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Source : pourquoidocteur.fr

Les personnes vivant avec le VIH sont deux fois plus susceptibles de développer des maladies cardiovasculaires que les autres, selon une nouvelle étude.

Avec les progrès de la thérapie antirétrovirale, la plupart des décès chez les personnes atteintes du virus du sida (VIH) sont maintenant dus à des maladies non transmissibles, en particulier les maladies cardiovasculaires. Au vue de cette évolution, quelle est la part exacte des maladies cardiovasculaires attribuables au VIH ?

Pour répondre à cette question, des chercheurs ont effectué une méta-analyse de 80 études. Ils ont ainsi découvert que sur 793 635 personnes vivant avec le VIH, 61,8% d’entre elles souffraient de maladies cardiovasculaires. Comparativement aux personnes non infectées par le VIH, le ratio de risque de maladie cardiovasculaire était de 2,16%. En d’autres termes, « les personnes vivant avec le VIH sont deux fois plus susceptibles de développer des maladies cardiovasculaires », indiquent les chercheurs.

Le taux de « mauvais cholestérol »

Le virus du Sida accroît le risque de maladie cardiovasculaire car il maintient le système immunitaire dans une inflammation permanente. Sur le long terme, cette inflammation libère des molécules, appelées cytokines, et ces dernières endommagent les tissus corporels. Par ailleurs, si la thérapie rétrovirale permet de ralentir l’inflammation du système immunitaire, un certain nombre de traitements augmentent considérablement le taux de « mauvais cholestérol », facteur de risque très important des maladies cardiovasculaires.

Au cours des 26 dernières années, la fraction de la population mondiale attribuable aux maladies cardiovasculaires dues au VIH a augmenté de 0,36 %. Bilan : le fardeau mondial des maladies cardiovasculaires associées au VIH a triplé au cours des deux dernières décennies. Les régions le plus touchées par ce phénomène sont logiquement l’Afrique subsaharienne et la région Asie-Pacifique.

Crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral (AVC)

Une autre étude venue de Boston, récemment publiée dans la revue Circulation, pointait déjà le fait que le risque réel de maladie cardiaque était sous-estimé chez les personnes souffrant du VIH. Dans leur essai, les chercheurs expliquent que les personnes atteintes du VIH ont plus de chance d’avoir une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral (AVC). Elles sont également plus sujettes à l’athérosclérose, c’est-à-dire au durcissement et au rétrécissement des artères, ainsi qu’au vieillissement accéléré des vaisseaux sanguins.

Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs de Boston ont utilisé le calculateur de score de Framingham. En fonction de divers critères (âge, sexe, taux de cholestérol…), cet outil permet d’évaluer si une personne a des risques de contracter une maladie cardiovasculaire dans les cinq à dix prochaines années.

L’épidémie continue de progresser

En 2016, plus 57 000 nouveau cas de VIH ont été dépistés en Europe, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Pas moins de 1 115 000 patients européens souffrent actuellement du virus, Russie non comprise. La moyenne atteint 7,7 cas pour 100 000 habitants. L’épidémie continue donc de progresser, notamment en Europe orientale où ont été dépistés 80% des nouveaux cas de VIH.

Les maladies cardiovasculaires incluent les cardiopathies coronariennes, qui touchent les vaisseaux coronariens alimentant le muscle cardiaque ; les maladies cérébro-vasculaires, touchant les vaisseaux qui alimentent le cerveau ; les artériopathies périphériques, affectant des artères des bras et des jambes ; les cardiopathies rhumatismales, dues au rhumatisme articulaire aigu, causé par un streptocoque ; les malformations cardiaques de naissance et enfin les thromboses veineuses.

Un essai récent a démontré que prévenir certaines personnes qu’elles ont un risque génétique de maladie cardiovasculaire peut influencer favorablement leur comportement. Reste à espérer que ces résultats soient valables pour les porteurs du VIH.

Source : seronet.org

Bien que trop lents, les progrès dans la réponse à l’épidémie de VIH se voient partout, à une notable exception près. L’Onusida observe en Europe de l’Est et Asie centrale, une très forte résurgence des contaminations au VIH et des décès liés au sida. Une situation très inquiétante, reflet des reculs majeurs en termes de prévention et d’accès aux traitements, mais aussi des atteintes aux droits humains, notamment auprès des groupes les plus vulnérables à l’épidémie. Une rencontre autour de cette urgence a été organisée avec des acteurs de terrain et représentants d’instances internationales.

La situation en Europe de l’Est est au cœur de nombreuses sessions et présentations à Amsterdam, preuve de la volonté de mettre sous la lumière la catastrophe sanitaire qui sévit sur place. Pour mieux comprendre ce qui se passe et y répondre, les organisateurs ont voulu proposer une rencontre avec des acteurs de terrains, en présence de journalistes. « Il est crucial de faire connaître cette situation et l’urgence qu’elle revêt, sachant que l’immense majorité des contaminations qui s’y produisent le sont dans les populations clés, les personnes qui sont les plus éloignées du soin et par ailleurs discriminées », introduit Chris Beyrer, ancien président de la Société internationale sur le sida. Ces mêmes groupes qui sont depuis longtemps identifiés comme les communautés et comme priorité dans la victoire contre l’épidémie. Au-delà de la prévention, il y a l’enjeu du nombre de textes législatifs qui criminalisent la transmission ou la simple exposition au VIH. Chris Beyrer, rappelle qu’il coute quatre fois plus cher de pénaliser et d’enfermer une personne que de la soigner et la mettre sous traitement anti-VIH.

Cela concerne des groupes stigmatisés et criminalisés dans la région

Michel Kazachkine, envoyé spécial de l’Onusida en Europe de l’Est et Asie centrale, donne un panorama de la situation. « 75 % des cas concernent la Russie, 10 % l’Ukraine et les autres cas d’autres petits pays de la fédération de Russie. 56 % des cas de décès reliés au sida se situent en Russie et 24 % en Ukraine. C’est aussi une région où la mortalité remonte également avec les contaminations, ce qui, dans le cadre de la quête de la fin du sida, est inacceptable », développe l’ancien directeur du Fonds mondial. Notamment quand cela concerne des groupes stigmatisés et criminalisés dans la région, ce qui révèle la faible fiabilité des rapports officiels des autorités et leur véracité, notamment concernant le fardeau de l’épidémie porté par les travailleurs-euses du sexe. En Russie, 50 % des cas concernent des usagers de drogues. Avec une nouvelle population concernée : les migrants qui se déplacent pendulairement au sein de la fédération de Russie. Il y a aussi les personnes déplacées depuis l’annexion de la Crimée. « Ces chiffres sont notamment dus aux mauvaise lois [stigmatisantes et pénalisant les minorités] qui ne permettent pas de répondre à l’épidémie et d’atteindre les personnes concernées. Je suis peu confiant quant à la réussite d’inverser cette tendance », déplore Michel Kazatchkine. Pas d’éducation sexuelle, pas de capotes, pas de traitements de substitution, quasiment rien de financé par les autorités, et les rares choses faites sont menées par des ONG très courageuses, mais fragiles. C’est l’une des raisons qui alimente si fortement l’épidémie.

Des choses positives ?

Mais, dans cet océan de mauvaises nouvelles, quelques courants contraires sont visibles. Bizarrement, le responsable du Centre fédéral sur le sida en Russie, Vadim Podrovski, tient à revenir sur quelques avancées faites par le gouvernement russe. « En Russie, il y a des choses positives et négatives à dire. Le gouvernement a augmenté les financements pour le sida de 18 à 30 millions de roubles l’année dernière. Avec une volonté de traiter les personnes séropositives dépistées et d’augmenter leur nombre de 300 000 à 380 000 personnes sous traitement l’année dernière ». Mais évidemment, cela ne peut faire de l’ombre à l’effarant abandon des groupes les plus vulnérables : « il y a des difficultés à accéder aux traitements pour les groupes les plus à risques », reconnait-il. Mais il y a, selon Vadim Podrovski, un signal positif en termes de soutien financier pour des programmes : « il va y avoir un essai de Prep qui doit se lancer à la fin de l’année et on espère pouvoir inclure le plus de personnes qui en ont besoin. Il y aura des guidelines l’année prochaine là-dessus.

Évidemment, tout cela reste très politique et tous les gouvernements devront se livrer à d’énormes actions pour changer les choses, sinon cela aura un énorme coût en termes de population. Michel Kazatchkine veut, avec l’exemple Russe, rester optimiste. « Récemment, Poutine a parlé de santé mondiale et publique concernant la Tuberculose et je pense que celle-ci est leur porte d’entrée pour lutter contre le VIH. La Russie commence seulement son implication dans la réponse à la santé mondiale », affirme-t-il encore.

Mais il y a définitivement urgence dans la région à accélérer la riposte, et cela passera par l’argent. Un argent qui viendra, vu son fonctionnement actuel, de moins en moins du Fonds mondial. « C’est la responsabilité des gouvernements d’investir et ils doivent prendre la suite des financements internationaux », défend Kazatchkine. Et là aussi, rien n’est acquis. En 2017, la couverture globale en traitements ARV en Russie plafonnait à 38 %.

Source : gayvicking.com

Après une grosse frayeur, c’est le soulagement pour finir sur une inquiétude. Les CeGidd (Centre gratuit de dépistage anonyme et gratuit) devront changer de gestionnaire le 1er janvier 2019 suite à la décision du Département de ne pas renouveler son habilitation avec le Ministère de la Santé (ARS – Agence Régionale de Santé Normandie).

Comme partout en France, en Normandie et plus spécialement en Seine-Maritime, il y a 7 centres de dépistages anonymes sur le territoire (Le Havre, Fécamp, Dieppe, Elbeuf, Petit-Quevilly, Rouen x 2). Ces Centres de dépistages permettent à toute personne de prendre rendez-vous anonymement pour réaliser gratuitement un ou plusieurs tests de dépistage d’une MST – maladie sexuellement transmissibles (vih, hépatites, …).

Le 25 juillet dernier, le journal local Paris-Normandie annonçait la fermeture au 1er janvier 2019 de 6 centres de dépistage : « le 31 décembre prochain, tous les CeGIDD de Seine-Maritime (Dieppe, Elbeuf, Fécamp, Le Havre, Le Petit-Quevilly, Rouen) devront fermer leurs portes, faute d’accord financier entre le Département et l’Agence Régionale de Santé (ARS) ». Contrairement à ce que Paris-Normandie a publié, le Département ne gère que 5 Centres de Dépistage sur les 7 que compte la Seine-Maritime (2 sont gérés par des Centres Hospitaliers).

Incompréhensions et fausses informations

Aussitôt la nouvelle diffusée, c’est l’incompréhension et la stupeur. Outil indispensable dans la prévention des maladies sexuellement transmissibles, de nombreuses personnes, toute catégorie sociale confondue, utilisent ce service public de santé. Alors que les derniers chiffres sur les MST indiquent une recrudescence des contaminations, cette décision paraît comme absurde.

L’Agence France Santé Publique du Ministère de la Santé indiquait que le nombre moyen de consultations en centre de dépistage (CeGIDD) était de 3000 par centre (données 2016). Le dépistage est un maillon essentiel dans la chaîne de prévention contre toutes les infections sexuellement transmissibles.

Le lendemain, 26 juillet, par un communiqué de presse, le Département de la Seine-Maritime dément cette information et précise la situation.

Compétence de l’Etat via les ARS (Agence Régionale de Santé), le Département n’a pas souhaité renouvelé sa convention de gestion après 2018. Le Département explique sa décision pour des raisons financières.

Pour mémoire, depuis de nombreuses années le Département de la Seine-Maritime fait partie des départements les plus endettés de France. En 2014, la Chambre Régionale des Comptes avait alerté sur sa situation financière (à l’époque la dette avoisinait les 1,2 milliard d’euros). Aujourd’hui, toujours en difficultés financières, le Département diminuent ses dépenses de fonctionnement (-1,74% annoncés en 2017-2018).

Une contradiction politique

Pour 2019, les élus du Département souhaitent se recentrer sur des missions sociales (RSA, aides d’urgences…). Ainsi, au-delà du 31 décembre 2018, le Département n’a pas renouvelé son habilitation à gérer les 5 centres de dépistages sur les 7 actuellement en Seine-Maritime. Cette habilitation avait une durée de 3 ans (2016-2018). La prochaine devait être de 5 ans (2019-2023) conformément au Code de la Santé Publique. Un engagement financier jugé trop important pour la Collectivité.

Néanmoins, cette décision est particulièrement étonnante et contradictoire avec les récentes positions des élus.

En effet, lors de la séance du Conseil Départemental en date du 21 juin 2018, les élus du Département ont émis un avis favorable quant à l’adoption du schéma régional de santé 2018-2023 de l’ARS (Agence Régionale de Santé). Dans ce document de 430 pages est indiqué (page 207) qu’il est nécessaire « d’améliorer la couverture territoriale de l’offre de dépistage des IST et du VIH. ».. et de « conforter le rôle des CeGIDD : garantir la qualité, améliorer la couverture des territoires et l’accessibilité de tous au dépistage, clarifier le rôle des antennes… ».

Lors de la présentation de ce schéma régionale de santé la Vice-Présidente Nathalie Lecordier (Union de la droite) a déclaré que « ces axes et thématiques rejoignaient celles définies par le Département ». Une position confirmée par un vote favorable. Les élus de la majorité ont bien émis des réserves sur la politique régionale de santé mais sur d’autres sujets comme le handicap et la santé mentale. La délibération du Conseil Départemental n’a pas mentionné de réserve sur les Centres de Dépistages.

Quelques jours plus tard, le Département annoncera l’arrêt de sa prise en charge des dépistages sur les MST et le VIH.

Défaut de transparence

La décision du Département n’est pas illégale, c’est son droit légitime, mais sa position manque d’arguments. Certes ce service public a un coût. Néanmoins, l’ARS (Agence Régionale de Santé) via des dotations de la Sécurité Sociale assure le financement de cette activité. En effet, selon l’article D174-15 du Code de la Sécurité Sociale, les dépenses des centres de dépistages (CeGIDD) sont financées (remboursées) par l’Assurance Maladie et notamment les consultations médicales, les investigations biologiques voir les dépenses administratives… Alors pourquoi arrêter la gestion des 5 centres de dépistage si l’Etat subventionne le Département pour cette mission ?

Le Département mériterait à plus de transparence sur les raisons financières de sa décision. A t’il un reste à charge ? Quel est l’équilibre (dépenses-recettes) de cette activité pour la collectivité territoriale ? Des explications complémentaires sur les raisons de son désengagement seraient les bienvenues.

Et demain ?

La lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles relève de l’Etat. Ce dernier s’appuie sur un réseau de proximité composés de collectivités, d’hôpitaux, de cliniques ou d’associations par exemple. En Seine-Maritime comme dans la Manche, c’est le Département qui assure ce service. Dans l’Orne, c’est une association. Dans le Calvados, ce sont deux établissements hospitaliers.

A compter du 1er janvier 2019, l’Etat via l’ARS devra trouver un nouvel opérateur. L’Agence Régionale de Santé devra lancer un appel candidature dès la rentrée de septembre. Les associations, les collectivités territoriales, les établissements de santé ou des groupements de coopération médico-sociale pourront candidater.

Mais quel sera l’étendue de ce service public en janvier prochain ? Combien de centres de dépistage anonymes et gratuits seront habilités ? L’ARS va t’elle profiter de la situation pour réduire le nombre de centres afin de réaliser des économies ? Et sur quels secteurs géographiques ? Les villes moyennes comme Fécamp, Elbeuf ou Dieppe pourront-elles toujours bénéficier de ce service ? Dans le département du Calvados il n’existe que deux Centres de Dépistage CeGIDD (Caen et Lisieux) (Département de l’Eure : 5 lieux – Département de la Manche : 3 – Département de l’Orne : 3 – liste ici).

Vigilance des associations

La crainte des associations notamment LGBT comme Enipse ou Aides est que le service soit restreint dès janvier prochain pour la Seine-Maritime. Benjamin Duval d’Enipse a déclaré : « nous resterons très vigilants afin que chacun puisse avoir un accès au dépistage dans un cadre bienveillant, anonyme et être accompagné dans le choix de leur prévention ». Il convient de noter qu’au-delà des CeGIDD, les associations LGBT organisent régulièrement des permanences de dépistage (sous agrément de l’ARS) à Caen et à Rouen mais moins souvent que les centres publics.

De son côté, le Département assure que « les agents départementaux (…) pourront également, s’ils le souhaitent, proposer leur candidature au(x) futur(s) repreneur(s) de l’activité… ». La réattribution des moyens et des compétences sera un enjeu majeur du ou des nouveaux opérateurs.

Un dossier qui sera suivi de près par le public mais aussi par les associations déjà inquiètes.