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Source : lesoleil.sn

La « Coalition Plus » et l’Alliance nationale des communautés pour la santé (Ancs) travaillent main dans la main pour aider les pays africains à mettre fin à l’épidémie du Vih. Une visite de terrain a été organisée au Centre Jacques Chirac, au Siège Aides Sénégal, pour montrer la pertinence du dépistage démédicalisé.

La « Coalition Plus », une union internationale d’Ong de lutte contre le Sida (cofondée par Aides en France), et l’Alliance nationale des communautés pour la santé (Ancs) ont organisé, le mardi 19 juin, une visite de terrain à l’intention des journalistes sénégalais et étrangers. Cette activité entre dans le cadre de la célébration des 10 ans de la « Coalition Plus ».

Cette visite a servi de prétexte à Magatte Mbodj de l’Ancs et Aliou Sylla, directeur de « Coalition plus » Afrique, de faire le point sur la lutte au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Le convoi a d’abord fait un tour au Centre Jacques Chirac de Thiaroye. Ici, l’interlocutrice des professionnels des médias a levé un coin du voile sur le travail de persuasion des usagers de drogues à faire le dépistage. Le schéma est clair. Les agents procèdent à un counselling, une méthode de communication interpersonnelle. Après, place à un face-à-face de plusieurs minutes. Au bout, les quatre sujets acceptent de faire le dépistage. L’un d’eux entre dans le labo où officie Abdoul Lakhate Faye. Il ressort soupirant après quelques minutes. Son résultat est négatif. Agé de 56 ans, l’homme est dépendant de la drogue dure depuis plusieurs décennies. Il a revu à la baisse sa consommation de drogue suite à une séance de sensibilisation des médiateurs. « Je peux même dire que j’ai arrêté de prendre de la drogue. Aujourd’hui, je me contente de la méthadone pour être un peu équilibré », a confié  notre interlocuteur.  Les yeux fixés sur le sol, l’homme nourrit des regrets. La drogue a détruit sa vie. Aujourd’hui, après ce test négatif, il retrousse les manches pour se faire une nouvelle vie.

Système classique du dépistage dépassé

Agé de 54 ans, son cousin Mohamadou Thiam est, par contre, père de trois enfants. L’aîné est à l’université. Après son test, il  a décidé de tourner le dos à la consommation de la drogue. « Je suis en train de vieillir. Je veux me concentrer sur l’éducation de mes enfants »,  a confessé M. Thiam devant la médiatrice. Le sentiment de satisfaction se lit sur le visage de la  médiatrice. Son souhait le plus ardent, c’est d’amener cette population cible à cultiver le réflexe du dépistage.

Après le Centre Jacques Chirac, cap sur le  siège de l’Association Aide Sénégal (Aides). Cette organisation défend les droits de l’Homme, en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes,  les professionnelles du sexe et les consommateurs de drogues injectables. Sur place, les visiteurs ont eu droit à une séance de dépistage démédicalisé. Il s’agit d’un dépistage réalisé grâce à  l’utilisation de test rapide sans l’assistance d’un personnel médical.  Dans ses explications, le président d’Aides Sénégal, Diadji Diouf, a soutenu que le système classique de dépistage a montré ses limites.  La réalisation de l’un des trois  90 passe par un dépistage de masse des Sénégalais. D’après le directeur technique de l’Ancs, Massogui Thiandoum, le taux de dépistage au Sénégal est encore loin de cet objectif fixé. Le concept de dépistage médicalisé marche puisqu’il  permet de dépister certaines populations clés qui ont plus confiance en leurs pairs qu’à d’autres personnes. Dans le cas du dépistage médicalisé, la personne qui souhaite connaître son statut sérologie n’a pas besoin de se rendre dans une structure sanitaire.  « L’objectif est de faire en sorte que chaque Sénégalais puisse connaître son statut dans la pure confidentialité et l’anonymat », a fait avoir Diadj Diouf. Le groupe des journalistes s’est rendu aussi  chez les médiateurs  pour partager avec eux le repas communautaire.  Après la restauration, le médiateur Moussa Mal, de son prénom d’emprunt, a affirmé que c’est du riz à la viande amélioré  avec du « niébé ». « C’est ce genre  de nourriture qui est recommandé aux personnes infectées par le Vih puisque contenant beaucoup de fer qui est conseillé aux personnes qui prennent régulièrement des médicaments. C’est un plat riche », a-t-il signifié.

Eugène KALY

Vih/sida et tuberculose 
Des parlementaires africains formés pour porter le plaidoyer

Après Abidjan, en mai 2017, Saly-Portudal accueille, depuis mardi, un atelier régional des parlementaires africains pour une réponse au Vih et à la tuberculose basée sur les droits humains. Une rencontre à l’initiative d’ « Enda santé » qui compte s’appuyer sur les députés des pays représentés pour défendre la cause des malades.

Faciliter les échanges entre parlementaires, société civile, représentants des populations vulnérables, institutions étatiques, partenaires techniques et financiers ainsi que les autres parties prenantes de la lutte contre le Sida, tel est le but principal de l’atelier régional des parlementaires africains pour une réponse au Vih basée sur les droits humains.

Pour l’occasion, l’Ong Enda Santé a convié, pour quatre jours, 70 participants issus de dix pays d’Afrique (Botswana, Côte d’Ivoire, Kenya, Malawi, Nigeria, Ouganda, Sénégal, Seychelles, Tanzanie et Zambie) à une réflexion. Le concours des différentes parties prenantes, en particulier les parlementaires, est primordial pour mener à bien la lutte contre l’épidémie. « Nous sommes à un tournant dans la riposte au Vih/Sida qui exige la mobilisation d’importantes ressources humaines, techniques et financières, ainsi que l’identification et la réduction de tous les obstacles pouvant empêcher l’élimination de l’épidémie », a déclaré le directeur exécutif d’Enda Santé, Daouda Diouf.  Il a également constaté que des freins majeurs à l’utilisation des services de prévention, de dépistage et de traitement du Vih sont notés dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Toutefois, il a reconnu que des progrès ont été accomplis dans la croisade contre l’épidémie au cours de ces dernières décennies. «  Pour la première fois dans l’histoire de la santé publique, on a eu des traitements efficaces avec des actions de prévention qui ont été menées, avec la maîtrise de la prévalence du Vih, dans des pays comme le Sénégal, à des niveaux très bas », a rapporté Daouda Diouf.  Pour sa part, la présidente de la Commission santé de l’Assemblée nationale du Sénégal, Aminata Guèye, espère qu’au sortir de la rencontre, ses collègues seront mieux armés pour mener le plaidoyer. « Nous attendons, au sortir de cet atelier, que les députés puissent être assez outillés pour développer des stratégies de plaidoyer assez efficaces pour renforcer les droits humains, agir au niveau des populations afin de réduire ou même supprimer la stigmatisation des personnes infectées par le Vih », a-t-elle dit. Ajoutant qu’en tant que parlementaires, ils serviront de relais pour Enda Santé afin d’être plus proches des populations, pour une meilleure prise en charge des malades.

Ousseynou POUYE