Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

VIH : l’OMS inquiète du développement des résistances au traitement

PARTAGER SUR :

Au lendemain de la présentation du rapport de l’ONUSIDA, dans lequel l’organisation se félicite d’avoir pour la première fois dépassé la barre des 50 % des personnes vivant avec le VIH sous traitement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde les pays contre la tendance à la hausse de la résistance du VIH aux médicaments, dans un rapport publié ce jeudi.

Ce texte, fruit du travail conjoint de l’OMS, de la Banque mondiale et des centres américains de contrôle des maladies (CDC), se base sur des enquêtes nationales menées dans les 11 premiers pays ayant adopté un programme de surveillance recommandé par l’OMS.

Dans 6 de ces 11 pays, plus de 10 % des personnes qui commencent un traitement antirétroviral sont infectées par une souche virale résistante aux antirétroviraux de première ligne. Il s’agit de l’Angola (16,3 %), de la République démocratique du Congo (10 %), du Honduras (11,5 %), de l’Ouganda (11,6 %), de la Papouasie Nouvelle Guinée (16,1 %) et de l’Afrique du Sud (18 %). Une fois ce seuil de 10 % atteint, l’OMS recommande à ces pays de revoir d’urgence leurs programmes de traitement du VIH. Les auteurs précisent que les niveaux de résistance ont pu être sous-évalués dans 3 des 5 pays en dessous de 10 %, car les enquêtes qui ont été réalisées ne concernaient que les patients naïfs de tout traitement.

Aruba, île de tous les records

Parmi les pays n’ayant fourni que des données partielles à l’OMS, l’île d’Aruba (qui ne fait donc pas partie des 11 principaux pays du rapport) s’est distinguée dans une petite étude menée sur 56 individus positifs pour le VIH et ayant été testés pour la résistance aux traitements lors d’un prétraitement. Le taux de résistance aux inhibiteurs non nucléosidiques de reverse-transcriptase y atteint un chiffre record de 32 %.

« La résistance aux médicaments antimicrobiens pose un problème croissant pour la santé mondiale et le développement durable », reconnaît le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. « Nous devons préventivement nous occuper des niveaux croissants de résistance aux médicaments anti-VIH si nous voulons atteindre la cible mondiale de mettre fin au sida d’ici à 2030 », ajoute-t-il. La résistance du VIH aux médicaments se développe lorsque les patients ne suivent pas le plan de traitement prescrit, faute d’un accès régulier aux médicaments.

135 000 décès supplémentaires

« Nous devons veiller à ce que le traitement reste efficace pour ceux qui le commencent, afin de prévenir l’émergence de résistances, explique le Dr Gottfried Hirnschall, directeur à l’OMS du département VIH/sida et du Programme mondial de lutte contre l’hépatite. Lorsque les niveaux de résistance deviennent élevés, nous recommandons de changer de thérapie de première intention pour ceux qui démarrent leur traitement. »

Selon les projections de l’OMS, 135 000 décès et 105 000 nouvelles infections de plus pourraient être observés dans les cinq prochaines années, si aucune mesure n’est prise pour lutter contre la montée en puissance des résistances. Dans le même temps, les coûts du traitement du VIH pourraient augmenter de 650 millions de dollars (558 millions d’euros). L’OMS propose un nouveau plan d’action mondial sur cinq ans visant à coordonner les efforts des pays pour prévenir et surveiller la résistance du VIH. L’OMS formule de nouvelles lignes directrices et recommandations : les pays sont invités en particulier à contrôler la qualité de leurs programmes de traitement et à prendre des mesures dès qu’un échec thérapeutique est détecté.

Pour le Dr Shannon Hader, directeur aux CDC de la « Division of Global HIV and TB », « le nouveau rapport confirme la nécessité de réfléchir d’une manière prospective dans nos efforts pour combattre la résistance : étendre les tests mesurant la charge virale, améliorer la qualité des programmes de traitement et passer à de nouveaux médicaments comme le dolutégravir ».

Sources : lequotidiendumedecin.fr

PARTAGER SUR :