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Source: Seronet

On n’en sait jamais assez sur le VIH/sida. C’est surement ce que l’Institut Pasteur s’est dit en proposant un Mooc (massive open online course), une formation continue en ligne sur le VIH et son fonctionnement.

Animé par des chercheurs-ses reconnus et en plusieurs volets didactiques, ce Mooc permet à celles-ceux qui le souhaitent de se (re)former sur le virus et parfaire leurs connaissances. « Ce Mooc s’adresse à tous ceux qui souhaitent en savoir plus sur la science du VIH et les recherches en cours. Il présente un intérêt particulier pour les étudiants-es travaillant dans le domaine du VIH ou des sciences biomédicales, les professionnels-les de la santé, les chercheurs-ses, les associations de lutte contre le sida et les ONG ». Ce dernier est proposé en français et en anglais et se tiendra du 2 novrembre au 31 décembre 2018.

Source: Le Quotidien du Médecin.fr

Le ministère de la Santé et Santé publique France (SPF) lancent la troisième édition de l’opération #MoisSansTabac, destinée à encourager l’arrêt de la cigarette.

Dès le mois d’octobre, une vaste campagne de communication se déploie pour inciter les fumeurs à relever le défi en novembre : spot radio, campagne télé, fanzones déployées par les agences régionales de santé, actions de proximité conduites par l’assurance-maladie, affiches dans les pharmacies, où seront distribués 700 000 kits d’arrêts, et diffusion d’une vidéo dans 150 cabinets médicaux et 110 établissements de santé, en métropole et dans les DOM.

Selon les chiffres du baromètre santé 2017, un million de Français ont arrêté de fumer entre 2016 et 2017, faisant baisser la prévalence du tabagisme quotidien chez les 18-75 ans de 29,4 à 26,9 %.

Par ailleurs, 380 000 fumeurs quotidiens ont fait une tentative d’arrêt en lien avec la 1re édition de #MoisSansTabac. Environ 20 % d’entre eux étaient toujours abstinents 6 mois plus tard (80 000 personnes). Près de 70 % des fumeurs ayant fait une tentative d’arrêt en lien avec l’opération ont eu recours à un professionnel de santé (19 %) ou à une aide : cigarette électronique (33 %), substituts nicotiniques (27 %), site Tabac Info Service (22 %).

L’application Tabac Info Service, développée par l’Assurance-maladie et SPF, a été téléchargée par près de 110 000 personnes entre octobre et novembre 2017.

Encore 12 millions de Français fument quotidiennement. « Autant de potentiels participants à #MoisSansTabac », espère le ministère de la Santé.

Source: Mediapart Blog

Le Fonds Monétaire International a imposé à l’Argentine des mesures d’austérité qui ont abouti à la fermeture du ministère de la santé et compromet l’accès des traitements vitaux aux séropos.

Vendredi 28 septembre, à Washington DC, des personnes vivant avec le VIH, activistes argentinEs et du monde entier, ont manifesté devant le siège du FMI. Le 2 septembre dernier, le président argentin a annoncé des mesures d’austérité jugées indispensables par le FMI, et qui conditionnaient un prêt que celui-ci fournissait au pays pour faire face à une nouvelle crise économique. Comme avec la Grèce, comme avec tant d’autres pays, la santé est donc sacrifiée, et plus généralement l’ensemble des services publics.

Au-delà du seul ministère, ce sont bien les programmes d’accès aux traitements qui sont déjà menacés, notamment, mais pas exclusivement, la prise en charge du VIH/ sida.Tout le travail fait par la Fundacion Grupo Efecto Positivo contre les brevets, les prix indus et pour l’accès aux traitements est compromis.

Sur une pancarte de la manifestation, on peut lire : « 15 000 séropos vont mourir ». Combien valent ces vies aux yeux du FMI ?

Source: CATIE

  • Des chercheurs de la Colombie-Britannique ont comparé les dossiers de santé de patients séropositifs et séronégatifs.

  • Les patients séropositifs étaient deux fois plus susceptibles de se faire diagnostiquer un trouble de l’humeur.

  • L’âge, la sexualité et l’utilisation de drogues injectables étaient associés aux diagnostics de maladies mentales.

Plusieurs études ont permis de constater que les troubles mentaux étaient plus courants chez les personnes séropositives que chez les personnes séronégatives. Les troubles en question incluent les suivants :

  • anxiété
  • dépression
  • dépression bipolaire
  • troubles schizo-affectifs
  • troubles de stress post-traumatique

Il est possible que des facteurs biologiques, psychologiques et/ou socioéconomiques jouent un rôle dans l’accroissement des risques de certains de ces troubles mentaux. S’ils ne sont pas diagnostiqués, traités ou bien pris en charge, les troubles mentaux peuvent détériorer la santé générale, la qualité de vie et, dans certains cas, la capacité de suivre fidèlement son traitement contre le VIH (TAR).

Des chercheurs du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique, de l’Université de la Colombie-Britannique et de l’Université Simon Fraser ont collaboré à une étude afin de comparer les taux de troubles mentaux (également appelés troubles de l’humeur majeurs) parmi les personnes séropositives et séronégatives. Les chercheurs ont trouvé que les taux globaux de troubles mentaux non diagnostiqués étaient deux fois plus élevés chez les personnes séropositives. Ils ont également constaté que les personnes séropositives souffrant de troubles mentaux légers et/ou de problèmes de consommation étaient susceptibles d’être atteintes subséquemment par des problèmes de santé mentale plus graves. Les chercheurs ont affirmé que ces résultats et d’autres encore de leur étude « soulignent la nécessité de soins du VIH et de santé mentale complets et holistiques ».

Détails de l’étude

Les chercheurs ont fouillé dans plusieurs bases de données de santé portant sur des personnes séropositives et séronégatives, notamment une base de données appelée Comparative Outcomes and Service Utilization Trends (COAST). En utilisant les données recueillies auprès d’un grand groupe de personnes séropositives (6 546) et d’un échantillon représentatif de personnes séronégatives (485 250), l’équipe s’est concentrée sur les nouveaux diagnostics de troubles de l’humeur posés chez des adultes entre 1998 et 2012.

Tous les participants étaient dans la mi- ou la fin de la trentaine lors de leur admission à l’étude, et tous les participants séropositifs s’étaient fait prescrire un TAR.

Résultats

Voici les proportions de personnes ayant reçu un diagnostic de trouble de l’humeur au cours des 14 années de l’étude :

  • personnes séropositives : 24 %
  • personnes séronégatives : 12 %

Cette différence est significative du point de statistique, c’est-à-dire non attribuable au seul hasard.

Les proportions de troubles mentaux ou de problèmes connexes étaient les suivantes chez les différents groupes de personnes :

Nouveaux diagnostics de troubles mentaux selon le sexe :

Femmes

  • séropositives : 24 %
  • séronégatives : 16 %

Hommes

  • séropositifs : 24 %
  • séronégatifs : 9 %

Nouveaux diagnostics de troubles mentaux et antécédents d’injection de drogues :

Femmes

  • séropositives : 52 %
  • séronégatives : 1 %

Hommes

  • séropositifs : 28 %
  • séronégatifs : 2 %

Accent sur les personnes séropositives

Les chercheurs ont découvert les tendances suivantes parmi les personnes séropositives :

Sexe

  • Bien qu’il n’y ait pas eu de différence statistiquement significative entre les taux de diagnostics de troubles mentaux chez les hommes séropositifs et les femmes séropositives, un résultat saillant réside dans le fait que les antécédents d’injection de drogues étaient plus courants parmi les femmes que parmi les hommes.

Âge

  • Les personnes de plus de 60 ans étaient moins susceptibles de présenter un nouveau trouble mental que les personnes âgées de 19 à 29 ans.

Sexualité

  • Les hommes gais, bisexuels et hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes avaient des taux de diagnostics de troubles mentaux plus élevés que les hommes hétérosexuels.

Observance thérapeutique et santé

  • Les personnes ayant fait l’objet d’un diagnostic de trouble mental étaient plus susceptibles de ne pas renouveler leurs ordonnances pour le TAR et d’avoir un compte de CD4+ plus faible et une charge virale plus élevée que les personnes séropositives qui n’avaient pas reçu ce genre de diagnostic.

Manifestations plus légères ou plus graves de maladie

  • Les personnes qui avaient initialement une forme plus légère d’un trouble mental étaient plus à risque de se faire diagnostiquer subséquemment un trouble plus grave.

À retenir

Environ 25 % des participants séropositifs ont fait l’objet d’un diagnostic de trouble mental au cours de l’étude. Comme il s’agit d’un important pourcentage de personnes, ce résultat a poussé les chercheurs à réfléchir sur l’état du milieu de santé générale et de santé mentale des personnes séropositives vivant en Colombie-Britannique. À la suite de cette réflexion et de l’analyse des résultats d’autres études, les chercheurs ont fait les déclarations suivantes :

  • D’autres recherches sont nécessaires pour « explorer les facteurs contribuant à l’incidence élevée de troubles mentaux, telle la dépression, parmi les femmes séropositives faisant face à de nombreuses iniquités et barrières chevauchantes en matière de soins du VIH et de santé mentale… Des efforts et recherches cruciales sont nécessaires pour promouvoir l’utilisation et l’offre accrues de services de santé mentale intégrés destinés aux femmes vivant avec le VIH en Colombie-Britannique ».
  • « La combinaison de symptômes cliniques, d’effets secondaires du traitement, de dépendances, de stigmatisation, de discrimination et de criminalisation à laquelle font face [les personnes séropositives] peut masquer les symptômes de dépression et créer des obstacles à l’accès aux services de santé mentale, de sorte qu’il est difficile pour les professionnels de la santé de reconnaître et de diagnostiquer les troubles mentaux. Faute de traitement, les troubles mentaux ont été associés à l’augmentation de la consommation de substances et du nombre de suicides, ainsi qu’à la réduction de l’observance du TAR et à la détérioration des résultats du traitement [lors d’études antérieures]. »
  • Les résultats de cette étude « indiquent que les formes plus légères de dépression, d’anxiété généralisée et de consommation problématique sont des prédicteurs probables de la survenue de formes plus graves de dépression et de troubles bipolaires ».
  • « Des efforts devraient être déployés pour reconnaître et aborder tôt les préoccupations de santé mentale et la consommation de substances, afin de pouvoir améliorer les résultats du traitement et le bien-être général [des personnes séropositives] et des personnes faisant partie de la population générale de la Colombie-Britannique. »
  • « L’augmentation de l’accès aux services de santé mentale et de traitement des dépendances parmi les [personnes séropositives] s’est révélée une stratégie rentable et une intervention importante pour améliorer les résultats du traitement et la [survie] générale. »

Pour résumer les implications de leurs résultats, les chercheurs ont lancé l’appel suivant : « Le traitement exhaustif des troubles mentaux, des dépendances et des maladies infectieuses concomitantes devrait être incorporé dans les normes de soins se rapportant au traitement du VIH en Colombie-Britannique, au Canada et partout dans le monde ».

Ressources

Des chercheurs de Vancouver étudient les taux de réadmission à court terme chez les personnes séropositives hospitalisées – Nouvelles CATIE

Taux élevés d’utilisation des soins de santé mentale et des dépendances en Ontario– Nouvelles CATIE

Les personnes séropositives hospitalisées pour des problèmes de santé mentale ont besoin de soins continus – Nouvelles CATIE

Une grande étude trouve que les problèmes de santé mentale sont courants parmi les personnes séropositives – TraitementActualités 219

On trouve un lien entre le tabagisme, les problèmes de santé mentale et une charge virale détectable – TraitementActualités 219

On découvre un taux élevé de problèmes de santé mentale parmi certains utilisateurs de la PPE – Nouvelles CATIE

Surmonter les obstacles à la santé mentale et au bien-être émotionnel – TraitementActualités 204

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

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  2. Pence BW, Mills JC, Bengtson AM, et al. Association of increased chronicity of depression with HIV appointment attendance, treatment failure, and mortality among HIV-infected adults in the United States. JAMA Psychiatry. 2018 Apr 1;75(4):379-385.
  3. Sillman B, Woldstad C, Mcmillan J, et al. Neuropathogenesis of human immunodeficiency virus infection. Handbook of Clinical Neurology. 2018;152:21-40.
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  8. Bengtson AM, Pence BW, Powers KA, et al. Trajectories of depressive symptoms among a population of HIV-infected men and women in routine HIV care in the United States. AIDS and Behavior. 2018 Oct;22(10):3176-3187.
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Source: Slate

En Afrique du Sud, une mère séropositive a pu donner son foie à son fils gravement malade malgré le risque de transmission du virus. Pour l’instant, les médecins n’arrivent pas à savoir si le virus a été transmis.

L’Afrique du Sud fait face à une terrible pénurie de dons d’organes. Les médecins luttent pour trouver des organes appropriés pour les patients et patientes gravement malades, dont la survie dépend d’une greffe. Cette situation les accule parfois à des choix difficiles. Il arrive par exemple qu’ils doivent, pour sauver la vie d’un ou d’une patiente, envisager de lui greffer un organe provenant d’une personne dont le groupe sanguin diffère du sien, même si cela augmente les risques de complications.

Voici environ un an, nous avons nous-mêmes dû faire face à ce genre de choix: nous pouvions sauver la vie d’un enfant en lui implantant un greffon de foie –mais ce faisant, nous risquions de lui transmettre le VIH. La donneuse était en effet sa mère séropositive. La procédure comportait donc un risque de transmission du VIH à l’enfant [le foie pouvant se régénérer, il est possible d’en prélever une partie chez un donneur vivant pour la greffer à un receveur, ndlr].

En Afrique du Sud, la loi n’interdit pas la transplantation d’un organe provenant d’un donneur vivant séropositif à un receveur séronégatif, à condition qu’une solide procédure de consentement soit mise en place. En raison du risque de transmission du virus, cette approche n’est toutefois pas considérée par tous les médecins comme faisant partie des bonnes pratiques.

Le jeune récipiendaire avait passé 181 jours sur la liste d’attente des dons d’organes. Or la durée moyenne de présence sur liste d’attente dans notre programme de greffe est de quarante-neuf jours. Durant ce laps de temps, la mère de l’enfant avait demandé à maintes reprises si elle pouvait donner une partie de son propre foie à son enfant. Nous ne pouvions toutefois pas considérer cette option à l’époque, car elle allait à l’encontre de la politique de notre unité. Mais sans une greffe, l’enfant allait très certainement mourir.

Impossibilité de savoir s’il a été infecté

Après mûre réflexion, et avec l’aval du comité d’éthique médicale de l’université du Witwatersrand à Johannesburg, nous avons décidé de procéder à la greffe. En suivant une planification minutieuse, nous avons fourni à l’enfant un traitement à base de médicaments antirétroviraux avant l’intervention, avec l’espoir de prévenir l’infection par le VIH (prophylaxie pré-exposition, PrEP).

La transplantation, qui a été réalisée au centre médical Donald Gordon de l’université du Witwatersrand, a été un succès. L’enfant est aujourd’hui épanoui, mais à ce stade, nous sommes toujours incapables de déterminer son statut VIH. Durant les premiers mois qui ont suivi la greffe, des anticorps anti-VIH ont été détectés dans son organisme, et l’infection semblait donc avoir eu lieu. Mais ces anticorps ont décliné au fil du temps, et ils sont désormais presque indétectables. Nous n’avons en définitive pas été en mesure d’établir si l’enfant est effectivement infecté par le VIH. Même le recours à des tests ultra-sensibles et très spécialisés n’a pas permis de détecter le VIH lui-même dans le sang ou les cellules de l’enfant.

Il faudra probablement que s’écoule encore un certain temps avant que nous puissions avoir une quelconque certitude. Cependant, l’enfant supporte actuellement très bien le traitement antirétroviral. Les cas de contaminations survenues suite à la transplantation, par inadvertance, d’organes contaminés par le VIH révèlent que les patients devenus séropositifs de cette façon se rétablissent aussi bien que ceux qui reçoivent un greffon VIH négatif.

Cette intervention chirurgicale pourrait changer la donne pour l’Afrique du Sud. Le pays abrite en effet une importante population de personnes séropositives dont la charge virale est indétectable (on parle de charge virale indétectable lorsqu’une personne infectée par le VIH et suivant un traitement antirétroviral voit la quantité de virus dans son sang diminuer au point de devenir indétectable). Or ces personnes séropositives n’ont jamais été considérées comme des donneuses potentielles dans le cadre de la greffe de foie.

De l’importance de comprendre les risques

Recourir à la transplantation d’organes implique de relever de nombreux défis éthiques et juridiques. Les questions spécifiques et complexes posées par ce cas précis ont été soigneusement examinées. Avant de procéder à la greffe, nous avons consacré un soin particulier à la mise en place d’une large consultation. Il s’agit notamment de parler aux membres de l’équipe de transplantation, aux spécialistes de la bioéthique, de la justice, de la médecine du VIH et à celles et ceux du comité d’éthique médicale de l’université Wits. Ce comité a entre autres pour fonction de protéger les patients impliqués dans la recherche médicale, et de s’assurer que les procédures mises en place par les médecins le sont pour les bonnes raisons.

Il était évident que cette greffe allait dans le sens du meilleur intérêt de l’enfant. La principale question éthique consistait à déterminer s’il était juste de priver la mère de la possibilité de sauver la vie de son enfant, en lui refusant l’opportunité de fournir le greffon. Un principe fondamental de l’éthique est de traiter les gens équitablement. Les personnes séropositives devraient de ce fait avoir accès aux mêmes options de soins que les autres. Nous avons donc convenu, avec le comité d’éthique, que tant que les parents de l’enfant comprenaient qu’il existait un risque que celui-ci contractât le VIH, il était acceptable de procéder à la greffe.

Afin de nous assurer que les parents de l’enfant étaient bien informés et pourraient prendre leur décision dans des conditions optimales, nous avons eu recours à un «avocat de donneur vivant». Indépendant, celui-ci n’était pas employé par l’hôpital, son rôle principal était de soutenir les parents en s’assurant qu’ils comprenaient exactement quels étaient les risques pour la mère en tant que donneuse. Il était également en relation avec l’équipe de transplantation, au nom des parents, lorsque nécessaire.

Les parents, qui avaient déjà envisagé le risque que le VIH soit transmis à leur enfant suite à l’opération, se sont avérés déterminés à aller de l’avant. Ils ont été reconnaissants que l’équipe se montre disposée à examiner attentivement cette option, étant donné qu’il n’y avait pas d’alternative disponible et que leur enfant était gravement malade. Nous avons demandé aux deux parents de donner leur consentement à la procédure, car il était de leur responsabilité à tous les deux de prendre soin de leur enfant par la suite.

Une occasion pour observer la transmission du VIH

Cette intervention démontre non seulement que les médecins peuvent réaliser ce type de transplantation, mais aussi que les résultats peuvent être positifs à la fois pour le donneur séropositif et pour le receveur. Elle a également constitué une occasion unique pour les scientifiques de Wits d’étudier la transmission du VIH dans des circonstances très contrôlées.

Pour l’instant, les médecins ne sont pas en mesure de dire aux parents si la greffe a transmis le VIH à leur enfant. Cette incertitude est notamment due au fait que ce cas est unique, ce qui laisse beaucoup de questions sans réponse. Les recherches en cours permettront d’y répondre.

À l’avenir, nous continuerons de veiller à ce que les parents soient pleinement conscients de l’incertitude qu’implique ce genre d’intervention. Toutes les futures greffes de ce type seront incluses dans une étude actuellement en cours, dont l’objet est d’examiner plus en détail la transmission du VIH chez les enfants, ainsi que la façon dont le VIH peut ou non se propager via les greffes d’organes.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.