De nombreuses études montrent l’impact négatif du tabagisme sur l’issue des grossesses. Néanmoins, cet effet n’avait pas été étudié jusqu’à maintenant spécifiquement chez les femmes infectées par le VIH, alors que la prévalence du tabagisme est élevé dans cette population. La cohorte WIHS comporte des femmes séropositives pour le VIH appariées de façon sociodémographique à des femmes séronégatives, dans 10 villes nord-américaines.
L’étude s’intéresse aux femmes de cette cohorte pour lesquelles a été rapporté un avortement spontané (fin de grossesse avant 20 semaines), un enfant mort-né ou une naissance vivante entre 1994 et 2014. Les données de 377 grossesses chez des femmes fumeuses (pendant la grossesse ou immédiatement avant celle-ci) ont été comparées à 656 grossesses chez des non-fumeuses. A noter que chez les fumeuses VIH+, les cofacteurs toxiques sont nombreux : 42% de consommation d’alcool (contre 21% chez les non-fumeuses), 25% d’utilisation de Marijuana (contre 7% chez les non-fumeuses). Les paramètres immunovirologiques sont également moins bons : seulement 67% des femmes fumeuses ( vs 80% des non-fumeuses) sont traitées et 48% ont une charge virale < 1000 cop/mL (vs 71% des non fumeuses).
Au total, 32% de l’ensemble des grossesses a résulté en un avortement spontané ou un enfant mort-né dans la cohorte (que les femmes soient VIH positives ou négatives). Le risque d’avortement spontané ou d’enfant mort-né est majoré de 9.7% avec le tabac chez les femmes séronégatives ; chez les femmes séropositives, ce risque est majoré de 19,2%.
Les auteurs concluent qu’il est essentiel que les femmes séropositives envisageant une grossesse puissent être accompagnées vers un sevrage du tabac. Le fait que la cohorte comporte une période antérieure aux traitements antirétroviraux efficaces rend néanmoins les résultats un peu fragiles.
Sources : info-vih.com