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VIH enfants traitements

VIH : des enfants sans traitements !

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Source : SERONET

Un nouveau rapport révèle de fortes disparités dans l’accès aux services de prévention et de traitement du VIH pour les enfants et les adolescents. Plusieurs structures appellent à agir de toute urgence. Explications.

La fin de l’épidémie reste un objectif, mais certains chiffres montrent bien que nous sommes encore loin du compte. Dans le monde, en 2020, près de la moitié (46 %) des 1,7 million d’enfants séropositifs n’étaient pas sous traitement et 150 000 nouvelles infections au VIH ont été enregistrées chez les enfants, soit quatre fois plus que l’objectif de 40 000 nouvelles contaminations pour 2020. Ces chiffres proviennent d’un récent rapport réalisé par l’initiative Start Free, Stay Free, AIDS Free, l’Onusida et ses partenaires (1). Dans ce document publié fin juillet, ces structures avertissent que les progrès en direction de « l’éradication du sida chez les enfants, les adolescentes et les jeunes femmes » sont « en retard », et qu’aucun des objectifs pour 2020 n’a été atteint. Fait grave : le rapport montre que le nombre total d’enfants sous traitement a diminué pour la première fois, alors même que près de 800 000 enfants vivant avec le VIH ne sont pas actuellement sous traitement. Facteur aggravant, le rapport avance que des « opportunités d’identifier les nourrissons et les jeunes enfants séropositifs à un stade précoce ne sont pas saisies ». Ainsi, plus d’un tiers des enfants nés-es de mères vivant avec le VIH n’ont pas été dépistés-es. En l’absence de traitement, environ 50 % des enfants vivant avec le VIH décèdent avant d’avoir deux ans. « Il y a une vingtaine d’années, les initiatives destinées aux familles et aux enfants visant à empêcher la transmission verticale [de la mère à l’enfant, ndlr] et à mettre fin à la mortalité infantile due au sida ont vraiment été à l’origine ce qui est devenu notre riposte mondiale au sida. Cela était dû à l’activation sans précédent de tous les partenaires, mais malgré de premiers progrès spectaculaires et en dépit d’un nombre d’outils et de connaissances jamais atteint auparavant, les enfants accusent un fort retard derrière les adultes et par rapport à nos objectifs », a expliqué Shannon Hader, directrice exécutive adjointe de l’Onusida. Et le rapport d’expliquer : « Les inégalités sont frappantes : les enfants ont près de 40 % moins de chances qu’un adulte de recevoir un traitement vital (54 % des enfants contre 74 % des adultes) et sont surreprésentés-es dans les chiffres de la mortalité liée au sida (les enfants représentent 5 % seulement des personnes séropositives, mais 15 % des décès liés au sida). Il s’agit ici du droit des enfants à la santé et à une vie saine, de leur valeur au sein de nos sociétés.  Il est temps de redoubler d’efforts sur tous les fronts. Nous avons besoin de leadership, de militantisme et d’investissements pour rendre justice aux enfants. »

Fortes disparités observées quant à la part des enfants séropositifs

Start Free, Stay Free, Aids Free est un plan quinquennal lancé en 2015. Son objectif est « d’agir extrêmement rapidement pour s’assurer que chaque enfant commence sa vie sans le VIH, et ce, jusqu’à l’adolescence, et que chaque enfant et adolescent-e vivant avec le VIH ait accès à un traitement antirétroviral ». Cette stratégie met principalement l’accent sur 23 pays, dont 21 en Afrique, qui représentaient 83 % des femmes enceintes vivant avec le VIH, 80 % des enfants vivant avec le VIH et 78 % des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans nouvellement infectées par le VIH dans le monde. Bien que les objectifs 2020 n’aient pas été atteints, les 21 pays d’Afrique ciblés ont réalisé des progrès plus importants que les pays non ciblés. Reste que de fortes disparités ont été observées d’un pays à l’autre et ces pays continuent de supporter le fardeau de l’épidémie : onze pays représentent près de 70 % des enfants séropositifs ne recevant pas de traitement anti-VIH. Entre 2015 et 2020, les nouvelles infections au VIH chez les enfants ont reculé de 24 % dans les pays prioritaires par rapport à une baisse de 20 % dans le monde. Ces pays ont également atteint une couverture de traitement de 89 % chez les femmes enceintes vivant avec le VIH, contre 85 % dans le monde. C’est certes ne progrès, mais le chiffre reste toujours en deçà de l’objectif de 95 %. Et on ne parle là que de tendances globales car les chiffres varient énormément d’un pays à l’autre. Le Botswana, par exemple, a atteint une couverture du traitement de 100 % contre 39 % seulement en République démocratique du Congo (RDC).

Comme c’est souvent le cas, ce rapport est à considérer comme un appel à agir et éviter toute autosatisfaction. C’est une invitation insistante à « combler le retard actuel ». Le rapport souligne trois actions nécessaires pour mettre fin aux nouvelles infections au VIH chez les enfants dans les pays ciblés. Premièrement, faire en sorte que le dépistage et le traitement atteignent les femmes enceintes le plus tôt possible. Un chiffre donne une idée de l’enjeu : 66 000 nouvelles infections au VIH ont été recensées chez les enfants, car leurs mères n’avaient pas reçu de traitement pendant la grossesse ou l’allaitement.

Le rapport recommande « d’assurer la continuité du traitement et de la suppression de la charge virale pendant la grossesse, l’allaitement et à vie. Le rapport indique que 38 000 enfants ont été nouvellement infectés par le VIH parce que la prise en charge de leur mère a été interrompue pendant la grossesse et l’allaitement. Le document recommande de prévenir les nouvelles infections au VIH chez les femmes enceintes et allaitantes : 35 000 nouvelles infections chez les enfants sont survenues parce qu’une femme a été contaminée par le VIH pendant la grossesse ou l’allaitement.

La crise sanitaire a perturbé l’accès au services éducatifs et de santé sexuelle

Ce n’est pas le moindre des paradoxes : de réels progrès sont réalisés dans la prévention de l’infection au VIH chez les adolescentes et les jeunes femmes, mais ils demeurent insuffisants. Dans les pays ciblés, le nombre d’adolescentes et de jeunes femmes qui contractent le VIH a diminué de 27 % entre 2015 et 2020. Cependant, le nombre d’adolescentes et de jeunes femmes infectées par le VIH dans les 21 pays ciblés atteignait 200 000, soit deux fois l’objectif mondial pour 2020 (100 000), note le rapport. La crise sanitaire actuelle a eu un impact. La survenue de la Covid-19 et la fermeture des écoles perturbent de nombreux services éducatifs et de santé sexuelle et reproductive pour les adolescentes et les jeunes femmes. C’est donc un défi supplémentaire qui se profile dans un combat, la fin du VIH en 2030, qui n’en manque pourtant pas.

« Il est clair que mettre fin à la transmission de la mère à l’enfant nécessite des approches innovantes qui soutiennent les femmes tout au long de leur vie, y compris par le biais d’efforts renforcés de prévention primaire, tels que la prophylaxie pré-exposition (Prep), l’accès à une prise en charge reproductive complète et en accordant davantage d’attention aux adolescentes et aux jeunes femmes. Le rapport Start Free, Stay Free, AIDS Free inclut de nouveaux objectifs pour 2025 qui, s’ils sont atteints, ouvriront une nouvelle page de la prévention et du traitement du VIH pour les femmes, les enfants et les familles. Ce n’est pas le moment de se reposer sur nos lauriers, mais plutôt de redoubler les investissements pour réduire et éliminer la transmission de la mère à l’enfant », a précisé Chip Lyons, président et directeur général de l’Elizabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation, un des partenaires de l’Onusida.

(1) : Le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida, l’ONUSIDA, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance et l’Organisation mondiale de la Santé, avec le soutien de l’Elizabeth Glaser Pediatric AIDS Foundation.

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