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Source: lequotidiendumedecin.fr

La chimioprophylaxie antituberculeuse chez les personnes infectées par le VIH réduit la mortalité, même chez les personnes qui prennent un traitement antirétroviral et qui ont un compte de lymphocytes T CD4+ élevé, selon le suivi au long cours de l’essai ANRS TEMPRANO publié dans « The Lancet Global Health ».

Menée par des chercheurs du site ANRS de Côte d’Ivoire, par le service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Treichville (commune d’Abidjan) et par 8 autres centres de prise en charge de l’infection à Abidjan, cette étude a porté sur 2 056 patients séropositifs pour le VIH suivis entre 2008 et 2015, soit un suivi de 9 404 patient-années. Un total de 86 patients sont décédés, dont 34 recevaient l’antituberculeux isoniazide en prophylaxie et 52 dans le groupe sans traitement prophylactique. Le risque de décès sur 6 ans est de 4,1 % chez les patients bénéficiant d’une prophylaxie antituberculeuse et de 4,1 % chez les autres.

Le risque de décès des patients sous isoniazide est donc diminué de 37 %, après ajustement pour les facteurs de risques liés à l’initiation plus ou moins tardive du traitement antirétroviral.

Une recommandation tombée en désuétude

En Afrique subsaharienne, la tuberculose est la première cause de mortalité chez les personnes infectées par le VIH. Dans les années 1990, plusieurs études ont montré que les personnes infectées par le VIH qui prennent de l’isoniazide pendant 6 à 12 mois ont moins de risque de développer une tuberculose. Sur la base de ces études, l’OMS recommande depuis 1993 que les personnes infectées par le VIH, et vivant dans des pays où la tuberculose est très présente, prennent de l’isoniazide pendant 6 mois, à compter du diagnostic de l’infection par le VIH. Cependant, cette recommandation n’est que très peu appliquée car elle a été considérée comme obsolète avec l’arrivée des antirétroviraux.

Ces nouveaux résultats de TEMPRANO renforcent l’idée que la chimioprophylaxie antituberculeuse réduit non seulement la morbidité sévère mais également la mortalité. Ce bénéfice est indépendant et complémentaire à celui des traitements antirétroviraux, et il est conservé au moins six ans après la prise.

Rédigé par Damien COULOMB

Source: jim.fr

Malgré les mesures de prévention et les traitements disponibles, les infections sexuellement transmissibles (IST) restent un problème de santé publique important.

En Europe, 25 % des gonorrhées, 50 % des syphilis et 90 % des lymphogranulomatoses vénériennes touchent des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). A Paris,  90,8 % des cas de syphilis et 69,3 % des gonorrhées sont observés dans cette population. Deux études se sont intéressées à l’évolution récente des IST parmi les HSH VIH+.

29,3 % de co-infections sexuellement transmissibles

Les HSH VIH+ suivis à l’hôpital Foch de Suresnes ont chaque année un dépistage systématique des hépatites B et C ainsi que de la syphilis. En cas de symptomatologie clinique de type urétrite, pharyngite, proctite, ils peuvent également bénéficier d’un test de dépistage pour Chlamydia trachomatis et  Neisseria gonorrhea. En cas de cytolyse hépatique,  la sérologie de l’hépatite A est ajoutée.

Les données recueillies sur 2 périodes, de 2008 à 2011 et de 2012 à 2015 ont été analysées. Les caractéristiques démographiques étaient similaires dans les 2 groupes. Dans la période 2008 à 2011, 14 % des HSH VIH+ avaient au moins une IST. Cependant, ce chiffre a augmenté à 29,3 % entre 2012 à 2015 (p < 0,001).

Le détail de l’étude révèle une incidence multipliée par 3 en ce qui concerne la syphilis, les urétrites et les hépatites C (HCV). Environ 2/3 des syphilis détectées étaient asymptomatiques. La moitié des sérologies HCV positives étaient dues à des réinfections d’hépatites C guéries spontanément ou après traitement. Toutes étaient asymptomatiques et aucunes n’étaient liées à l’utilisation de drogues intraveineuses.  Assez peu de cas d’hépatites A et B ont été constatés probablement liés à une protection vaccinale.

Selon une équipe néerlandaise, qui fait le point sur les co-infections avec le HCV, la prévalence de 5,6 % en 1995 est passée à 20,9 % en 2008. L’augmentation des comportements à risque à l’ère du tout connecté est proposée comme explication d’une telle croissance.

De plus, ils soulignent les co-infections avec le papillomavirus (HPV). Aux Pays-Bas, l’incidence des infections à HPV à  haut risque est de 73,5 % chez les HSH VIH+ comparativement à 37,2 % chez les HSH VIH-.

Comment y remédier ?

L’augmentation importante des IST chez les HSH VIH+ met en exergue des comportements sexuels à risque. Elle montre également que les conseils de prévention sont insuffisants pour diminuer le risque d’IST.

Les auteurs français concluent sur l’importance de régulièrement dépister les IST pour diminuer les complications de l’évolution naturelle de ces infections et limiter leur propagation. Mais que cela a un coût et que peut-être l’utilisation d’un score clinique permettrait d’identifier les patients les plus à risque et d’améliorer la stratégie de dépistage.

Les auteurs néerlandais eux, soulignent que les traitements ne seront jamais suffisants sans une diminution des comportements sexuels à risque.

Rédigé par Dr Sylvie Coito

Image: preventionist.org