Source: destinationsante.com
Malgré les nombreux progrès accomplis dans la lutte contre l’épidémie du VIH/SIDA , un fléau perdure partout dans le monde : la stigmatisation. Celle-ci est d’autant plus forte sur les séropositifs homosexuels. Une situation qui désole les associations militantes. Le point avec Romain Mbiribindi, membre de l’association Afrique Avenir .
Romain Mbiribindi travaille au sein de l’association Afrique Avenir depuis sa création en 1992. « A l’époque, nous œuvrions en faveur de l’amélioration de la santé des populations d’origine africaine en France. Mais rapidement le SIDA est devenu notre priorité », raconte-t-il. Et pour cause, l’épidémie mortelle tuait beaucoup dans cette population
Depuis plusieurs années heureusement, les traitements antirétroviraux permettent aux patients de vivre normalement et d’avoir une espérance de vie équivalente à celle des séronégatifs. Un progrès considérable qui s’est révélé être « un levier très puissant pour faire de la prévention », souligne Romain Mbiribindi.
Les limites de la prévention ?
C’est sur le terrain qu’œuvrent les bénévoles de l’association. « Dans les discothèques, les salons de coiffure, les lieux de fêtes où se réunissent les personnes originaires d’Afrique ou des Antilles », précise-t-il. Ils leur proposent information, conseil et dépistage sur place avec les Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD). Leur travail a porté ses fruits et la situation est bien meilleure que dans les années 1990. « Les gens acceptent de réaliser le test alors qu’ils ne voulaient même pas en entendre parler il y a 20 ans », rappelle Romain Mbiribindi.
Pourtant, malgré toutes ces améliorations, la stigmatisation des séropositifs perdure. En la matière, « il n’y a pas de progrès », assure-t-il même. Et pour les homosexuels, « la peine est double car ils sont stigmatisés pour les deux raisons ».
Indétectable = zéro contamination
Un séropositif dont la charge virale est indétectable grâce à son traitement antirétroviral ne risque plus de transmettre le virus. C’est désormais confirmé scientifiquement. Mais « cette information est difficile à faire passer », se désole Romain Mbiribindi. « Certains médecins ne le disent même pas à leurs patients. »
Au cours de la conférence internationale sur le VIH de l’IAS qui s’est tenue en juillet 2017 à Paris, le Pr Anthony Fauci, directeur du National institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) américain, a pourtant bien rappelé que « le risque de transmission sous traitement était négligeable ». Le Pr Jean-François Delfraissy, co-organisateur de la conférence se désolait également lors de cette rencontre internationale : « nous avons raté quelque chose en matière de lutte contre le VIH puisque la stigmatisation perdure autant ». Or dans le monde, « la stigmatisation comme la criminalisation rendent difficiles d’atteindre l’objectif de 90-90-90 fixé par l’OMS », rappelait de son côté le Pr Michel Kazatchkine, autre grand spécialiste du SIDA.
Alors, comment faire pour convaincre ? « Sensibiliser et informer, sans cesse », martèle Romain Mbiribindi.
Rédigé par Dominique Salomon