qui arrive à son terme cette année, doit être reconduit avec des ambitions actualisées. A cet égard, le Plan Promotion et Prévention Santé en Wallonie Horizon 2030 définit déjà les objectifs de notre région en la matière ».

L’utilisation de la PrEP est une valeur ajoutée dans la prévention du VIH

La PrEP, la pilule de prévention du VIH, complète l’offre de prévention en Belgique. “La PrEP contribue à la réduction du nombre de diagnostics en renforçant l’effet des autres moyens de prévention du VIH. L’utilisation du préservatif, des testsréguliers, un traitement précoce après diagnostic pour tous les patients infectés et des campagnes ciblées restent de la plus grande importance. La diminution du nombre de diagnostics chez les hommes belges ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes est le résultat d’efforts consentis depuis des années en matière de prévention combinée et la PrEP représente un boost supplémentaire pour cette prévention », complète André Sasse, Scientifique chez Sciensano.

Entre le 1er juin 2017 et le 31 décembre 2018, 2.412 personnes ont commencé pour la première fois un traitement PrEP. Quelque 100 nouvelles personnes commençant ce traitement sont venues s’ajouter chaque mois. 99% étaient des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.

source : seronet

Nouveau médicament dans le cadre du traitement du VIH : Trogarzo (ibalizumab) est indiqué, « en association avec d’autres médicaments antirétroviraux, dans le traitement de l’infection par le VIH-1 multi-résistant chez les adultes pour lesquels il n’est autrement pas possible d’établir un schéma de traitement antirétroviral suppressif », indique l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Ce médicament bénéficie d’une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte (ATUc).

Qu’est-ce que Trogarzo (ibalizumab) ?

Trogarzo (laboratoire Theratechnologies) est un anticorps monoclonal. Ce médicament est utilisé dans le traitement des personnes adultes infectées par le VIH de type 1 (VIH-1). Il est administré avec d’autres médicaments anti-VIH lorsqu’aucune des combinaisons standard ne permet de contrôler l’infection parce que le virus leur est résistant. Ce traitement permet donc de venir à bout des multi-résistances rencontrées chez certains-es patients-es, en complément à d’autres molécules. En France, on estime entre 3 000 et 5 000 les personnes qui seraient concernées par un traitement de sauvetage dans l’échec thérapeutique.

Comment Trogarzo est-il utilisé ?

Le médicament doit être instauré et supervisé par un médecin expérimenté dans le traitement de l’infection par le VIH. Trogarzo est disponible sous la forme d’une solution pour perfusion (goutte-à-goutte) dans une veine. Le traitement débute par une dose unique de 2 000 mg suivie par 800 mg toutes les deux semaines, rappelle l’Agence européenne du médicament ; si le traitement est interrompu, il doit être réinstauré de la même manière.

Comment agit-il ?

La substance active de Trogarzo est l’ibalizumab. C’est un anticorps monoclonal (un type de protéine) conçu pour se lier au CD4, un récepteur (une cible) présent à la surface des cellules immunitaires appelées lymphocytes T. Ces lymphocytes T sont la cible principale du VIH, que celui-ci utilise comme hôtes afin de se reproduire. En se liant au CD4, l’ibalizumab empêche le virus de pénétrer dans les lymphocytes T et de se multiplier, ralentissant ainsi la propagation de l’infection. Différentes études cliniques montrent que, pris avec d’autres médicaments anti-VIH, Trogarzo s’est révélé efficace pour réduire la charge virale chez des personnes dont le VIH était multi-résistant, autrement dit chez lesquelles les traitements standard anti-VIH combinés n’ont pas permis de supprimer suffisamment la charge virale VIH dans le sang. Dans une étude principale menée auprès de 40 adultes qui présentaient un VIH multi-résistant et dont le traitement n’agissait pas, les taux de virus dans le sang se sont avérés indétectables (inférieurs à 50 copies/mL) chez 43 % des personnes après 25 semaines dans le cadre d’un traitement standard associé à Trogarzo, rappelle l’Agence européenne du médicament. Des effets similaires ont été observés à l’occasion d’une deuxième étude principale portant sur 113 personnes adultes. Dans cette étude, 44 % des personnes chez lesquelles des doses de Trogarzo étaient ajoutées à un traitement standard présentaient des taux de VIH indétectables après 25 semaines.

Les effets indésirables les plus couramment observés lors des essais cliniques sous Trogarzo (qui peuvent toucher jusqu’à une personne sur dix) étaient : éruption cutanée, diarrhée, vertiges, maux de tête, nausées et fatigue.

Pourquoi Trogarzo est-il autorisé dans l’Union européenne ?

Les options thérapeutiques étant limitées chez les personnes présentant un VIH multi-résistant, il existe donc un besoin médical non satisfait au sein de cette population, avance l’Agence européenne du médicament. L’agence indique qu’elle a bien conscience que « les études présentées » étaient « de petite envergure » en termes de participants-es, mais elle considère que « le profil de sécurité de Trogarzo [est] acceptable ». Elle a « estimé que les bénéfices de Trogarzo sont supérieurs à ses risques et a autorisé l’utilisation de ce médicament au sein de l’Union européenne ».