Dans un article de The Lancet HIV, une équipe internationale (l’Antiretroviral Therapy Cohort Collaboration, ART-CC) a analysé les données de survie au sein de 18 cohortes regroupant plus de 88 500 patients traités par association d’antirétroviraux en Europe et aux États-Unis, entre 1996 et 2010.
Les auteurs de cette analyse ont procédé à une comparaison du taux de mortalité selon la date de mise sous traitement antirétroviral (ARV) pendant la première, la deuxième et la troisième année de traitement.
Les résultats montrent que, comparés à ceux mis sous ARV entre 2000 et 2003, les patients mis sous ARV entre 2008 et 2010 ont un taux de survie augmenté de 23 % la première année de traitement et de 20 % les deux années suivantes.
En calculant l’espérance de vie à partir des données de mortalité lors des trois premières années de traitement par ARV, les auteurs de cet article montrent qu’une femme âgée de 20 ans placée sous ARV entre 2008 et 2010 a une espérance de vie de 67,9 ans (67,6 pour un homme).
Mais si ce calcul est effectué en ne tenant compte que des données de la deuxième et de la troisième années de traitement (une fois passée la première année où la mortalité est plus forte), alorsl’espérance de vie d’une personne de 20 ans placée sous ARV est de 78 ans, quel que soit le sexe.
Les auteurs avancent plusieurs explications sur cette amélioraiton récente. Ils insistent néanmoins sur le fait que cette espérance de vie quasi « normale » ne concerne pas les usagers de drogue par voie intraveineuse (UDVI), ni les personnes qui avaient des taux très bas de lymphocytes CD4 lors de la mise sous traitement ARV.
De plus, les auteurs soulignent ces résultats ont été observés en Europe et aux États-Unis, et ne peuvent pas être étendus aux pays les moins riches, comme l’Afrique, où les millions de patients atteints n’ont que très partiellement accès aux antirétroviraux.
Le VIH / sida, une maladie au pronostic transformé par l’arrivée des associations d’antirétroviraux
Depuis 1996 et l’arrivée des trithérapies antirétrovirales, l’infection par le VIH/sida est devenue progressivement une maladie chronique, au moins dans les pays industrialisés.
La prescription d’associations antirétrovirales (ARV) contenant au moins trois substances a considérablement modifié le pronostic de cette infection.
L’arsenal thérapeutique autrefois constitué des seuls RTI (inhibiteurs de la transcriptase inverse) s’est enrichi d’antiprotéases, puis de NNRTI (inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse).
Vingt ans plus tard, ces associations de substances ont-elles amélioré leur efficacité ? Que peut-on en espérer en terme d’espérance de vie ? Ce sont les questions que se sont posé les scientifiques de l’Antiretroviral Therapy Cohort Collaboration (ART-CC).
L’analyse de 18 cohortes de patients entre 1996 et 2010
L’article publié dans The Lancet HIV par une équipe de l’Université de Bristol fonde son analyse sur 18 cohortes regroupant plus de 88 500 patients en Europe et aux Etats-Unis, dont la date de mise sous ARV s’échelonnait entre 1996 et 2010 (dont environ 25 % de femmes).
Pour l’analyse des données de survie, les patients ont été regroupés en fonction de la date de la prescription initiale : 1996-1999, 2000-2003, 2004-2007 et 2008-2010.
Cette analyse a également pris en compte plusieurs variables pouvant influencer la survie : âge, sexe, usage de drogues par voie intraveineuse, diagnostic de sida à la mise sous traitement, taux de lymphocytes CD4 à la mise sous traitement, et charge virale à la mise sous traitement.
Sources : vidal.fr