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Source : LeMonde.fr

Ce n’est pas un hasard si le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a choisi de présenter à Paris, mercredi 12 septembre au Quai d’Orsay, les résultats obtenus en 2017. La France accueillera en effet, en octobre 2019 à Lyon, la conférence de reconstitution du Fonds pour la période 2020-2022. Ce choix récompense le pays qui est historiquement le deuxième contributeur, derrière les Etats-Unis, de l’organisation créée en 2002 par les Nations unies.

Selon le Fonds, 27 millions de vies ont été sauvées depuis sa constitution. Il a également permis de renforcer ou d’aider à construire des systèmes de santé « plus pérennes et résistants pour la santé, et a œuvré à l’élimination des freins d’accès à la santé liés aux droits humains », affirme son directeur exécutif, le britannique Peter Sands.

En 2017, 17,5 millions de personnes ont reçu des traitements anti-VIH et 9,4 millions ont bénéficié de programmes de prévention contre cette infection ; 5 millions de patients tuberculeux ont été traités, ainsi que 108 millions de cas de paludisme, et 197 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide distribuées. Le tout en déboursant 4,2 milliards de dollars (3,62 milliards d’euros), et en économisant dans le même temps 205 millions de dollars grâce à des achats groupés.

« Question d’engagement politique »

Ce sont là des réalisations notables, mais « si nous voulons atteindre l’objectif numéro trois des Objectifs du développement durable [visant à l’amélioration de la santé et du bien-être des populations], nous ne pouvons pas nous contenterde continuer comme avant, souligne Peter Sands. Il faut augmenter les ressources, celles des donneurs de même que les ressources domestiques. Dans beaucoup de pays, ces dernières se sont accrues mais elles doivent s’élever encore. C’est une question d’engagement politique. » La question sera au cœur des efforts déployés d’ici à la conférence de reconstitution.

Pour sa part, la France maintient sa contribution annuelle de 350 millions d’euros, sachant que les sommes cumulées qu’elle a apportées jusqu’à présent atteignent 4,8 milliards d’euros. Le ministère de l’Europe et des affaires étrangères souligne la concordance de vues avec les objectifs et la philosophie du Fonds : renforcer les systèmes de santé, mettre en place une couverture santé universelle, favoriser les soins de base et former un socle de santé cohérent, en s’appuyant sur l’expertise de la France dans ce domaine.

Si le secteur privé a été présent d’emblée, avec notamment la contribution de la Fondation Bill et Melinda Gates (600 millions de dollars pour 2017-2019) qui a un siège au conseil d’administration du Fonds, Peter Sands entend solliciterdavantage les entreprises. Plusieurs d’entre elles (Orange, Reckitt Benckiser, Ecobank, Compagnie fruitière notamment) devaient annoncer leur contribution lors de la présentation des résultats.

A peine plus d’un an avant la conférence de reconstitution, la mobilisation est donc lancée afin de poursuivre et d’accroître l’impact des programmes. Elle devra s’accomplir en tenant compte d’une nouvelle phase où, créé pour trois maladies, le Fonds doit s’adapter à une approche intégrée de la santé, en articulant ses interventions avec la lutte contre d’autres pathologies.

« Paquet global »

« Nous devons renforcer les systèmes de santé et cette tâche pourrait tirer profit de ce qui a rendu si extraordinaire la riposte au VIH : l’implication des communautés et des militants, l’utilisation systématique des données pour adapter les programmes, l’attention à l’importance de leur impact », souligne Peter Sands. Mais aussitôt, le directeur exécutif pointe ce qu’il considère comme un défi : comment intégrer la riposte au VIH dans la construction d’une santé globale sans perdre la capacité à se mobiliser, l’énergie et le style direct qui ont caractérisé le travail autour du VIH ?

« A cela, il n’y a pas de réponse unique, répond M. Sands. Là où nous intervenons déjà pour mettre sur pied une chaîne d’approvisionnement, recueillir des données ou former des travailleurs communautaires, nous le faisons d’une manière qui développe des compétences locales. Et là où nous fournissons des services pour le VIH, cela fait sens de l’intégrer dans un “paquet” global : la prévention contre le VIH chez les jeunes filles et jeunes femmes s’inscrit dans une offre en santé sexuelle et reproductive ; celle en direction des usagers de drogues s’insère dans la réduction des risques liés à l’injection. »

Source : JIM.fr

L’infection par le VIH favorise-t-elle l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs ?

L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a un potentiel athérogène établi qui s’explique en partie par les effets iatrogènes des trithérapies et l’intervention de facteurs de risque cardiovasculaires tels le tabagisme chronique, la sédentarité, ou encore la surcharge pondérale. C’est le plus souvent la maladie coronarienne qui va exprimer le retentissement cardiovasculaire de cette infection, le risque d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) étant du domaine des hypothèses.

Une étude de cohorte de type cas-témoins s’est penchée sur la question. Il s’agit en l’occurrence de la Veterans Aging Cohort Study qui a été suivie entre le 1er avril 2003 et le 31 décembre 2014. Ont été exclus tous les participants chez lesquels il existait : (1) une AOMI connue ; (2) une maladie cardiovasculaire hautement probable ou établie : maladie coronarienne, infarctus du myocarde (IDM), AVC ou encore insuffisance cardiaque congestive.

Deux groupes de vétérans ont été constitués et appariés sur le plan démographique : les cas comptant des patients atteints d’une infection avérée par le VIH (VIH+) et les témoins. Ils ont été comparés après ajustement selon les variables suivantes : données démographiques, facteurs de risque cardiovasculaire, toxicomanie éventuelle, taux de cellules CD4, traitement antirétroviral et ARN du VIH-1.
C’est l’incidence de l’AOMI qui a constitué le critère de jugement primaire. Les critères secondaires ont été, pour leur part, les suivants : mortalité globale, amputation en cas de survenue d’une AOMI selon le groupe, charge virale et taux de CD4.
Au total, au sein d’une cohorte de 91 953 participants, 7 708 évènements ou signes témoignant d’une AOMI sont survenus au terme d’un suivi d’une durée médiane de 9 années. Leur incidence exprimée pour 1000 sujets-années s’est avérée plus élevée chez les patients VIH+, soit 11,9 (intervalle de confiance à 95 % (IC95) de 11,5 à 12,4) versus9,9 (IC95 de 9,6 à 10,1) chez les témoins. Après ajustement en fonction des données démographiques, des facteurs de risque vasculaires et des autres covariables pertinentes, le risque d’AOMI, en fait le hazard ratio (HR), a été plus élevé chez les malades VIH+, soit 1,19 (IC95 de 1,13 à 1,25) versus les témoins. Le HR s’est avéré maximal dans les 2 cas suivants : charge virale > 500 copies/ml (HR = 1,51 ; IC95 de 1,38 à 1,65) et concentration de cellules CD4 < 200/mm3 (HR = 1,91 ; IC95 de 1,71 à 2,13). En revanche, le HR n’a pas été augmenté de manière significative en cas de CD4  ≥ 500 cellules/mm3(HR = 1,03 ; IC95 de 0,96 à 1,11). La mortalité après la survenue d’une AOMI s’est avérée élevée, de manière voisine dans les 2 groupes. L’infection par le VIH n’a pas eu d’impact sur l’incidence des amputations liées à l’AOMI.

La concentration de CD4 en première ligne

Cette étude cas-témoins suggère que l’infection par le VIH augmente très modérément (+ 19 %) le risque d’AOMI indépendamment, semble-t-il, des facteurs de risque vasculaires traditionnels. Cependant, le risque relatif serait bien plus élevé, proche de 2,00 quand les concentrations de CD4 sont < 200 /mm3, pour ne dépasser l’unité quand ces dernières sont ≥ 500 cellules/mm3. Ces résultats doivent être confirmés par d’autres études avant de considérer que l’infection par le VIH est bien en cause dans la survenue de certaines formes d’AOMI.

Dr Philippe Tellier

RÉFÉRENCE
Beckman JA et coll. : Association of Human Immunodeficiency Virus Infection and Risk of Peripheral Artery Disease. Circulation 2018 ; 138 (3) : 255-265.