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Source : Info-VIH.com

L’hépatite A moins sévère mais plus prolongé chez les patients infectés par le VIH.

Less Severe but Prolonged Course of Acute Hepatitis A in Human Immunodeficiency Virus (HIV)-Infected Patients Compared With HIV-Uninfected Patients During an Outbreak: A Multicenter Observational Study.

Entre 2015 et 2017, une épidémie d’hépatite virale A a affecté près de 1500 personnes à TaÏwan, 70 % des patients étaient des HSH, et près de 50 % des cas sont survenus chez des sujets infectés par le VIH. Les auteurs ont donc rétrospectivement analysé les données cliniques et biologiques de 297 cas d’hépatite virale A.  Les données démographiques, la fréquence des comorbidités, les symptômes et les données biologiques ont été comparées entre les cas survenus chez des patients infectés par le VIH et des sujets non infectés. Un voyage en zone d’endémie de l’hépatite A était identifié chez 10 % des patients non infectés par le VIH et chez aucun des patients infectés par le VIH, une syphilis récente, des relations sexuelles entre hommes, étaient plus fréquemment identifiés chez les patients infectés par le VIH témoignant plutôt d’une transmission sexuelle chez les PVVIH.

Une hépatite A prolongée chez les PVVIH

Les symptômes de l’hépatite virale aiguë A n’étaient pas différents entre les PVVIH et les sujets non infectés mais curieusement, près de 83 % des patients non infectés par le VIH étaient hospitalisés contre seulement 70 % des PVVIH (p=0.028). De même, la cytolyse était nettement plus importante chez les sujets non infectés que chez les PVVIH, l’INR était anormalement augmenté chez près de 16,2 % des patients non infectés contre seulement 6,6 % des PVVIH. Cependant, près de 40 % des PVVIH présentaient une hépatite prolongée, contre seulement, 21,3 % des patients non infectés par le VIH (p=0.009). De plus, les PVVIH avec une charge virale VIH à moins de 1000 copies/ml présentaient une cytolyse nettement plus importante que les PVVIH dont la charge virale VIH excédait 1000 copies/ml. Cette étude n’apporte pas d’explications évidente à cette évolution différente des hépatites virales A chez les PVVIH par rapport aux patients non infectés par le VIH. Dans la discussion, les auteurs discutent une hypothèse immunologique : dysfonction des lymphocytes CD8 et diminution des lymphocytes T régulateurs.

Source : Univadis.fr

  • La susceptibilité des lymphocytes T CD4+ à être infectés par le VIH-1 dépend de leur activité métabolique.

  • Le VIH-1 infecte sélectivement les CD4+ présentant une forte glycolyse

  • Inhiber l’activité métabolique bloque la réplication du VIH-1 au sein des réservoirs du VIH

 Selon des travaux récents parus dans Cell Metabolism , le blocage in vitro par un inhibiteur compétitif de la glycolyse réduirait la capacité du virus à infecter ces cellules et son amplification. Cette découverte offre une nouvelle piste inédite pour envisager l’éradication d’un des principaux réservoirs viraux et, par conséquent, la maladie.

Le VIH-1 infecte sélectivement les CD4+ présentant une forte glycolyse

La constitution d’un réservoir intracellulaire du VIH n’a pas permis jusqu’à aujourd’hui de développer un traitement permettant d’éradiquer l’infection. On sait que les lymphocytes T CD4+ représentent les principales cellules de ce réservoir, mais que seule une partie d’entre eux contribue à la persistance du virus dans l’organisme. S’il a été démontré que les CD4+ les plus différenciés sont ceux qui sont les plus vulnérables à l’infection par le VIH, il reste à en décrire les mécanismes sous-jacents. Le métabolisme cellulaire pourrait constituer une piste, selon certaines études préalables.

Bloquer la glycolyse réduit le nombre de cellules infectées

Aussi, le travail collaboratif de plusieurs équipes françaises a permis de décrire que les lymphocytes CD4+ infectés présentaient une forte activité métabolique : en effet, la susceptibilité des cellules au VIH apparaît associée à l’expression de plusieurs gènes au moment de l’infection, notamment en lien avec la glycolyse. Les chercheurs se sont ensuite assurés du lien de causalité entre activité métabolique et infection en écartant la possibilité d’une causalité inverse (métabolisme accru provoqué par l’infection). Ils ont enfin testé plusieurs inhibiteurs du métabolisme glucidique sur la capacité des cellules T CD4+ à être infectées par le VIH-1 et ont montré que le 2-désoxy glucose (2-DG), un inhibiteur compétitif de la glycolyse, permettait de limiter le nombre de cellules T infectées. Des travaux complémentaires ont également montré que le 2-DG permettait de réduire le nombre de cellules T CD4+ préalablement infectées et de réduire l’amplification du VIH à partir de ces réservoirs.

Un mécanisme d’échappement?

Le rôle déterminant du profil métabolique cellulaire sur l’infection par le VIH n’est pas sans rappeler des mécanismes propres aux cellules devenues cancéreuses. Il pourrait offrir au virus un moyen lui permettant d’échapper à l’immunité. Aussi, comme en oncologie, des pistes thérapeutiques visant les voies métaboliques favorisant la persistance du virus pourraient être développées.

Source : SidaInfoService

Le TasP (traitement comme prévention) vu par les couples sérodifférents – « Que font les autres couples ? »

Depuis quelques années, de nouveaux termes émergent dans le milieu de la prévention du VIH. D’abord un discret « TasP » (traitement comme prévention en français), peu compréhensible pour les non-initié·e·s. Puis la notion de « charge virale indétectable », qui auparavant restait confinée aux services d’infectiologie. Jusqu’à un slogan emprunté à une campagne de sensibilisation américaine, introduit en France par l’association Aides lors d’une Séropride à Nantes en juin 2017 : U=U (Undetectable = Untransmissible). Parfois traduit par I=I (Indétectable = Intransmissible), cette formule marque une avancée considérable pour les personnes vivant avec le VIH et leurs partenaires. Elle signifie qu’une personne séropositive bénéficiant d’un traitement VIH efficace et dont la charge virale (quantité de virus dans le sang) est indétectable depuis plus de six mois ne peut plus transmettre le virus.
Lentement mais sûrement, après de nombreuses études réalisées sur plusieurs années auprès de couples sérodifférents (un-e partenaire est séropositif-ve, l’autre pas), dont la plus connue est sans doute l’étude Partner (2015), l’idée a fait son chemin tant auprès des associatifs que des médecins spécialisés dans la prise en charge du VIH.
Mais ce nouveau paradigme se heurte à trois difficultés. D’une part, l’accès du grand public à l’information concernant le TasP est encore malaisé. D’autre part, et c’est plus dérangeant, l’information ne parvient pas toujours aux personnes vivant avec le VIH et à leurs partenaires. Enfin la peur de transmettre ou d’être contaminé peut persister malgré une information et une éducation thérapeutique.
Car l’information liée au TasP vient remettre en cause des certitudes et des modes de fonctionnement profondément ancrés. L’imaginaire collectif du VIH comme maladie hautement transmissible dans la sexualité est un statu quo qu’il est difficile d’ébranler.
Sur le numéro vert de Sida Info Service, les écoutant-e-s échangent régulièrement sur ce sujet. Environ 5% des appels reçus sur les 11 premiers mois de 2018 abordent le traitement comme prévention. Les appelant·e·s sont majoritairement des hommes (83 % pour 17 % de femmes), dont 64 % ont moins de 40 ans. Les témoignages recueillis sont d’une grande richesse, et permettent de mesurer les bouleversements et les questionnements que génèrent chez les personnes concernées les nouveaux discours autour du VIH.
Les couples sérodifférents existent depuis le début de l’épidémie, et leurs questionnements ont évolué avec la prise en charge du VIH : l’apparition des trithérapies, la diversification et simplification des traitements, et aujourd’hui le TasP. Si s’installer dans un couple présente toujours une forme de négociation, la séropositivité d’un-e des deux partenaires peut être un facteur complexifiant.

S’engager dans une relation

La persistance de la sérophobie dans notre société entraîne une stigmatisation accrue des personnes vivant avec le VIH et mène parfois à un isolement. Aujourd’hui encore, la séropositivité reste une annonce, un aveu à faire lors d’une rencontre amoureuse. Cette annonce est souvent rendue difficile par la peur du rejet, comme en témoigne cette femme à qui le partenaire vient d’annoncer sa séropositivité :
« Mon ami que je connais depuis plusieurs mois, ne voulait pas avoir de rapport sexuels avec moi… Comme je ne comprenais pas le pourquoi, je lui ai posé un ultimatum… Et il m’a avoué qu’il était porteur du VIH. Pour moi cela ne change en rien les sentiments que j’ai pour lui… Mais je vous avoue que je suis un peu niaise sur le sujet… Est ce qu’il a raison d’avoir peur de me contaminer si on enlève le préservatif ?? » (F, 62)
Aujourd’hui, la notion d’indétectabilité a le vent en poupe dans les milieux des « initié·e·s » du VIH. Par conséquent, il est facile d’imaginer que toutes les personnes séropositives, enfin libérées du joug de la transmission, vivent aujourd’hui une sexualité épanouie. Nous pouvons voir avec ce témoignage que ce n’est pas toujours le cas. L’évocation du VIH peut provoquer une véritable rupture dans la façon d’aborder sa vie affective et sexuelle. Les discours rassurants sont parfois insuffisants pour surmonter les inquiétudes ou les préjugés. De plus, avoir une sexualité sans préservatif représente une négociation complexe entre l’information médicale et le ressenti des deux partenaires. Le début d’une sexualité sans préservatif, parfois après des années de couple, peut générer des angoisses imprévisibles :
« L’appelant est en couple depuis 15 ans avec sa femme qui est elle-même séropositive depuis 15 ans. Ils ont eu pour la première fois un rapport non protégé il y a quelques mois. Sa femme est indétectable depuis 2-3 ans. L’appelant est inquiet car il a des symptômes (diarrhées, boutons, état fébrile…) depuis quelque temps » (H, 62)
Plusieurs stratégies peuvent être mises en place pour dissiper ces inquiétudes. Souvent, le discours sur le TasP est mieux entendu et intégré lorsqu’il vient du médecin spécialisé qui prend en charge le ou la partenaire. Le rendez-vous en couple a donc un rôle important à jouer dans ce processus.
Mais entre un discours médical généraliste et la vraie vie, il y a parfois tout un monde. Les écoutant·e·s de Sida Info Service peuvent jouer un rôle d’écoute et de soutien afin de faire émerger des problématiques cachées derrière une demande de réassurance ou d’informations. Comme celle de cet homme qui perçoit la peur de son partenaire et ignore comment l’aborder avec lui.
« J’ai vu mon médecin avec mon partenaire. Il lui a confirmé que je ne suis pas contaminant… Oui je suis séropositif depuis plusieurs années et indétectable. Mais le problème, c’est que je sens qu’il n’est pas forcément bien depuis qu’on a eu ce rapport non protégé… Et je sens qu’il n’ose pas en parler… C’est lui qui veut faire sans préservatif… Mais malgré tout c’est l’aspect psy du moins la peur… Pour moi aussi, j’aimerais pas qu’il prenne sur lui… » (H, 29)
Des questionnements épineux qui abordent la relation dans sa profondeur chez les uns côtoient des demandes plus prosaïques chez les autres :
« Est-ce qu’un jour je peux avoir un enfant avec lui ? Est-ce qu’il tombera malade souvent ? Est-ce que je dois prendre la PrEP ? […] Est-ce que je dois continuer faire des tests vih tous les 3 mois ? » (F, 27)
Ces demandes parlent souvent des préoccupations et des attentes projetées sur la vie de couple. Il est nécessaire pour les faire affleurer de dépasser une approche uniquement centrée sur le médical et le risque.
Cela permet de soulever le manque cruel d’espaces de paroles et d’échange autour des expériences des couples sérodifférents. Quelques initiatives existent néanmoins sur le web, sur le forum de Sida Info Service ou encore sur la plateforme Séronet.
La multiplication de ces espaces, en ligne ou non, permettrait aux personnes d’échanger sur leurs expériences et, peut-être, de réaliser qu’à cette question souvent posée, « que font les autres couples ? », il existe une multitude de réponses.
A. Terreaux,
Sida Info Service
Article rédigé en collaboration avec l’Observatoire de SIS-Association