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Source : JIM.fr

De précédents travaux ont montré que, chez l’enfant infecté par le VIH, l’initiation précoce d’un traitement antirétroviral (ART) permet une meilleure réponse immunitaire aux premières séries de vaccins, par rapport à une initiation plus tardive du traitement. Mais qu’en est-il de la réponse immunitaire aux doses de rappel ?

Une équipe sud-africaine s’est penchée sur la question et a évalué la réponse – mémoire et la persistance d’anticorps après le rappel de 15 – 18 mois de la vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et l’hépatite B, chez des enfants non infectés par le VIH, exposés in utero au VIH mais non infectés ou enfin infectés par le HIV et traités précocement dès 6-10 semaines de vie (soit pendant les premières vaccinations) ou traités quand les données cliniques et/ou immunologiques le nécessitaient. Les réponses immunitaires ont été évaluées avant le rappel, 1 à 2 semaines après, puis à l’âge de 24 mois.

Une moins bonne réponse immunitaire quand le traitement a été commencé tardivement

Les données confirment que le moment de l’initiation du traitement antirétroviral a un impact sur la réponse immunitaire aux vaccinations de rappel. Alors que tous les enfants ont commencé ce traitement au cours de leur première année de vie et que le compte de lymphocytes CD4 + des enfants traités précocement et tardivement est identique au moment des rappels, la réponse immunitaire des enfants traités tardivement est inférieure, non seulement à celle des enfants non exposés au HIV (pour le tétanos, la diphtérie et la coqueluche), mais aussi à celle des enfants traités précocement (pour le tétanos et la diphtérie).

La réponse-mémoire et la persistance des anticorps sont d’ailleurs sensiblement identiques pour les enfants traités précocement et les enfants non exposés, même quand le traitement a été interrompu à l’âge de 12 mois. Notamment en ce qui concerne la réponse au rappel de vaccination contre l’hépatite B, la persistance d’anticorps anti-HBsAg à une concentration ≥10 mIU/ml à 15 mois et à 24 mois est identique dans le groupe des enfants traités précocement et chez les enfants non exposés, mais inférieure chez les enfants traités plus tardivement. En revanche, la cinétique des anticorps indique une réponse-mémoire soit identique, soit plus robuste chez les enfants exposés au VIH mais non infectés en comparaison des enfants non exposés, pour la vaccination contre la diphtérie et la coqueluche.

Pour les auteurs,  cela pose la question de la nécessité de plusieurs doses de rappel de vaccination contre le tétanos, la coqueluche et l’hépatite B, pour les enfants infectés par le VIH et non traités au moment de la première série de vaccinations.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE

Simani OE et coll. : Effect of HIV exposure and timing of anti retroviral therapy initiation on immune memory responses to diphtheria, tetanus, whole cell pertussis and hepatitis B vaccines. Expert Review of Vaccines 2019; 18(1): 95-104

Source : Info-VIH.com

Perspectives d’élimination de l’épidémie de VIH aux Pays-Bas chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes à l’ère de la prophylaxie pré-exposition, la PrEP.

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) étant une intervention prometteuse pour aider à mettre fin à l’épidémie de VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) aux Pays-Bas, l’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact de la PrEP sur la prévalence du VIH dans cette population et de déterminer les niveaux de couverture de la PrEP nécessaires à l’élimination du VIH.

Les auteurs ont développé un modèle mathématique de la transmission du VIH dans une population stratifiée selon le comportement sexuel à risque avec un traitement antirétroviral universel (TAR) et l’utilisation continue de la PrEP en fonction du comportement à risque de l’individu. Ils ont estimé la réduction de la prévalence du VIH en fonction de l’augmentation du taux d’adoption de la PrEP et déterminé les niveaux d’adoption, d’efficacité et de durée qui seraient nécessaires pour éliminer le VIH.

Aux niveaux actuels de couverture antirétrovirale de 80%, d’efficacité de la PrEP de 86% et de durée de PrEP de 5 ans, l’élimination du VIH nécessite une couverture PrEP de 82% dans le groupe le plus à risque (12 000 HSH avec plus de 18 partenaires par an).

Si la couverture antirétrovirale augmentait de 9 %, le seuil d’élimination serait de 70 % pour la PrEP. Pour une durée plus courte de la PrEP et une efficacité moindre, les perspectives d’élimination seraient moins favorables.

PrEP chez les HSH aux Pays-Bas

Dans ce modèle, l’utilisation de la PrEP chez les HSH aux Pays-Bas s’est avérée être une intervention efficace pour réduire la prévalence du VIH et, à terme, conduire à l’élimination du VIH. L’ampleur précise de la réduction attendue dépendait toutefois de la façon dont la PrEP était utilisée dans la population. L’adoption de la PrEP par les individus les plus à risque était l’intervention la plus prometteuse, l’élimination du VIH étant atteinte avec une couverture PrEP de 82% (environ 5,7% de tous les HSH ou 12000 avec plus de 18 nouveaux partenaires par an). Dans ce modèle le délai pour parvenir à l’élimination après l’introduction de la PrEP était assez long :  dans le scénario idéal de couverture de la PrEP, la prévalence et l’incidence du VIH diminuaient  de moitié respectivement en 40 et 15 ans, et il fallait plus de 80 ans pour arriver à zéro.

Si le nombre d’utilisateurs de PrEP était le même que dans le scénario initial, mais qu’il était réparti entre les deux groupes les plus à risque, l’impact de la PrEP sur la prévalence serait bien moindre : pour l’ensemble des paramètres explorés, la réduction maximale de la prévalence (de 8 à 4,6 %) avec l’utilisation de la PrEP dans deux groupes était observée lorsque la couverture de la PrEP chez les personnes présentant les risques les plus élevés atteignait 46 %. Bien qu’il y ait eu beaucoup plus d’utilisateurs de PrEP dans le groupe avec moins de risque, ils avaient moins de partenaires et contribuaient donc moins à la transmission.

Cela donne à penser que la PrEP devrait d’abord cibler les personnes les plus à risque et qu’un effet important de la PrEP sur la prévalence du VIH au niveau de la population ne peut être obtenu par une utilisation extensive de la PrEP chez les personnes à faible risque.

En conclusion, cette analyse suggère que la PrEP chez les HSH pourrait, en principe, éliminer le VIH de cette population aux Pays-Bas. Pour parvenir à l’élimination, les auteurs pensent que les services de santé devraient cibler la PrEP sur les personnes présentant les comportements à risque les plus élevés. Le niveau actuel d’adoption de la PrEP par les HSH néerlandais peut réduire la transmission du VIH mais est insuffisant pour avoir un impact significatif sur l’épidémie.