source : seronet
Nouveau médicament dans le cadre du traitement du VIH : Trogarzo (ibalizumab) est indiqué, « en association avec d’autres médicaments antirétroviraux, dans le traitement de l’infection par le VIH-1 multi-résistant chez les adultes pour lesquels il n’est autrement pas possible d’établir un schéma de traitement antirétroviral suppressif », indique l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Ce médicament bénéficie d’une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte (ATUc).
Qu’est-ce que Trogarzo (ibalizumab) ?
Trogarzo (laboratoire Theratechnologies) est un anticorps monoclonal. Ce médicament est utilisé dans le traitement des personnes adultes infectées par le VIH de type 1 (VIH-1). Il est administré avec d’autres médicaments anti-VIH lorsqu’aucune des combinaisons standard ne permet de contrôler l’infection parce que le virus leur est résistant. Ce traitement permet donc de venir à bout des multi-résistances rencontrées chez certains-es patients-es, en complément à d’autres molécules. En France, on estime entre 3 000 et 5 000 les personnes qui seraient concernées par un traitement de sauvetage dans l’échec thérapeutique.
Comment Trogarzo est-il utilisé ?
Le médicament doit être instauré et supervisé par un médecin expérimenté dans le traitement de l’infection par le VIH. Trogarzo est disponible sous la forme d’une solution pour perfusion (goutte-à-goutte) dans une veine. Le traitement débute par une dose unique de 2 000 mg suivie par 800 mg toutes les deux semaines, rappelle l’Agence européenne du médicament ; si le traitement est interrompu, il doit être réinstauré de la même manière.
Comment agit-il ?
La substance active de Trogarzo est l’ibalizumab. C’est un anticorps monoclonal (un type de protéine) conçu pour se lier au CD4, un récepteur (une cible) présent à la surface des cellules immunitaires appelées lymphocytes T. Ces lymphocytes T sont la cible principale du VIH, que celui-ci utilise comme hôtes afin de se reproduire. En se liant au CD4, l’ibalizumab empêche le virus de pénétrer dans les lymphocytes T et de se multiplier, ralentissant ainsi la propagation de l’infection. Différentes études cliniques montrent que, pris avec d’autres médicaments anti-VIH, Trogarzo s’est révélé efficace pour réduire la charge virale chez des personnes dont le VIH était multi-résistant, autrement dit chez lesquelles les traitements standard anti-VIH combinés n’ont pas permis de supprimer suffisamment la charge virale VIH dans le sang. Dans une étude principale menée auprès de 40 adultes qui présentaient un VIH multi-résistant et dont le traitement n’agissait pas, les taux de virus dans le sang se sont avérés indétectables (inférieurs à 50 copies/mL) chez 43 % des personnes après 25 semaines dans le cadre d’un traitement standard associé à Trogarzo, rappelle l’Agence européenne du médicament. Des effets similaires ont été observés à l’occasion d’une deuxième étude principale portant sur 113 personnes adultes. Dans cette étude, 44 % des personnes chez lesquelles des doses de Trogarzo étaient ajoutées à un traitement standard présentaient des taux de VIH indétectables après 25 semaines.
Les effets indésirables les plus couramment observés lors des essais cliniques sous Trogarzo (qui peuvent toucher jusqu’à une personne sur dix) étaient : éruption cutanée, diarrhée, vertiges, maux de tête, nausées et fatigue.
Pourquoi Trogarzo est-il autorisé dans l’Union européenne ?
Les options thérapeutiques étant limitées chez les personnes présentant un VIH multi-résistant, il existe donc un besoin médical non satisfait au sein de cette population, avance l’Agence européenne du médicament. L’agence indique qu’elle a bien conscience que « les études présentées » étaient « de petite envergure » en termes de participants-es, mais elle considère que « le profil de sécurité de Trogarzo [est] acceptable ». Elle a « estimé que les bénéfices de Trogarzo sont supérieurs à ses risques et a autorisé l’utilisation de ce médicament au sein de l’Union européenne ».