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Sources : UNIVADIS

Les patients infectés par le VIH présentent de nombreuses comorbidités : parmi elles, les maladies auto-immunes ne sont pas rares mais les chiffres épidémiologiques les concernant sont peu nombreux. Les données de la cohorte française Dat’AIDS ont été analysées afin de mieux décrire la prévalence de ces maladies chez les sujets traités ou non par antirétroviraux.

Méthodologie

Dat’AIDS est une étude de cohorte prospective multicentrique conduite dans 12 centres experts français depuis 2000. Les 26 maladies auto-immunes de la classification internationale des maladies (CIM-10) ont été recherchées et les chiffres de prévalence ont été analysés selon les caractéristiques de l’infection par le VIH (début de l’infection, nombre de CD4 et CD8, charge virale…) et la conduite d’un traitement antirétroviral.

Résultats

  • Globalement, 1.381 patients infectés par le VIH présentaient une maladie auto-immune parmi les 18.431 sujets dont le suivi était actif entre 2000 et 2013.

  • Les maladies auto-immunes les plus fréquentes étaient le psoriasis, la sarcoïdose, la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante (respectivement 2.295, 141, 212 et 265 cas pour 100.000 patients). La maladie de Grave, l’anémie hémolytique auto-immune, la thrombocytopénie immune et les MICI présentaient une prévalence respective de 206, 141, 325 et 597 cas pour 100.000 patients.

  • Dans la plupart des cas (59%), la maladie auto-immune était apparue plus d’un an après le diagnostic de VIH. En moyenne, le délai d’apparition de la pathologie était de 10,6 mois post-diagnostic VIH. Parmi ces patients, 73% étaient sous traitement antirétroviral et 70% avaient une charge virale indétectable au moment du diagnostic d’affection auto-immune. Pour la majorité de ces pathologies, le nombre de CD4 et de CD8 était supérieur à 300 et 830/mm3 et le rapport CD4/CD8 supérieur à 1.

  • Une co-infection par le VHC était plus fréquemment retrouvée chez les sujets souffrant de psoriasis, de maladie de Grave, de thrombocytopénie ou d’anémie hémolytique auto-immune (24%, 34%, 38% et 41% versus 16% dans l’ensemble de la cohorte, significatif). Une fois écartés les patients sous interféron, le psoriasis et la thrombocytopénie immune restaient plus fréquemment diagnostiqués chez les sujets co-infectés que chez les autres.

  • De la même façon, une fois les patients sous interféron écartés, les sujets co-infectés par le VHB apparaissaient plus souvent touchés par la thrombocytopénie immune et par l’anémie hémolytique auto-immune.

Limites

  • Les diagnostics de maladies auto-immunes n’ont pas fait l’objet d’une vérification.

  • Aucune donnée sur l’origine ethnique n’était disponible.

À retenir

Dat’AIDS décrit la fréquence et la chronologie d’apparition des maladies auto-immunes par rapport à celle du VIH chez une large cohorte française. Elle montre l’importance de certaines d’entre elles, comme le psoriasis ou les MICI. Dans une majorité de cas, ces maladies apparaissent au-delà de la première année d’évolution de l’infection. Ces chiffres sont, dans leur très grande majorité, en phase avec les publications étrangères.

L’étude met ainsi en exergue l’importance des maladies auto-immunes dans la prise en charge des patients VIH et permet d’appréhender les mécanismes physiopathologiques spécifiques à chacune de ces maladies, notamment en cas de co-infection par le VHB ou le VHC.