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Source : Seronet

De quelles données dispose-t-on concernant l’hépatite A en France ? Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) de Santé publique France de mars 2018 apporte une réponse. Consacré aux résultats des dix premières années de déclaration obligatoire (depuis 2005) de l’hépatite A, ce numéro présente aussi un point d’actualité (au 13 novembre 2017) concernant les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) très exposés à cette hépatite.

Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de Santé publique France de mars 2018 traite de l’hépatite A et revient sur dix ans de déclaration obligatoire (2006-2015). La France est un pays où l’hépatite A n’est pas très présente ; d’ailleurs, les cas sont en baisse depuis 2010. Une des explications résiderait dans une amélioration de la couverture vaccinale, puisqu’il existe une vaccination efficace. Il n’en demeure pas moins qu’il existe toujours de petites épidémies d’hépatite A concentrées chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. A l’aune de l’épisode de 2017, les autorités de santé envisagent d’ailleurs dans le cadre de la déclaration obligatoire (DO) de recueillir désormais l’orientation sexuelle des personnes infectées.

Pour la période 2006-2015, 11 158 cas d’hépatite A ont été notifiés, soit un taux d’incidence moyen de notification de 1,7 cas pour 100 000 habitants. Une tendance à la diminution de ce taux a été observée à partir de 2010. Reste que comme la maladie est souvent asymptomatique, elle ne conduit pas nécessairement à une consultation. C’est donc un biais pour une évaluation exhaustive des cas. Autrement dit, il y a très probablement plus de cas que ceux recensés.

Selon les données recueillies, le taux d’incidence moyen de notification chez les hommes était de 1,9 cas pour 100 000 et, chez les femmes, de 1,4 pour 100 000, avec une tendance à la diminution pour les deux sexes. Les principales expositions à risque étaient la présence de cas dans l’entourage (46 %) et un séjour hors métropole (38 %). Le « BEH » indique que 32 % des cas appartenaient à un épisode identifié de cas groupés.

Chez les personnes âgées de 25-44 ans, le taux d’incidence des cas notifiés est presque deux fois plus élevé chez les hommes que les femmes (2,1 contre 1,2). « Il pourrait être expliqué par des cas survenus chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), population à risque d’hépatite A, indique le « BEH ». Dans cette tranche d’âge, les hommes ont déclaré moins souvent que les femmes la présence d’autres cas dans l’entourage (29 % contre 45 %) ou la présence d’enfants à domicile (18 % contre 36 %). Des cas d’hépatite A sont suspectés chez les HSH lors de l’observation d’une augmentation du sexe ratio homme/femme sur une période donnée et dans une même zone géographique. Cet indicateur a permis d’identifier des cas dans cette population, en particulier à Paris en 2008-2009, et cela a conduit à une incitation à la vaccination ».

Que se passe-t-il chez les HSH ?

Le « BEH » y consacre une partie spécifique. Depuis février 2017, la France et plusieurs pays européens observent une augmentation importante du nombre de cas d’hépatite A, touchant en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), rappelle-t-il. Du 1er janvier au 31 octobre 2017, 2 980 cas d’hépatite A ont été recensés par la déclaration obligatoire. Le nombre de cas d’hépatite A déclaré au cours des dix premiers mois de 2017 est quatre fois supérieur au nombre total de cas déclarés au cours de l’année 2016 (697 cas). Comme le détaille le « BEH », cette « épidémie concerne majoritairement les hommes, qui représentent 2 355 (79 %) des 2 980 cas déclarés en 2017. L’orientation sexuelle ne fait pas partie aujourd’hui des informations recueillies dans le cadre de la déclaration obligatoire. Cependant, des cas groupés chez les HSH sont évoqués lorsqu’on observe une augmentation du sexe-ratio H/F. L’augmentation du sexe-ratio H/F constatée chez les 18-55 ans (3,8 en 2017 contre 1 en 2016) et les résultats des premières investigations de cas groupés suggèrent très fortement que la population des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes est la plus touchée par cette épidémie, en France comme dans les autres pays d’Europe.

Source : Elisabeth Couturier1 (elisabeth.couturier « @ » santepubliquefrance.fr), Lina Mouna2, Marie-José Letort1, Dieter Van Cauteren1, Anne-Marie Roque-Afonso2, Henriette De Valk1
1 Santé publique France, Saint-Maurice, France.
2 Centre national de référence VHA-VHE, AP-HP, Hôpital Paul Brousse, Villejuif, France.

L’hépatite A, c’est quoi ?
L’hépatite A est une infection aiguë d’évolution le plus souvent favorable. En raison de l’excrétion fécale du virus, le principal mode de transmission est de type féco-oral, à l’origine de la contamination par contact direct de personne à personne, rappelle Santé publique France. La contamination peut être indirecte par consommation d’eau contaminée, de coquillages crus ou peu cuits et récoltés en eau insalubre, ou par ingestion d’aliments contaminés pendant la culture, la récolte ou la préparation. Des épidémies récentes en Europe et en France ont concerné la consommation d’huîtres, de fruits rouges surgelés, de tomates séchées et de denrées d’une boulangerie-pâtisserie. Après une incubation silencieuse de quatre semaines en moyenne (extrêmes 15-50 jours), l’hépatite A se manifeste par des signes généraux suivis d’un ictère (une jaunisse) dans plus de 70 % des cas à l’âge adulte. Chez l’enfant de moins de six ans, les formes asymptomatiques sont les plus fréquentes (70 %). La sévérité augmente avec l’âge, avec une évolution possible vers une hépatite fulminante peu fréquente, moins de 1 % des cas. Il existe une vaccination contre l’hépatite A. Elle est recommandée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.