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Vivre avec le VIH: « La vie s’arrête, puis elle renaît »

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source : centrepresse

Si la médecine progresse, le VIH est une cage et vivre avec le VIH peut être compliqué. Un tabou levé avec la Journée mondiale contre le sida et la parole de ceux qui l’ont apprivoisé.

Vivre, simplement vivre. Je n’ai que de l’amour à donner. Une soif qu’Aurélien (1) a parfois du mal à étancher avec de grosses baisses de moral. Sa prise de médicament quotidienne lui assure une espérance de vie « quasiment stable »« Du moins, avec de fortes probabilités d’atteindre une charge virale indétectable, confie-t-il tout bas. C’est le fait de devenir non contaminant. » Pour ce Poitevin, proche de la quarantaine, « la vie s’est arrêtée en 2012 puis elle renaît dans la foulée ». Un bref coup de fil, après un don de sang, lui annonce la nouvelle. Un couperet. Il lui faut « tirer un trait sur sa vie sans VIH, comme un deuil ». En plein mois de décembre, la « bonne santé » des semaines qui suivent lui laisse encore de douloureux souvenirs.

On peut vivre avec le VIH,« socialement,c’est autre chose »

Il consent avoir tourné la page d’un passé plus tumultueux. Adepte des fêtes nocturnes et de certains paradis artificiels, il confesse des « conduites à risques »« Rien de bien méchant », pense-t-il à l’époque, alors que « [sa] jeunesse brûle par les deux bouts », juge-t-il aujourd’hui avec recul.
Ces dernières années, les avancées de la médecine sont indéniables. On peut vivre avec le VIH et le supporter physiquement. « Socialement, c’est autre chose », coupe de suite Aurélien. Bien sûr, il a fallu l’avouer au compagnon de l’époque, « parti dans la foulée ». Il y a ensuite l’annonce à la famille – « elle comprend vite » – et aux amis – « J’ai coupé les ponts avec ce cercle. » « La première fois qu’on le formule à voix haute, c’est un poids énorme. J’avais l’impression d’être une bombe à retardement. » Alors oui, la médecine a changé la donne – grâce à la trithérapie, le risque de transmission est de 1% – mais le regard des autres pèse lourd.

Sur le qui-vive

La charge virale est au début une obsession constante, « mais il faut bien s’y faire, on s’habitue ». La clef reste l’assiduité dans le traitement. Une charge virale en augmentation, « c’est prendre le risque de permettre au virus de se multiplier », de le rendre détectable à nouveau, et donc de nouveau pouvoir le transmettre.
« On ne guérit pas de tout ça, je le dis à tout le monde. Vivre avec une quantité très basse du virus dans le sang est un soulagement, mais c’est vivre avec quand même. »
Aurélien est épanoui aujourd’hui dans le Sud-Vienne. Il a laissé des plumes dans ce parcours mais a pris un nouvel envol. Avec quelqu’un pour accompagner sa trajectoire. Plus besoin de trop « s’épancher le sujet ». « Je vis, simplement, je vis. »

(1) A la demande de l’interlocuteur, un nom d’emprunt est utilisé.

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