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Source: Slate

La pratique (de la mise en quarantaine) existe depuis des siècles, mais elle n’a cessé de léser les plus pauvres et pourrait même faire, en fin de compte, plus de mal que de bien.

À l’époque, les journaux la qualifieront d’usine à maladie, de microbe sur pattes, de sorcière. Sans que personne ne la vaccine contre ces attaques personnelles. À des fins d’étude et de protection de la sécurité publique, les médecins et fonctionnaires des agences de santé allaient la séquestrer dans le Riverside Hospital de North Brother Island. Mais pendant ce temps-là, comme le détaille Susan Campbell Bartoletti dans son livre Terrible Typhoid Mary, d’autres porteurs de la maladie responsables d’un nombre pourtant bien supérieur de contaminations, comme Tony Labella, ouvrier agricole, et un guide de montagne du massif des Adirondackssurnommé John Typhoïde, purent aller et venir à leur guise.

Des vies sauvées

Ce qui est arrivé à Mary Mallon à partir de 1907 n’a rien d’un cas isolé dans l’histoire de la médecine. À l’inverse, elle est l’exemple le plus fameux de ce que les communautés ont toujours et partout fait en réponse à des épidémies: confiner les individus suspectés de véhiculer la souche mortelle d’une maladie et restreindre au maximum leurs mouvements.

La quarantaine, comme on l’appelle depuis la Venise du XIVe siècle où l’on immobilisait les bateaux pendant quarante jours (quaranta giorni) pour éloigner la peste, peut être un puissant outil pour lutter contre des flambées épidémiques. Durant l’épidémie de «grippe espagnole» de 1918, on lui attribue des vies sauvées dans les villes qui, en Europe et aux États-Unis, allaient fermer écoles et théâtres, annuler enterrements et événements sportifs et obliger les malades à ne pas quitter leur domicile ou les hôpitaux. Une stratégie aussi ancienne que le Vieux Testament, où le Lévitique exhorte les prêtres à l’isolement des lépreux.

Ces dernières décennies, la liste des maladies justifiant une quarantaine s’est considérablement étendue aux États-Unis et ailleurs, avec l’émergence de nouvelles peurs sanitaires. En 2003, pendant l’épidémie de SRAS, la quarantaine a refait surface dans l’esprit des experts en santé publique, qui y ont vu une réponse adaptée aux pandémies d’un monde moderne et interconnecté –et plus seulement la méthode d’une époque révolue une fois les antibiotiques apparus et l’asepsie généralisée. Durant l’épidémie d’Ebola entre 2014 et 2016, des quarantaines ont été décidées en Guinée, Sierra Leone et Liberia.

Le danger des restrictions exagérées

Aux États-Unis, dans le New Jersey à New York, les personnels de santé revenant d’Afrique de l’Ouest furent eux aussi confinés à l’hôpital. La quarantaine, en tant qu’objet juridique, peut être imposée aux États-Unis comme dans la plupart des pays du monde et restreindre les mouvements d’individus qui n’ont pas l’air malades –du moment qu’ils sont suspectés d’avoir été exposés récemment à une maladie contagieuse. Pour certaines maladies, cela fait sens, mais dans le cas d’Ebola, les malades ne sont contagieux qu’une fois et seulement les symptômes déclarés.

Il faut examiner d’un œil critique la mise en œuvre des quarantaines dans l’histoire si nous voulons ne pas réitérer les erreurs du passé

Aujourd’hui, les risques de pandémie augmentent à la faveur d’une expansion démographique mondiale, de mouvements plus fréquents des personnes et des marchandises et d’un réchauffement climatique propice à divers pathogènes. Raison pour laquelle il faut examiner d’un œil critique la mise en œuvre des quarantaines dans l’histoire si nous voulons ne pas réitérer les erreurs du passé. Car même bien avant l’époque de Mary Typhoïde, si la quarantaine a pu sauver des vies, elle a aussi ciblé et lésé les membres les plus pauvres et les plus fragiles de la société.

Aujourd’hui, aux États-Unis, la vigilance devrait être de mise face à des quarantaines imposées par un gouvernement qui s’est déjà illustré dans la séparation de familles de migrants ou l’interdiction d’entrée sur le territoire à des minorités religieuses. Pour un président et une Maison-Blanche qui n’ont eu aucun mal à violer nombre de libertés civiles, invoquer l’autorité juridique de la quarantaine pour s’en prendre à des populations précises ne pourrait être qu’une broutille.

Stigmatisation de maladies

Ces vingt dernières années, j’ai été directement témoin des dangers de la quarantaine –et d’un de ses effets secondaires les plus courants, à savoir la stigmatisation des malades. Il y a treize ans, lorsque je vivais au Vietnam, le gouvernement avait lancé une campagne de lutte contre les «maux sociaux» qu’étaient le VIH et le Sida. Des bureaucrates allaient envoyer des travailleurs et travailleuses du sexe et des usagers et usagères de drogues par voie intraveineuse dans des établissements où ils et elles devaient demeurer sous surveillance et se rééduquer de leur mode de vie passé.

Aux carrefours et dans les cafés, on trouvait des affiches dignes de la propagande soviétique diabolisant les malades du VIH et du Sida, ainsi que les prostituées et les héroïnomanes. Parce qu’une sérologie positive était stigmatisée, les personnes soupçonnées d’être porteuses du virus étaient incitées à se cacher, une placardisation augmentant leur propre risque infectieux et celui qu’elles faisaient courir à autrui.

À l’époque, je travaillais dans une léproserie de campagne de la province de Thai Binh. De vieux lépreux et vieilles lépreuses vivaient là, ils et elles jouaient aux cartes, se rendaient ensemble à des séances de méditation bouddhiste et il y avait même parfois des mariages entre malades, qu’importe qu’il leur ait manqué un ou plusieurs membres. Puis les jeunes cherchant à se faire dépister du VIH commencèrent à affluer dans cette léproserie isolée, en nous expliquant qu’il s’agissait du seul endroit où ils se sentaient en sécurité, loin de la surveillance de leurs voisins qui risquaient de ne plus vouloir prendre le thé avec leurs parents si jamais ils apprenaient que leur fille ou leur fils était malade. Les responsables d’organisations humanitaires allaient tirer le signal d’alarme: la campagne contre les maux sociaux était en réalité contre-productive et obligeait les malades les plus graves à une vie de clandestinité ou d’ostracisme.

Vietnam, Cuba, mais aussi États-Unis

Mon expérience au Vietnam ne fut pas sans me rappeler ce que j’avais pu entendre au début des années 2000, lorsque je vivais à la Havane, à Cuba. Des malades du VIH et du Sida m’avaient raconté leur enfermement dans des sanatorios gouvernementaux, des hôpitaux installés à l’extérieur des villes et où les patients furent isolés de leurs communautés du milieu des années 1980 au début des années 1990. En 2000, les malades n’étaient plus assignés à résidence dans ces établissements ruraux, mais pour beaucoup, les sanatorios étaient encore le meilleur endroit où recevoir des soins et avoir accès aux thérapies antirétrovirales.

De telles histoires pourraient sembler réservées aux dictatures socialistes –et ne jamais pouvoir survenir dans des démocraties libérales. Sauf que les régimes oppressifs sont loin d’être les seuls à marginaliser et à stigmatiser les malades. La triste mémoire des quarantaines mises en œuvre dans des pays démocratiques devrait nous servir d’exemple et nous faire craindre le futur.

Allan Brandt, historien de la médecine affilié à Harvard, a détaillé comment, durant la Première Guerre mondiale, le gouvernement américain allait emprisonner près de 30.000 femmes travailleuses du sexe ou «filles de camp», de peur qu’elles ne transmettent des maladies à de potentielles recrues de l’armée. Au début du XXe siècle, aux États-Unis, les immigrés pauvres et juifs arrivant d’Europe en entrepont ou en troisième classe étaient mis en quarantaine bien plus souvent que les voyageurs les plus riches, quant à eux à peine soumis à un rapide examen médical avant d’être acceptés sur le territoire américain. En 1900, le président William McKinley ordonna la quarantaine de tous les Chinois et Japonais vivant à San Francisco, après la découverte d’un homme mort de la peste dans un sous-sol de Chinatown. Un décret qui mettra sur la paille bien des ouvriers d’origine asiatique, avant d’être abrogé pour inconstitutionnalité par un tribunal fédéral qui le jugera contraire à la Clause de Protection égale du Quatorzième Amendement.

Quarantaine pour le quartier pauvre

Plus récemment, pendant l’épidémie d’Ebola d’août 2014, le gouvernement démocratique du Liberia allait dépêcher l’armée pour assurer la quarantaine de tout un quartier pauvre de Monrovia, West Point. Ce qui provoquera des émeutes responsables d’un décès, de plusieurs blessés et de la fin prématurée d’une quarantaine précédant les vingt-et-un jours d’incubation du virus. Des chercheurs ont depuis montrécombien de familles libériennes pauvres furent interdites de funérailles et stigmatisées pour avoir enfreint la réglementation, alors que les plus riches eurent la possibilité de contourner les interdictions en graissant la patte des entreprises de pompes funèbres.

«Le recours à la ségrégation ou à l’isolement de personnes suspectées d’être infectées a fréquemment violé les liberté d’individus en parfaite santé»

Eugenia Tognotti, spécialiste de biomédecine

Parallèlement, aux États-Unis, des experts en santé publique allaient demander aux autorités de New York et du New Jersey de mettre fin à leurs quarantaines obligatoires de vingt-et-un jours pour les personnels de santé ayant été en contact avec des victimes d’Ebola, vu que ces législations s’appliquaient sans aucun discernement aux personnes qui ne manifestaient aucun symptôme et qui, dès lors, n’étaient pas contagieuses. Ces spécialistes firent aussi part de leurs craintes de voir ces quarantaines dissuader médecins et autre personnels de santé d’aller en Afrique pour enrayer l’épidémie à sa source.

Durant les épidémies, la peur éclipse bien souvent la raison. «Le recours à la ségrégation ou à l’isolement de personnes suspectées d’être infectées a fréquemment violé les liberté d’individus en parfaite santé, issus d’ordinaire des classes inférieures, et discriminé et stigmatisé des groupes ethniques minoritaires», écrit Eugenia Tognotti, spécialiste de biomédecine à l’université de Sassari (Sardaigne, Italie). Dans un article de 2013, elle y voit une caractéristique «presque inhérente à la quarantaine».

Passe-droit pour les plus riches

Sans doute le plus grand danger des quarantaines forcées et de leur isolement des plus pauvres et des plus fragiles, c’est qu’elles les empêchent de travailler. En outre, en érodant la confiance que les individus peuvent avoir dans les mesures de santé publique, elles compromettent leur objectif ultime, à savoir protéger les sociétés contre la propagation d’une maladie. Les gens réussissent toujours à passer entre les mailles du filet. Il est donc possible qu’augmenter les options offertes aux malades et aux populations –par exemple, de se mettre eux-mêmes en quarantaine– puisse être dans bien des cas plus efficace dans la lutte contre les pandémies que des quarantaines gérées par la police ou l’armée.

Une étude menée sur l’épidémie de grippe de 1918 attribue la meilleure résistance de New York, relativement à des villes comme Philadelphie ou Boston, à une plus grande flexibilité des autorités municipales, qui avaient par exemple laissé les écoles ouvertes pour permettre aux enfants d’assimiler les bases de la prophylaxie virale et d’encourager leurs familles à se mettre elles-mêmes en quarantaine si elles étaient infectées.

Pédagogie plutôt que coercition

Concernant l’épidémie d’Ebola de 2014-2016, une équipe de chercheurs montre que les mesures de confinement mises en œuvre par des autorités locales ou communautaires, contrairement aux quarantaines imposées par l’armée ou la police, ont été plus efficaces en matière de restriction des mouvements et d’encouragement de bonnes pratiques sanitaires. Selon une autre équipe, face à une épidémie, les mesures les moins contraignantes seraient les plus efficaces. Les gouvernements et les intervenants en santé publique devraient poursuivre de telles recherches, afin de définir les conditions et les normes en vertu desquelles une quarantaine a le plus de chances d’être aussi juste qu’efficace à l’avenir. Et autant le faire avant la prochaine panique pandémique.

Mary Mallon se méfiait des médecins qui affirmaient qu’elle avait été infectée par la bactérie de la fièvre typhoïde, qui l’avaient enfermée et lui faisaient des prises de sang contre son gré. Elle se sentait en parfaite santé au moment de sa première arrestation, ce qui aura probablement contribué à sa dissonance cognitive et à son rejet de la dure vérité médicale concernant son rôle dans l’épidémie.

Durant une courte période, elle sera libérée de sa quarantaine involontaire et retournera faire sa fameuse glace à la pêche dans les cuisines d’un hôpital –sous un nom d’emprunt et en violation de l’accord qu’elle avait passé avec les autorités. Ce qui contribuera à la persistance de l’épidémie. Mallon aurait-elle agi différemment si les médecins et les fonctionnaires de santé avaient opté pour une autre stratégie? S’ils avaient pris le temps de lui expliquer posément et précisément leurs inquiétudes quant à sa responsabilité dans la propagation de la maladie? S’ils lui avaient donné le choix d’être ou non un sujet d’études? S’ils lui avaient permis de rester auprès de sa communauté en l’incitant à changer de métier et à travailler, par exemple, dans le commerce et non plus dans la restauration? Nul ne le sait. Ce que nous savons, par contre, c’est que l’attitude que les médecins et les autorités sanitaires ont eu face à une femme pauvre, célibataire et immigrée allait avoir des conséquences autant sur sa prise en charge que sur sa réaction face à sa quarantaine.

Telle est la leçon que nous pouvons retenir de Mary Typhoïde, comme d’une bonne partie de l’histoire de la quarantaine: les intérêts de la société sont bien mieux servis quand nous nous occupons des faibles et des nécessiteux, pas quand nous les punissons.

Source: AFRIKMAG

Le Nigeria a été classé parmi les pays du monde où le nombre de cas de transmission du VIH / sida entre mère et enfant est le plus élevé.

Selon le gouvernement fédéral nigérian, des indications locales et internationales ont confirmé que le Nigéria produit 30% des enfants nés avec le VIH / sida dans le monde.

Le ministre de la Santé du Nigeria, le professeur Isaac Adewole, a livré l’information aux journalistes lors du lancement d’une feuille de route sur la mise en œuvre du traitement national et la prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VIH / SIDA à Abuja, mardi.

Il a également ajouté que cela nécessiterait une action collective de toutes les parties prenantes, avec le soutien des partenaires mondiaux, pour apporter des corrections à cette statistique.

Le professeur Isaac Adewole, a également confirmé que le Nigeria comptait actuellement 3,1 millions de personnes vivant avec le virus, dont 1,1 million ont été traitées de manière appropriée et en temps voulu par le gouvernement.

Il s’est déclaré extrêmement satisfait de l’engagement de l’Agence nationale de lutte contre le sida (NACA) envers les patients atteints du virus.

Dans ses mots, le Prof a dit:

«Il n’y a aucune raison pour que le Nigeria soit le plus grand producteur de bébés infectés par le VIH car nous avons déployé de grands efforts dans le passé. De toute évidence, il en faut plus pour obtenir plus de résultats », a-t-il ajouté.

Source: Seronet.info

Dans une intervention récente lors d’une colloque de SOS Homophobie, début octobre, et dans un avis adressé au Comité directeur des droits de l’Homme, le Défenseur des droits (DDD) Jacques Toubon, a rappelé qu’il reste beaucoup d’efforts « à faire à la France pour combattre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ».

Comme le rappelait récemment Jacques Toubon, les services du Défenseur des droits sont engagés « au quotidien dans la défense des droits des personnes LGBTI » et dans la « lutte contre les discriminations qu’elles subissent ». Cet engagement a conduit l’institution à adresser, mi septembre, un avis au Comité directeur des droits de l’Homme (CDDH) portant sur la mise en œuvre de la recommandation CM/Rec (2010) 5 adoptée par le Comité des ministres du Conseil de l’Europe, en 2010. Cette recommandation demandait aux « États membres de l’Union européenne de mettre en place des mesures visant à combattre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ». Le Défenseur des droits a dressé le bilan pour la France… il l’estime « mitigé ».

Quel constat fait le Défenseur des droits ?

Il note qu’il existe des « mesures salvatrices pour combattre les discriminations des personnes LGBT » dans notre pays. Et qu’il y a eu, depuis 2010 d’ « importantes avancées législatives » comme l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de personnes de même sexe ; la levée de l’interdiction aux homosexuels de donner leur sang ; la fin de l’exigence de preuve de l’irréversibilité de la transformation de l’apparence, et donc de stérilité, lors du changement de la mention du sexe à l’état civil. Sur ce dernier point, le Défenseur des droits estime, cependant, que le « changement d’état civil ne devrait plus être soumis à l’appréciation d’un juge, mais devrait pouvoir être déclaratif et rapide et se faire en mairie». (1).

Par ailleurs, les services du Défenseur des droits saluent aussi « la mise en place de dispositifs efficaces pour garantir l’égalité et notamment l’extension, en 2016, du champ d’intervention de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme à la lutte contre la haine et les discriminations à l’encontre des personnes LGBT (DILCRAH) et la mise en place d’un plan gouvernemental de mobilisation contre la haine et les discriminations anti-LGBT ». Pour l’institution, « l’arsenal juridique français pour protéger les victimes de discriminations est satisfaisant puisque les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont aujourd’hui réprimées par le droit pénal, administratif et civil et ce, aussi bien dans le domaine de l’emploi que dans l’accès aux biens et services privés et publics ». Pour autant, il convient de constater que « ces discriminations persistent puisqu’une personne LGBT sur trois a été discriminée à raison de son orientation sexuelle au cours de sa vie et plus d’une personne LGBT sur deux a déjà fait l’objet d’une agression homophobe (2). Et pourtant, il apparaît qu’en 2017, seules 1 026 infractions homophobes ou transphobes ont été enregistrées par les forces de l’ordre (3) et 119 saisines ont été adressées au Défenseur des droits, ce qui semble très peu.

Une répression pénale peu efficace

Dans le cadre de sa compétence de lutte contre les discriminations, le Défenseur des droits dit constater « régulièrement que les victimes de discrimination entreprennent peu de démarches pour faire valoir leurs droits (4). Il y aurait plusieurs raisons à cela : impression d’inutilité du recours, peur des conséquences négatives, manque de preuves et méconnaissance des possibilités de recours. « Le faible nombre d’actions en justice s’explique également par les difficultés que les victimes rencontrent pour porter plainte », note le Défenseur des droits. Ce dernier explique d’ailleurs qu’il est « régulièrement saisi par des associations qui déplorent de mauvaises conditions d’accueil des victimes en commissariat ou brigade de gendarmerie : tutoiement, propos déplacés, refus d’enregistrement de plainte, etc. ».

De nombreuses pistes d’amélioration

Dans le domaine du droit à la vie, à la sécurité et à la protection contre la violence, le Défenseur des droits constate « des atteintes aux droits des personnes détenues, exacerbées s’agissant des personnes LGBT. Les griefs concernent principalement l’encellulement, les brimades et violences ainsi que les difficultés rencontrées par les personnes transgenres ».

Dans le domaine du droit au respect de la vie privée et familiale, le Défenseur des droits déplore que « l’identité de genre soit encore insuffisamment respectée par les organismes privés et publics. Il recommande, entre autres, l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes et alerte le Comité des ministres sur la situation d’incertitude juridique des enfants nés d’une gestation pour autrui (GPA) à l’étranger ».

Dans le domaine de l’emploi, ce sont pas moins de « 20 % des personnes LGBT interrogées en France » qui  se sont « senties discriminées dans la recherche d’un emploi ou au travail au cours des 12 derniers mois et 39 % déclarent avoir fait l’objet de commentaires ou d’attitudes négatives au travail » (5). En 2016, seules 27 % des entreprises ayant mis en place une politique de diversité ciblent explicitement le critère de l’orientation sexuelle dans leurs actions de promotion de l’égalité et seules 20% ciblent celui de l’identité de genre.

Dans le domaine de l’éducation, l’avis rappelle que « 40 % des jeunes homosexuels ont été insultés au cours des 12 derniers mois et 15 % ont été agressés physiquement (6) ». Quant aux jeunes transgenres, ils se heurtent encore à de nombreux obstacles pour faire accepter leur identité par leur établissement scolaire. Le Défenseur des droits regrette que « la communauté éducative soit encore trop peu sensibilisée à ces sujets et que l’éducation à la sexualité se réduise encore trop souvent à une information sur la contraception ou à une prévention des maladies sexuellement transmissibles ».

Dans le domaine de la santé, l’avis indique que « 34,7% des personnes homosexuelles qui ont dévoilé leur orientation sexuelle à leur médecin se sont senties jugées et 65 % des personnes trans ont eu le sentiment d’avoir été discriminées au cours de leurs entretiens de santé. Cela conduit certaines personnes LGBT à se priver de soins de crainte d’être mal reçues, stigmatisées voire discriminées. « Les pratiques médicales à l’œuvre lors d’un changement de sexe ne respectent, quant à elles, pas la recommandation du Comité des ministres puisque le parcours de soins « protocolaire » contient, notamment, des expertises psychiatriques », note le Défenseur des droits qui « recommande (…) de prendre des mesures afin d’assurer une dépsychiatrisation effective de ces parcours de soins. Le fait que le remboursement des frais médicaux des personnes transgenres ne soit pas toujours effectif complique l’accès des personnes les moins aisées aux traitements hormonaux ou à des opérations pourtant nécessaires pour obtenir le changement d’état civil ». Enfin notent les services du Défenseur des droits : « Aucune mesure n’a été prise pour garantir l’arrêt total des « thérapies de conversion » ou pour veiller à ce que, sauf raison de santé impérative, aucun enfant présentant une variation du développement sexuel ne voit son corps modifié de façon irréversible sans son consentement libre, total et éclairé ».

(1) Décision cadre du Défenseur des droits MLD-MSP-2016-164 du 24 juin 2016
(2) Enquête réalisée pour la Fondation Jean Jaurès et la Dilcrah, publiée en juin 2018 et menée auprès d’un échantillon de 994 personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, extrait d’un échantillon global de 12 137 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine.
(3) Dilcrah, « Stabilité du nombre de crimes et délits anti-LGBT enregistrés par les forces de police et de gendarmerie en 2017 »
(4) Défenseur des droits, Rapport annuel d’activité 2016, pages 21-22
(5) Enquête de l’Agence pour les droits fondamentaux de l’Union européenne auprès de 93 000 personnes LGBT dans l’UE.
(6) Défenseur des droits, Guide Agir pour l’égalité dans l’emploi, 2016

Source: MidiLibre

43 % des porteurs du VIH le cachent à leurs proches. À Montpellier, témoignage de Laurent, diagnostiqué depuis 30 ans, qui ressent toujours le poids des préjugés.

« Quand j’ai appris que j’avais le Sida, j’étais sidéré. » À 25 ans, alors qu’il décide d’effectuer un dépistage sur les infections sexuellement transmissibles (IST), à Montpellier, Laurent découvre qu’il est séropositif. « Je suis resté sous le choc. Je croyais que j’étais tout seul à être atteint. J’ai tout de suite senti le poids de la discrimination et de la stigmatisation. »

Deux ans plus tard, Laurent tombe amoureux, apprend à son partenaire qu’il a le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), surmontant ainsi la maladie.

30 ans et persuadé qu’il va mourir

Jusqu’à ses 30 ans, sa famille ne sait rien de son état de santé. Jusqu’au jour où, alors que les symptômes – déficit immunitaire, maladies opportunistes- l’assaillent, il brise le secret et organise une « fête monstre », pour son trentième anniversaire, « persuadé que j’allais mourir. J’ai perdu treize amis en deux ans, un tous les deux mois en moyenne. Forcément, ça plombe. »

Toujours la peur d’être jugé, discriminé, rejeté

Avec l’arrivée des premières trithérapies en 1996, alors que Laurent n’a quasiment plus d’immunité, il se remet à espérer : « J’ai fait le deuil que je n’allais pas mourir. » Architecte d’intérieur à Paris, il doit toutefois se résoudre à arrêter de travailler pour penser à lui. Des voyages au bout du monde, avec un grand ami, le font tenir, dans un corps qui « se dégrade » et dont il « a honte ». Aujourd’hui, Laurent est « séro-indétectable », son risque de transmission est nul. « J’assume et je n’ai pas peur de le dire. Mais on est quand même peu à l’afficher. Les gens ont toujours peur d’être jugés, discriminés, rejetés, même si ça peut paraître irrationnel. »

À 55 ans, il s’est réapproprié son corps. Il est aussi devenu administrateur au sein de l’association Envie, qui accompagne les personnes notamment touchées par le VIH, et a suivi une formation de « patient intervenant en éducation thérapeutique », au CHU de Montpellier. Depuis, il coanime des ateliers avec un soignant et témoigne lors de congrès, à la fac, à l’institut de formation en soins infirmiers. « Les personnes sous traitement depuis au moins six mois et en charge virale indétectable, sans IST, ne sont plus transmissibles du virus », explique-t-il.

« Nous ne sommes plus dangereux »

« Le gros problème, poursuit Laurent, c’est que cette information est mal communiquée auprès du grand public. C’est toujours la même chose : avant, on devait se justifier pour expliquer qu’on était contaminant. Aujourd’hui, on doit se justifier pour expliquer qu’on ne l’est pas. » Autrement dit, rien n’est acquis. « La maladie reste toujours aussi taboue et discriminante car la peur de la transmission est ancrée. C’est insupportable de se cacher en 2018, car nous ne sommes plus dangereux. Le danger vient de ceux qui sont porteurs du virus sans le savoir et sans passer par la case dépistage. Il faut franchir le pas pour réhabiliter et inclure les personnes porteuses du VIH. »

Le point de vue du médecin

Au CeGIDD, centre de dépistage de Montpellier, chaque année 7 000 personnes se font dépister, de façon anonyme et gratuite, pour le VIH.

« On peut être traité le jour même et, au bout de six mois, le virus devient indétectable dans le sang et la personne n’est plus contaminante. Médicalement, c’est une certitude, assure Vincent Tribout, médecin référent du Cegidd. on le sait depuis dix ans, mais les gens ont gardé l’angoisse d’être contaminés, alors qu’elle ne devrait plus exister. la société change plus doucement que les réalités. »
Selon une étude menée par le laboratoire pharmaceutique Gilead Sciences, en partenariat avec l’institut Ipsos, 43 % des personnes vivant avec le virus du VIH cachent toujours leur maladie à leurs proches.

LAURIE ZENON

Source: AIDES.org

Le 4 novembre, le skipper Erik Nigon a pris le large pour la Route du Rhum à bord du voilier « Vers un monde sans sida ». Une façon de s’élancer vers ce monde espéré, mais aussi de le concrétiser, puisqu’à chaque mille marin parcouru par le navigateur, la fondation Axa Atout Cœur versera 1 euro à AIDES.

Première étape pour Erik Nigon et son voilier « Vers un monde sans sida », le baptême du navire a eu lieu dimanche 28 octobre à Saint Malo, en présence de sa marraine, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine et co-découvreuse du VIH, ainsi que des militants-es de AIDES en Bretagne. Ce sera l’occasion pour le skipper et les militants-es de rappeler la portée de cette course, qui est double.

D’une part il s’agit d’avancer, symboliquement, vers la fin de l’épidémie, et ce au delà des frontières, notamment en rappelant que le virus existe toujours, et que la lutte continue. Mais il est aussi question de lutter concrètement, puisque pour chaque mille marin parcouru par Erik Nigon, la fondation Axa Atout Cœur reversera 1 euro à AIDES pour financer ses actions de prévention, de dépistage et d’accompagnement. Les amateurs et amatrices de voile pourront d’ailleurs suivre l’aventure via la page événement Facebook, où seront postées les avancées et aléas inévitables d’une telle entreprise !

Pour le skipper, il s’agit là d’un engagement de longue date, puisqu’il a embarqué AIDES sur son bateau dès 2005, et ne compte pas s’arrêter en si bonne route : « Cela fait 14 ans que mes bateaux – les voiliers au ruban rouge – portent les couleurs de la lutte contre le sida. Il est essentiel de donner du sens à ce que l’on fait. Le sida reste une épidémie majeure nécessitant la mobilisation de moyens importants et la conscience de chacun pour préserver sa santé et celle de ses partenaires. Je suis là pour rappeler que le risque est toujours là mais que l’on peut arrêter l’épidémie si on en parle et que l’on se mobilise ! »

En attendant le départ de la Route du Rhum dimanche 4 novembre, nous lui souhaitons bon vent !