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Les résultats de l’enquête AMASE, présentée lors de la 15e conférence de la Société européenne de recherche clinique sur le sida (EACS), qui se tient jusqu’au 24 octobre à Barcelone, confirme pour le reste de l’Europe, une notion qui avait déjà été mise en évidence en France, notamment lors de l’étude ANRS PARCOURS. Réalisée en Belgique, en Allemagne, en Grèce, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal, en Espagne, en Suisse et au Royaume-Uni, elle montre que la plupart des migrants européens infectés par le VIH l’ont été après leur arrivée dans leur nouveau pays de résidence.

Deux approches complémentaires
Ce pourcentage est même massif chez les ressortissants d’Amérique du Sud, des Caraïbes et d’Asie. « Nous avons procédé selon deux approches complémentaires », explique la sociologue Deborah Alvarez-del-Arco, du centre national espagnol d’épidémiologie. Deux questionnaires devaient être remplis à chaque fois : un premier par le patient, afin de recueillir des informations comportementales (date d’arrivée, présence ou non de relations sexuelles sur le territoire, consommation de drogue) et un second par le médecin afin d’obtenir des données cliniques (décompte de CD4, comorbidités…). En croisant ces deux sources d’informations, les auteurs ont classé les 2 249 participants, dont 68 % d’hommes, en quatre catégories : acquisition post-migration certaine, acquisition post-migration probable, acquisition pré-migration certaine et acquisition pré-migration probable. Par exemple : les auteurs considèrent une infection pré-migration comme certaine si le diagnostic a eu lieu avant le départ du pays d’origine, ou si la séroconversion a eu lieu moins d’un an après l’arrivée sans qu’il y ait eu de relation sexuelle déclarée entre-temps. Au sein des migrants originaire d’Afrique, 22 % ont été classés comme infectés avant leur arrivée, de façon certaine ou probable, 31 % ont été classés comme ayant été infectés après et dans 47 % des cas, les données étaient manquantes. Concernant les patients originaires d’Amérique du Sud et des Caraïbes, 8 % ont été infectés avant leur arrivée, et 68 % après, quant aux Asiatiques, 18 % d’entre eux ont été infectés avant leur arrivée et 57 % après.

Les HSH et les consommateurs de drogues particulièrement exposés
Ces chiffres sont identiques chez les femmes (18 % avant et 36 % après) et chez les hommes (13 % avant et 36 % après). Les patients appartenant à des groupes à risque sont plus susceptibles d’être infectés après leur arrivée. Ainsi 72 % des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont été infectés après leur arrivée, et 67 % des consommateurs de drogues injectables. Si l’incidence du VIH chez les migrants a diminué ces dernières années, « cela reste un vrai problème, reconnaît Deborah Alvarez-del-Arco. Sur les 30 000 nouvelles infections en Union européenne en 2013, 57 % seulement concernaient des ressortissants de l’UE, les autres plutôt les migrants dont 13 % d’origine africaine. » L’enquête qui a été financée dans le cadre du septième programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et le développement devrait être prolongée. « Trop peu de ressortissants africains ont répondu, nous sommes donc en train de concevoir une nouvelle version du questionnaire pour réduire ce problème », conclut Deborah Alvarez-del-Arco.

Sources : Le Quotidien du médecin