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Source : info-vih.com

Le vieillissement des PVVIH conduit à la prescription de nombreuses thérapeutiques non liées au VIH. Les médicaments antirétroviraux et leurs interactions avec d’autres traitements pourraient entraîner dans cette population une augmentation des effets indésirables.

La polymédication en population générale est associée à une augmentation du risque d’hospitalisation et de décès. Chez les PVVIH, la polymédication est associée à une augmentation des effets secondaires. Une limite importante des études observationnelles est soulevée, le lien de causalité entre polymédication et morbidité ne peut être établi sans un ajustement sur la gravité des patients inclus. Une étude particulièrement intéressante publiée en ligne ce mois-ci dans AIDS s’est attachée à évaluer le lien entre polymédication, hospitalisation et décès et a comparé le risque lié à la polymédication entre PVVIH et sujets non infectés.  Cette étude prospective a été conduite dans la Veteran aging cohort study (VACS), seuls les PVVIH dont l’infection par le VIH était parfaitement contrôlé ont été inclus (taux moyen de CD4 à 515/mm3). Près de 9 473 PVVIH ont été comparés à 39 812 sujets non infectés démographiquement comparables. La sévérité de la maladie a été mesurée grâce à un score validé : le VACS index qui chez les PVVIH prend en compte la charge virale, le taux de CD4, le taux d’hémoglobine, la sérologie hépatite C, le Fib-4, et le DFG estimé. Le VACS index varie de 0 à 164, une augmentation de 5 points est associée à une augmentation du risque de décès à 5 ans de 20 %. Un VACS index a aussi été développé et validé chez les sujets non infectés.

Les auteurs ont été également établi deux seuils différents pour parler de polymédication : plus de 2 médicaments en dehors des ARV ou supérieur ou égal à 5 médicaments en dehors des ARV. Pendant la période de suivi de 6 ans, 58 % des PVVIH ont été hospitalisés contre 55 % des sujets contrôles, 17 % des PVVIH sont décédés contre 14 % des contrôles. Dans les deux groupes, les médicaments les plus prescrits étaient : les hypolipémiants, les antihypertenseurs (IEC/ARAII, calcium bloqueurs et ß-bloquants, diurétiques), les antidépresseurs, les IPP, les agents hypoglycémiants, et les antalgiques. Le nombre médian de médicaments non ARV chez les PVVIH étaient de 3 contre 4 chez les sujets non-infectés. Chez les PVVIH comme chez les sujets non-infectés, recevoir plus de deux médicaments non ARV était associé à une augmentation du risque d’hospitalisation de 68 %, et de 83 % en cas de prescriptions d’au moins 5 médicaments. Après ajustement, sur le VACS index, le sur-risque persistait indiquant que la sévérité de la maladie n’était pas en cause, mais que c’étaient le risque d’effets indésirables et/ou d’interactions médicamenteuses. Chaque médicament ajouté augmente le risque de 8 % d’être hospitalisé. Le risque de décès est également majoré de 43 %. Les auteurs relèvent que près de 19 % des PVVIH recevaient des IPP pendant plus de 90 jours alors que les recommandations sont de ne pas dépasser 30 jours dans la majorité des situations du fait des interactions au moins avec les inhibiteurs de protéase,et des NNRTI. Ces résultats nous poussent à être très vigilants sur les traitements non ARV chez les PVVIH et à réévaluer régulièrement les indications des traitements au long cours.