Le Pr Philippe Descamps, gynécologue-obstétricien et président de la Commission Relations internationales du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), lance un appel aux candidats à l’élection présidentielle en faveur de la vaccination HPV qu’il qualifie « de drame français ».
Avec le soutien du CNGOF et de la SFCPCV (Société française de colposcopie et pathologie cervico-vaginale), ce chef du pôle Mère-Enfant au CHU d’Angers fait valoir que pour « faire face à ce bilan catastrophique », « un engagement politique (est) indispensable ».
Le spécialiste déplore une perte de chances, selon les termes mêmes de l’OMS, pour les jeunes femmes françaises. « Lorsque 8 à 9 jeunes filles sur 10 sont vaccinées dans certains pays industrialisés, la France en vaccine moins de 2 sur 10, se classant – triste record — aux derniers rangs des pays européens », écrit-il.
Des pays, comme l’Australie, le Royaume-Uni, le Portugal ou l’Espagne, ont introduit la vaccination en milieu scolaire, souligne le Pr Descamps, « obtenant de ce fait une excellente couverture vaccinale ».
Une responsabilité politique
Le Pr Descamps rappelle que l’OMS a réaffirmé en mars 2014 « la balance bénéfices-risques favorable » et s’est alarmée des « préjudices potentiels causés par des polémiques fondées sur des observations et des rapports isolés. Car le discrédit jeté sur la vaccination anti-HPV concourt à une perte de chances pour les jeunes filles non vaccinées d’accéder au seul moyen de prévention primaire contre les maladies liées aux papillomavirus humains ».
À ce sujet, le praticien hospitalier universitaire souligne « que le nombre de maladies auto-immunes chez les jeunes filles vaccinées n’est pas supérieur à celui observé chez les jeunes filles non vaccinées ». En réponse à certains propos tenus par des détracteurs du vaccin, le Pr Descamps insiste sur le fait qu’il est important de ne pas opposer vaccination anti-HPV et dépistage par frottis car « ils sont complémentaires ».
« Est-il éthiquement acceptable de savoir que le cancer du col de l’utérus aura quasiment disparu dans dix ou vingt ans dans certains pays européens, alors que nous déplorerons encore le décès de mille femmes par an en France ? », alerte le Pr Descamps. Le plan cancer 2014 a fixé l’objectif d’une couverture vaccinale de 60 % pour 2019.
Sources : lequotidiendumedecin.fr