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Source : Seronet 

A l’occasion de la journée nationale sur les hépatites, la ministre de la santé a promis un accès aux nouveaux antiviraux à action directe (AAD) à toutes les personnes vivant avec le VHC d’ici septembre. Devant un parterre de médecins et activistes, Marisol Touraine a donc ouvert la voie au traitement universel, réclamé de longue date par les associations et les personnes en attente d’un traitement.

« Aujourd’hui, je décide l’accès universel aux traitements de l’hépatite C ». Le 25 mai, date symbolique et journée nationale des hépatites, la ministre de la Santé a mis fin au suspens qui régnait sur les bancs fébriles de la salle Laroque, petit amphithéâtre du ministère de la Santé. En préambule au colloque, Marisol Touraine a donc fait la déclaration que les acteurs de la lutte pour l’éradication du VHC attendaient. Dans un discours bien préparé, elle a détaillé le processus, en étapes, pour atteindre le traitement pour tous. 500 000 personnes en France sont porteuses d’une hépatite virale, et la moitié d’entre elles l’ignore. Le gouvernement, depuis 18 mois, rationnait les traitements aux personnes au stade de fibrose le plus avancé. Depuis l’arrivée des nouveaux antiviraux à action directe (AAD), seulement 30 000 personnes ont été soignées et guéries du VHC dans 90 % des cas.

Les F2 et greffés maintenant, tous les autres en septembre

« S’agissant des patients F2, des patients transplantés ou en attente de greffe, dès les prochains jours, après avoir reçu l’avis de la commission de la transparence, je signerai l’arrêté d’extension ». Exit donc le « F2 sévère », étrange compromis et aberration médicale, qui déterminait le dépôt d’un dossier en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) et donc l’accès aux AAD très vite. Pour les personnes vivant avec une hépatite C à un stade plus précoce (F0 et F1), la ministre a assuré qu’elles auront accès aux nouvelles molécules à la rentrée, après les nouvelles recommandations de la Haute autorité de santé (HAS). « J’ai saisi la semaine dernière la HAS dont l’avis est obligatoire. Elle doit me remettre, pour le mois de septembre, ses recommandations sur les modalités de mise en œuvre de l’accès universel au traitement. Je signerai le nouvel arrêté dans la foulée », a-t-elle promis.

Aller vers les populations vulnérables

La ministre veut aussi aller au devant des difficultés d’accès à la santé et aux traitements pour les personnes vulnérables, ou celles qui ignorent leur séropositivité à une hépatite virale. Marisol Touraine souhaite donc que « que la composition des RCP soit ouverte pour que des médecins exerçant en CeGIDD ou en centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa), puissent y participer et présenter les dossiers de patients suivis dans leurs structures ». Une nouvelle porte ouverte donc pour que des groupes vulnérables, comme les détenus, les usagers de drogues ou les migrants puissent intégrer plus rapidement le dépistage et le soin pour le VHC. Concernant les RCP, la ministre a demandé à l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (ANRS) et au Conseil national du sida (CNS) de plancher, cet été, sur de nouvelles recommandations de prescriptions dans ces RCP, à l’aune d’un traitement universel. Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, n’a pas manqué de demander au Professeur Dhumeaux, auteur principal du rapport d’expert sur les hépatites, et présent au colloque, de se charger de l’écriture de ces recommandations. Cet avis doit également être rendu courant septembre.

Faire baisser les prix

Concernant les prix, la ministre de la santé a été claire : « ils doivent baisser ». A ce sujet, elle a indiqué l’engagement de François Hollande à défendre une « coopération internationale renforcée » concernant le coût des médicaments innovants. Cette volonté politique devra donc être réaffirmée par le Président de la République au G7 les 26 et 27 mai à Kobé. Plus concrètement, mais sans indication de délai, elle a chargé le président du Ceps (Comité économique des produits de santé) de mener des discussions pour tendre vers une « renégociation du prix ». Michelle Rivasi, députée EELV au Parlement européen, regrette que sur la question du prix, l’outil de la licence obligatoire ne soit pas utilisé. « Le gouvernement français a le droit de délivrer des licences d’office (licences obligatoires). C’est-à-dire que la France peut légalement autoriser des laboratoires pharmaceutiques concurrents de Gilead ou Bristol Myers Squibb à produire des génériques de molécules […] en leur accordant des licences. Cette décision permettrait de briser l’oligopole de Gilead et BMS sur ces médicaments contre l’hépatite C en faisant jouer la concurrence pour qu’enfin leur coût diminue drastiquement », explique l’élue, très engagée sur ces questions.

Heureux mais méfiants

Ces annonces ont donc été accueillies très positivement par les associations. « En annonçant l’accès universel aux nouveaux traitements, Marisol Touraine met fin à une aberration en santé publique », explique AIDES dans son communiqué, même si l’association reste vigilante pour la mise en œuvre de ce qui demeure des promesses et non des actes. « Nous ne doutons pas une seconde que les personnes immigrantes étrangères seront incluses dans les recommandations, nous serons quoi qu’il en soit particulièrement vigilants sur ce point comme sur la transcription en actes de la déclaration de la ministre ». Et à d’autres associations, comme Médecins du monde ou SOS hépatites de prévenir : « nous n’accepterons aucune limitation ou délai supplémentaire pour l’accès aux traitements pour tous ».