Source : pourquoidocteur.fr
Une nouvelle étude présentée au Congrès national d’addictologie l’Albatros démontre que les patients porteurs du VIH sont beaucoup plus susceptibles de souffrir d’une addiction au sexe que la population générale. Si la cohorte de la recherche est petite, ses résultats mettent en lumière une population jusqu’ici très peu analysée.
Les hommes porteurs du VIH sont beaucoup plus susceptibles de souffrir d’une addiction au sexe que les personnes non infectées, selon une nouvelle étude présentée jeudi 7 juin au Congrès national d’addictologie l’Albatros.
22% de la cohorte
« Lorsqu’on annonce aux patients qu’ils sont porteurs du VIH, on observe généralement trois types de réaction : le retrait de la vie sexuelle, l’apparition d’une dysfonction sexuelle ou le développement d’une hypersexualité », explique le docteur Stéphane Darbeda, psychiatre et addictologue à l’hôpital Bichat à Paris.
Avec son équipe, Stéphane Darbeda a interrogés 89 patients. En moyenne, ils étaient âgés de 50 ans et savaient depuis 15 ans qu’ils étaient porteurs du VIH. 75% d’entre eux étaient suivis à l’hôpital Bichat, les autres étaient suivis à l’hôpital Beaujon (Assistance publique – Hôpitaux de Paris/AP- HP).
20 patients ont été identifiés comme souffrant d’addiction sexuelle, portant la prévalence à 22% de la cohorte. « Quand on sait que l’addiction sexuelle touche 3 à 6% de la population générale, on ne peut que constater que l’addiction sexuelle est beaucoup plus développée chez les hommes porteurs du VIH », affirme Stéphane Darbeda.
Plus jeunes
Comparés aux patients porteurs du VIH ne souffrant pas d’addiction sexuelle, les 20 membres de la cohorte étaient en moyenne plus jeunes, consommaient plus de substances pro érectiles, et avaient plus de relations sexuelles avec des inconnus. Ils étaient aussi des adeptes du chemsex, un nouveau phénomène qui consiste à avoir des rapports sexuels tout en consommant des drogues, parfois pendant plusieurs jours.
Le taux de mortalité des personnes porteuses du VIH ayant été très élevé pendant des années, l’étude d’une telle cohorte n’a pu se faire que très récemment, grâce à l’arrivée de la trithérapie notamment.
L’outil PEACCE
Si l’addiction sexuelle n’est pas officiellement inscrite dans le DSM-5 (classification américaine des maladies psychiatriques), elle répond aux caractéristiques cliniques de la maladie addictive. Le docteur Stéphane Darbeda et son équipe ont ainsi évalué si les patients de la cohorte souffaient d’addiction sexuelle grâce à l’outil PEACCE, qui propose de répondre aux questions suivantes :
Trouvez-vous que vous êtes souvent préoccupé par des pensées sexuelles? (Pensées)
1. Cachez-vous certains de vos comportements sexuels à votre entourage (partenaire de vie, famille, ami(e)s proches…)? (Entourage)
2. Avez-vous déjà recherché de l’aide pour un comportement sexuel que nous n’appréciez pas de faire? (Aide)
3. Est-ce que quelqu’un a déjà été heurté émotionnellement à cause de votre comportement sexuel? (Conséquences)
4. Vous sentez-vous contrôlé par votre désir sexuel? (Contrôle)
5. Vous sentez-vous triste après être passé à l’acte sexuellement (rapports sexuels, internet, autres)? (Emotions)