Dans la majorité des cas où une personne sous PrEP contracte le VIH, c’est parce qu’elle n’a pas pris ses comprimés comme ils étaient prescrits. Lorsqu’une personne oublie trop de doses de la PrEP, les concentrations de médicaments dans son sang risquent de ne pas être suffisamment élevées pour prévenir l’infection par le VIH.
- Dans de rares cas, la PrEP peut échouer si une personne est infectée par une souche résistante du VIH.
- Une nouvelle étude a révélé que la résistance aux médicaments de la PrEP est rare au Canada.
- Ces résultats sont rassurants parce qu’ils confirment que la PrEP est hautement efficace pour prévenir le VIH.
Bien que cela se produise rarement, certaines personnes ont contracté le VIH pendant qu’elles prenaient la PrEP en respectant la posologie à la lettre. Dans la majorité de ces cas, les personnes en question ont été exposées à une souche du VIH qui était résistante à l’un des médicaments figurant dans la PrEP sinon aux deux, ce qui a permis à l’infection par le VIH de se produire. Afin de mieux comprendre le risque de transmission du VIH attribuable à la résistance parmi les personnes sous PrEP, il est important de déterminer la prévalence et l’incidence de la résistance au ténofovir et à l’emtricitabine chez les personnes vivant avec le VIH.
Lors d’une étude récente menée auprès d’une cohorte nombreuse de personnes séropositives sous traitement au Canada, on a trouvé que les taux de résistance au ténofovir et à l’emtricitabine étaient faibles dans ce groupe. Ces faibles taux de résistance au ténofovir et à l’emtricitabine sont rassurants parce qu’ils portent à croire que le risque que les personnes sous PrEP au Canada soient exposées à des souches résistantes du VIH est faible aussi.
Détails de l’étude
L’équipe de l’étude a utilisé des données du Centre de recherche collaborative CANOC, un centre collaboratif qui rassemble les données recueillies auprès de personnes séropositives dans des sites situés un peu partout au Canada. Dans l’ensemble, les participants suivis dans les sites CANOC :
- ont commencé un traitement contre le VIH après le 1er janvier 2000
- n’avaient pas reçu de traitement contre le VIH avant cette date (autrement dit, il s’agissait de personnes jamais traitées ou « naïves au traitement »)
- ont 18 ans ou plus.
Aux fins de la présente étude, la portée de l’analyse a été limitée à 6622 participants qui avaient commencé un traitement anti-VIH entre 2006 et 2014 dans des sites CANOC disposant de données complètes sur les tests de pharmacorésistance. Le début de cette période coïncide avec l’introduction, dans les lignes directrices américaines sur le traitement, de recommandations concernant les tests de résistance, ainsi qu’avec l’adoption de régimes de traitement à base de ténofovir au Canada.
Les participants avaient le profil moyen suivant au début de l’étude :
- 84 % de sexe masculin, 16 % de sexe féminin
- âge : 40 ans
- durée du suivi depuis l’amorce du traitement : 3,8 ans
Résultats
Les chercheurs ont évalué la résistance au ténofovir et à l’emtricitabine avant le début du traitement anti-VIH et au cours de la période suivant l’amorce du traitement.
Résistance aux médicaments avant le début du traitement
Avant le début du traitement, on a déterminé la résistance aux médicaments en effectuant des tests de résistance génotypique. Sur les 5 428 participants pour lesquels on disposait de résultats de tests génotypiques, 83 (1,5 %) avaient un VIH qui était résistant au ténofovir et 21 (0,4 %) avaient un VIH qui était résistant à l’emtricitabine.
Apparition de résistance après l’amorce du traitement
On a mesuré la résistance apparue après l’amorce du traitement à l’aide de tests de pharmacorésistance. Les chercheurs ont calculé le nombre de participants ayant acquis une résistance au ténofovir ou à l’emtricitabine, ainsi que l’incidence cumulative de la résistance chez les participants après un, trois et cinq ans de traitement.
Parmi les 6 539 participants qui n’avaient pas de résistance au ténofovir avant de commencer le traitement, la résistance est apparue chez le nombre suivant de personnes à chaque intervalle :
- un an de traitement : 16 personnes
- trois ans de traitement : 29 personnes
- cinq ans de traitement : 34 personnes
L’incidence cumulative de la résistance au ténofovir était de 0,27 % après un an, de 0,55 % après trois ans et de 0,70 % après cinq ans.
Parmi les 6 601 participants qui n’avaient pas de résistance à l’emtricitabine avant de commencer le traitement, la résistance est apparue chez le nombre suivant de personnes à chaque intervalle :
- un an de traitement : 74 personnes
- trois ans de traitement : 133 personnes
- cinq ans de traitement : 159 personnes
L’incidence cumulative de la résistance à l’emtricitabine était de 1,2 % après un an, de 2,5 % après trois ans et de 3,3 % après cinq ans.
Implications pour les personnes sous PrEP
Cette étude a permis de constater des taux faibles de résistance au ténofovir et à l’emtricitabine dans une grande cohorte de personnes vivant avec le VIH avant qu’elles aient commencé le traitement et à différents intervalles après l’amorce du traitement. La détermination des taux de résistance au ténofovir et à l’emtricitabine parmi les personnes vivant avec le VIH fournit des données contextuelles additionnelles permettant d’évaluer le risque de transmission du VIH parmi les personnes sous PrEP.
Les faibles taux de résistance au ténofovir et à l’emtricitabine parmi les personnes sous traitement anti-VIH au Canada portent à croire que l’impact potentiel de la résistance sur la transmission du VIH parmi les personnes sous PrEP est également faible. Bien que cette mesure indirecte soit informative, des recherches additionnelles seront nécessaires pour tirer des conclusions plus directes.