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Source : LeQuotidienMédecin.fr

Un traitement par l’association elvitégravir et cobicistat ne doit plus être initié pendant la grossesse d’une patiente infectée par le VIH. Si un tel traitement est déjà en cours au début de la grossesse, alors il doit être changé. Ces 2 recommandations diffusées par l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), font suite à la publication de données pharmacocinétiques issues de l’étude IMPACT P1026s.

Ces dernières montrent une diminution de 89 % de la concentration plasmatique d’elvitégravir au cours de la grossesse, ce qui entraîne un risque accru d’échec virologique et de transmission de la mère à l’enfant au cours de l’accouchement. Cette association est présente dans 2 spécialités : Stribild (fumarate de ténofovir, emtricitabine, elvitégravir, cobicistat) et Genvoya (ténofovir alafénamide, emtricitabine, elvitégravir + cobicistat). Cette alerte renforce l’idée selon laquelle les trithérapies à prise orale unique quotidienne ne sont pas adaptées lors de la grossesse.

Les modifications physiologiques du foie en cause

L’elvitégravir a besoin du cobicistat pour « booster » sa concentration plasmatique, mais cette stratégie n’est pas sans inconvénient. « En premier lieu, le cobicistat interagit avec d’autres médicaments, explique le Pr François Raffi, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Nantes. Par ailleurs, il agit en inhibant les cytochromes hépatiques, et les modifications physiologiques au cours de la grossesse réduisent son efficacité. »

Dans la pratique, cette alerte n’aura un impact limité sur la prescription : « Ils ne sont quasiment plus utilisés, résume le Pr Raffi. Principalement car les autres inhibiteurs d’intégrases disponibles, raltégravir, dolutégravir et bictégravir, sont aussi efficaces sans nécessiter de booster. Ce qui pouvait motiver certains médecins à les prescrire est leur simplicité d’emploi. » Au chapitre « désir d’enfant et grossesse » des recommandations du CNS et de l’ANRS, il est inscrit que Stribild et Genvoya sont « à éviter dans l’état actuel des connaissances », compte tenu du « peu de données disponibles ». Il faut cependant noter que c’est également le cas de toutes les trithérapies orales en un seul comprimé, à l’exception de l’Atripla (éfavirenz, emtricitabine, ténofovir disoproxil) qui est lui contre-indiqué.

« Ces traitements n’étaient pas recommandés, nous savons maintenant qu’ils sont en fait contre-indiqués », résume le Pr Raffi. Les traitements recommandés sont une association plusieurs médicaments : 2 inhibiteurs de la transcriptase inverse (zinvudine + lamivudine, ténofovir+emtricitabine ou abacavir + lamivudine) et un inhibiteur de protéase « boosté » par le ritonavir.

1 500 grossesses par an

Selon les données de l’enquête périnatale française volet femmes enceintes (Cohorte ANRS CO1), on estime qu’environ 2 femmes enceintes sur 1 000 sont infectées par le VIH en France, soit 1 500 naissances par an. Dans leur grande majorité, il s’agit de femmes cumulant plusieurs facteurs de risque : 75 % sont originaires d’Afrique subsaharienne, la majorité n’a pas d’activité professionnelle, 40 % sont célibataires et 20 % n’ont pas divulgué leur statut sérologique au géniteur. Dans 15 % des cas, la séropositivité est découverte au cours de la grossesse. En l’absence de traitement, le taux de transmission de la mère à l’enfant est 15 à 20 %. En France, la prise de traitement antirétroviral a réduit ce taux à 0,3 %, sur la période 2010-2015, soit moins de 5 naissances par an.

Source : LesScoopsd’Afrique.com

Une étude menée en Afrique du Sud, de janvier 2018 à février 2019 par l’Institut Aurum et ses partenaires, montre que l’administration de Dolutégravir pendant huit semaines et l’ajout ultérieur de deux médicaments antituberculeux de première intention sur trois mois – la Rifapentine et l’Isoniazide (3HP) – peut être effectuée en toute sécurité, pour traiter la tuberculose chez les personnes séropositives.

La co-administration d’un médicament contre le VIH, le Dolutégravir avec deux médicaments antituberculeux courants peut raccourcir le traitement antituberculeux en toute sécurité, selon une étude.

L’OMS estime que les personnes vivant avec le VIH sont 20 à 30 fois plus susceptibles de développer une tuberculose active, un tiers de tous les décès dus au VIH étant chaque année attribués à la tuberculose.

Selon les directives de l’OMS, un traitement long de la tuberculose pharmaco-résistante nécessite l’administration de médicaments pendant environ 20 mois, alors qu’un traitement court dure de neuf à douze mois.

Mais une étude menée en Afrique du Sud, de janvier 2018 à février 2019 par l’Institut Aurum et ses partenaires, montre que l’administration de Dolutégravir pendant huit semaines et l’ajout ultérieur de deux médicaments antituberculeux de première intention sur trois mois – la Rifapentine et l’Isoniazide (3HP) – peut être effectuée en toute sécurité, pour traiter la tuberculose chez les personnes séropositives.

“Le plan consiste à développer 3HP pour les personnes vivant avec le VIH et tous les contacts dans le ménage.”

Gavin Churchyard, Institut Aurumy

« Nous souhaitions montrer que 3HP associé au Dolutégravir chez les personnes vivant avec le VIH était sans danger. Le programme 3HP est très efficace pour prévenir la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH », déclare Gavin Churchyard à SciDev.Net.

PDG du groupe Aurum, basé en Afrique du Sud et chercheur principal de l’étude, Gavin Churchyard ajoute que les résultats de la recherche ouvrent la voie à une extension du régime 3HP dans 12 pays fortement touchés par la tuberculose : Brésil, Cambodge, Éthiopie, Ghana, Inde, Indonésie, Kenya, Malawi, Mozambique, Afrique du Sud, Tanzanie et Zimbabwe.

Les chercheurs ont présenté les résultats de l’étude – impliquant 60 adultes séropositifs en Afrique du Sud et non encore publiée dans une revue – lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes à Seattle (États-Unis), le 6 mars.

Selon les chercheurs, une fois le traitement terminé, les participants ont été suivis pendant quatre semaines supplémentaires.

L’administration concomitante de Dolutégravir, de Rifapentine et d’Isoniazide a été bien tolérée, sans effet indésirable grave, ont-ils ajouté.

« Le plan consiste à développer 3HP pour les personnes vivant avec le VIH et tous les contacts familiaux, en particulier les enfants de moins de cinq ans, dans tous les pays fortement touchés », explique Gavin Churchyard, avant d’ajouter que son équipe cherchait un financement pour rendre les médicaments accessibles aux personnes pauvres vivant avec le VIH et avec la tuberculose.

Kizito Lubano, chercheur à l’Institut de recherche médicale du Kenya et conférencier honoraire à la faculté de médecine de l’Université de Nairobi au Kenya, approuve les conclusions de l’étude, mais affirme qu’un petit échantillon de 60 personnes ne suffit pas à faire des recommandations à grande échelle.

« Il est nécessaire de mener des essais multicentriques complets de phases trois et quatre avec des échantillons plus grands, pour avoir suffisamment de confiance pour les recommander pour une utilisation de routine », a-t-il déclaré à SciDev.Net.

Il ajoute que toute simplification des options de traitement conduisant à une durée plus courte et à un nombre réduit de médicaments est un objectif souhaitable de tout programme de traitement et de contrôle des maladies.

« Les traitements actuels sont les meilleurs, basés sur les avancées scientifiques et les connaissances sur le VIH/sida et la tuberculose », déclare Lubano. « Cependant, il y a un besoin d’amélioration continue à mesure que les connaissances s’accumulent. »

Source : Ifop.com

Quelques jours avant le week-end du Sidaction (5, 6 et 7 avril 2019), Sidaction publie les résultats d’un sondage réalisé par Ifop-Bilendi auprès des jeunes âgés de 15 à 24 ans. Nous constatons au sein de cette génération un manque d’information sur le VIH/sida toujours très préoccupant : 23% des jeunes s’estiment mal informés, soit une augmentation de 12 points par rapport à 2009. C’est le niveau le plus haut atteint depuis 10 ans. A noter que ces chiffres sont semblables chez les personnes de 50 ans et plus.

Le sondage révèle que plus de 20% des jeunes interrogés n’ont pas reçu d’enseignement spécifique sur le VIH au collège ou au lycée. Cette donnée, en hausse de 6 points par rapport à 2018, souligne la nécessité d’améliorer l’accès à l’information sur le VIH/sida auprès des élèves. « Ce rôle ne doit pas reposer uniquement sur les associations. Il est indispensable de renforcer l’éducation à la sexualité dans les collèges et les lycées. Trois heures par an sont prévues dans les programmes scolaires, mais ce n’est pas toujours respecté. Cela est une des raisons pour lesquelles les jeunes oublient que le VIH est toujours présent et qu’ils prennent des risques » explique Florence Thune, directrice générale de Sidaction.

Un chiffre est aussi particulièrement alarmant : la moitié des 15-17 ans déclarent ne pas avoir utilisé de préservatif car ils n’en avaient pas à disposition.  Malgré les discours actuels et les mesures récentes supposées simplifier la mise à disposition du préservatif, il semble que l’accès et les messages sur les moyens de prévention ne soient pas encore suffisants. « Si la communication n’évolue pas suffisamment à ce sujet aujourd’hui, nous n’arriverons pas à faire baisser le nombre de nouvelles infections. » insiste Florence Thune.

En plus de jouer le jeu du virus, le manque d’informations attise les craintes. En 2019, la peur du VIH/sida et les discriminations ont la dent dure. 79% des sondés affirment toujours avoir peur du virus du sida et 28 % pensent que le VIH peut être transmis en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive. Malgré les avancées scientifiques obtenues grâce à la recherche, les mentalités n’ont pas évolué : seule la moitié des personnes interrogées savent qu’une personne vivant avec le VIH sous traitement efficace ne transmet pas le virus.

La lutte contre le sida auprès des jeunes est au milieu du gué. Alors que le sentiment d’information n’a jamais été aussi bas, les pratiques à risques ont néanmoins diminué en 2018. 8 % des personnes interrogées disent avoir été exposées à un risque, soit une baisse de six points par rapport à l’année dernière. « Nous devons poursuivre nos efforts car cela semble porter doucement ses fruits. Plus de la moitié des jeunes déclarent avoir confiance dans les informations délivrées par les associations de lutte contre le sida, les bonnes informations imprègnent progressivement les esprits » poursuit Florence Thune.

Les idées reçues sur le VIH/sida marquent le pas, après trois années d’augmentation. « C’est encourageant même si 13% des personnes interrogées pensent encore que le VIH/sida se transmet en buvant dans le verre d’une personne ou par la transpiration. C’est encore trop. »

« Il faut des informations, plus personnalisées et contextualisées, directement sur les smartphones par exemple. Il faut également penser à renouveler notre discours, en mettant en valeur les innovations de dépistage et de prévention. Le VIH ne doit pas être oublié et invisible dans la sphère publique » conclut Florence Thune.

Les chiffres à retenir du sondage Ifop – Sidaction

23% des jeunes interrogés estiment être mal informés sur le VIH/sida, soit une augmentation de 12 points par rapport à 2009. C’est le niveau le plus haut atteint depuis 10 ans
23 % considèrent qu’il existe des médicaments pour guérir du sida, contre 13% en 2009, contre 13% en 2009.
28 % des jeunes pensent que le VIH peut être transmis en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive
14% estiment encore que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission de virus
94 % des jeunes pensent que le préservatif est efficace pour empêcher la transmission du VIH/sida (soit une perte de 4 points depuis 4 ans)
8% des jeunes de moins de 25 ans admettent avoir été exposés au moins une fois à un risque d’être contaminés par le VIH/sida (contre 14% en 2018)
Pourtant, 31% considèrent avoir moins de risques que les autres d’être contaminés, soit un chiffre en hausse de 9 points par rapport à 2009.
21% n’ont jamais bénéficié d’un enseignement au cours de leur scolarité, soit une perte de 8 point par rapport à 2009.
73% des jeunes estiment que l’Education nationale n’en fait pas suffisamment en matière d’information sur le VIH/sida. (Hausse de 10 point par rapport à 2018)
57% estiment que les associations de lutte contre le sida communiquent convenablement

Pour faire un don à Sidaction :

Par téléphone : en appelant le 110 (numéro d’appel gratuit)

Par Internet : www.sidaction.org (paiement sécurisé)

Par SMS au 92110 : en envoyant « DON » pour faire un petit don de 5 euros (coût d’envoi du SMS gratuit ou inclus dans les forfaits SMS)

Par courrier : Sidaction – 228, rue du Faubourg Saint-Martin 75010 PARIS

Sondage Ifop et Bilendi pour Sidaction réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 20 au 26 février 2019 auprès de 1002 personnes, représentatifs de la population française âgée de 15 à 24 ans.

Source : vih.org

Très attendus, les derniers chiffres du VIH produits par les équipes de Santé publique France et présentés officiellement aux Journées Thématiques 2019 de la SFLS, ne seront pas encore cette année une bonne surprise. En 2017, environ 6 400 personnes ont découvert leur séropositivité. Un chiffre stable depuis plusieurs années.

Publié le 28 Mars 2019 par Charles Roncier, vih.org.

Le nombre de découvertes de séropositivité VIH est stable entre 2010 et 2017. Environ 6 400 personnes ont découvert leur séropositivité en 2017, dont 3 600 (56%) ont été contaminées lors de rapports hétérosexuels, 2 600 (41%) lors de rapports sexuels entre hommes et 130 (2%) par usage de drogues injectables.

Si le nombre de découvertes de séropositivité est globalement stable entre 2010 et 2017 chez les HSH , des différences sont constatées selon le pays de naissance. Le nombre de découvertes est stable chez les HSH nés en France, tandis qu’il augmente de manière continue chez ceux nés à l’étranger, passant de 400 cas en 2011 (18% des découvertes chez les HSH) à 675 en 2017 (26%). Cette tendance peut être liée à une augmentation du nombre de nouvelles contaminations, mais également à un recours au dépistage plus important.

Parmi les découvertes de séropositivité chez les hétérosexuels, 75% concernent des personnes nées à l’étranger. Chez ces dernières, le nombre de découvertes est stable sur l’ensemble de la période 2010-2017. Chez celles nées en France, la diminution observée entre 2010 et 2014 ne s’est pas poursuivie ensuite.

En 2017, 5,6 millions de sérologies VIH ont été réalisées par les laboratoires de biologie médicale. L’activité de dépistage du VIH a augmenté de 12% entre 2010 et 2017, mais cette augmentation ne s’est pas accompagnée d’une augmentation du nombre de sérologies positives confirmées, d’où une tendance à la diminution du taux de positivité (de 2,2 à 2,0 pour mille sur la même période). Ce constat laisse supposer que l’augmentation du dépistage a sans doute peu bénéficié aux populations les plus exposées au VIH.

Près d’un tiers des découvertes de séropositivité sont toujours trop tardives : 30% des personnes ont été diagnostiquées en 2017 à un stade avancé de l’infection à VIH (stade clinique de sida ou nombre de lymphocytes CD4<200/mm3 hors primo-infection ). La moitié des découvertes de séropositivité (52%) ont concerné des personnes déclarant n’avoir jamais été testées auparavant. Dans les populations où un dépistage régulier est recommandé, hétérosexuels nés à l’étranger et HSH, cette proportion est respectivement de 68% et 33%.

Ces chiffres sont en fait une nouvelle estimation, basée sur les déclarations obligatoires de séropositivité qui ont effectivement été recueillies, mais recalculés pour prendre en compte les données manquantes (déclarations non transmises). La sous-déclaration (de l’ordre de 30%) concerne les diagnostics qui ne sont pas déclarés, ni par le biologiste, ni par le clinicien, ni en ligne, ni même sur papier.

Les comportements de déclaration se sont modifiés suite au passage de la déclaration papier à la déclaration en ligne en 2016, il a été nécessaire d’adapter la méthode de correction des données. Les épidémiologistes ont recalculé les chiffres depuis 2010 pour pouvoir analyser les évolutions temporelles, ce qui explique que la courbe soit un peu au-dessus de celle que nous connaissions les années précédentes, bien qu’il s’agisse de la même épidémie.

Stabilité des chiffres

Cette nouvelle courbe montre une stabilité dans le nombre de découvertes de séropositivité. Cette stabilité se retrouve dans tous les groupes de populations, y compris les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) nés en France. Il y a une augmentation chez les HSH nés à l’étranger et une stabilité chez les usagers de drogue (le tout petit nombre de personnes concernées rend difficile l’exploitation des résultats). Ce résultat porte sur la France métropolitaine et les départements et régions d’outre-mer, tout confondu. Il reste un travail très important pour recalculer les ré-estimations région par région, qui n’est pas encore terminé.

France Lert, épidémiologiste et présidente de «Vers Paris sans sida», le sait bien: Cette stabilité peut occulter des tendances diverses. «Il peut y avoir des fluctuations. il y a eu plus de tests depuis 2014 en général, on a peut-être été chercher un peu plus de gens dans la population non diagnostiquée. Il peut y avoir une baisse ou une hausse de l’incidence, on ne sait pas très bien comment les phénomènes allant dans une direction différente peuvent se compenser, nous aurons besoin d’autres données.»

Des données trop précoces pour mesurer un «effet Prep»

Concernant l’effet de la prévention biomédicale, ces données sont précoces par rapport à la diffusion de la Prep . Celle-ci est vraiment rentrée dans le dispositif de soins courants avec l’autorisation de mise sur le marché du Truvada® en usage préventif en mars 2017, même si cette diffusion avait commencé en 2016 avec la poursuite de la recommandation temporaire d’utilisation.

François Dabis, directeur de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales), ne s’attendait pas à que les chiffres de 2017 marquent une inflexion de la courbe des découvertes de contamination: «Je pense que ça se produira pour les chiffres de 2018. L’introduction de la Prep dans notre dispositif de soin a pris un certain temps, la greffe n’a pas pris tout de suite. Mais notre cascade de soin est plutôt favorable, et peu de gens traités conservent une réplication virale, ce qui participe de l’effet Tasp .»

Michel Ohayon, directeur médical du 190, n’est pas surpris lui non plus : «Il ne faut pas oublier que nous sommes en train de commenter des chiffres qui datent d’il y a quasiment 2 ans. Ne faisons pas comme si nous commentions l’actualité de l’épidémie. Si l’on regarde ce qui se passe depuis quelques années, on constate des oscillations au niveau des nouveaux diagnostics (qui ne sont pas forcément des nouvelles contaminations), entre 6000 et 6500 par an, oscillations qui ne sont pas vraiment significatives. Si l’on observe ce qui se passe en parallèle en termes de comportements sexuels, de développement des IST , nous devrions observer une augmentation des contaminations depuis très longtemps et cela ne fait que démontrer l’efficacité du Tasp, ce qu’on oublie souvent de rappeler. Maintenant, on voudrait que la Prep ait eu un effet dès 2017, ce qui est insensé.» Le médecin rappelle que«le chiffre de 5000 bénéficiaires de la Prep en 2017 cité par Libération est le chiffre atteint fin 2017. Personne de raisonnable n’attendait le moindre impact de la Prep en 2016-2017. Pour ma part, je n’espérais un petit mieux qu’à partir de 2018 et j’ai plutôt le sentiment d’une heureuse surprise. Alors ne faisons pas de catastrophisme à partir de chiffres qui ont pour principale caractéristique d’être caducs au moment même de leur sortie.»

2018, année de la baisse?

Les retours d’expérience du 190 semblent plutôt indiquer d’une baisse du nombre des découvertes de séropositivité. «En 2017, nous avons rendu 21 tests VIH positifs. En 2018, seulement 3, explique Michel Ohayon. Notre population n’a pourtant pas changé dans la mesure où le taux d’IST chez nos usagers est toujours très élevé. L’effet Prep, dans notre population [majoritairement homosexuelle] apparaît comme à la fois direct (c’est le moins qu’on puisse en attendre) et indirect, et c’est l’objectif de cette stratégie. Notre centre n’est pas le centre du monde mais, lorsque je consulte mes collègues d’autres centres, à Paris ou ailleurs en France, le constat est le même. Du moins chez les gays.»

Pour Pauline Penot, médecin coordinatrice du CeGIDD de Montreuil, «les dispositifs actuels plafonnent à cause du manque d’auto-perception du risque dans les populations autres que le premier public cible de la Prep, les HSH très exposés. C’est très bien de donner des moyens aux CeGIDDs pour développer la Prep, mais personne ne va arriver jusqu’à la prep sans auto-perception du risque, ni au dépistage.»

Dans tous les cas, les médecins et les chercheurs le savent: la prep ne suffira pas, il faudra faire pression sur l’épidémie cachée, les personnes infectées qui l’ignorent, en augmentant le recours au dépistage. «On arrive pas à faire baisser la taille de l’épidémie non diagnostiquée, explique France Lert. Les estimations qui avait été refaites par Virginie Supervie, et dont on dispose pour l’année 2016, montrent aussi une stabilité.»

Cette épidémie non diagnostiquée entretient l’épidémie, parce que, par ailleurs, «la médecine est excellente», rappelle la présidente de «Vers Paris sans sida»: «Les personnes qui sont dépistées rentrent effectivement dans le soin, sont traitées et quand elles sont traitées, elles ont une charge virale indétectable, ce qui est bon pour leur santé, c’est la première bonne nouvelle. La seconde, c’est qu’une personne traitée ne transmet plus le VIH.» Et du coup, ne participe plus à la progression de l’épidémie. Deux très bonnes raisons, qu’il faut continuer de marteler.