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VIH : l’efficacité de l’islatravir ouvre des pistes pour la simplification du traitement.

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Source : Le Quotidien du Médecin

L’islatravir, un inhibiteur de la translocation de la transcriptase inverse des nucléosides indiqué dans le traitement de l’infection à VIH, vient de donner de bons résultats dans une étude clinique de phase 2b publiée dans le « Lancet ».

Qualifiée de « molécule très prometteuse », par le Pr Jean-Michel Molina, premier auteur de l’étude et chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint Louis et Lariboisière (Université de Paris et AP-HP), l’islatravir est un nouvel inhibiteur de la transcriptase du VIH ayant de multiples mécanismes d’action dont une inhibition de la translocation, et qui dispose d’une barrière génétique très élevée à la résistance. « Sa particularité est aussi que cette molécule reste efficace à des concentrations très faibles et qu’elle dispose d’une très longue demi-vie intracellulaire », complète le Pr Molina.

Vers une bithérapie

Au cours de cette étude, les auteurs franco-américains ont recruté 121 patients adultes naïfs de tout traitement. Tous avaient une charge virale à l’inclusion de plus de 1 000 copies par ml, un décompte de lymphocytes T CD4 d’au moins 200 cellules par ml et une clairance de la créatinine d’au moins 50 ml/min. Ces participants ont été répartis en quatre groupes : trois d’entre eux ont été traités par une association d’islatravir (à des doses soit de 0,25, 0,75 et 2,25 mg), de doravirine (100 mg) et de lamivudine (300 mg) tandis que le dernier, le comparateur, l’était par celle de ténofovir disoproxil fumarate (TDF, à 300 mg), de doravirine (100 mg) et de lamivudine (300 mg). Au bout de 24 semaines, les patientsdes bras islatravir ayant atteint l’objectif de moins de 50 copies par ml ont vu leur traitement évoluer vers une bithérapie islatravir/doravirine.

Au bout de 24 semaines 90 % des patients du groupe islatravir 0,25 mg, 100 % du groupe 0,75 mg et 87 % du groupe 2,25 mg ont obtenu une charge virale VIH plasmatique inférieure à 50 copies par ml, de même que 87 % du groupe comparateur sous TDF. À la semaine 48 (donc après le switch vers la bi thérapie d’une partie des patients sous islatravir) 90 % de patients du groupe 0,25 mg étaient toujours en état de suppression virologique, de même que 90 % de ceux du groupe sous 0,75 mg d’islatravir et 77 % de ceux du groupe 2,25 mg. Dans le groupe comparateur, 84 % des patients avaient moins de 50 copies d’ARN viral par ml.

Une PrEP sous forme d’implant ou en un comprimé mensuel

Grâce à sa longue demi-vie, il est envisagé d’employer l’islatravir dans le cadre de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). « Des études sont en cours pour son utilisation sous la forme d’implants ou en traitement oral pris une fois par mois », explique le Pr Molina, qui estime que l’enjeu des prochains travaux sera de déterminer la meilleure combinaison. « Dans notre étude, nous l’avons utilisé en association avec la doravirine, mais il y a un accord qui a été signé entre Merck (le laboratoire développant l’islatravir) et Gilead pour expérimenter une association avec le lenacapavir », complète-t-il.

Un autre essai est également en cours chez les patients dont l’infection résiste à plusieurs lignes de traitement. Les données précliniques indiquent en effet que l’islatravir reste efficace contre les souches résistantes aux autres inhibiteurs nucléosidiques.

L’islatravir s’inscrit dans le mouvement actuel en faveur de traitements longue durée d’action à prises plus espacées, à l’image du cabotegravir en injection intramusculaire qui a obtenu son AMM en 2019. « Il y a une vraie demande des personnes à simplifier leur traitement », juge le Pr Molina.

 

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