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Source: Komitid

Audrey, Bernard, Fred, Giovanna, Jérémy et Ramona. Trois hommes et trois femmes séropositives témoignent devant la caméra du réalisateur Dominique Thiéry. La série de vidéos, de 13 minutes chacune, a été produite par le Crips Île-de-France pour lutter contre la sérophobie.

À la veille du 1er décembre, qui marque cette année la 30e Journée mondiale de lutte contre le sida, le Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes (Crips) d’Île-de-France lance Vivre, une série de six vidéos de témoignages de personnes séropositives. Six films de 13 minutes, dans lesquels les témoins se confient sur leur quotidien avec le VIH et échangent avec leur entourage.

Le réalisateur Dominique Thiéry, qui a longtemps été rédacteur du magazine d’informations sur le VIH Remaides, explique sa démarche : « C’est mon troisième film sur le VIH. On n’a jamais fini d’en parler. J’ai choisi de faire ces vidéos avec une forme assez simple, avec des interviews face caméra. Mais j’ai aussi voulu filmer des moments d’échanges entre les personnages et quelqu’un de leur entourage. » Parmi les personnes interviewées, il y a ce moment très intime entre une femme séropositive et sa fille de 12 ans. Ou encore celui entre Fred Colby, séropositif et militant à Aides, et son compagnon, Cédric, qui lui dit : « C’est toi mon meilleur préservatif ».

Le traitement comme prévention

Jean Spiri, président du Crips, explique pourquoi ces témoignages sont importants : « Depuis dix ans, les études se sont multipliées et ont démontré qu’une personne séropositive sous traitement efficace ne pouvait pas transmettre le VIH. Une réalité qui pourtant a du mal à être reçue. L’information sur le traitement comme prévention n’est pas suffisamment connue, dans le milieu gay et dans la population générale. Il y a encore beaucoup d’idées reçues sur la séropositivité et ces vidéos sont faites pour lutter contre les stéréotypes et contre la sérophobie », déplore-t-il.

Le traitement comme prévention, c’est l’un des messages récurrents dans ces vidéos. Dominique Thiéry tenait à ce que le message « indétectabilité = intransmissibilité » soit martelé. « Il faut rester humble sur la portée des films. Mais ce qui m’a frappé, c’est que ces témoins ont compris qu’il faut se montrer et donner des informations aux autres, je les ai aussi trouvé assez tranquilles. »

« Il faut à la fois banaliser le VIH et en même temps alerter le public »

L’un des protagonistes est Jérémy, jeune gay récemment infecté par le VIH. Dans le film, il annonce : « Je vais vivre aussi longtemps qu’une personne séronégative et avec mon traitement je ne peux plus transmettre le VIH. » Il revient aussi sur les difficultés d’en parler, y compris dans la communauté gay : « Il faut faire une mise à jour des connaissances sur le VIH et cette sérophobie serait beaucoup moins forte. » Il confie enfin : « J’ai vraiment envie d’assister à la fin du sida ».

La difficulté, que le réalisateur reconnaît, c’est que le VIH et la séropositivité ne représentent qu’une composante de la vie de ces personnes. « C’est une information parmi d’autres. Il faut à la fois banaliser le VIH et en même temps alerter le public. J’ai beaucoup d’admiration pour ces personnes. Si peu prennent la parole, souvent par crainte du rejet. »

Découvrez le teaser de la série VIVRE  :

Le teaser de Vivre sera visible pendant deux semaines dans le réseau de transports en commun d’Île-de-France avec ce slogan : « La science avance, et vous ? Changeons notre regard ». Le Crips va aussi utiliser cette série de six vidéos comme outil pédagogique, notamment durant ses interventions dans les lycées. L’an dernier, l’association a réalisé 3 000 interventions auprès de 100 000 jeunes. Les six vidéos sont visibles sur le site du Crips.

Source: LaDépêche.fr 

« Connais ton statut ». Le slogan de la journée mondiale de lutte contre le Sida 2018 souligne l’importance de ne pas ignorer son statut sérologique. Pourtant, le dernier rapport de l’ONUSIDA révèle que, malgré les progrès réalisés, encore trop de séropositifs au VIH s’ignorent dans le monde.

A l’occasion de la journée dédiée à la lutte contre le VHI, le rapport de l’ONUSIDA intitulé « Knowledge is power »* révèle des progrès sur ce front. Ainsi, en 2017, la proportion de personnes séropositives ayant connaissance de leur statut s’élevait à 75%, contre 67% en 2015. Ce qui laisse 9,4 millions de malades dans l’ignorance.

Pourquoi autant de séropositifs s’ignorent encore ? « Les principaux obstacles à la pratique du test de dépistage du VIH reste la stigmatisation et la discrimination », souligne l’ONUSIDA. « La peur que l’information d’une éventuelle séropositivité soit divulguée à leur famille, à leurs amis, à leurs partenaires sexuels, empêche les personnes d’accéder aux dépistage. »

Autres obstacles : « la violence et la menace de représailles notamment parmi les jeunes femmes et les filles ». En effet, « dans de nombreux pays encore, l’accès aux tests de dépistage n’est permis aux mineurs qu’avec le consentement des parents », détaille l’ONUSIDA.

Charge virale indétectable indispensable

Autre donnée, les personnes séropositives ayant accès à un traitement antirétroviral étaient 21,7 millions en 2017, contre 17,2 millions 2 ans auparavant. Un progrès également. Toutefois, 19,4 millions de personnes séropositives n’ont pas encore réussi à obtenir une charge virale indétectable. Or, « pour rester en bonne santé et prévenir la transmission, le virus doit être présent de façon très faible et non détectable », insiste l’ONUSIDA.

Pour ce faire, il est recommandé de réaliser un test de charge virale tous les ans. Mais dans de nombreux pays, l’accès aux machines permettant ces tests n’est pas facile. « Parfois, il y a un dispositif pour tout le pays… », se désolent les rédacteurs du rapport.

Des nouveau-nés non protégés

Parmi les plus fragiles, les nouveau-nés à risque ont besoin de voir leur charge virale testée rapidement. En effet, « les tests de diagnostic rapides sont inefficaces avant 18 mois », explique l’ONUSIDA. « La seule façon de les protéger est de leur faire passer un test de charge virale entre 4 et 6 semaines de vie ». Or en 2017, seulement 52% des enfants exposés au virus dans les pays les plus affectés ont pu recevoir ce test au cours de leurs deux premiers mois.

A noter : en 2017, plus de 36 millions de personnes vivaient avec le VIH. Parmi elles, 940 000 sont décédées des suites d’une maladie liée au virus.

*La connaissance est le pouvoir