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Source: Contrepoints

Hommage à Françoise Barré-Sinoussi, une scientifique qui a découvert, avec Luc Montagnier, le VIH, rétrovirus qui cause le SIDA.

Par Alexander C.R. Hammond.
Un article de Human Progress.

Voici le dixième épisode de la série d’articles de humanprogress.org, intitulée « Les héros du progrès ». Ces textes publiés toutes les deux semaines fournissent de courtes présentations de héros ayant magnifiquement contribué au bien-être de l’humanité. Vous trouverez le neuvième épisode ici.

Notre dixième héros du progrès est une héroïne, Françoise Barré-Sinoussi, une virologue française qui a découvert le virus de l’immunodéficience humaine, le VIH, cause du syndrôme d’immunodéficience acquise, le SIDA. La découverte de Barré-Sinoussi a conduit au développement de traitements médicaux qui ralentissent la progression du VIH et réduisent le risque de transmission.

Barré-Sinoussi est née le 30 juillet 1947 à Paris. Dès son jeune âge, elle a montré un intérêt pour la science et a décidé d’alimenter sa passion pour la connaissance à l’Université de Paris. Au départ, elle voulait étudier la médecine, mais issue d’un milieu modeste, elle a choisi les sciences naturelles, un cursus plus court que la médecine, afin de faire économiser de l’argent à sa famille.

Après quelques années d’études à l’université de Paris, Barré-Sinoussi a commencé à travailler à temps partiel à l’Institut Pasteur, un centre de recherches spécialisé dans l’étude de la biologie, des maladies et vaccins. Rapidement salariée à plein temps, elle n’a fréquenté l’université que pour y passer ses examens. Son doctorat obtenu en 1975 et après un bref stage aux États-Unis, elle a travaillé sur un groupe de virus appelés rétrovirus.

Dans le courant des années 1980 les scientifiques se sont trouvés démunis face à l’épidémie de SIDA. Françoise Barré-Sinoussi a utilisé sa connaissance des rétrovirus pour faire des expériences sur le SIDA. En 1983, elle et son collègue Luc Montagnier ont fait la découverte révolutionnaire du VIH, à l’origine du SIDA.

Celle-ci a conduit à de nombreuses percées scientifiques qui ont contribué au combat contre le SIDA, incluant de nombreuses technologies de tests et de diagnostic, et des trithérapies qui sauvent des vies.

En 1988, elle est responsable de son propre laboratoire à l’Institut Pasteur et a débuté des recherches intensives pour un vaccin contre le VIH. Sans succès à ce jour, son équipe continue de travailler sur les mécanismes visant à se protéger de la contamination.

En 2008, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier ont reçu le Prix Nobel de physiologie ou de médecine, en récompense de leur découverte du VIH. Elle a aussi reçu quantité d’autres prix et de doctorats honoraires. En 2006, elle a été nommée Grand Officier de la Légion d’Honneur, le plus haut ordre du mérite de la France. De 2012 à 2016, elle a été présidente de la Société Internationale du SIDA. Elle a pris sa retraite en 2017.

Comme Humanprogress.org l’a déjà noté auparavant, grâce à la découverte du VIH, et à la création de différents traitements, l’humanité est désormais en passe de gagner la guerre contre le SIDA. Depuis le pic de la pandémie du VIH au milieu des années 2000, alors que chaque année 1,9 million de personnes mouraient de cette affection, en 2017 moins d’1 million de malades en sont morts. Leur nombre est aussi en recul : 3,4 millions dans le courant des années 1990, 1,8 million en 2000 ; soit une diminution de 47 %.

Sans les contributions de Françoise Barré-Sinoussi, la croisade de l’humanité contre le SIDA ne serait pas aussi avancée et couronnée de succès qu’elle ne l’est aujourd’hui, et des millions de personnes mourraient du virus chaque année. Voilà pourquoi elle est notre dixième héroïne du progrès.

Source: Les Echos du Faso

Le secrétariat permanent du conseil national de lutte contre le VIH-SIDA a convié la presse  à son siège à Ouagadougou ce 9 janvier 2019 pour une rencontre d’échanges sur l’objectif 2030 d’élimination du VIH-SIDA comme problème de santé public. Cette rencontre vise à alerter l’opinion publique de la nécessité de garder le cap dans le financement de la lutte contre le VIH-SIDA surtout en ce qui concerne le Burkina Faso. A en croire Le Dr Didier Romual Bakouan médecin de santé public et secrétaire permanent du conseil national de lutte contre le VIH-SIDA, contrairement à ce que les statistiques satisfaisant laissent entrevoir, « c’est maintenant plus que jamais que le Burkina a besoin de financement de ses partenaires pour éviter un regain de la maladie ».

« Même si le Burkina Faso fait l’exception, l’Afrique de l’Ouest et du centre d’une manière générale accuse un retard par rapport au reste du monde dans la lutte contre le VIH-SIDA » c’est ce qu’a fait savoir le représentant pays de l’ONU SIDA M. Sagbohan Job directeur pays de l’ONU SIDA. Selon lui, les statistique en disent long sur se retard. En effet, comparaison faite avec les pays de l’Afrique Australe et de l’Est, en 2015 le pourcentage de personnes connaissant leur statut sérologique en Afrique de l’Ouest et du centre était de 35% alors que ce chiffre avait atteint 62% en Afrique Australe et de l’Est. En 2015 toujours, le pourcentage de personnes séropositive et sous Antirétroviraux (ARV) était de 28% en Afrique de l’Ouest et du Centre pendant que ce chiffre avait déjà atteint 54% en Afrique Australe et de l’Est. Aussi pour la même année de 2015 le pourcentage de personnes ayant supprimé la charge virale, en Afrique de l’Ouest et de centre est de 12% pendant que ce chiffre a était de 45% en Afrique Australe et de l’Est. En dépit de ces chiffres forts peu reluisants de l’Afrique centrale et de l’Ouest, le Burkina Faso fait l’exception car les statistiques dans ce pays avoisinent le niveau atteint par les pays de l’Afrique Australe et de l’Est selon le représentant Pays de l’ONU SIDA. Mais pour celui-ci l’arbre ne doit pas caché la foret. « En ce qui concerne le Burkina Faso, aujourd’hui on met l’accent sur 0,8% de la population burkinabè pour la lutte contre le VIH-SIDA, c’est la prévalence. Qu’est qu’on fait des 99,2% de la population qui n’est pas encore infecté » s’interroge le représentant pays de l’ONU SIDA.

Pour lui on a oublié totalement la prévention primaire à force de travailler pour atteindre les résultats actuels. Pourtant ajoute-t-il « tant qu’on ne travaille pas sur la prévention primaire que permet d’éviter les nouvelles infections, il serait illusoire de visé l’objectif 2030   de l’élimination du SIDA comme maladie de santé public. C’est pourquoi il affirme que c’est maintenant plus que jamais que le Burkina a besoin de financement surtout dans un contexte d’insécurité qui oblige l’Etat à la réduction du financement interne ».

Le Dr Bakouan dans le même sens que M. Sagbohan rappelle que l’intérêt de cette rencontre est justement de sensibiliser les l’opinion à ne pas baissé la garde : « ce n’est pas parce que nous avons une prévalence qui est passé de 7,17% en 1997 à 0,8% en 2016 qu’il faut baisser les bras » a-t-il rappelé. Le constat selon lui est que « nous avons un recul de l’intérêt pour la lutte contre le VIH-SIDA aussi bien au niveau de notre population qu’au sein de nos partenaires technique et financier ». Il était donc important selon lui, de sensibilisée l’opinion que le Burkina Faso, malgré ses succès a besoin d’appui, a besoin d’aide. Il a terminé son propos avec une note d’espoir, en rappelant que, leur partenaire principale qui est le fond mondiale va bientôt mobiliser des ressources « et nous allons faire en sorte que si ces ressources sont mobilisé que le Burkina puisse en bénéficié » a-t-il promit.

 Hamadou Ouédraogo

Source: CHU Henri Mondor

Le consortium EHVA (European HIV Vaccine Alliance) annonce le démarrage de l’essai EHVA T01/ANRS VRI05 (NCT02972450), avec le début de la sélection de participants à l’Hôpital universitaire de Lausanne en Suisse. EHVA-T01/ANRS VRI05, essai randomisé de phase I/II en double insu, évaluera la combinaison de vaccins thérapeutiques expérimentaux contre le VIH (vaccin MVA HIV-B développé par l’ANRS et le VRI et vaccin GTU Multi HIV-B développé par la firme Fit Biotech) et du vedoluzimab (immunothérapie utilisée dans le traitement de la maladie de Crohn et ayant montré une efficacité sur le contrôle de la réplication du virus SIV dans les modèles primates) chez des personnes vivant avec le VIH traités par antirétroviraux dans six pays d’Europe – France, Allemagne, Espagne, Italie, Royaume-Uni et Suisse.

Le professeur Yves Lévy est l’investigateur coordinateur de EHVA-T01/ANRS VRI05, un essai sous promotion Inserm-ANRS, géré par la Clinical Trial Unit du Medical Research Council de l’University College London. Cet essai coordonné pour la France par le Pr JD Lelièvre (CHU Henri Mondor) sera mené dans 3 services de l’APHP (Service d’immunologie clinique et maladies infectieuses CHU Henri Mondor – Pr JD Lelièvre – Service de maladies infectieuses et tropicales CHU Saint Louis, Pr JM Molina- Service d’immunologie clinique CHU HGEP- Pr L Weiss).

L’inclusion des premiers patients en France est prévue pour la fin du premier trimestre 2019. Le nombre total de patients attendu pour l’ensemble de l’essai est de 88 à 192 en fonction des résultats des analyses intermédiaires.
L’essai durera environ 15 mois pour chaque participant et comportera un arrêt contrôlé du traitement antirétroviral pour une période pouvant s’étendre à 24 semaines.

Le professeur Yves Lévy (CHU Henri Mondor), Directeur du VRI, est le coordinateur du consortium EHVA, un projet de 5 ans financé par le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union Européenne visant à promouvoir le développement d’un vaccin efficace contre le VIH (www.ehv-a.eu). EHVA compte 39 partenaires, chacun possédant l’expertise nécessaire pour promouvoir une approche globale du développement d’un vaccin efficace contre le VIH.

Centre compétence déficits immunitaires de l’adulte (https://www.ceredih.fr/)

Source: Libération

Dans un entretien à «Libération», la ministre des Solidarités et de la Santé affirme que l’aide française pour la santé va augmenter de manière «significative», alors que plusieurs ONG suspectent une baisse de sa contribution au Fonds mondial.

Ce week-end s’est tenu à New Delhi une réunion du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, avant le grand rendez-vous d’octobre à Lyon, où se tiendra la conférence triennale de financement de cette organisation internationale consacrée au combat contre ces trois pandémies emblématiques. A New Delhi, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, est venue pour «montrer la mobilisation française». Depuis sa création en 2002, la France s’est montrée active, en étant jusqu’à récemment le premier contributeur européen du Fonds. L’enjeu est essentiel, car si les montants financiers engagés baissent, tous les experts sont catégoriques, les épidémies redémarreront. Or, les risques de relâchement des autorités sanitaires, mais aussi la stagnation des dépenses d’aide internationale sont bien réels. Analyse d’Agnès Buzyn, de retour de la capitale indienne.

Le directeur du Fonds mondial estime que l’objectif de stopper les trois épidémies à l’horizon 2030 s’éloigne et déclare : «Nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire pour accomplir cette ambition.» C’est votre sentiment ?

Les progrès réalisés grâce aux investissements dans le Fonds mondial sont immenses. Ils ont permis de sauver 27 millions de vies depuis sa création en 2002. Mais ces efforts considérables doivent encore s’intensifier pour atteindre l’objectif d’élimination des pandémies d’ici 2030. C’est la raison pour laquelle le fonds mondial s’est fixé un objectif d’investissement de 14 milliards de dollars au minimum, soit une augmentation de 15% par rapport au précédent cycle de financement. La France maintient son engagement autour de ces enjeux majeurs de santé mondiale. Mais nous devons accélérer le mouvement, pour que l’ampleur du défi ne s’accroisse pas plus vite que notre capacité à y répondre.

La stagnation de l’aide internationale allouée à la santé fait redouter un rebond des épidémies. Où trouver de nouveaux financements ?

Nous devons répondre à de nouveaux enjeux dans la lutte contre les pandémies, notamment la résistance croissante aux médicaments. Cela passe par un renforcement des moyens mais également par une nécessaire collaboration entre tous les partenaires de santé, en particulier avec le monde de la recherche et de l’innovation. De nouvelles dynamiques doivent également être lancées. Les inégalités liées au genre, la discrimination et la stigmatisation contre des populations clés alimentent les épidémies. Nous devons faire sauter ces barrières pour favoriser l’accès de tous à la santé. C’est le message que portera la France en 2019 dans le cadre de sa présidence du G7.

Nous accueillerons également, sous le haut patronage du président de la République, la sixième conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, à Lyon, le 10 octobre prochain. La France est engagée auprès du Fonds mondial tant pour mobiliser ses bailleurs historiques que pour inciter de nouveaux pays, notamment les pays émergents, à apporter leur soutien. Mais nous misons aussi sur le secteur privé : particuliers, fondations ou entreprises ont beaucoup à gagner à se joindre à l’effort collectif pour la santé mondiale. Ceux qui y contribuent déjà le savent : la santé mondiale n’est pas une source de dépense mais une remarquable opportunité d’investissement.

La France reste un des gros donateurs du Fonds mondial, mais les ONG disent que notre contribution est en baisse. Pourquoi ?

La France est le second donateur historique au Fonds mondial, avec plus de 5,3 milliards d’euros versés depuis ses débuts, en 2002. Elle a été un acteur clé lors de la création du Fonds mondial et nous sommes fiers qu’il soit devenu aujourd’hui l’une des principales institutions de la santé mondiale. Les ONG connaissent notre engagement et nous comptons d’ailleurs sur elles comme lors des précédentes reconstitutions pour faire connaître l’action du Fonds mondial. Lors de la précédente conférence de reconstitution, la France a renouvelé un engagement financier constant à hauteur de 1,08 milliard d’euros pour la période 2017-2019. Par ailleurs, nous apportons un soutien spécifique aux pays francophones, dans le cadre de l’engagement du président à ce que notre aide publique au développement atteigne 0,55% du revenu national brut en 2022. Cela se traduira dès 2019 par un milliard d’euros additionnel pour les dons projets bilatéraux mis en œuvre par l’Agence française du développement, prioritairement en Afrique, en faveur du traitement des crises et des fragilités, du renforcement des systèmes de santé, de l’éducation, de l’égalité femmes-hommes et de l’environnement. Dans ce cadre, l’aide accordée aux projets dans le domaine de la santé augmentera de manière significative.

Quels sont les objectifs de la France pour la prochaine conférence triennale de financement du Fonds mondial, qui se déroulera à Lyon en octobre prochain ?

Le Fonds mondial consacre près de 50% de ses ressources à la lutte contre le VIH-sida. Depuis 2002, il a investi plus de 19,6 milliards de dollars dans des programmes de lutte contre cette pandémie dans plus de 100 pays, ce qui correspond à plus de 20% du financement international des programmes de lutte contre le VIH. Cela permet à 17,5 millions de personnes d’avoir accès à des traitements antirétroviraux vitaux, sur les 21,7 millions de personnes sous traitement dans le mondeen 2017. Malgré ces progrès, le sida tue encore 940 000 personnes chaque année et le nombre de nouvelles infections ne baisse pas assez vite.

Nous devons poursuivre nos efforts, en France comme à l’international, pour éliminer le VIH-sida. La France y est engagée et peut compter sur une société civile très active et mobilisée auprès des personnes vulnérables, ainsi que sur un réseau scientifique et d’expertise reconnue à l’international pour leur excellence. La lutte contre le VIH-sida est à la fois un impératif de santé publique et un enjeu de droits humains.

Eric Favereau

Source: Seronet

Attendu, le discours sur l’état de l’Union de Donald Trump (5 février), devant le Congrès américain réuni au grand complet, a balayé large : Corée du Nord, Afghanistan et tabilans, retrait des troupes américaines de Syrie, mur entre le Mexique et les États-Unis… Il a surpris par un ton jugé « rassembleur » et surtout l’annonce de Donald Trump de « mettre fin à l’épidémie de sida aux États-Unis en dix ans ».

Pour une surprise, c’est une surprise ! Le président des États-Unis a présenté, à l’occasion de son discours sur l’état de l’Union (une sorte de feuille de route pour les années jusqu’à la prochaine présidentielle, présentée annuellement) un plan pour en finir avec le VIH dans le pays avant 2030. Pour cela, un des premiers objectifs est de réduire le nombre de contaminations de 75 % en cinq ans. Cette annonce et promesse présidentielle semble avoir été accueillie positivement par les associations de lutte contre le sida et les experts-es, a indiqué l’AFP. « Contrôler le VIH en une décennie est une tâche titanesque, mais nous applaudissons la volonté affichée », a ainsi expliqué à l’AFP Michael Weinstein, président de la Aids Healthcare Foundation, une des plus grandes organisations américaines de lutte contre le sida. Elle gère 64 centres médicaux aux États-Unis et des centaines dans le monde. « Cette initiative, si elle est mise en place et financée, pourrait s’inscrire dans l’histoire comme l’une des plus grandes réussites de sa présidence », a, pour sa part, réagi le directeur de l’Aids Institute, Michael Ruppal.

« Mon budget demandera aux Démocrates et aux Républicains de dégager les moyens nécessaires pour éliminer l’épidémie de VIH aux États-Unis d’ici dix ans. Ensemble, nous vaincrons le sida en Amérique et au-delà », a déclaré Donald Trump lors de cette allocution annuelle. Le Congrès va être appelé à financer ce plan dans le prochain budget. Chez certains observateurs-trices, on explique que cette annonce rappelle la proposition, lancée au même endroit en 2003 par George W. Bush, du programme Pepfar contre le sida dans le monde. Pepfar (pour President’s emergency plan for aids relief, Plan présidentiel d’urgence contre le sida) a constitué, malgré ses lacunes et certaines options controversées, une grande avancée dans la lutte internationale contre l’épidémie.

De son côté, le secrétaire à la Santé, Alex Azar, a fourni plus de détails sur l’annonce présidentielle : l’objectif est de réduire le nombre de contaminations par le VIH aux États-Unis, aujourd’hui de 38 000 nouveaux cas par an, de 75 % en cinq ans, et 90 % en dix ans. Du côté des associations de lutte contre le sida, on rappelle que la voie à suivre est connue depuis longtemps : elle passe, notamment, par un meilleur dépistage des populations clefs, un meilleur accès aux soins et maintien dans le soin. Les autorités de santé entendent renforcer la prévention dans les communautés les plus exposées au risque d’infection : homosexuels, personnes trans, minorités ethniques et personnes consommatrices de drogues par injection (elles représentent 6 % des contaminations).

Aujourd’hui, les deux tiers des contaminations ont lieu chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, à un rythme qui ne ralentit pas. Les Noirs sont particulièrement frappés. Au rythme actuel, un Noir gay sur deux sera contaminé par le VIH au cours de sa vie, selon une étude des Centres de contrôle et de prévention des maladies, datant de 2016. Il s’agit aussi de concentrer les efforts dans les zones où la prévalence est élevée. Le Sud du pays est très exposé. La moitié des infections se produit dans seulement 48 comtés américains, ainsi qu’à Washington, San Juan ou Porto Rico, selon le ministère de la Santé, qui promet des moyens ciblés géographiquement.

Un des points faibles de la réponse américaine intérieure à la lutte contre le sida réside dans le dépistage. Selon les données officielles, environ 165 000 Américains-nes vivant avec le VIH l’ignorent. Un autre obstacle réside dans l’accès aux traitements antirétroviraux. C’est un défi majeur dans un pays où naviguer entre les différents systèmes d’assurance médicale relève du parcours du combattant. Le système est profondément inégalitaire surtout à l’encontre des personnes les plus pauvres et ce sont elles qui sont le plus touchées par le VIH. Il ne faut pas oublier que les attaques continues de Donald Trump contre l’Obamacare jouent contre sa propre stratégie puisque sa suppression ferait sauter la couverture médicale de millions d’Américains-nes.

Cet accès hiératique aux traitements n’est pas sans conséquence. Aujourd’hui, seule une personne vivant avec le VIH sur deux a une charge virale indétectable. Ce résultat est parmi les plus mauvais pour un pays du Nord. Le gouvernement veut monter à 90 % de personnes traitées ayant une charge virale indétectable. Une des pistes avancées par les autorités américaines est la promotion de la Prep (prophylaxie pré-exposition), une Prep sur ordonnance et remboursée… du moins lorsqu’on a une couverture Santé qui la prend en charge. Là encore des efforts considérables doivent être accomplis. On sait qu’environ 220 000 personnes prennent la Prep, autorisée depuis plus de six ans. C’est d’ailleurs le premier pays a l’avoir fait. Le gouvernement estime que seulement 10 % des personnes qui devraient bénéficier de la Prep (du fait de leurs risques d’exposition au VIH) prennent ce traitement préventif. Comme l’explique l’AFP, les discussions sur les stratégies préventives sont animées. Par exemple, Michael Weinstein réclame des campagnes de promotion du préservatif. Lui conteste un « abandon » par les autorités sanitaires américaines des campagnes de sensibilisation aux rapports protégés par préservatif au profit d’une prévention « biomédicale » comme le Tasp ou la Prep.

Comme on le voit le chantier que se lance l’administration Trump est colossal. Et cela ne se fera pas sans un budget conséquent. Sur ce point, il est assez difficile d’expliquer le revirement présidentiel sur ce sujet. L’année dernière, c’est le même président qui avait proposé de réduire le budget de la prévention contre le sida aux États-Unis… et dans le reste du monde de plusieurs centaines de millions de dollars. La manœuvre avait échoué car le Congrès (souverain sur les questions budgétaires) ne l’avait pas suivi. À l’époque, le chanteur de U2, Bono, s’était dit « heureux » que le Congrès américain ait choisi de ne pas suivre la volonté de Donald Trump. Depuis le début de son mandat, Donald Trump est critiqué sur sa politique de lutte contre le sida ou plutôt son absence de vision. En juillet 2018, des scientifiques et activistes du monde entier avaient averti à l’occasion de la conférence internationale sur le sida d’Amsterdam, que la politique désormais conduite par les autorités américaines, qui a décidé de couper les vivres d’organisations non gouvernementales soutenant l’avortement, menaçait les programmes de lutte contre le VIH. En mai 2017, l’administration Trump a, en effet, adopté un décret qui stipule que les organisations de santé qui fournissent des services ou conseils liés à l’avortement ne reçoivent plus les subventions des fonds publics américains, même si elles financent ces services dédiés à l’avortement avec leurs propres fonds. Cela concernait notamment les fonds accordés par le programme Pepfar. Début 2018, Donald Trump avait décidé de dissoudre ce conseil présidentiel sur le sida (Pacha : Presidential advisory council on HIV/aids). Il s’agissait d’un comité fondé en 1995 qui fournissait des avis à l’administration américaine au sujet des politiques, recherches de traitements et prévention en matière de VIH/sida. L’administration Trump avait licencié (en janvier 2018) ce qu’il restait du comité officiellement chargé de conseiller le président américain en matière de VIH/sida. Il faut dire que six membres du Conseil avaient déjà démissionné en juin 2017 pour protester contre les choix concernant les politiques sanitaires de l’administration Trump et le peu d’intérêt présidentiel sur le VIH. « L’administration Trump n’a pas de stratégie pour faire face à l’épidémie actuelle, ne cherche aucun avis d’expert-e pour formuler des politiques relatives au VIH », avait alors déploré l’avocat Scott Schoettes défendant la cause des LGBT dans l’organisation Lambda Legal, une des personnalités démissionnaires.

Un autre obstacle à la promesse présidentielle d’une fin de l’épidémie réside dans les options politiques de l’administration Trump : remise en cause des droits des minorités, par exemple, à l’encontre systématique des personnes trans. Or, on sait aujourd’hui que les discriminations, la remise en cause des droits des minorités contribuent à alimenter l’épidémie parmi les populations clefs. Dans ce domaine, la défiance est telle qu’il existe une très forte opposition à la tenue de la prochaine conférence mondiale sur le sida (IAS) aux États-Unis en 2020… comme cela a pourtant été décidé. La tenue de cet événement peut être sans doute un des éléments explicatifs de ce revirement… mais elle ne lève pas complètement le mystère.

Pour plus d’informations sur les premières interrogations concernant la politique de l’administration Trump en matière de lutte contre le sida, on vous recommande la lecture vih.org.

VIH : Quelques infos sur la cascade américaine


Selon les données des CDC (Centres de contrôle et de prévention des maladies), 1,2 million de personnes vivaient avec le VIH aux États-Unis en 2011, on estimait alors que 86 % étaient diagnostiquées. Cela signifiait qu’environ une personne sur sept vivant avec le VIH l’ignorait et n’avait donc pas accès à un traitement lui permettant de se soigner et surtout de ne pas transmettre l’infection. Ces mêmes données indiquaient que 40 % étaient dans le soin ; 37 % se voyaient prescrire des antirétroviraux et 30 % avaient une charge virale indétectable. Autrement dit, selon les données de 2011, seulement trois personnes vivant avec le VIH sur dix avaient une charge virale contrôlée.
En 2014, les CDC ont regardé ce qui se passait pour les 70 % de personnes vivant avec le VIH dont le virus n’était pas contrôlé en 2011, soit environ 840 000 personnes :
– 20 % ignoraient qu’elles étaient infectées ;
– 66 % étaient diagnostiquées, mais n’avaient pas engagé un traitement régulier ;
– 4 % étaient dans le traitement, mais n’avaient pas d’ARV ;
– 10 % recevaient des ARV, mais n’avaient pas encore de charge virale indétectable.
En 2015, nouvelle enquête des CDC dont les résultats sont publiés dans la revue Jama Internal Medicine. L’étude montre que 91,5 % des nouveaux cas de VIH de 2009 seraient attribuables aux personnes vivant avec le VIH qui ne sont pas traitées (incluant les personnes qui ignorent leur séropositivité). En d’autres termes avec un dépistage précoce, une entrée rapide dans le traitement et un maintien dans le soin : neuf cas sur dix d’infections aux États-Unis pourraient être évités.
Source HIV.gov. Données extraites du HIV care continuum.