Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Source: Inserm

Comment le virus VIH parvient-il à échapper à la vigilance du système immunitaire, à l’intérieur même des cellules qu’il infecte ? C’est sur un de ces mécanismes d’évitement que se sont penchés des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Université de Montpellier et de l’Université de Lorraine. Ils ont pu observer la capacité du VIH à « camoufler » son ARN au sein même de la cellule infectée en utilisant une enzyme intracellulaire. Ces travaux parus dans Nature apportent de nouvelles connaissances sur les mécanismes d’évasion du VIH face au système immunitaire inné.

Dès les premières étapes d’une infection virale, les « radars » intracellulaires de l’immunité innée permettent de déclencher rapidement une réponse antivirale via la sécrétion d’interférons de type I, protéines fabriquées par les globules blancs pour réguler et stimuler la réponse immunitaire.

Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) cible les cellules du système immunitaire et provoque des immunodéficiences sévères responsables du SIDA. Lorsque le VIH infecte une cellule, son génome composé d’ARN simple brin est transformé en ADN. Il va ensuite s’importer dans le noyau de la cellule hôte où il s’intègre à son génome. Le succès de ces étapes précoces dépend de la capacité du virus à se camoufler dans la cellule et à passer inaperçu en échappant aux détecteurs cellulaires, notamment à ceux capables de reconnaître les acides nucléiques de son génome comme un ARN étranger à l’organisme.

Des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Université de Montpellier et de l’Université de Lorraine se sont intéressés à ce mécanisme permettant au VIH d’échapper à la vigilance des cellules en exploitant un système de camouflage. Au sein des cellules, on trouve une enzyme appelée FTSJ3 qui est capable de modifier certains des acides nucléiques composant un ARN cellulaire en leur ajoutant un groupement méthyle. Cette modification est une signature du soi (ensemble des molécules résultant de l’expression du génome de l’individu, à opposer au non soi) qui permet aux détecteurs de reconnaître les ARN cellulaires comme tels dans les cellules humaines et d’éviter leur destruction par le système immunitaire.

L’équipe de recherche a pu mettre en évidence que le VIH recrute l’enzyme FTSJ3 pour méthyler son propre ARN génomique. Les détecteurs cellulaires d’ARN étranger s’avèrent alors incapables de reconnaître comme étranger cet ARN viral ainsi « camouflé » et ne peuvent donc déclencher la production d’interférons de type I au sein de la cellule pour induire la réponse immunitaire. Le virus invisible est alors libre de transformer son ARN en ADN, d’intégrer le génome de la cellule et de poursuivre l’infection.

Ces résultats constituent une avancée significative dans la compréhension de l’infection par le virus VIH en révélant une nouvelle stratégie d’évasion du virus face au système de détection cellulaire du système immunitaire inné. Mieux comprendre ces mécanismes de contournement pourrait permettre à plus long terme de développer des approches thérapeutiques et/ou vaccinales visant à modifier le virus afin qu’il entraîne l’établissement d’une réponse antivirale qui, lorsqu’elle est précoce, permet à la cellule de mettre en place une réponse immunitaire et de maîtriser l’infection.

Ces travaux de recherche ont reçu le soutien de la Commission européenne, de MSD Avenir, de la Fondation pour la Recherche Médicale et de l’Agence Nationale de la Recherche.

Source: Univadis

  • L’édition du génome au moyen de CRISPR-Cas9 est un puissant outil pour réduire la latence de l’herpès, virus associé au sarcome de Kaposi (HVSK) dans les lignées cellulaires endothéliales et épithéliales infectées (type Vero219).

  • Cette étude in vitro utilise pour la première fois une CRISPR-Cas9 ciblant l’antigène nucléaire associé à la latence (latency-associated nuclear antigen, LANA) du HVSK et un système de libération adénovirale pour perturber la latence de l’HVSK.

  • La latence de l’HVSK est une difficulté majeure dans l’élimination de l’infection et la prévention de l’apparition du sarcome de Kaposi (SK).

  • Étant donné l’historique de sécurité de l’adénovirus comme vaccin ou vecteurs de libération, cette approche représente une stratégie fiable contre les virus tumorigènes chez les patients immunodéficients.

L’édition du génome avec CRISPR-Cas9 réduit efficacement la latence de l’herpès, virus associé au sarcome de Kaposi (HVSK) dans les lignées cellulaires endothéliales et épithéliales infectées et pourrait aider des millions de personnes infectées présentant un risque de sarcome de Kaposi (SK) dans le monde entier.

Le cycle de réplication de l’HVSK comprend une phase lytique et une phase latente. Pendant la latence, un répertoire réduit de gènes viraux participant à l’échappement et à la maintenance de l’épisome viral est exprimé et permet à l’HVSK d’établir une infection à vie en corrélation avec l’apparition du SK.

L’antigène nucléaire associé à la latence (LANA) encodé par ORF73 joue un rôle essentiel dans la maintenance et la réplication de l’épisome viral pendant la mitose et interagit avec les gènes suppresseurs de tumeurs comme p53 et pRb.

La CRISPR-Cas9 a été testée contre plusieurs virus susceptibles de latence tels que le virus herpès simplex, le virus du papillome humain, le virus Epstein-Barr et même le VIH-1.

Parmi les produits de gène de l’HVSK, le LANA est une cible idéale pour l’édition de génome avec CRISPR-Cas9. Les chercheurs ont désigné un ARNg ciblant spécifiquement l’extrémité N terminale du gène LANA. Cette région a été sélectionnée car toute mutation ou délétion peut tronquer ORF73 ou entraîner un déplacement de son cadre de lecture.

Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé Vero219, une lignée épithéliale rénale de grivet (un singe d’Afrique) comme premier modèle in vitro pour tester l’efficacité. Les cellules Vero219 sont stablement infectées avec l’HVSK et maintiennent l’épisome d’HVSK à l’état latent sous sélection à la puromycine.

Tel que prévu, après application d’un système de Cas9 spécifique à l’anticorps LANA libérant un adénovirus de type 5 inapte à la réplication dans différentes cellules cibles latentes d’HVSK, à l’échantillon, la charge globale de l’épisome d’HVSK dans les cellules a diminué avec le temps en raison de l’absence de sélection à la puromycine pour le génome viral.

L’utilisation d’un vecteur d’adénovirus pourrait permettre des applications in vivo potentielles de Cas9 spécifique à l’anticorps LANA contre l’infection à l’HVSK et le sarcome de Kaposi.

Source: Univadis

Messages principaux

  • Les opioïdes prescrits, en particulier les opioïdes à dose élevée et immunosuppresseurs, sont associés à un risque accru de pneumonie communautaire (PC) chez les personnes infectées ou non par le VIH.

  • Pour limiter le risque, les médecins doivent réduire la prescription d’opioïdes, en particulier les opioïdes immunosuppresseurs, ou prescrire des doses inférieures.

  • Le risque de pneumonie peut être réduit par la vaccination contre la pneumonie et la promotion de l’arrêt du tabac.

Certains opioïdes (y compris la codéine, le fentanyl et la morphine) sont des immunosuppresseurs connus ; toutefois, le lien entre les opioïdes prescrits et les résultats associés au système immunitaire cliniquement pertinents n’a été suffisamment étudié, en particulier chez les personnes infectées par le VIH.

Cette étude cas-témoins à plusieurs critères de classification utilisait les données de patients de l’étude de cohorte observationnelle sur le vieillissement des anciens combattants (Veterans Aging Cohort Study, VACS) du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2012. Des patients atteints de PC hospitalisés (n = 4 246) ont été appariés selon un rapport de 1:5 avec des patients témoins non atteints de PC (n = 21 146) en fonction de l’âge, du sexe, de l’origine ethnique, de la durée de l’observation et du statut VIH (98,9 % d’hommes ; âge moyen de 55 ± 10 ans).

L’exposition aux opioïdes prescrits pendant les 12 mois précédant la date de référence était caractérisée par une variable composite basée sur le moment (aucun, passé ou actuel) ; la dose quotidienne équivalente de morphine médiane faible (<20 mg), moyenne (20-50 mg) ou élevée (>50 mg) ; et les propriétés immunosuppressives opioïdes (oui, inconnues ou non).

Les opioïdes prescrits étaient associés de manière indépendante à la PC chez les patients infectés ou non par le VIH. Le risque de PC augmentait avec les doses d’opioïdes supérieures, la durée de prescription et les opioïdes ayant des propriétés immunosuppressives connues. Les personnes infectées par le VIH avaient tendance à être plus susceptibles de présenter une pneumonie, même à des faibles doses d’opioïdes et en particulier avec les opioïdes immunosuppresseurs.

Les opioïdes sur ordonnance peuvent influer sur les défenses de l’organisme contre la pneumonie de différentes façons, y compris en supprimant la toux, en ralentissant la respiration et en inhibant la sécrétion de mucus.

L’étude, publiée dans JAMA Internal Medicine, concorde avec l’hypothèse selon laquelle les opioïdes ont des effets sur le système immunitaire. Les efforts pour limiter l’utilisation des opioïdes prescrits, en particulier chez les patients infectés par le VIH, et freiner l’utilisation des opioïdes à doses élevées et immunosuppresseurs, pourraient contribuer à réduire ce risque.

L’étude souligne aussi la nécessité pour les prescripteurs d’opioïdes d’agir en vue de limiter le risque de pneumonie, en favorisant à la fois la vaccination contre la pneumonie et l’arrêt du tabac.

Source: Univadis

Messages principaux

  • La combinaison de deux études de grande envergure (SMART et START, N total = 10 156) confirme les bénéfices du traitement anti-VIH précoce et continu.

  • Les auteurs démontrent des effets protecteurs dans un vaste éventail de résultats, notamment la mortalité toutes causes, les événements graves non liés au SIDA, les événements de maladies cardiovasculaires et l’incidence du cancer (cancers liés ou non au SIDA combinés) dans les sous-groupes d’âge, de sexe et de numération des CD4 au recrutement et parmi les résidents des pays à revenu faible et élevé.

  • Bien que des études antérieures aient mis en évidence les bénéfices du traitement antirétroviral (TAR) précoce et persistant, ces données donnent une occasion importante de calculer l’ampleur des bénéfices individuels sur la santé du traitement antirétroviral précoce et à vie.

Les études SMART (Strategies for Management of Antiretroviral Therapy) et START (Strategic Timing of AntiRetroviral Treatment) étaient importantes pour évaluer l’effet des stratégies de TAR sur le risque d’événements liés ou non au SIDA. Elles ont établi le TAR immédiat/continu comme la norme de soins pour les personnes VIH positives.

Pour comparer l’incidence de la maladie cardiovasculaire (MCV) et du cancer chez les patients, les auteurs ont analysé les données agrégées des deux essais et ont comparé le bras de maintien des médicaments (MM) de l’étude SMART et le bras de report du TAR dans l’étude START avec le bras de suppression virale (SV) dans l’étude SMART et le bras de TAR immédiat dans l’étude START. L’hypothèse était que les risques relatifs (RR) du traitement seraient semblables dans chaque étude et que l’analyse des données agrégées serait mieux à même de quantifier la différence relative entre l’effet du TAR reporté/intermittent et celui du TAR immédiat/continu sur les événements liés ou non au SIDA.

Les critères d’évaluation étaient le SIDA, les événements graves non liés au SIDA (EGNLS), la maladie cardiovasculaire (MCV), le cancer et le décès.

On a relevé chez les 10 156 participants 124 cas de SIDA, 247 EGNLS, 117 cas de cancer, 103 cas de MCV et 120 décès. Les interventions dans chaque étude ont entraîné des différences semblables dans la numération des CD4 et la suppression virale. Les RR combinés du TAR reporté/intermittent par rapport au TAR immédiat/continu étaient de 3,63 (2,37–5,56) pour le SIDA ; de 1,62 (1,25–2,09) pour les EGNLS ; de 1,59 (1,07–2,37) pour la MCV ; de 1,93 (1,32–2,83) pour le cancer et de 1,80 (1,24–2,61) pour le décès. Les différences dans le risque absolu entre les groupes de traitement étaient plus élevées dans l’étude SMART que dans l’étude START. Les RR combinés étaient semblables entre les sous-groupes. Les différences entre les groupes de traitement dans la numération des CD4 et la suppression virale étaient semblables dans les études SMART et START.

En conséquence probable, les différences relatives dans le risque de SIDA et d’EGNLS entre le TAR immédiat/continu et le TAR reporté/intermittent étaient semblables.

Les auteurs indiquent que les différences dans les effets cardioprotecteurs pourraient avoir été attribuables aux profils de risque uniques des participants ou aux difficultés à détecter des événements de maladie cardiovasculaire, en particulier dans les milieux aux ressources limitées, auxquels appartenait une minorité importante des sujets de l’étude START.

Les investigateurs ont observé une différence statistiquement significative dans les effets protecteurs du TAR contre le cancer, avec un bénéfice supérieur dans les groupes de traitement de l’étude START comparativement à ceux de l’étude SMART (RR de 3,10 pour le TAR continu par rapport à intermittent, comparativement à 1,37 pour le TAR immédiat par rapport à reporté, valeur p pour le terme d’interaction 0,046). Un facteur majeur ayant contribué au bénéfice dans l’étude START était la prévention du sarcome de Kaposi et du lymphome non hodgkinien, qui a été signalée chez 21 et 4 participants dans les groupes recevant le traitement reporté et immédiat, respectivement. Ce résultat était particulièrement significatif à la lumière des données récentes laissant envisager un risque continuellement élevé de cancer lié ou non au SIDA chez les personnes sous TAR à long terme.